La Presse Bisontine 245 - Novembre 2022

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GRAND BESANÇON MÉTROPOLE VENT DE FRONDE CONTRE ANNE VIGNOT

Les maires de la périphérie contestent de plus en plus sa gouvernance de la communauté urbaine

P. 27 Huit ans après sa mise en service Une étude remet en cause la pertinence du tram

P. 20 À 25

Le mari de Paulette Guinchard témoigne Fin de vie : le débat est relancé

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2 Retour sur info - Besançon

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

Le portrait de Louis XIV est restauré Un hélismur flambant neuf au C.H.U. de Besançon

I l prendra place dans l’ex position Le beau Siècle. La vie artistique à Besan çon, de la conquête à la Révolution (1674-1791) qui débute le 10 novembre au Musée des beaux-arts. Avant cela, le somptueux portrait équestre de Louis XIV, peint par René-Antoine Houasse a fait peau neuve. Sous les mains expertes de Françoise Le Corre, restau ratrice, l’immense tableau très abîmé a été remis en état dans les ateliers du musée des beaux-arts et d’archéologie. “On peut observer un soulèvement de

la couche picturale, une perte d’adhérence. Il a fallu consolider ces zones, explique la professionnelle. Le visage est un peu fatigué. Le vieillissement des maté riaux impacte et modifie l’as pect chromatique et visuel. ” De la résine oxydée consti tutive du vernis est enlevée, ce qui redonne toute la den sité de l’œuvre. La restau ration permet de révéler tout l’éclat originel de cetteœuvre monumentale. Son coût est pris en charge à 50%par la D.R.A.C. L’Uni versité de Franche-Comté, propriétaire du tableau a

lancé un appel aux dons via la Fondation du patrimoine pour récolter l’autre moitié, soit 14 000 euros. Le club des mécènes de l’associa tion Besançon, J’aime ma ville a déjà offert un chèque de 1 638 euros. La cam pagne de financement est toujours en cours. https://www.fondation-patri moine.org/les-projets/por trait-equestre-de-louis-xiv a-besancon n La restauratrice d’art Françoise Le Corre redonne toute sa splendeur à l’œuvre.

La capacité intérieure de ce nouvel appareil est de 6 m³ et permet de faire quasiment tous

les premiers soins à bord.

G râce aux hélicoptères sani taires attachés au C.H.U. de Besançon, “90 % des habi tants de Franche-Comté sont dés ormais à moins de 20 minutes de trajet du C.H.U. de Besançon” observe Emmanuel Luigi, le directeur général par intérim du C.H.U. de Besançon au moment d’inaugurer le nouvel hélicoptère que la société Mont Blanc Hélicoptères a livré à l’établissement hospitalier. Ce nouveau modèle H 145 D3, plus puissant que ses prédécesseurs, est opérationnel depuis le début de l’an née. Sur les neuf premiers mois de l’année, l’hélicoptère du C.H.U. a déjà assuré 788 missions, dont 434 interventions dites primaires et 354 transferts interhospitaliers, ce qui en fait d’ailleurs “l’appareil le plus utilisé de toute la région Bourgogne

Franche-Comté. Un nouvel appareil comme celui-ci, c’est aussi un facteur d’attractivité pour notre établisse ment” ajoute le directeur. “Ce nouvel appareil est plus stable, plus tech nique, il peut embarquer une vraie civière, une couveuse, il dispose de trois places constantes, il est plus performant quand la température au sol est élevée et dispose d’un pilote automatique. Il permet forcément de gagner du temps médical” ajoute le Docteur Jean-Marc Labourey, médecin urgentiste au C.H.U. Cinq équipes de deux pilotes sont mises à disposition du C.H.U. pour un service disponible 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Pour disposer d’un tel service, le C.H.U. de Besan çon débourse 2,6 millions d’euros par an à son prestataire la société Mont Blanc Hélicoptères. n

“Loiseau du temps” déploiera ses ailes au premier semestre 2023

restaurant qui disposera d’une soixantaine de couverts. Bérangère Loiseau avoue avoir “eu le coup de foudre pour cette ville que j’ai découverte avec ma mère Dominique en 2019 et où nous avons tout de suite eu envie d’installer un restaurant.” Le Covid étant passé par là, il a fallu atten dre trois ans pour voir ce projet se concré tiser. “Loiseau du temps”, déclinaison du même nom que les établissements que le groupe gastronomique basé à Saulieu a ouverts à Dijon (“Loiseau des ducs”) et à Beaune (“Loiseau des vignes”) ouvrira ses portes “au cours du premier semestre 2023 sur le concept d’un bistrot chic” confirme Bérangère Loiseau. Les premiers coups de pioche pour l’aménagement des locaux ont démarré dans la foulée de cette annonce. Selon Bérangère Loiseau, “Loiseau du temps” doit également être “un trait d’union entre les terroirs de Bour gogne et ceux de Franche-Comté.” Les menus du jour tourneront autour d’une trentaine d’euros. Clin d’œil nostalgique de l’histoire, l’ouverture de “Loiseau du temps” coïncidera avec les 20 ans de la disparition de Bernard Loiseau, le grand chef étoilé. n

C’ est Bérangère Loiseau, la fille de Bernard Loiseau et vice-prési dente du groupe éponyme qui est venue annoncer la nouvelle elle-même le 11 octobre dernier à Besançon : le groupe Loiseau ouvrira un restaurant style brasserie raffinée, au rez-de-chaussée de

l’ancien conservatoire de musique de Besançon place de la Révolution, un bâti ment entièrement réhabilité par la société S.M.C.I. et dont il restait encore cet espace disponible. Pour la ville de Besançon, c’est une bonne nouvelle. Une dizaine d’emplois doivent être créés dans ce futur

Bérangère Loiseau (en rouge) est venue annoncer la nouvelle le 11 octobre dernier.

