La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

BESANÇON 20

La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

VIE MUNICIPALE

L’adjoint aux sports

Patrick Bontemps, monsieur cent pour cent Radiothérapeute de profession, il est aussi adjoint aux sports et vice-président du Conseil régional. Patrick Bontemps se déplace à moto dans Besançon. Le deux-roues est une de ses passions, comme la photographie.

P atrick Bontemps s’engouffre dans la brasserie. 15 h 30, il est en retard. Une urgence l’a retenu à l’hôpital, un imprévu à gérer dans sa journée qui a débuté très tôt ce matin. Il s’excuse, s’installe dans la précipitation et commande un sandwich. L’heure du déjeuner est lar- gement dépassée mais il n’a pas eu le temps de faire une pause, comme d’habitude ou presque. C’est à se deman- der si cet homme trouve l’occasion de respirer dans son quotidien. “L’organisation est la vraie difficulté. Passer d’une situation professionnelle à la politique, ce n’est pas simple” admet- il entre deux gorgées d’eau. “Cela demande une disponibilité intellec- tuelle pour à chaque fois mobiliser son attention sur des dossiers différents.” Patrick Bontemps est un des méde- cins du Centre Hospitalier Universi- taire. Il est radiothérapeute pour être précis. Mais il est aussi adjoint aux Sports à la Ville de Besançon et vice- président du Conseil régional de Franche-Comté. Quinquagénaire gri- sonnant et actif, il est pressé mais ne paraît pas stressé. Son secret : ne pas se laisser déborder et éviter qu’une des fonctions qu’il a choisi d’assumer ne vienne empiéter sur l’autre. “Quand je suis à l’hôpital, je suis à 100 % dans mon métier. Lorsque je suis à la mai- rie, je suis adjoint à 100 %, même cho- se à la Région. J’essaie aussi d’être à 100 % à la maison” , mais là, il le confes- se, “c’est plus dur.” Tous les élus en conviennent, l’engagement en politique se fait sou- vent au prix de sacrifices sur la vie de famille. Entre le travail en commis- sion, les conseils municipaux, les repré- sentations, les assemblées plénières, les matches des clubs bisontins, les réunions, Patrick Bontemps accorde du temps à la collectivité. Mais il ne semble pas s’en plaindre. Personne ne l’a poussé à sauter à pieds joints dans l’aventure politique. Il s’y est glissé par envie mais peut-être aus- si par nature. Le rôle qu’il tient aujour- d’hui est le fruit d’un cheminement qui prend sa source lorsqu’il était au lycée. Nous sommes au début des années soixante-dix, au lendemain de la vague de contestation étudiante qui À 57 ans, le socialiste Patrick Bontemps assu- me toutes ses fonctions qu’il a construites sur un socle commun : la valeur humaine.

Ce qu’ils disent de lui…

Mireille Péquignot, opposition municipale “Il a des convictions et cela mérite d’être salué”

le. Cette première fonction lui permet de découvrir les arcanes de la muni- cipalité. Il sera nommé ensuite adjoint aux sports. “J’ai demandé à l’être rap- pelle Patrick Bontemps. Je me suis pro- posé après avoir réfléchi, consulté quelques personnes, écouté, car j’avais envie d’une rupture avec ce qui se fai- sait. L’adjoint au sport n’est pas là seu- lement pour distribuer des subventions et construire des équipements.” Pour l’ancien footballeur qui a joué au niveau régional, l’élu est là aussi pour faire du sport un point d’ancrage pour les enfants des quartiers et un vecteur capable de promouvoir des valeurs humaines. Le sport a une fonction sociale véhi- culée par le tissu associatif et c’est sur cet aspect que l’adjoint veut insister. Besançon compte 180 clubs et 32 000 licenciés. Le sport de haut niveau est une partie de l’iceberg, mais sur laquel- le Patrick Bontemps ne souhaite pas cantonner tous ses efforts. “Je ne mets pas de côté le sport de haut niveau. C’est une locomotive. Cependant, il ne faut pas occulter le reste. Les petits clubs ont envie d’une élite, mais ils voient aussi les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Nous devons y être attentifs. Or pendant des années nous avons vécu avec l’idée que la munici- palité devait tout supporter. Le sport de haut niveau coûte cher. Dans le foot, les salaires sont importants, ce n’est pas à la collectivité de financer cela. Un des vrais problèmes de l’élite aujour- d’hui est de trouver des partenaires financiers privés” explique celui qui n’est pas “que” l’adjoint du sport de haut niveau. La puissance publique serait donc plus dans sa mission en mettant des équi- pements sportifs adaptés à disposition des clubs (ce qui est le cas) et en valo- risant des opérations populaires com- me Vital’été qui relèvent de sa propre initiative plutôt qu’en jetant des bouées

la continuité du marxisme” se sou- vient-il. Vue d’ici, l’organisation chi- noise incarnée par son chef révolution- naire Mao Zedong était porteuse d’une forme d’idéal social. Mais l’idée qu’il se faisait de ce grand pays émergeant était éloignée de la réali- té. “Je ne renie pas d’avoir adhéré à ces

