La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, 20 €

Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans JUIN 2011 N° 122

DOSSIER SPÉCIAL HABITAT

OÙ ACHETER, OÙ CONSTRUIRE

DANS LE GRAND BESANÇON ? La situation à Besançon et dans près de 100 communes

LE DOSSIER en p. 21 à 30

SOCIÉTÉ L’événement p.6 et 7 BESANÇON ET LES FRANCS-MAÇONS Les 4 et 5 juin, la capitale comtoise reçoit le congrès du Grand Orient de France. L’occasion de lever une partie du voile qui couvre encore la franc-maçonerie locale.

LE MAIRE DE DIJON p.4 “Que Jean-Louis Fousseret arrête avec son complexe d’infériorité !”

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

Tapie et le B.R.C. : c’est confirmé

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets

Complexe Lʼoppositionmunicipale deDijonnemâche pas sesmots. Àproposdes travauxactuels du tramway qui paralysent leur ville, les opposants dijonnais parlent dʼune “métho- de de bourrin” utilisée par le maire socia- liste de la ville François Rebsamen. Ce dernier a fait le pari audacieux de “la loi de lʼemmerdement maximal” (sic). Il a en effet choisi laméthode radicale qui consis- te à engager toutes les tranches dʼun seul coup. En moins de deux ans, les travaux du tram dijonnais seront pliés, les tracas oubliés. Si bien que fin 2012, les rames de couleur cassis circuleront dans la Cité des Ducs et le même maire pourra se représenter aux municipales de 2014 beaucoup plus serein.Aumêmemoment, Besançon sera encore englué dans son chantier jusquʼau cou. Face à dʼautres grandes villes amies, mais rivales en même temps, la comparaisonavecBesan- çon semble toujours au désavantage de la capitale comtoise. Pourquoi diable ? Serait-ce dû à lʼattitudemême du premier magistrat de cette ville dont ses collègues maires dʼautres grandes villes détectent un vrai complexe dʼinfériorité ? Justifié ou non, il finit peut-être par déteindre sur la politique insufflée dans cette ville qui semble parfois hoqueter. On peut certes saluer lʼattitude de Jean-Louis Fousseret qui prétend nʼavoir aucune visée électo- raliste avec son projet de tram - puisque celui-ci ne sera pas terminé, hélas pour lui, avant les municipales de 2014. Mais on peut sans doute aussi reprocher au président de lʼagglomération bisontine un sérieuxmanque de vista . Comment expli- quer encore le cafouillage de lʼan dernier suite au refus par lʼÉtat du tracé par la Boucle qui reste, à ce jour, toujours inex- pliqué ?Ne valait-il pasmieux quʼà lʼimage de ce qui se fait à Dijon il emploie lui aus- si une “méthode de bourrin” pour pous- ser son dossier tram à plus ville allure ? En même temps, Jean-Louis Fousseret se plaint souvent que le fait de ne plus être parlementaire dessert les intérêts de Besançon. Il estime que sa ville rayon- nerait beaucoup plus si sonmaire retrou- vait lʼan prochain un fauteuil au Palais Bourbon. Besançon a tous les atouts pour réussir son développement, sans doute cette ville en a-t-elle dʼailleurs plus que dʼautres. Mais serait-ce juste par com- plexe dʼinfériorité vis-à-vis des autres villes qui lʼentourent que lemaire de Besançon a voulu son tramway ? M. Fousseret, député ou pas, prouvez aux Bisontins que vous nʼavez pas à rougir face autres villes concurrentes. Décomplexez ! Jean-François Hauser Éditorial

abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

Le Tram en voit

de toutes les couleurs

P as daltoniens les informaticiens. Une faus- se polémique sur le vote de la couleur du Tramcourait depuis que certains internautes affirmaient que l’on pouvait voter plusieurs fois avec la même adresse Internet pour désigner la couleur du futur tramway de Besançon. En clair, le résultat définitif aurait pu être biaisé. Il n’en est rien “car seul le dernier vote Internet est pris en compte” explique la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon. Les habitants de Besançon ont jusqu’au ven- dredi 3 juin pour donner leur préférence. Blanc nacré, fuchsia ou turquoise, pour le moment

aucune information n’a filtré sur la couleur en tête dans les sondages. Et non, il n’y aura pas une rame de couleur blanche, une autre rose fuchsia, une dernière bleue turquoise. Les habi- tants du Grand Besançon pourront voter sur papier libre à la Foire comtoise de Besançon. Le résultat définitif sera connu le samedi 4 juin sur le stand du tramway. Des milliers de per- sonnes ont déjà donné leur avis. Et pas seule- ment des Bisontins. À noter que cette couleur avait fait débat à Reims où les habitants auront droit à un train rose. Certains n’avalent pas la couleur.

Le site bernardtapie.com dirigé par Laurent, le fils de Bernard Tapie, soutient le B.R.C.

A u mois de mars, La Presse Bisontine annonçait la collabo- ration entre le site Internet “bernardtapie.com” et la société Créditec dont le responsable n’est autre que Vincent Diaz, l’ancien président du Besançon Racing Club. L’information a été confirmée le 22 avril après que le Besançon Racing club ait adressé un communiqué de presse annonçant la conclusion d’un partenariat avec le site ber- nardtapie.com en associa- tion avec la société Crédi- tec. Le communiqué précise que le “site Internet et Cré- ditec sont désormais spon- sors du B.R.C. pour la fin de saison, le montant du contrat ayant été intégralement ver- sé par bernardtapie.com.” Des panneaux publicitaires

vantant les mérites du site Internet ont été apposés le long du stade Léo-Lagran- ge. La somme serait de 84 000 euros, versée par Lau- rent Tapie, le fils de l’homme d’affaires qui ne prévoit pas d’investir plus dans le club bisontin, actuellement tout proche d’une accession en Nationale. Les hommes d’Hervé Genet sont en effet premiers de leur groupe mais cette belle réus- site sportive n’enlève rien aux difficultés financières : le B.R.C. doit apurer sa det- te (450 000 euros). Le club présidé par François Bour- goin passera en juin devant la D.N.C.G., le gendarme financier du foot français, pour obtenir ou non le droit de monter. Le dernier mat- ch de la saison se jouera à Amnéville (28 mai).

Vote ouvert jusqu’au 3 juin pour choisir la couleur du tram.