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Éditorial Fin de vie

écoute attentive de tous les protagonistes, sans a priori, sans dogmatisme, sans idéologie, sans polémiques. Bref, tout le contraire de ce qui se passe en France ces dernières années. Jamais une loi ne doit être pensée pour régler quelques cas particuliers, mais l’actuelle législation qui concerne la fin de vie laisse encore poindre trop de souffrances individuelles. Des Français se voient contraints de s’exiler en Belgique ou en Suisse pour finir leur vie loin de leur foyer. Le témoi gnage poignant du mari de l’ex-secrétaire d’État bisontine Paulette Guinchard recueilli dans ce numéro les laisse entre voir. Le Comité consultatif national d’éthique lui-même reconnaît une incom plétude de la législation actuelle. Rouvrir ce débat est sans doute une bonne chose. Le faire dans l’état actuel de fracturation de notre société n’est peut-être pas la plus judicieuse des décisions. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arbey, Sarah George. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Conception pubs : Jef Bossard. équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod. est éditée par la société “Publipresse Médias” S.I.R.E.N. : 424 896 645 Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr Crédits photos : La Presse Bisontine, M. Bôle, D. Cesbron, Compagnie Les trois sœurs, M. Cottet, Femto-S.T., Musée du Louvre - M.B.A.A., Roland Bailly S.A.S., Studio M, Utinam. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2022 Commission paritaire : 0225 D 80130

pants un amer goût d’inachevé et une vraie frustration. Le sujet de la fin de vie fait appel autant à la médecine, qu’à l’éthique, voire à la philosophie. Il serait d’une part réducteur de ne le confier qu’à un panel de 150 citoyens, fussent-ils représentatifs de la société française, et plus encore dangereux de soumettre cette question à un référendum. La question de la fin de vie ne peut en effet se résumer à une simpliste question pour ou contre. Elle doit faire appel au contraire aux plus infinies nuances dans son approche et être soumise à un débat aussi serein que possible. Si le référendum est écarté, ce sera donc au Parlement de trancher. On peut alors craindre que le sujet soit récupéré par les différentes composantes de l’Assemblée comme un nouveau motif de clivages et d’invectives stériles. Ce dossier mérite évidemment un examen approfondi, des débats constructifs basés sur l’écoute, des propos nuancés et une

L e président de la République avait promis dans la dernière campagne pour sa réélection de rouvrir le débat autour de la fin de vie. Il tient son engagement et le fera dans les prochaines semaines avec le lancement d’une conférence citoyenne sur la question, suivie au printemps, d’un possible projet de loi modifiant l’ac tuel système pour le rendre plus souple, en clair : rendre possible en France le suicide assisté, voire l’euthanasie. Cette question éminemment sensible méritera évidemment un autre sort que la première convention citoyenne qu’Emmanuel Macron avait convoquée lors de son pre mier mandat, une convention consacrée au climat dont le gouvernement au final n’aura quasiment rien retenu des pro positions émises, et laissé à ses partici

Crédit photo : Luc FREY

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4 L’interview du mois

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

JUSTICE

Un nouveau procureur général à la cour d’appel de Besançon

“J’aimerais mettre en œuvre la justice restaurative qui peut apaiser les victimes”

Le 14 octobre dernier, Marie-Christine Tarrare a officiellement été installée

dans ses fonctions de procureur général à la

rais mettre en œuvre la justice restau rative. L.P.B. : Pouvez-vous expliquer ce qu’est la justice restaurative ? M.-C.T. : Il s’agit de dispositifs qui per mettent à des victimes et des auteurs de pouvoir échanger dans d’autres lieux que dans un tribunal ou le bureau d’un juge d’instruction.Une victime voudrait parfois que l’accusé réponde à des questions. Des gens sortent du procès sans avoir eu le temps d’obtenir des réponses. La justice restaurative permet aux personnes d’avoir du temps pour cheminer et avancer. Elles sont reconnues comme victimes mais après, cela peut les aider à redevenir des citoyens. Les dispositifs sont très larges, médiations restauratives, rencontre entre des condamnés à de très lourdes peines (assassinat) et des familles de victimes (les deux parties n’ont pas de lien entre eux). Ce sont des processus très normés qui peuvent à mon sens apaiser. Et per mettre aussi de voir le cheminement d’un auteur. L.P.B. : La cour d’appel de Besançon a-t-elle des particularités ? cour d’appel de Besançon. La magistrate qui a fait toute sa carrière au parquet succède à Christophe Barret. En place pour sept ans, elle dévoile les axes prioritaires qu’elle souhaite développer.

Marie-Christine Tarrare souhaite mettre l’accent en priorité sur les violences faites aux plus vulnérables, l’environnement et la justice res taurative, entre autres.

Marie-Christine Tarrare a été officiellement installée dans ses fonctions lors de l’audience de présentation du 14 octobre.

un échelon hiérarchique mais c’est aussi celui qui fait le même métier qu’eux. On partage la responsabilité d’une décision, il est un soutien pour le parquet de pre mière instance. L.P.B. : Vous avez fait toute votre carrière en tant que magistrat de parquet. Est-ce un plus dans votre mission de procureur général ? M.-C.T. : C’est certainement un plus car je connais les contraintes et la pression forte des parquets de première instance. En arrivant à l’école de magistrature, je voulais être juge aux affaires familiales. J’ai découvert le métier de magistrat de parquet qui est en prise directe avec l’évé nement et vous faites face à des parte naires variés. On est présent tout au long de la procédure. Un juge est beaucoup plus en retrait. Le métier de magistrat de parquet est en plein dans la cité, on apporte sa pierre dans le maintien de la paix et de l’équilibre social. L.P.B. :Vous assurez la gestion de la cour d’appel et les tribunaux sous son ressort en dyarchie avec la présidente de cour, Nathalie Delpey Corbaux. Est-ce rare d’avoir deux femmes à la tête d’une cour d’appel ? M.-C.T. : Le corps desmagistrats est extrê mement féminin, à plus de 60 %. En France, sur 36 cours d’appel, 10 procureurs généraux sont des femmes, et il y a 16 premières présidentes. L.P.B. : Doit-on vous appeler Madame le Procureur général ou la Procureure générale ? M.-C.T. : J’ai toujours laissé au masculin, non pas parce que je ne suis pas féministe. Être procureur général est une fonction, ce n’est pas ce qui me caractérise. Je suis fière d’être une femme qui exerce les fonc tions de procureur général. n Propos recueillis par L.P.

