La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

24 DOSSIER

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013

INTERVIEW

Les convictions du maire “Ce serait une grave responsabilité de ne pas partir unis”

Ce sera son dernier mandat, il le confirme. Pas le mandat de trop, ni un mandat pépère, il l’affirme, et promet même des décisions “décoiffantes.” Pour l’opposition de droite, peu d’estime apparemment. Jean-Louis Fousseret lance sa campagne.

La Presse Bisontine : C’est donc votre der- nier combat politique ? Jean-Louis Fousseret : Oui, ce sera mon dernier mandat si je suis élu. J’aurai la responsabilité d’une part de res- pecter le programme que je propose- rai et de conduire la ville vers demain, et d’autre part de mettre en place la femme ou l’homme qui ensuite devra me succéder. J’aurai donné le maxi- mum de ce que j’avais à donner pour cette ville. Ma position est ferme et définitive, ce sera mon dernier man- dat. Les Bisontins m’ont confié une responsabilité, faire bouger les choses. On a lancé une dynamique positive, c’est une des raisons pour lesquelles je veux continuer. L.P.B. : Vous évoquez déjà celui ou celle qui pourra vous succéder ? J.-L.F. : Préparer la succession sera un de mes devoirs en effet. On pourra trouver un homme ou une femme qui est déjà dans l’équipe actuelle ou alors quelqu’un qui aura six ans pour se révéler. Tout est possible et de toute façon, ce n’est pas moi qui choisirai ou imposerai mon successeur. Mon but est de renforcer le mouvement initié pour pouvoir redonner les clés d’une ville dynamique. L.P.B. : Cette dernière campagne municipale aura une saveur particulière ? J.-L.F. : Le prochain mandat sera construit dans l’objectif de dire à la fin : travail accompli, Besançon est sur les bons rails. L.P.B. : Une allusion au tram qui restera com- me votre grande œuvre ? J.-L.F. : Non, je ne considérerai pas le tram comme l’œuvre de mes mandats. C’est vrai que c’est sans doute le chan- tier d’urbanisme le plus important de ces 150 dernières années à Besançon, mais il y a bien plus important à mes yeux, comme par exemple l’institut fédératif du cancer. Résumer le man- dat au tram serait réducteur comme il est faux d’affirmer que j’ai voulu le tram pour laisser mon nom. J’ai sim- plement la conviction que le tram va augmenter l’attractivité de notre vil- le et faciliter les circulations. Et le tram n’est pas le projet de Jean-Louis Fous- seret mais de toute une agglomération et de tous les maires qui l’ont soute- nu. L.P.B. : Comment préparez-vous cette der- nière campagne ? J.-L.F. : Comme les autres, avec beau- coup de sérieux. Je dirai les choses de manière honnête et transparente, je reconnaîtrai qu’il y a des choses que je n’ai pas pu mener à bien. Je ne ferai pas d’attaques personnelles, je n’affirmerai pas des choses et leur contraire comme le font certains. On est au niveau zéro de la politique quand on méconnaît ainsi les dossiers, qu’on accumule les approximations et qu’on surfe sans cesse sur les difficultés des gens. L.P.B. : Vous reconnaissez donc qu’il y a eu des échecs lors de ce mandat. Le dossier Mar-

nières en est un ? J.-L.F. : Pas du tout. Quand je suis arri- vé à la tête de l’Agglo, cette zone des Marnières n’était même pas classée d’intérêt communautaire. Puis est arri- vée la crise et j’ai pris la responsabi- lité de repartir autrement, ce que nous faisons actuellement. Ce dossier n’est pas un échec, il a juste pris du retard. Mon souhait est toujours de rééquili- brer l’agglomération à l’Est. En poli- tique, il y a les effets à court terme, c’est la communication, et il y a les dossiers du long terme. C’en est un. Mais il y a en effet des dossiers que j’avais annoncés en 2008 et qui n’ont pas encore été réalisés, je le reconnais. Parmi eux, la rénovation du square Saint-Amour, la gratuité de l’A 36 dans l’agglomération, expérimentée mais qui n’a pas fonctionné, les études sur une liaison Nord-Est où il n’y a pas eu de financements, le conseil municipal étudiant qu’on n’a pas fait, la rénova- tion duMusée de la Résistance repous- sée. L.P.B : Votre liste ne sera pas prête avant décembre, discussion avec vos alliés verts et communistes oblige. Quelle sera néanmoins son ossature ? J.-L.F. : Elle sera renouvelée à 50 %. Elle sera composée de gens de tous les âges, de toutes les origines géogra- phiques, sociales, de tous les horizons professionnels. Je ferai une liste qui rassemblera, et qui ressemblera à cet- te ville. Et au final, ce sera une com- mission électorale avec des militants locaux qui étudiera toutes les candi- datures, ce n’est pas moi seul. L.P.B. : Vous n’avez pas pu convaincre votre première adjointe Marie-Noëlle Schoeller de rempiler ? J.-L.F. : Je le regrette, mais c’était clair dès le départ, elle avait dit qu’elle ne ferait qu’un mandat.