Le Monument de la Libération sera inauguré en septembre

L es travauxdesauvegardeet de réhabilitation du Monu- ment de la Libération de la Chapelle-des-Buisdevraientêtre terminés audébut de l’été. Il sera inauguré en septembre à l’occasion de l’anniversaire de la Libération de Besançon. Végé- talisation du parvis, aménage- ment des abords,miseenvaleur du panorama, opération d’étanchéité de la crypte, ce lieu de mémoire méritait bien cela. 5 500 noms de personnes dont des civils originaires de Besan- çon, duDoubs, du Territoire-de- Belfort, de la Haute-Saône, vic- times de la seconde guerre sont inscrits là à l’entrée de la crypte. En cela, ce site est unique. 800 000 euros ont été engagés dans cette opération de sau- vegarde du monument qui appartient à l’association Dio- césaine. À ce titre, cet orga- nisme est le principal financeur de ce projet. Mais il n’est pas seul. En 2009, des bénévoles ont créé l’Association des Amis

du Monument de la Libération (elle compte désormais 220 adhérents) pour chercher des financements. “Nous avons reçu plus de 750 dons, ce qui cor- respond à 250 000 euros” se félicite Joseph Pinard, prési- dent de l’association. C’est autant d’argent que le Diocèse n’aura pas à débourser. Ces dons ont été collectés via la Fondation du Patrimoine. Par- mi les donateurs figurent 21 associations d’anciens com- battants et 37 communes. Le Conseil municipal de Montfau- con a par exemple décidé de donner l’équivalent d’1 euro par habitant. L’investissement des collectivités a suscité des com- mentaires de la part de per- sonnes qui considèrent, à l’excès sans doute, que l’utilisation de fonds publics pour rénover un monument d’un intérêt indis- cutable est une atteinte au res- pect du principe de laïcité au seul motif qu’il appartient à l’association diocésaine.

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction :

Édouard Choulet, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : Sarl BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Mai 2011 Commission paritaire : 1112i80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, C.A.G.B., Collection J. Orsini, École Helvétie, Grand Dijon, Festival musiques anciennes, S.P.S.

Le monument inauguré en 1949 a reçu deux étoiles au guide Michelin, dont une pour le lieu de mémoire, et l’autre pour le point de vue qu’il offre sur Besançon et les plateaux.

L’INTERVIEW DU MOIS

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POLITIQUE

Le sénateur-maire de Dijon “Que le maire de Besançon sorte

de son sentiment d’infériorité !”

“Besançon-Dijon : je t’aime moi non plus.” Aux craintes ressenties parfois à Besançon envers Dijon, François Rebsamen répond coopération. Même s’il tacle gentiment son ami Jean-Louis Fousseret, le maire de Besançon peut être rassuré…

L a Presse Bisontine : Besançon est-elle visible de Dijon ? François Rebsamen : Non seulement nous voyons Besançon mais je considère que c’est un partenaire indispensable pour l’avenir. Une petite anecdote : il y a quelques semaines, nous inaugurions en gare de Dijon le lancement du décompte pour le T.G.V. Rhin-Rhône. Sur le mur du hall de gare, toutes les villes sur le tracé étaient marquées sauf une : Besançon ! Je suis interve- nu pour que la S.N.C.F. répare cette erreur. Comment en effet parler de la L.G.V. Rhin-Rhône sans parler de Besançon ? Tout cela pour dire que je porte un grand intérêt à la coopéra- tion actuelle et future entre Dijon et Besançon. L.P.B. : On a souvent le sentiment que Besan- çon a peur de Dijon. Est-ce justifié ? F.R. : C’est à tort que Besançon a peur de Dijon. Je le répète : notre dévelop- pement est lié. Que ce soit dans le domaine universitaire, hospitalier et même économique. Il y a une complé- mentarité entre nos deux villes, pas une concurrence directe. Dijon est plus spécialisé dans la pharmacie et l’agro- alimentaire pendant que Besançon l’est plus dans la micromécanique ou l’horlogerie. Il n’y a aucune raison d’avoir peur l’un de l’autre. Besançon a peur d’être mangé par Dijon, je l’entends souvent en effet. J’ai propo- sé à Jean-Louis Fousseret que nous travaillions à la création d’un pôle métropolitain entre nos deux villes. L.P.B. : Et alors ? F.R. : Jean-Louis Fousseret m’a répon- du : “Laisse-moi d’abord me renforcer en Franche-Comté et voir les villes proches avec lesquelles je peux m’associer.” Il n’est pas opposé à ma proposition mais a demandé un peu de temps. Il faut qu’il comprenne qu’il n’y a rien de commun entre s’associer à une ville comme Dole et avec une capitale régionale comme Dijon. La loi permet désormais de créer des pôles métropolitains entre deux agglomé-

tra l’un et l’autre. Nous sommes jus- tement au milieu du triangle Paris- Lyon-Strasbourg. C’est une chance, mais il faut savoir se regrouper. Besan- çon ne peut pas seule avoir le rayon- nement suffisant et il n’est pas sûr non plus que Dijon seule le puisse. Tours, Angers et Le Mans se regroupent pour peser face à Rennes ou Nantes. Il faut faire pareil en créant une vraie agglo- mération de 450 000 habitants avec des pôles d’excellence complémentaires. Mais je sens encore chez Jean-Louis Fousseret une certaine réserve. L.P.B. : Il faut dire que sur certains dossiers, la méfiance envers Dijon peut se comprendre : le départ de R.F.F. sur Dijon, le rapatriement du siège de la Caisse d’Épargne… F.R. : Pour R.F.F, il n’y a pas d’ambiguïté. Avant d’être sur Besançon, R.F.F était installé à Dijon. Je n’ai pas pleuré quand R.F.F. est allé implanter son siè- ge à Besançon ! Et je n’y peux rien si Dijon est le nœud ferroviaire de la région ! Que ce soit bien clair : je ne suis jamais intervenu pour que R.F.F. revienne à Dijon. On doit maintenant trouver un terrain d’entente pour que R.F.F. conserve une implantation à Besançon. Je comprends que ces sym- boles-là soient importants aux yeux du maire de Besançon mais ce qui est surtout important, c’est le développe- ment de l’économie non assistée. Le maire peut être rassuré : je n’irai jamais voir une entreprise bisontine pour qu’elle vienne s’installer à Dijon. Pour ce qui est du siège des grandes banques, les grands groupes ont leur propre logique de regroupement. On ne doit pas vivre dans la peur constan- te. Que Besançon n’ait pas peur d’affronter la réalité ! Certains grands sièges d’entreprises ont quitté Dijon pour Lyon, je ne me suis pas apitoyé pour autant. L.P.B. : Même crainte pour le rapprochement des universités de Bourgogne et de Franche- Comté. Le risque que Dijon phagocyte Besan- çon existe-t-il ? F.R. : Encore une fois, non ! Je connais bien les enjeux de ce dossier. Besan- çon en profitera autant que Dijon. Seules, les deux universités seront rayées du paysage universitaire fran- çais. Alors qu’à deux, elles pèseront 52 000 étudiants. Au lieu de rester en deuxième division les deux, elles peu- vent prétendre ensemble accéder à la première division. C’est exactement la même chose pour les hôpitaux. Il y aura peut-être des spécialités qui n’existeront plus à Dijon et qui seront à Besançon. Je dis toujours : “Travaillez ensemble !” Nous serons à 25 minutes de T.G.V. d’une ville à l’autre, c’est à peine une ligne de métro. On peut avoir des pôles d’excellence dans nos deux capitales régionales. C’est la même chose pour la culture. J’étais de ceux qui pensaient qu’il valait mieux avoir un grand orchestre inter- régional. Car il faut élever le niveau de nos équipements culturels. Besan- çon a préféré s’associer avec Montbé-