L.P.B. : Concrètement, quel est le rôle d’un procureur général ? M.-C.T. : Un procureur général est chargé de porter l’accusation au deuxième degré de juridiction, quand les personnes font appel. Il a le même rôle que le procureur de la République en première instance. Pour le reste, il est le magistrat qui dirige les tribunaux judiciaires de son ressort. Sa mission est de coordonner les actions des procureurs de la République de son ressort, il doit décliner au plan régional la politique pénale du garde des Sceaux. Le procureur général contrôle le bon fonc tionnement du parquet et procède à la notation des officiers de police judiciaire et a le pouvoir de sanctions disciplinaires. L.P.B. : Vous êtes le supérieur hiérarchique des cinq procureurs de la République sous votre ressort : Besançon, Montbéliard, Vesoul, Belfort et Lons-le-Saunier. Comment cela se passe-t il ? M.-C.T. : Il y a en tout 27 magistrats par quetiers. Les procureurs de la République sont libres de leur choix de poursuites qu’ils engagent. Le ministre ne peut pas donner des instructions précises sur un dossier déterminé, il ne donne que des instructions générales dans le cadre de sa politique. En revanche, un procureur général peut donner des instructions de poursuite au procureur de la République, mais c’est très peu utilisé. Sur une plainte, ce dernier estime qu’il n’y a pas d’éléments pour des poursuites et classe la plainte sans suite. Le plaignant peut saisir le procureur général pour un recours. Si celui-ci estime que des poursuites peuvent être engagées, le procureur de la Répu blique est obligé de poursuivre. Il retrouve sa liberté à l’audience où il peut ne pas requérir de peines. Le procureur général est effectivement

L a Presse Bisontine : Vous êtes arrivée à la cour d’appel de Besançon le 1er sep tembre, nommée pour 7 ans. Quels sont les axes que vous aimeriez développer pendant ces sept années ? Marie-Christine Tarrare : Je veux travailler sur le contentieux de l’environnement, impulser une politique pénale sur cette matière, définir des objectifs et des manières de les atteindre, de façon har monisée sur le ressort. Dans chaque res sort de la cour d’appel, il y a un pôle environnement. Unmagistrat du parquet de Besançon est en charge de ces ques tions pour les affaires les plus graves avec des enjeux importants. Le fonc tionnement de ce pôle se fait en lien très étroit avec le procureur général. J’aimerais qu’on avance aussi sur les violences intrafamiliales mais aussi les violences à l’égard des plus vulnérables, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées. Comment faire pour que les personnes âgées puissent nous révéler les violences ? Il y a aussi une réflexion à mener avec les services de l’Éducation nationale pour un dispositif de repérage du harcèlement scolaire. Parmi les priorités, il y a bien sûr la lutte contre la criminalité organisée et la radicalisation violente. Enfin, j’aime

37 ans de carrière au parquet l 1985 : Entrée à l’école nationale de magistrature après un D.E.A. (aujourd’hui master 2) de droit de la famille. l 1987 : Premier poste de substitut du procureur à Mâcon l 1996 : Procureur de la République à Lons-le-Saunier l 2000 : Procureur de la République à Cusset (Allier) l 2003 : Magistrate à l’inspection géné rale de la justice à Paris l 2008 : Procureur de la République à Bourg-en-Bresse, sa ville de naissance l 2012 : Procureur de la République à Dijon l 2017 : Procureur général à la cour d’appel de Bourges. Elle y dirige l’expé rience d’une cour criminelle départemen tale. l 2022 : Procureur général à la cour d’appel de Besançon. Marie-Christine Tarrare est également officier de la légion d’honneur et officier de l’ordre national du mérite.

M.-C.T. : Comme au niveau national, il y a une explosion des violences intrafami liales. La cour d’appel de Besançon est ame née à statuer sur des affaires pénalement lourdes, notamment avec la criminalité organisée et le trafic de stupéfiants. La spécificité est la zone frontalière, ce qui amène forcément des affaires en relation avec nos homologues helvétiques.

“Il y a une explosion des violences intrafamiliales.”

L’interview du mois 5

Zoom Marie-Christine Tarrare, une magistrate appréciée D ans son bureau à la cour d’appel, des médailles et des insignes couvrent le large rebord de cheminée. Elles ont été remises à Marie-Christine Tarrare lors de ses différents départs de juridiction tout au long de ses 37 ans de carrière. Ces marques honorifiques témoignent combien la nouvelle procureure générale de Besançon semble appréciée. “Marie-Christine Tarrare a toujours laissé un excellent souvenir, son départ est toujours regretté” , a ainsi résumé l’avocat général lors de l’audience de présentation le 14 octobre dernier. Ce dernier a également mis en avant son autorité naturelle et sa fermeté, son sens de la mesure combiné à une bienveillance et une élégance. Nathalie Delpey-Corbaux, première présidente de la cour d’appel, a quant à elle souligné la vivacité d’esprit, la puissance de travail, son pragmatisme, une implication sincère et profonde, une ouverture d’esprit et une curiosité aiguë. “Nous aurons une réflexion empreinte de vigilance pour préserver l’état de droit et la confiance des citoyens dans la justice. Je ne doute pas de la qualité de notre exercice dyarchique.” Les deux magistrates assurent ensemble la gestion des juridictions du ressort de la cour d’appel, les ressources humaines, la gestion budgétaire, etc., et rendent compte des résultats de l’activité de la cour d’appel auprès du ministère. n

Nathalie Delpey-Corbaux,

première présidente de la cour d’appel, travaille en dyarchie avec Marie Christine Tarrare pour gérer la cour d’appel.

6 L’ÉVÉNEMENT

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LA GOUVERNANCE ANNE VIGNOT DE PLUS EN PLUS CONTESTÉE

l Polémique Un nouvel avertissement L’orage gronde en périphérie de Besançon Les maires du Grand Besançon n’en peuvent plus des débats partisans qui secouent les assemblées de Grand Besançon Métropole sur de nombreux dossiers. Ils brandissent la menace de créer au sein de G.B.M. un groupe des communes périphériques. À mots couverts, et désormais à haute voix, de nombreux élus des communes de la périphérie bisontine dénoncent le manque d’écoute de la présidente de G.B.M. Anne Vignot. La principale intéressée joue l’apaisement. Indispensable, au risque d’une scission dans cette assemblée censée toujours jouer la carte du consensus.

