La Presse Bisontine 245 - Novembre 2022

Le dossier 23

La Presse Bisontine n°245 - Novembre 2022

l Militants

Association pour le droit à mourir dans la dignité

“On revendique la parole du malade” Depuis 42 ans, l’association pour le droit à mourir dans la dignité (A.D.M.D.) milite pour offrir un choix de fin de vie aux malades. Pour Séverine Arnaud, référente de l’association pour le Doubs, la convention citoyenne qui va s’ouvrir prochainement et l’évolution de la position du comité consultatif national d’éthique (C.C.N.E.) n’aboutira pas à grand-chose.

L’A.D.M.D. milite pour que le choix du malade soit entendu et pris en compte.

L a Presse Bisontine : L’évo lution de la position du C.C.N.E. est-elle pour vous une avancée ? Séverine Arnaud : Ce n’est pas for cément emballant. Les médecins comprennent bien qu’en face de maladies neurodégénératives, comme la maladie de Charcot, la loi n’est pas suffisante. Pau lette Guinchard était opposée à une loi sur l’euthanasie. Mais elle a dû aller mourir en Suisse car elle ne rentrait pas dans la loi française. Mais si le C.C.N.E. commence à énumérer les mala dies… Encore et toujours, c’est le médecin qui va décider de l’action de la fin de vie. Les per sonnes atteintes de la maladie de Charcot auraient droit à l’eu thanasie, les autres malades non. Ceci étant, oui c’est une avancée pour les malades neu

Une conférence sur la législation en février 2023 En partenariat avec l’A.D.M.D., la section locale de La ligue des Droits de l’homme organise une conférence le 11 février prochain au Grand Kursaal sur l’évolution de la législation sur la fin de vie en France. La L.D.H. a invité Jonathan Denis de l’A.D.M.D. et Jean François Delfressy, président du C.C.N.E. “En tant que L.D.H., c’est important qu’il y ait deux discours, non pas opposés mais une approche différente sur le sujet” , éclaire Jean-Pierre Debuissy, membre de la section locale. Pour la L.D.H., la question de la fin de vie est indissociable à la dignité humaine. “Nous sommes à l’écoute de ces demandes sociales et personnelles, nous sommes ouverts à la question, à la réflexion. Il y a deux ans, nous avions organisé une conférence qui comparait les législations française, suisse et belge. C’était très factuel, ce n’était pas un débat idéologique, politique, militant. Près de 250 per sonnes y ont assisté, c’était énorme. Cela montre qu’il y a un ques tionnement de la population. Il y a une attente nationale et locale.” n

dage I.F.O.P. du 12 octobre der nier dans le cadre d’une étude pour l’A.D.M.D.). On souhaite que lemeilleur sorte de cette convention citoyenne mais on a des petits grincements de dents. J’espère être tirée au sort pour la convention citoyenne. L.P.B. : Que revendique l’A.D.M.D. ? S.A. : On milite depuis plus de 40 ans pour qu’émerge une vraie loi de santé publique, sur le modèle belge, qui accompagne les malades tout au long de leur parcours, y compris pour la fin de vie. Qu’il y ait un choix entre les soins palliatifs, le suicide assisté, c’est-à-dire la personne elle-même va absorber le produit sous le contrôle d’une équipe médicale, et l’euthanasie, soit le médecin donne la mort. On

revendique la parole du patient, c’est primordial. Aujourd’hui, les personnes en fin de vie n’ont pas le choix. Par chance, ils peu vent avoir une place en soins palliatifs, mais ils attendent que l’équipe médicale décide de la sédation profonde. Et on demande l’avis à la famille, pas aux malades. Parfois, il y a des directives anticipées. Pour les personnes qui ne veu lent pas aller en soins palliatifs, il faut qu’elles puissent dire : “Je veux mourir maintenant que je suis encore debout, je peux dire au revoir à mes proches, arranger mes affaires…” C’est ce qu’on appelle mourir dans la dignité. Ce n’est pas la décision de l’équipe médicale, pas la déci sion de la famille, mais de la personne malade. n Propos recueillis par L.P.

rologiques, pour tous les autres non. L.P.B. : Et quant à la convention citoyenne ? S.A. : On n’en attend pas grand chose. Si elle reproduit ce que le C.C.N.E. a fait…Dans un der nier sondage I.F.O.P., 78 % des

Français atten dent un élargis sement de la loi (N.D.L.R. : 78 % des Français attendent de la convention citoyenne qu’elle encourage un changement de la loi en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide médicale ment assisté, son

“J’espère être tirée au sort pour la convention citoyenne.”

Made with FlippingBook Digital Publishing Software