La Presse Bisontine 122 - Juin 2011

BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 122 - Juin 2011

QUARTIER SAINT-CLAUDE Ouvert depuis le 5 mai Alzheimer : pour aider les aidants L’ouverture rue Jean-Wyrsch d’une halte-relais pour les proches de malades atteints d’Alzheimer est une réponse de plus offerte à la prise en charge de ce terrible fléau qui touche 16 000 Francs-Comtois. Témoignage.

Professionnels et bénévoles permettent aussi de dédramatiser Alzheimer auprès des résidents du foyer-logement Henri-Huot dans lequel cette halte-relais a pris place.

O dile Jeunet a vécu trei- ze ans au plus près de son mari emporté en 2007 des suites d’une maladie d’Alzheimer. “Une éco- le de patience phénoménale” comme elle le dit aujourd’hui avec un peu de recul. “Quand on dort d’un œil, c’est déjà beau” ajoute-t-elle dans un demi-sou- rire.

Tous les jours, elle a suivi pas à pas l’évolution de la maladie de son mari, implacable et inguérissable. “Alzheimer n’est pas qu’une maladie qui touche la mémoire. C’est tout un tas de changements de comportements qui ne sont d’ailleurs pas tous visibles dès le départ. Avec cet- te maladie, l’autonomie s’en va en fonction des neurones qui fichent le camp.” Au final, ce sont toutes les fonctions cogni- tives qui disparaissent. On perd un mot, puis une phrase, puis la parole. “D’où l’importance de faire appel à un orthophonis- te” prévient Odile Jeunet. “Par- ce que moins ils s’expriment et moins ils sauront s’exprimer. Une fois une fonction perdue, elle ne peut plus s’imprimer.” Et c’est le même scénario pour la marche ou même le geste de se nourrir ou pire, de déglutir. Alors quand on est aidant, “il faut toujours penser pour deux dit Odile Jeunet. Il faut impé- rativement les laisser faire tout ce qu’ils peuvent en étant conscient que ça prendra trois fois plus de temps et qu’il faut toujours prévenir les accidents.” Pour autant, un malade Alz- heimer restera conscient jus- qu’au bout. “Même s’ils ne s’expriment plus, ils sont tout à fait conscients. Un geste, un regard… ils lisent tout. Ils ont presque un sixième sens. Pour eux, la vie, c’est jusqu’au bout” ajoute celle qui gère aujour- d’hui l’antenne bisontine de l’association France Alzheimer Franche-Comté. Alors l’ouverture de cette hal- te-relais au sein de l’espace

Inter-âges Auguste-Ponsot, au 11, rue Jean- Wyrsch, c’est une vraie bouffée d’air pour les aidants de malades Alzhei- mer. “Si on ose la comparaison avec la petite enfance, c’est une sorte de halte- garderie où le malade sera

“Pour eux, la vie, c’est jusqu’au bout.”

encadré par des professionnels et des bénévoles, ce qui permet à l’aidant de souffler un peu pendant une, deux ou trois heures. Cet espace de répit est ouvert tous les jeudis” précise Mélanie Gueutal, directrice du foyer-logement Henri-Huot duquel ce nouvel espace dépend. Aller chez le coiffeur l’esprit tranquille, se rendre chez son dentiste sans appréhension, bref, se libérer l’esprit durant quelques heures, c’est un répit souvent vital pour les aidants. Hélas, dans certains cas extrêmes, il arrive que l’aidant épuisé disparaisse avant le proche malade. “Les aidants sont parfois tellement dans la culpabilité qu’ils s’essoufflent” confirme la directrice qui fait un appel aux bénévoles pour faire vivre ce nouveau service, une réponse intermédiaire avant les accueils de jour ou les maisons de retraite médicali- sées. J.-F.H.