I l y a ceux qui commencent à parler - Benoît Vuillemin, Patrick Ayache, Yves Guyen… -, et ceux qui n’osent pas encore le faire publiquement - Gabriel Baulieu, Pascal Routhier, etc. Et en off, toutes les langues qui se délient. Tous ces élus à Grand Besançon Métro pole, vice-présidents pour la plupart, partagent le même constat : il y a un problème dans la gouvernance de G.B.M. Le 3 octobre dernier, avant même le démarrage du dernier conseil de com munauté dans les locaux de la C.C.I. du Doubs, ces élus de la périphérie étaient sur le point d’organiser une conférence de presse pour expliquer leur ras-le-bol. Ils y ont renoncé au denier moment parce qu’Anne Vignot avait annoncé juste avant qu’elle ne pouvait pas rester pour suivre les débats ce soir-là. Samedi

zones d’activités et de loisirs sur le ter ritoire du Grand Besançon. Tout est parti d’un communiqué co-signé par la secrétaire d’Europe Écologie-Les Verts du Grand Besançon, Tilale El Yousfi, qui n’est autre que la secrétaire particulière d’Anne Vignot au sein de son cabinet à la mairie. Ce communiqué politique s’insurgeait contre le projet de construction d’un nouveau complexe sportif mené conjointement par les com munes de Pirey et d’École-Valentin. “Ce courrier nous traitait ni plus ni moins de méchants bâtisseurs d’un autre temps, consommateurs de fonciers irresponsa bles. Introduire ainsi un débat partisan dans notre assemblée, directement par les prises de parole au nom de groupes politiques du conseil municipal de Besan çon comme c’est maintenant systémati

22 octobre, ils se réunissaient à nouveau entre eux pour mettre au point une réponse commune à la façon dont Anne Vignot la présidente de G.B.M. gère les dossiers communautaires. Après les couacs et valses-hésitations

“Il ne faut pas nous prendre pour des lapins de six semaines !”

d’Anne Vignot liés au projet de grande biblio thèque, après le manque de clarté et d’enthousiasme mis par la présidente sur le dos sier R.N. 57, une nou velle pomme de dis corde est apparue à l’occasion du dernier conseil communautaire avec la question du développement des

quement le cas à G.B.M., conduit les communes de la périphérie à assister à un débat qui n’est pas le leur. Ce n’est pas l’esprit initial de notre communauté, ce n’est pas le nôtre. Revenons donc à une gouvernance basée sur le seul intérêt collectif” plaide Patrick Ayache, maire de Pirey. Sur l’affaire de ce complexe sportif, Anne Vignot affirmait le même soir “ne pas piloter le groupe E.E.L.V. du Grand Besançon, il n’a pas besoin

de moi pour réagir comme il veut. Si vous croyez que je fonctionne comme ça, vous avez tort.” Yves Guyen, le maire d’École-Valentin dit exactement la même chose que Patrick Ayache : “Anne Vignot affirmait aussi ne pas connaître le contenu de notre projet de complexe sportif. C’est faux, nous lui avions présenté dès décem bre les détails de ce complexe sportif qu’il reste à affiner. Il ne faut pas nous prendre

L’événement 7

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

l Réaction Benoît Vuillemin “La majorité, c’est nous !” Le maire de Saône, 9 ème président de G.B.M., est un des premiers à exprimer haut et fort le ras-le-bol ressenti par ses collègues élus de la périphérie.

l La présidente Anne Vignot “Je n’ai jamais cédé à aucune menace” La présidente de G.B.M. estime n’avoir jamais entravé aucun projet du territoire. Et renvoie les élus mécontents aux vraies priorités.

L a Presse Bisontine : Vous pensez expri mer la colère de nombreux élus ? Benoît Vuillemin : Oui, nous pensons qu’il y a un vrai problème de gou vernance au sein de G.B.M., il faut qu’on y remédie et il est très urgent qu’Anne Vignot change de méthode. Cela nuit à notre fonctionnement et donc à l’ensemble de notre territoire. L.P.B. : Anne Vignot ne soutiendrait pas suf fisamment certains projets d’intérêt com munautaire selon vous ? B.V. : Anne Vignot a été élue à Besan çon sur un programme de non-déve loppement, elle l’assume et elle est très légitime pour appliquer son pro gramme sur sa ville. La ligne rouge est franchie quand elle cherche à appliquer son programme de décrois sance dans tout le Grand Besançon. J’y suis actuellement confronté à Saône, Pascal Routhier l’est aussi à Saint-Vit, concernant le développe ment des zones d’activité et de l’ha bitat. Personnellement à Saône, j’ai été élu sur un programme de déve loppement, pas de décroissance. Si on m’empêche de développer mes programmes, ça s’appelle de l’ingé rence.À Saône, j’ai plus de 3 millions

c’est ainsi que certains élus envisagent la démo cratie, alors ce n’est pas à la hauteur. Je suis là pour rappeler l’intérêt général” recadre-t-elle. Sur la dernière crispa tion au sujet du projet de complexe sportif à Pirey, Anne Vignot ren voie les mécontents dans leurs 18 mètres en disant que “ces élus, en présentant de leur côté ce genre de projet, avant qu’il intègre un plan plu riannuel d’investisse ment de G.B.M., pren nent une position qui sort des façons de fonctionner de G.B.M. Toute opéra tion nouvelle doit être discutée et intégrée, ou pas, au P.P.I.F.” La pré

E lle reste imperturbable la pré sidente de G.B.M. Face au vent de fronde qui commence à souf fler dans l’assemblée, Anne Vignot préfère prendre de la hauteur, balayer les critiques et rappeler ses prio rités à elle : “Il va falloir passer un peu moins de temps sur ces questions de gou vernance et plus sur les vrais problèmes qui attendent cette collectivité avec un budget 2023 qu’il va bien falloir boucler” rétorque la présidente. La création d’un groupe des élus de la périphérie, brandie récemment ? “Je n’ai jamais cédé à aucune menace, ni dans ma vie politique, ni dans ma vie privée” tranche Anne Vignot. “Si

“C’est trop facile d’accuser en l’air.”