François Rebsamen est maire de Dijon depuis 2001, président du Grand Dijon. Il est aussi sénateur de Côte-d’Or depuis 2008.

F.R. : Si on renforce nos coopérations, ça facilitera encore plus les échanges. J’encourage vivement les Dijonnais à aller découvrir Besançon. C’est une ville dont on s’inspire d’ailleurs pour certaines politiques : les pratiques envi- ronnementales, l’informatique, etc. Besançon reste une ville d’innovation. Jean-Louis Fousseret a su monter son dossier Unesco plus vite que nous. Je ne suis pas jaloux, je m’en félicite. L.P.B. : Un mot sur le T.G.V. Rhin-Rhône : Dijon aura sa gare centrale en ville, pas Besançon… F.R. : Il n’était pas question pour moi que la gare soit ailleurs qu’au centre. On n’aurait pas mis un euro dans le projet sinon. L.P.B. : Votre tramway avance à grands pas. Pourquoi n’avez-vous pas attendu Besançon ? F.R. : J’avais organisé une réunion à Paris avec les maires de Brest, deTours, du Havre et de Besançon pour orga- niser des appels d’offres communs et coopérer sur les tarifs. J’ai eu le sen- timent que Jean-Louis Fousseret vou- lait rester seul maître de son projet… Nous nous sommes associés à Brest pour la commande de 52 rames. Nous aurons le chantier le plus rapide de France. Il a démarré en septembre 2010. Le tramway sera inauguré en sep- tembre 2012. C’est la “loi de l’emmerdement maximal”mais je pen- se que les Dijonnais ont compris qu’il fallait aller vite.

L.P.B. : Oui, mais à Besançon, le tramway ne coûtera pas 400 millions comme à Dijon (20 km de ligne) mais 228 millions (14 km de ligne)… F.R. : On en reparlera à la fin du chan- tier… Les délais de réalisation, ça compte énormément dans le coût. L.P.B. : Question plus politique : vous qui étiez un des plus proches lieutenants de Ségolène Royal, vous la laissez tomber pour soutenir François Hollande ! F.R. : François Hollande est mon ami de toujours. Il n’avait pas souhaité y aller en 2007 et c’est lui qui m’avait demandé de soutenir Ségolène. Ce que j’ai fait jusqu’au bout et même jusqu’à la présidence au poste de première secrétaire du parti. Maintenant, je ne sais pas pourquoi, mais tous les amis du P.S. n’en veulent pas. Même si elle a encore un rôle à jouer, son temps est passé. La priorité pour la gauche, c’est de gagner. Je pense qu’il faut un hom- me cette année : il y a encore 15 % de Français qui n’imaginent pas une fem- me à la tête de l’État. Hollande a ma préférence. Je pense que Hollande assu- re une contre-image plus forte à Nico- las Sarkozy que ne l’aurait eu D.S.K. L.P.B. : Avez-vous une ambition ministériel- le ? F.R. : Je ne quitterai pas Dijon pour n’importe quoi. Si on demande de jouer un vrai rôle, je serai favorable.

liard. Il faut vraiment que le maire de Besançon sorte de son complexe d’infériorité, je le dis amicalement. L.P.B. : Jean-Louis Fousseret dit souvent : “Les dossiers bisontins seraient mieux défendus si Besançon avait un maire parlementaire.” Comprenez-vous votre ami Jean-Louis qui souhaite se présenter aux législatives en 2012 ? F.R. : (rires) Personnellement, je suis favorable à une loi pour limiter le cumul. Mais il faut qu’elle s’applique à tous. Le P.S. seul ne peut pas se fai- re hara-kiri. Si demain il y a une loi, je choisirai Dijon et le Grand Dijon. Je comprends Jean-Louis Fousseret quand il dit cela,mais c’est son côté qui m’agace le plus quand il nous dit “Je suis moins reconnu que vous car je ne suis pas parlementaire.” Il l’a été alors que moi je ne l’étais pas. Ceci dit, il a raison quand il dit que pour défendre sa vil- le et son agglomération il vaut mieux être parlementaire. Il me dit aussi sou- vent : “Toi tu vois les présidents des groupes industriels, moi je vois juste le directeur général…” Le système est ainsi fait en France qu’il vaut mieux en effet être parlementaire. Alors si Jean-Louis Fousseret souhaite être candidat, je souhaiterais qu’il le soit. Et je l’aiderai. L.P.B. : Dernier chapitre de ce sentiment d’infériorité : le commerce. Dijon a Ikéa, un Zénith, un commerce florissant, si bien que les Bisontins viennent faire leurs emplettes à Dijon. L’inverse n’est pas vrai.

rations qui font à elles deux plus de 350 000 habitants et dont l’une comprend une ville qui compte plus de 150 000 habitants, ce qui est notre cas. L’idée est vrai- ment d’être visible à l’échelle européenne. Je lui ai même dit que je lui laisserais la prési- dence d’un futur syn- dicat mixte ! L.P.B. :Vous qui êtes à moins de deux heures de Paris et de Dijon, quel intérêt auriez- vous à vous tourner vers Besançon ? F.R. : Si on n’a pas cette force de frappe au niveau universitaire, économique ou encore culturelle, on disparaî-

“C’est son côté qui m’agace le plus…”

Propos recueillis par J.-F.H.

GRAND ANGLE

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CHANTIER Le tramway empoisonne le quotidien Dijon : le chantier le plus rapide de France Alors qu’ils ont été approuvés quasiment en même temps, les projets de tramway de Dijon et de Besançon n’avancent pas à la même vitesse. Le tram bisontin accusera au moins deux ans de retard par rapport à son homologue dijonnais.

