La Presse Bisontine 151 - Février 2014
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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr FÉVRIER 2014 N° 151
TRAMWAY + CIRCULATION FAUT-IL CRAINDRE LE SCÉNARIO CATASTROPHE ?
L’ÉVÉNEMENT en p. 6 et 7
CINÉMA p. 43 Vanessa Guide , l’actrice bisontine qui monte
MUNICIPALES p. 2 POLÉMIQUE AU CABINET DU MAIRE La campagne de Fousseret dérape sur Internet
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BESANÇON
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La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014
Flagellation L’année 2014 commence comme l’avait prédit le mage François Hollande par une inversion durable de la courbe du chômage. En février, aux Jeux Olym- piques de Sotchi, les athlètes français, et notamment nos valeureux Francs- Comtois, font une moisson de médailles et permettent à la France de se hisser sur le podium des nations. En mars pro- chain, tremblement de terre politique à Besançon : la droite unie emmenée par le tandem Grosperrin-Gonon fait basculer la ville et prend le pouvoir. En juin, comme un remake de 1998, une France black-blanc-beur unie remporte le Graal au Brésil. Cette deuxième étoi- le sur le maillot des Bleus emporte la France réconciliée dans un élan de soli- darité et redonne la confiance à un pays qui redresse la tête, sort du marasme et retrouve plusieurs points de crois- sance. En cette fin d’été à Besançon, le tram inauguré - Jean-Louis Fousseret est tout de même invité aux festivités - remporte un succès immédiat et bat des records de fréquentation avec plus de 60 000 usagers par jour. Dans le Nord Franche-Comté, poussé par le suc- cès indéniable du label Made in Fran- ce, Peugeot retrouve toutes ses cou- leurs et redevient le principal constructeur français, taillant même des croupières à ses concurrents allemands sur le mar- ché du haut de gamme. L’année 2014 est également celle où, grâce à une politique intelligente mêlant baisse des charges et coups de pouce salariaux, avec un travail de collaboration inédit entre des syndicats constructifs et un patronat à l’écoute, la France redevient un des pays les plus compétitifs du mon- de. Preuve de ces brillantes performances à l’export, plusieurs pays confirment la commande ferme de dizaines de beaux avions Rafale, apportant au pays pour la première fois depuis quarante ans une balance commerciale positive. Et l’année se termine en beauté pour Besançon par la création de trois mille emplois avec l’arrivée de deux géants de l’horlogerie et du médical qui s’implantent à Témis. Dans les médias, Besançon est encensée par les Jamel, Dubosc et autres Mélissa Theuriau comme la ville où il faut être vu. Tout cela ne serait que délires et fantasmes ? Peut-être. Mais pour qu’au moins quelques-uns de ces faits marquants de 2014 surviennent, il faut commencer par mettre de côté l’éternelle propension des Français au défaitisme et à l’autoflagellation. Bon- ne année à tous, pleine d’optimisme. Jean-François Hauser Éditorial
La campagne de Jean-Louis Fousseret dérape sur Internet Un membre du cabinet du maire jouait-il au blogueur masqué ? Un blog de campagne parodiait le site d’un autre blogueur bien connu de Besançon. Le hic, c’est que le blog usurpateur ne fait que balancer sur la droite municipale. Son auteur a été démasqué, le maire se désolidarise. MUNICIPALES Bisonteint.net contre bisonpeint.net
En haut, le “vrai” blog lancé par le Bisonteint, un citoyen bisontin très au fait de l’actualité politique locale. En bas, son clone anti-droite, le “bisonpeint”.