Benoît Vuillemin dit tout haut ce que beaucoup d’élus pensent tout bas.

d’euros d’investissement de retard dans mes travaux d’assainissement parce que G.B.M. m’empêche d’avan cer en multipliant les demandes d’études en tout genre. On ne va pas m’apprendre à Saône ce qu’est une politique verte ou une politique ver tueuse ! L.P.B. : Vous estimez qu’Anne Vignot fait trop de politique à G.B.M. ? B.V. : Je crois qu’on en a tous marre d’assister à G.B.M. à des débats bisonto-bisontins entre Anne Vignot et son opposition, entre le conser vatisme de droite et l’ultra-décrois sance de gauche. Je rappelle qu’en nombre de sièges, la majorité, c’est nous ! Il est temps que la présidente de G.B.M. impulse une vraie poli tique de développement de ce terri toire. Et surtout sans dogmatisme. Le développement de G.B.M., ce n’est pas un enjeu bisontin, c’est un enjeu de territoire et au-delà, un enjeu international cette position de Besan çon aux portes de la Suisse dont on n’a pas encore saisi tout l’enjeu ! n Propos recueillis par J.-F.H. gent de dates, sont annulées, ne sont pas conclusives, des vice-présidents qui ne sont pas associés à leurs champs de compétences, des décisions non concer tées, la remise à plat de dossiers struc turants, des services de G.B.M. muselés, un pacte politique bafoué, des références au programme électoral bisontin Besan çon Par Nature dans des documents de G.B.M., etc. Plus d’un an et demi après cette première mise en garde, l’irritation des élus de la périphérie est loin d’être calmée. Cer tains en sont même à réclamer une modi fication des statuts de G.B.M. qui veulent que depuis la création de la C.A.G.B. il y a plus de vingt ans le maire de Besan çon soit automatiquement désigné comme président de G.B.M. n J.-F.H. Patrick Ayache, le maire de Pirey, a été le premier à contester publiquement le mode de g ouvernance d’Anne Vignot.

sidente rappelle au passage que la méthode a peut-être changé (N.D.L.R. : elle a instauré la création d’un groupe P.P.I.F. alors qu’auparavant la procédure était plus simple), mais elle est plus équi librée qu’avant soutient-elle. “Avant de lancer le projet d’un nouvel équipement sportif, il est logique d’engager d’abord un diagnostic de l’offre actuelle sur le territoire. C’est une discussion collective à avoir.” AnneVignot réfute enfin toute accusation portée contre elle au sujet de supposés blocages de dossiers structurants : “Qu’on me dise quel dossier j’ai déjà bloqué ? Il me faut des éléments concrets, c’est trop facile d’accuser en l’air.” La présidente de G.B.M. ne refuse pas de revoir les statuts de G.B.M., recon naissant que “certains secteurs pourraient se sentir sous-représentés.” Mais elle n’en fait pas une priorité. “Les vrais sujets à traiter, ce sont les urgences sociales, éco nomiques et climatiques” conclut-elle. n J.-F.H.

Anne Vignot reste droite dans ses bottes.

l Gouverner une commune et une communauté urbaine : est-ce différent ?

La gouvernance des communautés se distingue de l’administration des communes à plusieurs égards. D’abord il n’existe pas une majorité et une opposition intercommunales issues des urnes. Le président ne peut pas davantage s’appuyer sur une équipe qui a fait campagne avec lui comme cela peut être le cas pour un maire. Au contraire, la gouvernance intercommunale repose sur une négociation permanente entre pairs pour la mise en œuvre d’un projet commun. En France, 66 % des intercommunalités, quelle que soit leur taille, sont présidées par un élu qui n’est pas le maire de la ville principale. La charte de gouvernance de G.B.M. qui indique que le maire de Besançon sera automatiquement élu président de G.B.M. a toujours été respectée à Besançon. Pour certains maires de la périphérie, c’est une anomalie qu’il faudrait corriger lors des prochains scrutins. D’autres affirment même que cette disposition serait désormais illégale ! Rappelons qu’en nombre de voix, les communes de la périphérie pèsent à hauteur de 60 % dans les instances de G.B.M. l Qui sont les 9 vice-présidents G.B.M. de la périphérie ? Gabriel Baulieu (1 er vice-président et maire de Serre-les-Sapins), Pascal Routhier (3 ème vice-président et maire de Saint-Vit), Yves Guyen (5 ème vice-président et maire d’École-Valentin), Daniel Huot (7 ème vice-président et maire de Mamirolle), Benoît Vuillemin (9 ème vice-président et maire de Saône), Catherine Barthelet (11 ème vice-présidente et maire de Pelousey), Michel Jassey (13 ème vice président et maire de Devecey), Jean-Paul Michaud (14 ème vice-président et maire de Thoraise), et Christian Magnin-Feysot (15 ème vice-président et maire de Chalezeule). Les six autres vice-présidents sont des élus de la Ville de Besançon.

pour des lapins de six semaines ! En plus, ce complexe doit profiter à tous les habitants des secteurs Nord et Ouest de l’agglo ! Il ne mérite pas d’être politisé comme ça.” Ce n’est pas la première fois que les élus de la périphérie mettent en garde Anne Vignot contre les déviances de sa gou vernance. Le 6 janvier 2021, ils lui envoyaient une lettre dans laquelle ils pointaient déjà des réunions qui chan

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La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

RECHERCHE Pour mesurer le temps au plus près Femto livre des équipements de pointe à l’armée américaine Parmi les nombreuses innovations développées au sein du laboratoire Femto-S.T. de Besançon, l’équipe de F.C. Innov-Femto Engineering fabrique et vend des oscillateurs destinés à l’armée américaine. À plusieurs centaines de milliers d’euros pièce.

D’autres exemplaires d’Uliss pourraient être vendus à travers le monde.