U ne forêt de palissades couleur cassis, la tein- te du futur tramway de Dijon. Actuellement, le centre-ville de Dijon s’apparente à certains endroits à un champ de mines. Inutile de s’y aven- turer en voiture, c’est opération

ont entériné le projet d'un tram- way le 12 novembre 2008. À Besançon, les élus ont tranché un mois plus tard, le 18 décembre 2008. Deux ans et demi plus tard, où en est-on ? À Besançon, les tra- vaux de dévoiement de réseaux

escargot. Contrairement à Besançon, Dijon est déjà au cœur des travaux du tram. Pour- tant, le démarrage du projet s’est fait quasiment au même moment que pour Besançon. Les élus de la Communauté d’agglomération du Grand Dijon

Le projet

Le tramway de Dijon sera terminé à l’automne 2012. (atelier A. Peter)

dijonnais

sont en cours alors que le pla- teformage du tramway est déjà bien entamé à Dijon où on a même déjà posé des rails à cer- tains endroits du tracé. Le tram- way bisontin doit être mis en service début 2015 d’après le calendrier prévisionnel annon- cé par Jean-Louis Fousseret, tandis qu’à Dijon, le maire de la ville annonce la fin des tra- vaux pour octobre 2012 et une mise en service avant la fin de l’année 2012. Et même si son oppositionmuni- cipale par la voix de l’U.M.P. François-Xavier Dugourd dénon- ce “la méthode du bourrin” , rien ne semble vouloir freiner le chan- tier dijonnais qui en fait “le tram le plus rapide de France” se féli- cite le maire François Rebsa- men (voir son interview page précédente). Comment expli- quer ce rythme effréné ? “Le par- ti-pris de Dijon a été le suivant : on a fait le pari de tout paraly- ser et les 20 km de ligne seront réalisés en même temps et non pas tranche par tranche. C’était risqué, ça pose beaucoup de sou- cis de circulation en ce moment, mais je crois que les Dijonnais ont compris l’intérêt de ce choix” explique-t-on au Grand Dijon. Et à prendre le pouls de la popu- lation dijonnaise, les choses ne se passent pas si mal. “Quand on sait qu’on doit prendre la voi- ture, on se fait un itinéraire avant de partir” commente cette Dijon- naise. Cet été devrait être la pire période du chantier. “On l’a calée l’été car Dijon est censé avoir moins de circulation à cet- te période.” Pour les commerçants pénali-

sés, une commission d’indemnisation à l’amiable est déjà en fonctionnement, elle a instruit ses premiers dossiers. “Chez les bons commerçants, de toute façon, on continue à y aller juge ce Dijonnais. Et les moins bons qui voyaient moins de mon- de continueront à voir moins de monde…” Les 20 km de tramway dijon- nais coûteront 400 millions d’euros (20 millions du km), celui de Besançon est toujours annoncé à 228 millions plus ou moins 10 %, soit 16 millions du km. Un tramway optimisé en coût, mais pas en temps de réa- lisation. J.-F.H. - 19 km d'itinéraires cyclables construits en même temps que le tram - 20 kilomètres de ligne - 37 stations - 90 000 voyageurs par jour - 76 000 habitants, 44 000 emplois et 38 000 étudiants des- servis à moins de 500 mètres d'une station - Une amplitude de service de 5 heures à 0 h 30 - Une fréquence de passage en heure de pointe de 5 minutes (entre 2 et 3 minutes sur le tron- çon commun aux deux lignes) - 32 rames de 30mètres de long pouvant transporter de 200 à 220 voyageurs - Une vitesse commerciale d'environ 20 km/h

Dijon est actuellement un vaste chantier à ciel ouvert.

L’ÉVÉNEMENT

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Les 4 et 5 juin, le grand maître du Grand Orient de France, la principale obédience française, sera présent à Besançon. La loge bisontine “Sincérité, parfaite union et constante amitié réunies”, plus connue sous son acronyme S.P.U.C.A.R., organise dans la capitale comtoise le 122 ème congrès des loges de l’Est et de la Suisse. Volonté d’ouverture ou tentative de faire taire tous les bruits erronés qui courent encore sur la franc-maçonnerie, la loge bisontine accueille même la presse à l’occasion de la venue du grand maître Guy Arcizet. Les francs-maçons bisontins lèvent le voile sur une partie de leur organisation. Qui sont les “frères” bisontins, comment se structure la franc-maçonnerie depuis son apparition dans la capitale comtoise dès le milieu du XVIII ème siècle, la maçonnerie est- elle toujours un réseau d’influence ? La Presse Bisontine a tenté de percer le mystère. BESANÇON, CAPITALE DE LA FRANC-MAÇONNERIE

SOCIÉTÉ

13 loges à Besançon Les francs-maçons lèvent une partie du voile

Le secret a toujours été une des raisons d’être de la franc-maçonnerie. Trop ? Sans doute, car du secret sont nées d’innombrables questions, sinon suspicions, autour de l’activité des “frères” et des “sœurs”. Qu’en est-il à Besançon ?

Le congrès de Besançon B esançon appartient à la 6 ème des 17 régions du Grand Orient de France, une des plus importante qui sʼétend de Montélimar à Langres, en passant par Besançon, Belfort et la Suisse voisine. Cette 6 ème région comprend 102 loges et 4 200 membres. La loge S.P.U.C.A.R. de Besançon qui organise ce congrès compte à ce jour 52 “frères” maçons. Durant ce congrès bisontin, le grand maître du Grand Orient de France, Guy Arcizet, un médecin généraliste élu en septembre dernier au sommet de la maçonnerie française, sera présent. Guy Arcizet et les membres du congrès recevront un accueil “républicain” du mai- re de Besançon et du président du Conseil général du Doubs. Ni Marie-Guite Dufay, présidente de Région ni Christian Decharrière, préfet du Doubs, ne seront pré- sents. À la mairie de Besançon, on justifie sans complexe cet accueil : “Cʼest la même chose quand François Hollande vient à Besançon. Le maire se doit dʼêtre à lʼécoute de la vie de la société et comme la franc-maçonnerie se veut un labo- ratoire dʼidées, un élu municipal ne peut pas être fermé à des mouvements qui font partie de la vie” dit-on dans lʼentourage de Jean-Louis Fousseret.