M i-décembre, par une affichette, la direction de Colruyt a annoncé que le magasin Supermarché Pla- noise (ex-Coccinelle) d’Île de France res- terait ouvert en 2014. Ce commerce est donc provisoirement tiré d’affaire, mais pour les habitants du quartier qui se sont mobilisés, c’est une petite victoire. Elle a été obtenue grâce à l’implication de Rolande Bellonet qui a lancé une péti- tion, dès qu’elle a eu connaissance des rumeurs de fermeture du magasin. “Nous avons obtenu 500 signatures !” se féli- cite-t-elle. Cette pétition, elle est allée la remettre en personne au maire de Besan- çon, Jean-Louis Fousseret, peu de temps avant les fêtes de fin d’année. Ce maga- sin devait être remplacé par un com- merce hallal, et ça, pour beaucoup d’habitants, il en était hors de question. Car Supermarché Planoise est un maga- L es Bisontins bien informés qui s’intéressent à la vie politique locale n’ont pas pu passer à côté de ce blog lancé il y a plu- sieurs années par un internaute sou- vent perspicace : bisonteint.net. L’auteur de ce blog, pourfendeur de la bien-pensance et mettant souvent le doigt là où ça fait mal, s’est fait plagier il y a quelques semaines par un autre blog en tous points sem- blables, au titre volontairement proche :“bisonpeint.net”.À l’approche de la campagne des municipales, son auteur jusque-là anonyme promet- tait dans son blog de “ne pas lâcher le pinceau, même si on me retire l’échelle. Tout sera repeint du sol au plafond de la classe politique locale, sans oublier un recoin !” À l’image de son aîné, le blog du “bisonpeint” est bien ficelé, maniant avec habile- té l’humour et l’ironie, et rehaussé de photomontages assez réussis. Pro- blème : de la classe politique locale, le “bisonpeint” n’a fait qu’étriller depuis son lancement en novembre, les membres de l’opposition, ridicu- lisant la posture de Jacques Gros- perrin (surnommé Jack le dépité), Philippe Gonon (Phiphi Centredroit) ou encore Jean-François Humbert (Sénateur Moustache). Pour mieux faire connaître ce blog concurrent, son auteur n’a pas lésiné sur les moyens en achetant des encarts de pub sur Google pour que le “bison- peint” soit de mieux en mieux réfé- rencé sur Internet. Sur les membres de lamajorité actuel- le, aucun article assassin : le “bison- peint” a toujours gardé un étrange silence… À tel point que cet achar-
nement contre la droite et cette bien- veillance à l’endroit de la gauche a mis la puce à l’oreille au vrai blo- gueur le Bisonteint qui a réussi à dénouer l’écheveau et fini par per- cer le mystère de ce blog jumeau en remontant avec minutie l’historique de sa création. L’auteur officiel de ce blog n’est autre, selon le Bisonteint, que Corinne Dollet, épouse de Chris- tophe Dollet, ancien responsable départemental de l’Est Républicain et désormais membre du cabinet de Jean-Louis Fousseret, un de ses plus proches conseillers. En remontant le fil de la conception de ce blog, le vrai Bisonteint est tombé sur l’adresse de M me Dollet. “Ce genre de méthode est lamentable quand on sait que l’équipe de campagne de Jean-Louis Fousse- ret a toujours demandé de la trans- parence” déplore le vrai “Bisonteint”.
Corinne Dollet aurait- elle agi en solitaire ? Per- sonne ne veut le croire, à part lemaire de Besan- çon, qui lui, le pense : “Je n’étais pas du tout informé de cette initia- tive et je suis en désac- cord total avec ces prin- cipes. Ce blog est un acte militant certainement fait pour me rendre ser- vice mais c’est totale- ment improductif et je déplore cette initiative. Ce n’est pas comme cela que je conçois la cam- pagne. Je veux gagner en défendant mes idées, mes valeurs, mon bilan et mon programme”
Corinne Dollet aurait-elle agi en solitaire ?
affirme Jean-Louis Fousseret pas- sablement irrité par cet épisode. Des questions restent pour l’instant en suspens : qui a payé ces pubs sur Google, est-ce que ces pubs ont été financées par des fonds publics, com- bien de personnes ont travaillé sur ce blog depuis son lancement, ces blo- gueurs masqués l’ont-ils fait sur leur temps de travail sachant que Chris- tophe Dollet fait partie du cabinet du maire de Besançon mais pas de son équipe de campagne officielle ? Une chose est sûre : ces méthodes perfides n’élèvent pas le débat et font certainement une partie du lit des extrêmes. Depuis son entrée en campagne, Jean-
Louis Fousseret n’avait cessé de récla- mer une campagne propre et sans coups bas. Il n’a peut-être pas assez médité la leçon de l’arroseur arrosé alors qu’en l’espèce, les vrais coups bas viennent de son propre camp. La droite, scandalisée par le procédé, se garde la possibilité d’engager des poursuites judiciaires pour diffama- tion. D’aucuns évoquent même l’invalidation de la candidature de Jean-Louis Fousseret. Le “bisonpeint” est sans doute une bombe numérique à retardement. La vie politique locale a certes été repein- te, mais d’un goût vraiment dou- teux… J.-F.H.