“J’avais peur que cet élu soit rigide, sectaire et sur la défensive. Finalement, il est l’une de mes meilleures surprises. Avec le temps, on apprend à le connaître. C’est quelqu’un d’ouvert, à l’écoute des propositions, qui travaille et avance. Je l’ai vu à l’œuvre sur les dossiers sport dont il a la charge. Il est d’une grande intelligence. Patrick Bontemps a des convictions et cela mérite d’être salué. Je le côtoie également au Conseil régional où il intervient sur tous les dossiers liés à la recherche. Cet élu connaît ses dossiers. Il peut être un candidat sérieux pour succéder à Jean-Louis Fousseret. Maintenant, est-ce que ses amis lui laisseront le temps de faire valoir ses arguments, c’est une autre histoire.” Abdel Ghezali, adjoint à la vie des quartiers “Il n’est pas que dans le discours, il est dans les actes” “En tant qu’adjoint à la vie des quartiers, je travaille avec Patrick Bontemps étroitement car le sport tient une part essentielle dans les quartiers. Pour moi, le sport de haut de niveau tire nos quartiers vers le haut. En cela, il ne s’oppose pas au sport amateur. Patrick Bontemps est très attentif à cela. Ensemble, nous menons des actions communes. Par exemple, nous avons mis en place deux éducateurs qui interviennent dans quatre clubs de quartier. Cet adjoint n’est pas que dans le discours, il est dans les actes. Ce qui m’importe, c’est qu’il partage des valeurs de solidarité que j’ai aussi dans une société individualisée. Patrick Bontemps a toute sa place au sport. On peut ne pas toujours être d’accord avec lui mais il maîtrise ses dossiers.”

“J’étais sympathisant des groupes maoïstes.”

principes. Ce que je renie, c’est la dés- information que l’on pouvait avoir à l’époque. Je ne remets pas en cause des théories marxistes qui trouvent d’ailleurs un écho dans l’actualité. En revanche, j’ai découvert que les modèles sovié- tiques et chinois ne sont pas des modèles d’émancipation de l’individu contrai- rement à notre démocratie qui est un système qui a aussi ses défauts.” Avec l’âge, ce gamin issu d’un milieu populaire bisontin assoiffé de justice sociale s’est assagi au fur et mesure qu’il avançait dans la vie active. Ce père de trois enfants s’est éloigné du maoïsme, mais les valeurs de gauche ne l’on jamais quitté. Ancrées en lui, elles se sont réveillées avec vivacité au milieu des années quatre-vingt-dix lors de la candidature de Lionel Jos- pin à l’élection présidentielle. Il est séduit par l’homme politique. Patrick Bontemps se rapproche alors du P.S. et de Paulette Guinchard élue dépu- tée en 1997. Il adhère au parti socia- liste à la fin de cette décennie, animé par l’ambition cette fois de jouer un autre rôle. “Cela ne suffisait plus d’être engagé comme citoyen. Si l’on veut peser sur le cours des choses, il faut être élu.” Jean-Louis Fousseret lui donne sa chance à l’occasion des élections muni- cipales de 2001 et le désigne pour com- mencer délégué à la politique de la vil-

a traversé la France. À l’époque, comme beaucoup de jeunes qui ne se reconnais- sent pas dans les prin- cipes du capitalisme, Patrick Bontemps se rapproche de mouve- ments radicaux de gauche. “J’étais sym- pathisant des groupes maoïstes. Au lycée, j’ai découvert Marx et Lénine. Il me semblait que Mao représentait

“Ce n’est pas facile tous les jours.”

de sauvetage au sport de haut niveau bisontin empêtré dans des difficultés financières. Les prises de position de Patrick Bon- temps sur le sujet lui valent parfois d’être chahuté et décrié. Mais dans son entourage, beaucoup confient qu’avoir du caractère comme il en a est une for- ce en politique. Certains lui prêtent même un destin de futur maire de Besançon ! L’adjoint ne cache pas ses ambitions, mais cette question ne lui

paraît pas d’actualité. S’il s’est enga- gé en politique c’est aussi pour faire progresser les valeurs sociales qui l’habitent depuis longtemps. C’est un peu pour les mêmes raisons, parce qu’il est attaché à l’homme, qu’il s’est tour- né vers la médecine et la cancérologie pour s’exprimer. “C’est très fort en rela- tions humaines. Ce n’est pas facile tous les jours, mais j’ai aussi des satisfac- tions magnifiques.” T.C.

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