I ls sont 340 “frères” ou “sœurs” bison- tins à appartenir à une des 13 loges de la ville (voir ci-contre). Leur Q.G. : les 3 et 5 de la rue Émile- Zola, en face du collègeVictor-Hugo au centre-ville de Besançon. Derrière la façade de calcaire de l’ancienne chapelle des Antonins qui se situe à l’angle des rues Zola et du Lycée, les travaux se ter- minent. À l’étroit dans leurs murs, les francs- maçons bisontins ont procédé à de vastes travaux de réhabilitation, aménageant un second temple, une vraie salle de res- taurant et de convivialité, dite salle “humide” de 80 couverts, ainsi qu’une bibliothèque destinée à toutes les loges bisontines. 350 000 euros ont été inves- tis par le “Cercle patrimonial S.P.U.C.A.R.”, l’association qui gère l’immobilier de la rue Zola. Les travaux ont été financés par un emprunt, une subvention de 120 000 euros du Grand Orient de France et la cotisation des “frères” de la loge S.P.U.C.A.R. (Sincé- rité, parfaite union et constante amitié réunies). Toutes les loges bisontines se réunis- sent ici, dans ces locaux appartenant au cercle patrimonial, l’association que financent chacune à sa hauteur les 13 loges bisontines. Accusée de tous les maux, soupçonnée de tous les vices, pointée du doigt pour ses dérives supposées ou ses connivences avec le pouvoir, la franc-maçonnerie ten- te de se racheter une virginité.À Besan- çon clairement, on souhaite plus de trans- parence. “C’est une nécessité pour la franc-maçonnerie de communiquer. On fonctionnait de manière discrète, voire

“En ce moment, nous avons beaucoup d’initiations” note Jean-Claude Fontai- ne, un des piliers de la loge S.P.U.C.A.R. La mission officielle des francs-maçons bisontins est de “former les individus, leur faire profiter de nos échanges et des progrès qu’on est capables d’apporter sur différents thèmes.” Parmi les tra- vaux discutés actuellement par les francs- maçons bisontins, plusieurs questions d’actualité : “La mondialisation et la solidarité sont-elles compatibles ou anti- nomiques ?” Ou encore “L’intégrisme ne commence pas quand la bombe explose mais quand la pensée se fige.” Ou bien “Comment et sur quels critères doivent être traités les étrangers en situation irrégulière ?” Question plus politique : “La décroissance, régression ou prise de conscience ?” De vraies questions pour le bac de philo ! On dit de la franc-maçon- nerie actuelle qu’elle n’aurait plus autant d’influence qu’avant dans les progrès de la législation française. “La franc-

secrète selon certains. Notre objectif est bien de dire ce que l’on est, on ne peut pas continuer à fonctionner en vase clos” affirme Jean-Jacques Werthe, franc- maçon bisontin et président du Congrès qui se tiendra à Besançon les 4 et 5 juin, une assemblée qui réunit 102 loges pour 4 200 “frères” au total. Se défendant de faire du prosélytisme, les francs-maçons bisontins s’estiment

“ouverts à toutes les per- sonnes qui seraient inté- ressées par notre démarche” ajoute M. Werthe. La franc-maçon- nerie bisontine connaî- trait-elle une crise des “vocations” ? Si la plu- part des loges ont res- senti une certaine éro- sion de leur effectif, de nouvelles se sont créées récemment et d’autres recrutent à nouveau.

“En ce moment, nous avons beaucoup d’initiations.”

Les francs-maçons de Besançon vont entrouvrir leur porte début juin. Une volonté du Grand Maître du Grand Orient de France.

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Repères 13 loges maçonniques à Besançon Les maçons et maçonnes bisontins sot au nombre de 340 cette année. Soit 2,8 francs-maçons pour 1 000 habitants. Quelles sont les obédiences représentées ?

TROIS QUESTIONS À… Guy Arcizet “Nous faisons du lobbying éthique” Le grand Maître du Grand Orient de France sera présent à Besançon début juin pour “prêcher la bonne parole”, notamment auprès des élus locaux.

Chaque loge maçonnique bisontine se réunit dans le temple de la rue Zola, à raison de deux réunions par mois en moyenne.

Le Grand Orient de France avec 4 loges : - S.P.U.C.A.R., la plus ancienne et la plus fréquentée avec 52 frères. - Fraternité 1877 avec 48 frères. Pierre-Joseph Proudhon avec 21 frères. - Sincérité 1870, la plus récente, avec 17 frères. La Grande Loge nationale Française avec 2 loges “Claude-Nicolas Ledoux” et “Utinam” et 45 frères. La Grande Loge de France avec 2 loges et une quarantaine de frères. Le Grand Prieuré des Gaules (francs-maçons chrétiens de France) avec 1 loge “Orient de Besançon” et une quinzaine de frères. La Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra avec 1 loge et une vingtaine de frères. La Grande Loge Féminine de France avec 2 loges et une trentaine de sœurs. La Fédération Française du Droit Humain obédience mixte avec 2 loges et une soixantaine de membres.

Guy Arcizet, grand maître

du Grand Orient de

France, sera accueilli par Claude Jean- nerot et Jean-Louis Fousseret.

L a Presse Bisontine : Quel message venez-vous livrer à Besançon ? Guy Arcizet : Je viens apporter à mes frères un peu de coloration de

l’évolution duGrand Orient de Fran- ce. Nous sommes dans une pério- de sociétale un peu particulière avec ses troubles à tous niveaux. Le Grand Orient est très impliqué sur le plan social et je pense qu’il est nécessaire de délivrer nos messages qui correspondent aux valeurs de la République, de solidarité, de laï- cité… Avec les luttes politiciennes actuelles sur fond de délitement du tissu social, c’est très important de réaffirmer ces valeurs. L.P.B. : Vous poursuivez donc un but poli- tique ? G.A. : Sans conteste. Je fais en ce moment le tour de France, notam- ment à la rencontre des élus locaux et nous nous manifesterons de plus en plus à l’approche de la prési- dentielle. Nous allons rencontrer tous les prétendants pour leur dire qu’il y a des valeurs avec lesquels on ne transige pas. Je fais notam- ment allusion avec la montée des thèses extrémistes. Nous faisons un vrai lobbying éthique. Les loges sont sans doute trop fermées et j’incite mes frères à faire ce travail de lobbying . C’est d’ailleurs sou- vent les élus qui nous contactent, ceux-là même qui nous attribuent ce pouvoir “illusoire”. Par notre tra- vail, on peut bien sûr continuer à influer sur eux. L.P.B. : Comment se porte la franc-maçon- nerie ? G.A. : Nos effectifs augmentent régu- lièrement. Le Grand Orient de Fran- ce dépasse les 50 000 adhérents. Avec les frères et les sœurs des autres obédiences, il y a 120 000 à 130 000maçons en France. Le chiffre progresse de 2 à 3 % tous les ans.