RETOUR SUR INFO - BESANÇON
La pétition, un moyen pour se faire entendre à Planoise
sin généraliste. Il joue un rôle essentiel dans le quartier. “J’ai moi-même été sur- prise lorsque j’ai fait signer la pétition, que beaucoup de personnes extérieures à Planoise venaient s’approvisionner ici” dit-elle. Depuis quelques mois, de nombreuses pétitions ont été lancées sur ce quartier pour tenter de faire avancer les choses. “Nous devons en passer par là parce que nous ne sommes pas écoutés” déplore Rolande Bellonnet qui reste vigilante. “Allons-nous nous laisser phagocyter sans rien dire ? Certainement pas !” pré- venait le texte qui accompagnait la péti- tion pour la sauvegarde du supermar- ché. En agissant ainsi, les habitants de Planoise alertent aussi la municipalité sur l’attention plus soutenue qu’ils aime- raient qu’elle porte à ce quartier de 20 000 habitants.
est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré : Robin Choulet, Charline Fornari. Régie Publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Janvier 2014 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine,
La pétition pour la sauvegarde du magasin Supermarché Planoise a été également mise en ligne. Elle dit “stop à la casse du commerce”
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L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014
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SPORT
Avant les J.O. de Sotchi “Ne pas aller aux Jeux, c’est perdre de sa crédibilité” Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté à Besançon, ancien sportif de haut niveau, docteur en sociologie, le Bisontin Éric Monnin édite “De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver”. Médaillé d’or du C.I.O. l’an dernier, cette récompense couronne ses travaux sur l’olympisme. À un mois des J.O. d’hiver, il décrypte ce que recouvrent les fameuses “valeurs” de l’olympisme.
L a Presse Bisontine : Les Jeux Olympiques ne sont- ils pas réduits à une grosse opération de business ? Éric Monnin : Cette année à Sotchi, le budget des J.O. est de 36 milliards d’euros, dont 1,4 milliard consacrés à la sécurité. Les Jeux de Vancouver en 2010 avaient coûté 5 milliards d’euros, ceux d’Albertville en 1992, 700 millions… De plus, les Jeux d’hiver n’ont rien d’universels. À Van- couver, ils ont réuni à peine 82 nations pour 2 566 athlètes alors que les Jeux d’été à Londres en 2012 avaient réuni 204 pays et plus de 10 000 sportifs. Bien sûr que nous sommes en plein dans l’ère économique des Jeux. Mais il faut voir ces Jeux de Sotchi comme impliquant quelque cho- se de beaucoup plus important pour les Russes. Où aura lieu le prochain G8 ? À Sotchi. Et il faut savoir qu’autour de l’enceinte du stade olym- pique de Sotchi, le parcours d’un prochain Grand Prix de Formule 1 est déjà tracé. La finalité des Jeux est aujourd’hui d’asseoir un renouveau pour le pays organisateur. La Russie qui avait litté- ralement plongé après la chute du bloc sovié- tique reviendra dans le concert des nations grâ- ce aux Jeux. Les Jeux sont aujourd’hui énimemment géo-politiques. Lors des Jeux de Pékin en 2008, la Chine a voulu montrer au mon- de entier qu’elle comptait désormais parmi les grands.Avec les Jeux de Sotchi, la Russie cherche donc à signer son retour parmi les grandes puis- sances et faire de cette ville balnéaire une futu- re destination jet-set pour le monde entier. L.P.B. : Les “valeurs de l’olympisme”, est-ce que cela a encore un sens ? É.M. : Le Comité International Olympique (C.I.O.) réunit 204 nations, alors que l’O.N.U. en comp- te 193. Aux Jeux, tous les pays du monde défi- lent ensemble, c’est là et seulement là qu’on a l’occasion de voir défiler côte à côte la Corée du Nord et la Corée du Sud. L’olympisme est un système qui unit les peuples, c’est là la vraie valeur de l’olympisme aujourd’hui. Les valeurs de l’olympisme au départ, c’était d’essayer de démocratiser la pratique sportive avec pour fina- lité d’ouvrir l’homme à une certaine idée de
l’humanisme tout en ayant un corps développé et sain. Promouvoir cet idéal est toujours d’actualité. L.P.B. : Ce n’est pas pour autant un vecteur de paix ? É.M. : Est-ce le rôle des J.O. de faire avancer la paix ? N’existe-t-il pas pour cela un organisme qui s’appelle l’O.N.U. ou encore la Commission européenne ? L.P.B. : Le bel idéal a tout de même été dévoyé par d’autres valeurs non ? É.M. : Bien sûr et cela, dès 1936 où la politique a pris le pas sur l’ère idéologique, avec les Jeux de Berlin et de Garmisch-Partenkirschen en Alle- magne. La propagande avait d’ailleurs démar- ré bien plus tôt, avec les Jeux de 1904 à Saint- Louis dans leMissouri où la soi-disant suprématie des hommes blancs avait été mise en avant. Et on a donc basculé dans l’ère économique à par- tir des années quatre-vingt, avec ses dérives financières. Les J.O. d’Athènes en 2004 qui au
Éric Monnin a reçu en août dernier des mains du président du C.I.O. la rarissime médaille Pierre de Coubertin. Des récipiendaires encore en vie, il est le seul avec Henry Kissinger.