CHANTIER

Travaux au C.H.U. Jean-Minjoz De l’électricité dans l’air autour d’une entreprise espagnole Le bruit court sur la capacité de l’entreprise espagnole chargée de réaliser les installations électriques du nouveau C.H.U. Minjoz. à aller au bout de sa mission. Une rumeur fermement démentie même si du côté de l’hôpital on reconnaît quelques couacs. “I l n’y a pas de problème Cymi” insiste Guy Lang. Le direc- teur des infrastructures au C.H.R.U. de Besançon veut

faire taire toutes les rumeurs concer- nant la filiale du groupe espagnol A.C.S. (un des leaders mondiaux du B.T.P. dirigé par Florentino Pérez éga- lement président du Real Madrid) qui intervient sur le chantier de construc- tion de l’hôpital Jean-Minjoz. Des bruits courent sur sa capacité à aller au bout de sa mission compte tenu de ses antécédents. Lors des appels d’offres, cette société a été attributaire du marché électricité. Un macro-lot chiffré à 15 millions d’euros T.T.C. pour une prestation qui englobe la réali- sation de toute l’alimentation élec- trique du bâtiment, l’éclairage, le télé- phone, le câblage informatique ou encore la sécurité incendie. Malgré les réserves émises par cer- tains concurrents surpris que le mar- ché ait été enlevé à un montant aus- si bas, sur le papier, il n’y avait rien dire. “Cymi était bien placé en terme de prix avec des offres conforment au cahier des charges” observe une sour- ce proche du dossier. D’ailleurs, Besançon n’était pas la seu- le ville où ce prestataire était présent.

À deux reprises, des représentants de la direction de Cymi se sont déplacés à Besançon pour assurer qu’ils iraient au bout de la prestation.

Renseignements au 03 81 88 00 59

Mais la crédibilité de Cymi a été mise en cause dès 2009 à partir du moment la direction du groupe a décidé de fer- mer sa succursale de Toulouse pour tout rapatrier en Espagne après que des problèmes de gestion soient appa- rus. “C’est vrai que nous avons eu quelques craintes car ils ne sont pas allés au terme de certains chantiers, ailleurs ils ont été remplacés.” Mais à deux reprises des représentants de Cymi ont fait le déplacement à Besan- çon pour assurer au maître d’ouvrage qu’ils iraient au bout de leur engage- ment sur ce projet. “Ils s’en sont fait un point d’honneur” précise Guy Lang. Ouf. Car l’abandon de chantier par un tel prestataire se serait probablement traduit par des retards importants. À ce jour, la promesse est tenue mais il y a quelques déboires. “Parfois, il n’y avait personne sur le chantier, c’était la rupture quasi complète” note un entrepreneur qui intervient sur cet- te opération dans un autre corps de

métier. Cymi a eu en effet des pro- blèmes de personnel. “Ils ont sous- traité une partie du travail à une autre entreprise espagnole qui employait des salariés polonais. Cela n’a rien d’illégal” précise un intervenant. “Nous avons d’ailleurs eu droit à ce sujet à un contrô- le de la direction du travail” confirme M. Lang. Lequel contrôle n’aurait pas révélé d’anomalies. Malgré tout, du côté du C.H.U., on affirme qu’il n’y a pas plus de pro- blèmes avec Cymi aujourd’hui qu’avec les autres entreprises du B.T.P. mis- sionnées. “C’est beaucoup de bruit pour rien. Le travail est de qualité” admet le bureau d’études. Le chantier suit son cours. Il sera terminé au premier trimestre 2012. D’ici là, le bureau de contrôle qui vérifie la conformité des installations sera passé par là. Un moment de vérité pour les entreprises qui ont travaillé sur le projet, y com- pris pour Cymi. T.C.

Il était engagé dans plu- sieurs marchés publics à travers l’Hexagone dont les plus grands hôpitaux français com- me Paris, Rennes, Valence ou Nantes. Arrivée à Toulouse où elle s’est installée au milieu des années 2000, la filiale française du géant du B.T.P. n’a pas perdu de temps pour se développer de façon boulimique, damant le pion à la concurrence.

“Des salariés polonais.”

Odile Jeunet : “Avec un malade Alzheimer, il faut toujours penser pour deux.”

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