maçonnerie fait avancer les lois, mais jamais de façon directe” répond Jean- Claude Fontaine. Si elle se veut plus ouverte et plus trans- parente, la franc-maçonnerie bisonti- ne continue cependant à se plier à des règles strictes. Et même si récemment le Grand Orient de France a laissé entendre que les femmes n’étaient plus indésirables dans les loges, elles res- tent très minoritaires sur Besançon où seules deux des 13 loges sont mixtes et une seule 100 % féminine. Chez S.P.U.C.A.R., l’initiation d’une femme ne semble pas pour demain. “Le convent de 2010 a constaté que nulle part dans le règlement du Grand Orient de Fran- ce il était écrit que les femmes sont inter- dites. Mais comme il n’y a pas encore de “décret d’application”, on est encore dans un non-dit. Les loges font ce qu’elles veulent et chez nous, on reste stricte- ment masculin” indique Jean-Claude Fontaine. Pour les “frères” de S.P.U.C.A.R., l’entrée des femmes serait “contre la sérénité des discussions” ajou- te un autre frère. Moins machistes, d’autres loges bison- tines appartenant au Grand Orient de France ont entrouvert leurs portes aux femmes. C’est le cas de la loge “Pierre- Joseph Proudhon” qui a récemment affi- lié deux “sœurs” appartenant déjà à la grande loge féminine de Besançon. La loge “Fraternité 1877”, elle, “accepte les femmes en visiteurs.” Une autre loge, plus récemment créée à Besançon, n’accepterait aucunement les femmes “à cause du rite templier qu’elle pra- tique.” Bref, si le secret tombe peu à peu sur l’activité des francs-maçons, le res- pect des rites et de la tradition ne sont pas prêts à se fissurer. La franc-maçon- nerie conservera la plupart de ses mys- tères. Tout simplement parce que c’est son fonds de commerce et sa raison d’être. J.-F.H.

HISTOIRE

Choderlos de Laclos

Besançon, vieille ville franc-maçonne La plus ancienne loge bisontine remonte à 1764, ce qui fait d’elle une des plus vieilles de France. La maçonnerie bisontine, de Lacoré à Henri Huot.

L a toute première loge bisonti- ne, baptisée “La Sincérité” a été créée au plus tard en 1764, date des premiers textes officiels qui attes- tent de son existence. Restée vivan- te sans interruption jusqu’à nos jours, elle est par conséquent une des plus anciennes loges de France, aujour- d’hui connue à Besançon sous le nom de S.P.U.C.A.R. (Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié réunies) après sa fusion avec d’autres loges au cours de l’histoire. “La loge “La Parfaite Union” a sans doute été créée en 1772, elle a fusionné avec “La Sin- cérité” en 1785 pour donner naissance à la loge “Sincérité et Parfaite Union”. Puis c’est en 1845 que la loge “Constan- te Amitié”, installée en 1819, a fusion- né avec la loge précédente pour don- ner naissance à la loge “Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié réunies” détaille un historien local de la franc-maçonnerie. Parmi les membres éminents de la loge au milieu du XIX ème siècle, l’utopiste Pierre-Joseph Proudhon. Avant lui, l’intendant de Franche- Comté Charles-André de Lacoré (qui a sa rue vers le théâtre) a été le

l’armée. Plus près de nous, l’ancien adjoint au maire Henri Huot, à l’origine de la création du C.C.A.S. sur Besançon et instigateur sur le plan national du R.M.I. a été un des fondateurs de la loge “Pierre-Joseph Proudhon”. J.-F.H.

grand maître de la première loge bisontine. Un autre maçon célèbre avait été missionné en Franche-Com- té par le Grand Orient de France pour installer une autre loge : Cho- derlos de Laclos, l’auteur des Liai- sons Dangereuses, alors en poste à Besançon comme capitaine de

1764, année officielle de la création de la première loge bisontine.

Propos recueillis par J.-F.H.

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QUARTIER SAINT-CLAUDE Ouvert depuis le 5 mai Alzheimer : pour aider les aidants L’ouverture rue Jean-Wyrsch d’une halte-relais pour les proches de malades atteints d’Alzheimer est une réponse de plus offerte à la prise en charge de ce terrible fléau qui touche 16 000 Francs-Comtois. Témoignage.

Professionnels et bénévoles permettent aussi de dédramatiser Alzheimer auprès des résidents du foyer-logement Henri-Huot dans lequel cette halte-relais a pris place.

O dile Jeunet a vécu trei- ze ans au plus près de son mari emporté en 2007 des suites d’une maladie d’Alzheimer. “Une éco- le de patience phénoménale” comme elle le dit aujourd’hui avec un peu de recul. “Quand on dort d’un œil, c’est déjà beau” ajoute-t-elle dans un demi-sou- rire.

Tous les jours, elle a suivi pas à pas l’évolution de la maladie de son mari, implacable et inguérissable. “Alzheimer n’est pas qu’une maladie qui touche la mémoire. C’est tout un tas de changements de comportements qui ne sont d’ailleurs pas tous visibles dès le départ. Avec cet- te maladie, l’autonomie s’en va en fonction des neurones qui fichent le camp.” Au final, ce sont toutes les fonctions cogni- tives qui disparaissent. On perd un mot, puis une phrase, puis la parole. “D’où l’importance de faire appel à un orthophonis- te” prévient Odile Jeunet. “Par- ce que moins ils s’expriment et moins ils sauront s’exprimer. Une fois une fonction perdue, elle ne peut plus s’imprimer.” Et c’est le même scénario pour la marche ou même le geste de se nourrir ou pire, de déglutir. Alors quand on est aidant, “il faut toujours penser pour deux dit Odile Jeunet. Il faut impé- rativement les laisser faire tout ce qu’ils peuvent en étant conscient que ça prendra trois fois plus de temps et qu’il faut toujours prévenir les accidents.” Pour autant, un malade Alz- heimer restera conscient jus- qu’au bout. “Même s’ils ne s’expriment plus, ils sont tout à fait conscients. Un geste, un regard… ils lisent tout. Ils ont presque un sixième sens. Pour eux, la vie, c’est jusqu’au bout” ajoute celle qui gère aujour- d’hui l’antenne bisontine de l’association France Alzheimer Franche-Comté. Alors l’ouverture de cette hal- te-relais au sein de l’espace