C e ne sont pas des armes. Mais des équipements qui permettent à ses clients de régler au plus précis qui soit leurs outils de cal cul du temps, type G.P.S. Ces

tant à l’international. “Depuis 2017, date de la conception du premier appareil, nous en avons commercialisé six. Plusieurs à l’armée américaine, un autre en Angleterre, un en Italie et le der

oscillateurs sont sortis des ate liers de Femto Engineering basés à l’E.N.S.M.M. de Besançon et avant cela, du cerveau de plu sieurs ingénieurs locaux dont le travail de l’ombre rayonne pour

nier aux Chinois.Tous ces appa reils ont été commercialisés à des instituts nationaux demétrologie” se félicite Tatiana Locatelli, la directrice de Femto Engineering F.C. Innov. Prix à l’unité : entre 300 000 et 700 000 euros pièce. Ces appareils hauts de 2 mètres et bourrés d’électronique ont été baptisés Uliss, comme “Ultra low instability signal source”. En français, un oscillateur saphir cryogénique ultra-stable. “Cet appareil délivre une référence de fréquence ultra-stable qui variera très peu au cours du temps et qui permet à nos clients d’améliorer la précision de leurs horloges atomiques. Nous avions com mencé à développer ce produit pour l’Agence spatiale européenne au début des années 2010 pour le suivi de ses sondes spatiales. L’appareil que nous avons déve loppé est l’oscillateur le plus stable au monde” développe Christophe Fluhr, ingénieur au

autre genre” ont trouvé un ter reau fertile dans la capitale du temps. Des discussions sont en cours avec l’Observatoire de Paris et l’institut de métrologie coréen pour commercialiser d’autres petits frères d’Uliss dans les pro chains mois. Cette innovation, et bien d’autres issues des labos de Femto-S.T. et transposées ensuite à l’indus trie ont semblé avoir impres sionné Bruno Bonnell, le secré taire général pour l’investissement chargé par le gouvernement de mettre en musique le plan France 2030, en visite à Besançon le 4 octobre dernier. n J.-F.H.

département temps-fréquence de Femto qui a travaillé sur le développement de ce projet en collaboration avec Benoît Dubois, “et sur la base des travaux de recherche de Vincent Giordano, chercheur au C.N.R.S. et au labo

Christophe Fluhr (premier plan) et Benoît Dubois ont mis au point cet appareil doté d’un cryogénéra teur.

L.P.M.O., un des labos historiques de Femto, depuis 25 ans” précise Tatiana Locatelli. Avec cette innova tion, c’est le savoir faire bisontin dans la métrologie qui est à l’honneur. Ce n’est sans doute pas un hasard, si ces “horlogers d’un

“C’est l’oscillateur le plus stable au monde.”

EN BREF

CONCOURS Employé dans l’horlogerie Romain Mariel sera peut-être le prochain Mister France Le jeune Doubien de 23 ans participera en mars prochain à la finale nationale de l’équivalent masculin des Miss France. En quête d’un titre et en pied de nez au canon de beauté.

Piles Pour sensibiliser les plus jeunes à l'importance du geste de tri et au recyclage des piles et batteries usagées, le Sybert organise une nouvelle édition du concours de collecte de piles et batteries usagées dans les écoles. Le défi est lancé aux 110 écoles élémentaires situées dans le périmètre du territoire du Sybert. Jusqu’au 20 janvier prochain, les établissements scolaires qui auront collecté le plus grand nombre de piles et de batteries usagées se partageront des prix allant de 100 à 400 euros pour leur permettre le financement d’un projet scolaire. Infos sur www.sybert.fr Éclairage Les bâtiments patrimoniaux de Besançon ne seront plus éclairés à l’exception des 24 et 31 décembre. Et la période de fonctionnement des illuminations de Noël sera réduite de 5 à 4 semaines et l’amplitude horaire sera réduite aussi. Elles scintilleront de la tombée de nuit à 22 heures, à l’exception du 24 et du 31 décembre où la Ville sera illuminée jusqu’à minuit. La Ville invite également les commerçants à avancer l’heure d’extinction de leur vitrine le plus tôt possible.

S a participation à Mister France, il la voit un peu comme une revanche prise sur la vie. “Une façon de se challenger et de se dépasser” mais aussi de briller aux yeux des autres et de ses proches. Car Romain Mariel ne s’en cache pas, derrière le vernis de ces concours de beauté se trouve souvent un besoin de reconnaissance. Lui y voit un nouveau cap après une jeunesse chahutée par les moqueries. L’ex-enfant en surpoids qu’il était, passé par un régime dras tique avec des conséquences sur sa santé et par une opéra tion pour en finir avec son com plexe d’oreilles décollées, sait à quel point les discriminations peuvent faire mal. Et s’il y a forcément, dans ces concours de beauté, une part physique et superficielle, ils représentent aussi une occasion de véhiculer des valeurs plus profondes selon lui. “On est amené à défendre une cause qui nous tient à cœur. Je veux

prise suisse. Je dessine énor mément par ailleurs, donc cela me plaît bien.” Les 6 à 8 heures de sport qu’il effectue, chaque semaine, en salle de sport ou sur les pistes de ski l’hiver, l’amènent aussi à envisager sereinement les défilés en petite tenue. “Plus jeune, je m’étais également prêté au jeu des castings et du mannequinat, et je faisais du théâtre. Ce genre d’expérience me permet d’avoir plus confiance en moi, même si je sais qu’en participant, je me mets aussi sous le feu des cri tiques.” De cette médiatisation pourrait aussi naître de nou velles opportunités, espère-t il, “comme la rencontre avec une maison d’édition, pour publier une B.D. sur laquelle je travaille depuis mes 10 ans.” Parmi d’autres projets, il envi sage aussi d’animer une émis sion sur une radio associative locale autour de toutes les formes de discrimination. n S.G.

pour ma part sensibiliser aux méfaits du conformisme social, par rapport à tout ce que j’ai pu vivre.” La finale régionale qu’il a rem portée en septembre dernier à Poligny, face à 9 autres candi dats, a été pour lui un premier pas. Il espère aujourd’hui trans former l’essai, en décrochant le titre national dans quelques

mois à Poissy.Tout en gardant à l’es prit que “c’est bien d’avoir un phy sique, mais si l’on n’a que ça, c’est un peu navrant.” Le jeune homme, arrivé de Reims il y a deux ans, dit s’accomplir pleine ment dans son nouveau métier dans le milieu de l’horlogerie. “Je travaille sur la colorisation des cadrans de montre dans une entre

“Si l’on a qu’un physique, c’est un peu navrant.”