Jean-Louis Fousseret a prévu de faire signer à ses futurs co-listiers une charte de l’assiduité et de la transparence.

ensemble nous avons tous progressé. On fera en sorte qu’il y ait une juste représentation de toutes ces compo- santes. J’affirme que pour gagner, nous aurons besoin de tous. Ce serait une grave responsabilité de ne pas partir unis. Je ferai tout pour l’unité et cha- cun prendra ses responsabilités. L.P.B. : L’insécurité risque de devenir un des thèmes majeurs de la campagne et ce sujet est plus l’apanage de l’U.M.P. ou du F.N. Com- ment abordez-vous ce thème ? J.-L.F. : Sans tabou et sans complexe. La sécurité est une chose, mais il y aura d’autres thèmes dont je fais des priorités : l’emploi, la fiscalité (je n’augmenterai pas les taux munici- paux pendant tout le mandat), les ques- tions de jeunesse et d’éducation, la question du vieillissement, les trans- ports ou encore la modernité de la vil- le qui devra être encore plus “connec- tée”, devenir une “smart city”. Concernant ce thème de la sécurité, mon discours est clair : le maire doit absolument prendre en compte cette question pour que Besançon reste une ville sûre où tout le monde puisse vivre sereinement. Je prends cette question à bras-le-corps sans aucune arrière- pensée.

de redéfinir la place de chacun par l’éducation, la prévention, le rôle de la famille. Au centre-ville, des mesures seront prises contre l’alcoolisme, en lien avec le préfet. C’est du pragma- tisme. L.P.B. : La gestion Hollande sur le plan natio- nal ne va-t-elle pas peser sur la campagne à Besançon ? J.-L.F. : J’entends un peu la défiance de certains électeurs de gauche par rapport au gouvernement.Mais je pen- se que les gens font la différence entre la gestion d’une ville avec un bon bilan et un bon projet, avec les préoccupa- tions nationales. J’ai confiance en notre bilan, j’ai confiance en notre projet, les électeurs choisiront. L.P.B. : Et si on vous dit que la droite n’a jamais eu autant de chance l’emporter que cette fois- ci ? J.-L.F. : Je ne passe pas mon temps à faire des supputations, mais à agir et travailler. Il y a des gens qui perdent leur temps à déglinguer cette ville, à la critiquer, c’est leur problème. Moi je passe mon temps à dire que cette ville a des atouts, avec des hommes et des femmes fantastiques qui veulent avancer. Propos recueillis par J.-F.H.

L.P.B : C’est une position à la Manuel Valls ? J.-L.F. : C’est une posi- tion républicaine. Le droit à la sécurité est inscrit dans la Consti- tution. Sur la vidéo- protection par exemple, je n’ai pas de tabou non plus, elle était d’ailleurs déjà présente dans les bus dès 2005. On doit coordonner l’ensemble de nos moyens pour assurer la sécurité. L.P.B. : Pourriez-vous reprendre à votre compte la proposition de l’opposition de constituer des binômes Police nationale-Police municipale ?

L.P.B. : On verra réappa- raître Denis Baud en bonne place ? J.-L.F. : Il fera partie des gens qui animeront cet- te campagne, mais je n’ai fait aucune pro- messe à qui que ce soit. La liste sera plurielle et respectera tout le monde. L.P.B. : Et quelqu’un com- me Jean-Sébastien Leuba à qui vous aviez retiré sa délégation ? J.-L.F. : Il n’y a de fatwa contre personne, tout le monde pourra avoir sa place dans cette cam- pagne. : Vous pensez convaincre vos alliés de fai- re une liste unie ? J.-L.F. : J’y travaille acti- vement. Les Verts et le P.C. sont des alliés, exi- geants en matière de réalisations, et L.P.B.

“Je n’affirmerai pas des choses et leur contraire.”

“Une liste qui rassemblera, et qui ressemblera à cette ville.”

J.-L.F. : Non, car tout simplement ce n’est pas possible, parce que ces deux polices n’ont pas les mêmes missions. Il faudra d’abord retrouver les effec- tifs de la Police nationale d’avant 2002 (on a perdu 40 postes de policier). Je traite cette question de la sécurité sans tabou, sans angélisme, sans laxisme. On ne peut pas accepter que quelques personnes pourrissent la vie des Bison- tins. Il s’agit aussi sur cette question

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