Inter-âges Auguste-Ponsot, au 11, rue Jean- Wyrsch, c’est une vraie bouffée d’air pour les aidants de malades Alzhei- mer. “Si on ose la comparaison avec la petite enfance, c’est une sorte de halte- garderie où le malade sera

“Pour eux, la vie, c’est jusqu’au bout.”

encadré par des professionnels et des bénévoles, ce qui permet à l’aidant de souffler un peu pendant une, deux ou trois heures. Cet espace de répit est ouvert tous les jeudis” précise Mélanie Gueutal, directrice du foyer-logement Henri-Huot duquel ce nouvel espace dépend. Aller chez le coiffeur l’esprit tranquille, se rendre chez son dentiste sans appréhension, bref, se libérer l’esprit durant quelques heures, c’est un répit souvent vital pour les aidants. Hélas, dans certains cas extrêmes, il arrive que l’aidant épuisé disparaisse avant le proche malade. “Les aidants sont parfois tellement dans la culpabilité qu’ils s’essoufflent” confirme la directrice qui fait un appel aux bénévoles pour faire vivre ce nouveau service, une réponse intermédiaire avant les accueils de jour ou les maisons de retraite médicali- sées. J.-F.H.

CHANTIER

Travaux au C.H.U. Jean-Minjoz De l’électricité dans l’air autour d’une entreprise espagnole Le bruit court sur la capacité de l’entreprise espagnole chargée de réaliser les installations électriques du nouveau C.H.U. Minjoz. à aller au bout de sa mission. Une rumeur fermement démentie même si du côté de l’hôpital on reconnaît quelques couacs. “I l n’y a pas de problème Cymi” insiste Guy Lang. Le direc- teur des infrastructures au C.H.R.U. de Besançon veut

faire taire toutes les rumeurs concer- nant la filiale du groupe espagnol A.C.S. (un des leaders mondiaux du B.T.P. dirigé par Florentino Pérez éga- lement président du Real Madrid) qui intervient sur le chantier de construc- tion de l’hôpital Jean-Minjoz. Des bruits courent sur sa capacité à aller au bout de sa mission compte tenu de ses antécédents. Lors des appels d’offres, cette société a été attributaire du marché électricité. Un macro-lot chiffré à 15 millions d’euros T.T.C. pour une prestation qui englobe la réali- sation de toute l’alimentation élec- trique du bâtiment, l’éclairage, le télé- phone, le câblage informatique ou encore la sécurité incendie. Malgré les réserves émises par cer- tains concurrents surpris que le mar- ché ait été enlevé à un montant aus- si bas, sur le papier, il n’y avait rien dire. “Cymi était bien placé en terme de prix avec des offres conforment au cahier des charges” observe une sour- ce proche du dossier. D’ailleurs, Besançon n’était pas la seu- le ville où ce prestataire était présent.

À deux reprises, des représentants de la direction de Cymi se sont déplacés à Besançon pour assurer qu’ils iraient au bout de la prestation.

Renseignements au 03 81 88 00 59

Mais la crédibilité de Cymi a été mise en cause dès 2009 à partir du moment la direction du groupe a décidé de fer- mer sa succursale de Toulouse pour tout rapatrier en Espagne après que des problèmes de gestion soient appa- rus. “C’est vrai que nous avons eu quelques craintes car ils ne sont pas allés au terme de certains chantiers, ailleurs ils ont été remplacés.” Mais à deux reprises des représentants de Cymi ont fait le déplacement à Besan- çon pour assurer au maître d’ouvrage qu’ils iraient au bout de leur engage- ment sur ce projet. “Ils s’en sont fait un point d’honneur” précise Guy Lang. Ouf. Car l’abandon de chantier par un tel prestataire se serait probablement traduit par des retards importants. À ce jour, la promesse est tenue mais il y a quelques déboires. “Parfois, il n’y avait personne sur le chantier, c’était la rupture quasi complète” note un entrepreneur qui intervient sur cet- te opération dans un autre corps de

métier. Cymi a eu en effet des pro- blèmes de personnel. “Ils ont sous- traité une partie du travail à une autre entreprise espagnole qui employait des salariés polonais. Cela n’a rien d’illégal” précise un intervenant. “Nous avons d’ailleurs eu droit à ce sujet à un contrô- le de la direction du travail” confirme M. Lang. Lequel contrôle n’aurait pas révélé d’anomalies. Malgré tout, du côté du C.H.U., on affirme qu’il n’y a pas plus de pro- blèmes avec Cymi aujourd’hui qu’avec les autres entreprises du B.T.P. mis- sionnées. “C’est beaucoup de bruit pour rien. Le travail est de qualité” admet le bureau d’études. Le chantier suit son cours. Il sera terminé au premier trimestre 2012. D’ici là, le bureau de contrôle qui vérifie la conformité des installations sera passé par là. Un moment de vérité pour les entreprises qui ont travaillé sur le projet, y com- pris pour Cymi. T.C.

Il était engagé dans plu- sieurs marchés publics à travers l’Hexagone dont les plus grands hôpitaux français com- me Paris, Rennes, Valence ou Nantes. Arrivée à Toulouse où elle s’est installée au milieu des années 2000, la filiale française du géant du B.T.P. n’a pas perdu de temps pour se développer de façon boulimique, damant le pion à la concurrence.

“Des salariés polonais.”

Odile Jeunet : “Avec un malade Alzheimer, il faut toujours penser pour deux.”

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EN BREF

IMMIGRATION

Un site où les migrants se confient

La parole aux migrants bisontins Le site Internet “Mémoires et migrations” a déjà recueilli près de 500 témoignages de migrants arrivés à Besançon. N’oublions pas que sont des migrants suisses qui ont implanté l’horlogerie ici.

Porte ouverte La Porte Ouverte recherche des bénévoles. La Porte Ouverte est une association qui offre à toute personne qui en a besoin la possibilité de parler, dans des entretiens avec des bénévoles formés à l’écoute. Si vous vous sentez prêts à offrir un peu de votre temps et à rejoindre l’équipe d’écoutants, contactez l’association au 03 81 81 03 04 de 15 h à 18 h. Déchets En 2010, une première expérience de ramassage des détritus sur les berges du Doubs et sur la Promenade Micaud par un attelage à cheval a été initiée par la Ville avec le Centre Pierre Croppet. Ce sont, en moyenne, 224 kg de déchets divers et 90 kg de verre qui ont ainsi pu être collectés à chaque tournée. Cette année, l’opération est reconduite et élargie : la collecte intègre la promenade Granvelle et elle se déroule du 4 mai au 16 octobre, le mercredi et le dimanche matin.