Le jeune homme travaille dans l’horlogerie à la ville.

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BESANÇON

Quel bilan pour la monnaie locale comtoise ? Cinq ans après, la Pive est-elle rentable ? La Pive a fêté mi-octobre ses cinq ans d’existence. Si la monnaie locale comtoise a réussi à tenir debout après le Covid, les subventions qu’elle reçoit et son bilan comptable ont soulevé des questions sur la santé financière de l’association qui la porte.

I l a réitéré ses mails jusqu’à avoir une réponse. Jean PhilippeAllenbach duMou vement Franche-Comté n’a pas lâché le morceau jusqu’à recevoir les bilans finan ciers de l’association La Pive de ces dernières années. Et sa réponse avec toute la retenue qu’on lui connaît ne s’est pas fait attendre. “La Pive apparaît aujourd’hui comme un véritable fiasco financier. Il faut donc au plus vite limiter les dégâts en stoppant toutes les subventions versées à la Pive, car c’est un gadget écolo-bobo sans la moin dre utilité économique ou finan cière, qui coûte une fortune au contribuable et qui relève d’une pure visionwokiste de la société.” Au-delà du verbiage, le prési dent du Mouvement Franche Comté a ressorti deux chiffres : L’ association La Pive a lancé mi-octobre une application facilitant le paiement et l’achat de pives numériquement. “C’est un besoin qui est remonté très tôt, il était parfois fastidieux d’échan ger les Pives dans des comptoirs d’échanges” , explique Marion Fichet, chargée de communica tion. À partir d’une interface, l’uti lisateur peut payer le commer çant en direct, et effectuer des virements entre particuliers. Les professionnels peuvent se payer entre eux et ne paient pas de frais bancaires. N’en déplaise à Jean-Philippe Allenbach qui

près de 83 000 euros de dettes, pour 200 000 euros de subven tions touchés depuis la création de la Pive. Il ajoute à cela une baisse des adhérents depuis 2020. Sur ce point, l’association convient que le Covid n’a fran chement pas aidé, période où le sans contact avec les cartes bancaires était plébiscité et où les comptoirs d’échanges de Pives étaient fermés. Mais elle mise sur un nouvel engouement à l’image de celui de 2019, notamment grâce à l’arrivée de l’App’Pive, un moyen de paie ment numérique (voir ci-contre). Ensuite, Marie-Odile Crabbé Diawara, co-présidente de l’as sociation nuance les chiffres. “Il faut aussi lire l’autre côté du bilan comptable, soit les dis ponibilités. Nous avons la capa dénonce un “don forcé” parce que la monnaie ne pouvait être rendue en Pives, l’application résout ce problème. “À partir d’un portefeuille numérique, on crédite des euros à partir de sa carte bancaire qui sont changés en Pives” , reprend Marion Fichet. Avec l’App’Pive, qui a tout de même coûté 100 000 euros, l’as sociation espère séduire de nou veaux adhérents. Le montant de la cotisation est libre. Créée en 2017, la monnaie locale comtoise a pour but de se réap proprier l’économie locale, favo riser les circuits courts et lutter contre la spéculation autour de

Avec le lancement de l’App’Pive, l’association espère séduire de nouveaux adhérents.

Un moyen de paiement par une application

l’euro. “La Pive reste dans l’éco nomie réelle, elle ne passe pas par le système financier et le marché spéculatif” , souligne Marion Fichet. À chaque Pive échangée, un euro est déposé sur un fonds de garantie déposé à la N.E.F., banque éthique indé pendante. La N.E.F. double cet euro, pour financer des projets locaux. Si le président de Mou vement Franche-Comté juge cette pratique “inflationniste” , elle a permis de financer à Besançon le restaurant L’Una lôme tout comme le magasin coopératif T’as meilleur temps. Prochainement, un café-librairie l’Interstice verra le jour. Si sur le papier, la Pive semble coûter cher, les effets sur le ter ritoire commencent à se faire sentir. n

vant en effet obtenir une partie de leurs indemnités en Pives. “On espère avoir plus d’adhé rents, plus de cotisations, reprend la co-présidente. Il faut que toutes les collectivités s’en emparent et le fassent vivre sur leur territoire, il y a un besoin de relocaliser l’économie, pour que les gens aient du tra vail sur leur territoire” , se défend Marie-Odile Crabbé-Diawara qui souligne la non-apparte nance politique de la Pive. “ On identifie à tort ce projet comme un projet de gauche. Mais c’est un projet de territoire, des com munes identifiées de droite nous soutiennent. Alain Joyandet (sénateur Les Républicains, N.D.L.R.) a défendu la Pive à la Région. On défend aussi la Franche-Comté.MonsieurAllen bach ne nous a jamais rencon trés. Peut-être que notre projet peut être amélioré, si Monsieur Allenbach a des propositions, nous sommes ouverts à la dis cussion. Nous ne sommes pas binaires.” Essaimant sur toute la Franche Comté, la Pive compte 900 adhé rents, dont 300 professionnels pour 134 000 Pives échangées en 2021. En France, il existe 82 monnaies locales. Celle de Gre noble, le Cairn n’a pas survécu après le retrait du soutien finan cier de Grenoble-Alpes Métro pole.Avec seulement 300 adhé rents et 70 000 cairns en circulation, sa situation n’était plus viable. En comparaison, la Pive ne s’en sort pas si mal pour l’instant. n L.P.