D epuis quelques semaines, le site Internet “Mémoires et Migrations” (migrations.besancon.fr) sommeille pour mieux renaître. Il est en tota- le réfection et promet d’être - encore - plus interactif à l’automne. Lancé par le centre d’action communal d’action socia- le de Besançon en décembre 2007, ce por- tail Internet retrace 200 ans de migra- tions àBesançon.Il regorge de témoignages exclusifs recueillis par des “contributeurs” bénévoles rapportant la vie de ces migrants, femmes et hommes, arrivés à Besançon pour y trouver soit du travail, leur famille ou pour fuir la guerre. Deux personnes travaillent à sa réali- sation, un webmaster et un chef de pro- jet. “Mémoire et migrations” “fait des émules” dit humblement Odile Chopard, la chef de projet. Une sociologue de la région Centre est en effet récemment venue jusqu’à Besançon pour reprodui- re ce travail bisontin, primé par l’Europe dans le guide des bonnes pratiques en matière d’utilisation des nouvelles tech-

nologies pour les migrants. “Au moment où la France expulse des réfugiés, c’est intéressant de rappeler que ce sont des Suisses (au XIX ème siècle) qui ont implan- té l’horlogerie à Besançon” annonce Odi- le Chopard. Bref, l’immigration est une richesse. À condition de bien baliser le terrain aux nouveaux venus à Besançon, dont cer- tains viennent de l’Europe de l’Est, d’autres d’Afrique. “C’est l’objectif du futur site : proposer un onglet permettant

La communauté italienne du quartier Battant-Madeleine le 25 mars 1959 devant l’église de la Cassotte (collection Julien Orsini).

maisons, les parents ont des difficultés à évoquer leur migration. À l’école, on n’en parle pas. Du coup, beaucoup de jeunes viennent discuter sur notre site. Les migrants nous disent “merci” de leur don- ner la parole” concède la responsable du C.C.A.S. Plusieurs projets vont se concrétiser : une rencontre autour du plurilinguisme dans le quartier des Clairs-Soleils. Avec l’aide de l’Université de Franche-Com- té, “Mémoire et migrations” répondra à une question qui taraude nombre de migrants : faut-il abandonner sa langue d’origine pour s’intégrer ? “On répond

que l’on peut être à l’aise dans une langue et à l’aise dans une autre” explique Odi- le Chopard. Autre projet d’envergure : une collabo- ration entre les archives départemen- tales et le site. “Nous demanderons aux associations de Besançon (exemple de l’association des Portugais de Besançon) de garder leurs affiches, photos… pour que leur histoire ne se perde pas.” E.Ch.

aux immigrés de trouver les infos enmatière de san- té, d’éducation…On veut être une boîte à outils.” Alors qu’un Français sur quatre possède un grand- parent d’origine étrangè- re, le site Internet avoue recueillir de plus en plus de témoignages de petits- enfants désireux de retrouver les racines de leurs parents : “Dans les

“Les petits- enfants de migrants

veulent savoir.”

Renseignements : http://migrations.besancon.fr/

Le singe Callum attend sa belle La Citadelle de Besançon est le seul zoo en France à accueillir un Gibbon agile. Venu d’Angleterre, il s’adapte à son univers en attendant sa promise dont la venue est programmée en 2012. Sûr qu’ils formeront un beau couple. CITADELLE Le Muséum au chevet des sing es

La vétérinaire Mélanie Berthet au chevet de tous les animaux.

A rrivé du zoo deTwycross enAngleterre,“Callum” s’adapte tranquillement à sa nouvelle maison qu’est le Muséum de Besançon. Le gibbon agile est une espèce originaire des forêts tropicales de Malaisie, Sumatra et du sud de la Thaïlande. C’est dans un enclos d’environ 40 m 2 que Cal-

lummange et dort paisiblement tout en se laissant admirer par les visiteurs. “En ce moment, il boude un peu dans son coin car il n’a pas envie de rentrer le soir pour dormir au chaud. Il préfè- re rester dehors,alors nous sommes obligés de faire un peu de chan- tage en lui rentrant sa nourritu- re à l’intérieur. C’est un jeune sin-

Pour protéger les singes L a Citadelle mène une cam- pagne pour protéger les singes par une semaine de visites scolaires dédiées aux grands singes. Les ensei- gnants sont invités à contac- ter la Citadelle pour plus dʼinformations. Des panneaux de sensibilisation, des visites spécifiques, et la tirelire ani- mée présente à la Citadelle (où chacun peut faire un don) sera disponible tout au long de lʼannée. Comme lʼannée dernière, un concours sera organisé pour donner un pré- nom aux jeunes singes qui naîtront.

ge, comme unadolescent” explique amusée Mélanie Berthet, vété- rinaire à la Citadelle qui suit de près ce nouvel arrivant afin qu’il s’adapte au mieux à son nouvel environnement.

Ce singe est un Gibbon agile (Hylobates agilis), une famille particulièrement rare puisque l’on note un déclin de 50 % de ses individus dans la nature en seulement trois générations. Ceux-ci sont en effet en voie d’extinction pour plusieurs rai- sons : la destruction de leur habi- tat, la chasse, le commerce illi- cite ou les maladies graves dont certaines sont transmises par l’homme. En captivité, seuls dix-sept gib- bons agiles sont conservés dans cinq zoos européens. Dont, pour la France, Callum et, à Lyon, une “vieille” femelle de 40 ans. Il devra attendre l’année pro- chaine pour être rejoint par une jeune femelle. Avec l’espoir que des petits naissent. Besançon sera ainsi le seul lieu en Fran- ce où une reproduction de gib- bons agiles puisse être envisa- gée. “Conserver un patrimoine

ayant une valeur universelle est notre ambition. Nous sommes là pour les protéger, sensibili- ser… Notre savoir apporte une connaissance à la protection des espèces” concède Gérard Gal- liot, conservateur du Muséum. De son côté, l’adjoint au touris- me et à la Citadelle Jean-Fran- çois Girard a noté un bon début d’année en terme de fréquen- tation de la Citadelle. Sensibi- liser les visiteurs aux menaces pesant sur les espèces, c’est tou- jours un des buts duMuséum. Renseignements : La Citadelle est ouverte de 9 h à 18 h (19 h du 2 juillet au 28 août), musées ouverts le mardi. E.Ch.

Ici un singe Siamang. Callum est un Gibbon agile arrivé d’Angleterre.

Plus d’informations : www.citadelle.com

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