cité de faire face à nos dettes car nous avons 60 000 euros de disponibilités.” En clair, si l’as sociation devait régler pour une raison ou une autre ses dettes, elle serait en mesure de le faire immédiatement à hauteur de 60 000 euros. “Le reste comprend notre emprunt de 21 000 euros. Or, par nature, un emprunt n’est pas à rembourser dans l’immé diat. Le bilan est une photo à l’instant T, soit le 31 décembre 2021. À cette date, certaines sommes étaient en suspens mais réglées en 2022, comme les 30 000 euros que nous devions à l'association qui a développé l’App’Pive” , souligne Marie Odile Crabbé-Diawara, qui se dit sereine face à ce bilan comp table. Quant aux subventions reçues depuis la création de la Pive, la co-présidente les chiffre à 180 000 euros, au lieu de 200 000 euros avancés par M. Allenbach. “La Ville et G.B.M. nous ont fourni une aide au démarrage jusqu’en 2018. Et nous avons des subventions que n’importe quelle association peut recevoir, notamment celle pour l’emploi associatif (La Pive emploie quatre équivalents temps plein, N.D.L.R.) et les aides Covid que beaucoup d’as sociations et entreprises ont eues même celles réalisant un beau bénéfice…” Aujourd’hui, la Pive est subventionnée par la Région, l’A.D.E.M.E., et le fonds de déve loppement de la vie associative. En 2022, la Ville a donné 1 000 euros de cotisation pour son adhésion, certains élus pou

EN BREF

Circulation Pour aider la Ville à recenser précisément les lieux où les riverains vivent des désagréments liés à la circulation une carte interactive est accessible aux Bisontins sur l’adresse https://www.besancon.fr /actualite/pour-une circulation-apaisee/ Elle est remplissable jusqu’à la fin de l’année. À l’issue de cette campagne interactive, un diagnostic sera réalisé. La municipalité s’en inspirera pour prendre des mesures globales et adaptées afin d’améliorer le partage des espaces publics et leur utilisation dans les déplacements de chacune et de chacun. Citadelle Un ibis chauve de la Citadelle de Besançon né en 2022 est parti le 13 octobre pour être réintroduit en Espagne, aux côtés de jeunes ibis nés au zoo de Mulhouse, dans le cadre du projet de sauvegarde “Proyecto eremita”. Cet oiseau classé “en danger critique d’extinction” par l’Union internationale pour la conservation de la nature (I.U.C.) va rejoindre une colonie vouée à être relâchée dans leur milieu naturel.

Les élus de Besançon peuvent même être payés en partie en Pives désormais.

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LOISIRS

La discothèque bisontine Désabusés, les patrons du Q.G. défendent leur entreprise Après les événements de l’été et la présence d’un collectif

dans quelques semaines suite à des vidéos ou des commentaires calomnieux à l’encontre de la boîte de nuit bison tine. Matthieu Garny et Jérôme Casas ne demandent qu’une chose : “Continuer sereinement, avec sérieux et responsa bilité, à animer les nuits bisontines.” Ils plaident en résumé le bien vivre ensemble. n J.-F.H. Pour la préfecture du Doubs, interrogée par nos soins, “il n’y a pas de dossier Q.G. spécifique et ce, malgré l’actualité mouvementée récente de cette dis cothèque.” Les services de l’État disent être “vigilants sur la sécurité de cet établissement autant que sur celle des autres discothèques du département, ni plus ni moins” , démentant de fait l’information selon laquelle le préfet aurait demandé à la Police nationale de renforcer ses contrôles aux abords du chemin de Mazagran. Aucune fer meture administrative n’était à l’ordre du jour du côté de la préfecture à l’heure où nous écrivions ces lignes. n Zoom La préfecture vigilante pour toutes les discothèques

de riverains dénonçant les nuisances sonores autour de la discothèque, ses responsables se défendent et mettent en avant l’utilité de ce lieu de loisirs.

“A nimer, divertir et ambiancer les nuits de fête des Bisontins en apportant une offre de qualité, variée, pour que les jeunes et les moins jeunes trou vent un endroit dédié à la fête en toute sécurité.” Depuis la création de la dis cothèque en 2017, c’est le plaidoyer des deux créateurs de la boîte de nuit le Q.G. Club, chemin de Mazagran à Besançon, face aux critiques dont ils disent avoir à faire face, “surtout depuis ce qui s’est passé cet été” ajoutent-ils, faisant référence au drame qui a coûté la vie à un jeune homme éconduit de la discothèque (précisons que le co gérant de la boîte a été totalement mis hors de cause par la justice). Depuis son ouverture en 2017, le Q.G. a provoqué l’opposition de riverains aujourd’hui constitués en collectif, gênés par les débordements de certains clients en sortie de boîte. Ces faits, les gérants ne les contestent pas et ils affirment faire leur maximum pour les limiter. “Nous avons réalisé un sas doté d’une porte acoustique pour éviter la propagation du bruit, nous avons installé un limiteur de son connecté aux platines et créé un afficheur de

décibels, le tout pour un investissement de 15 000 à 20 000 euros. Nous sommes allés au bout de ce que nous pouvons faire. Nous faisons tout pour favoriser ce vivre ensemble et il reste un petit nombre de voisins arrivés après l’ins tallation de l’établissement - une dis cothèque existe ici depuis au moins 50 ans -, allant même jusqu’à agresser notre personnel” déplorent Matthieu Garny et Jérôme Casas qui se disent aujourd’hui “désabusés.” D’autant qu’ils ont fait de la sécurité la priorité numéro 1 de leur établis sement. “Nous avons un service d’ordre

expert et formé qui veille à la sûreté de tous nos clients. Nous faisons des palpations, nous évitons les bagarres, nous raccom pagnons les personnes alcoolisées et nous véri fions qu’elles ne repar tent pas seules, nous faisons la promotion des “Sam”, ceux qui ne boivent pas, nous tra vaillons à relancer la navette que nous avions mise en place

“Continuer sereinement à animer les nuits bisontines.”

Matthieu Garny et Jérôme Casas : “La sécurité de nos clients est notre priorité.”

Persuadés que certains riverains et autorités cherchent à ce que le Q.G. écope d’une fermeture administrative, ils plaident leur cause et dénoncent “le harcèlement systématique et les dénonciations calomnieuses” dont ils sont victimes, notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs auteurs de commentaires malveillants et diffa matoires selon les responsables du Q.G. auront d’ailleurs affaire à la justice

pour les jeunes le jeudi et le vendredi et qui a été vandalisée pendant le confi nement. Bref, nous faisons tout ce que nous devons faire pour assurer la sécu rité de nos clients” plaident les entre preneurs à la tête d’une équipe de 24 personnes qui se considèrent aussi comme des acteurs à part entière de l’économie locale “avec 80 000 euros de taxes, impôts et autres droits versés chaque mois.”

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