L’olympisme, ce n’est pas de la politique. Voir 50 000 journalistes débarquer à Pékin en 2008, c’est mieux que laisser la Chine dans son isole- ment. Et s’il n’y avait pas les Jeux, à quelle mani- festation publique participerait la Corée du Nord ? L.P.B. : Il faut donc mettre la question des droits de l’Homme en sourdine ? É.M. : Non, mais ne pas y aller ne fait pas avan- cer les choses. Et il faut se rendre compte que les Jeux dépassent largement le cadre sportif, c’est une question d’influence sur la scène mon- diale. Nous sommes passés dans la quatrième révolution technologique, celle de l’information. Ne pas aller aux Jeux, c’est perdre de sa crédi- bilité. Dans cette globalisation, tous les pays sont désormais liés. Les Jeux de Sotchi ne sont d’ailleurs pas une finalité en soi, cette manifes- tation fait partie d’un tout. L.P.B. : La France doit-elle à nouveau candidater pour rece- voir des prochains J.O. ? É.M. : Si on organise quelque chose en France, il faut que ça s’imbrique dans une dynamique beau- coup plus large que les Jeux. Il y a peut-être une
fenêtre pour les J.O. de 2024 mais il ne faudrait pas faire les Jeux pour les Jeux. Si c’est à Paris, ce doit être dans le cadre d’une réflexion globa- le sur la configuration du Grand Paris. Sinon, ce serait un gouffre financier inutile. Je suis allé voir les sites des J.O. d’Athènes. Dix ans après les Jeux, les sites olympiques sont en train de tomber en ruine. Leur entretien coûtait 100 mil- lions d’euros par an. L.P.B. : Sur le plan sportif, les Jeux de Sotchi s’annoncent tout de même comme une belle édition ? É.M. : Un des points positifs de ces Jeux de Sot- chi est que pour la première fois de l’histoire de l’olympisme, il y aura autant d’épreuves fémi- nines que masculines. On aura par exemple pour la première fois du saut à ski féminin. Les Jeux, ça reste très particulier pour les athlètes qui n’ont pas droit à l’erreur, c’est un rendez-vous primordial dans la vie d’un athlète. Il y a tou- jours quelque chose de magique dans les Jeux. Côtoyer les plus grands dans un village olym- pique, déjeuner à côté de Federer ou de Soto- mayor, c’est énorme. Heureusement, la magie des Jeux existe toujours. Propos recueillis par J.-F.H.
départ devaient coûter 3 milliards d’euros ont finalement coûté 11 mil- liards. L.P.B. : Fallait-il boycotter les Jeux de Sot- chi ? É.M. : Lors d’une intervention sur le site antique d’Olympie, j’avais ren- contré une volleyeuse américaine qui s’était entraînée pendant des années pour accéder à son rêve de participer aux Jeux. Et toute sa vie s’est arrêtée en décembre 1979 quand les chars russes ont envahi l’Afghanistan, ce qui a provoqué le boycott des Etats-Unis pour les J.O. deMoscou en 1980. Le fait de prendre en otage des sportifs qui consacrent tous leurs efforts et parfois leur vie pour défendre les couleurs de leur pays justifient-ils un boycott ? Je ne le crois pas. Dire qu’il faut boycot- ter les Jeux, c’est juste facile quand on n’est pas un sportif de haut niveau.
“Il y a toujours quelque chose de magique dans les Jeux.”
“De Chamonix à Sotchi, un siècle d’olympisme en hiver” - Éditions Désiris Séance de dédicace à la Maison de la Presse de Besançon le 1 er février
BESANÇON
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TÉMOIGNAGE
À la suite d’un cambriolage
“Pour moi, c’est comme un viol, un viol de notre intimité” Le 6 novembre, située dans le quartier de l’Helvétie à Besançon, la maison de Marie a été cambriolée. La propriétaire est encore sous le choc.
D errière les chiffres de la délinquance que publie l’État, il y a des victimes qui s’arrangent comme elles peuvent avec le pré- judice qu’elles ont subi. Le 6 novembre, le domicile deMarie, situé dans le quartier de l’Helvétie, a été cambriolé. Ce jour-là, en plein après-midi, des malfrats se sont introduits dans la maison familiale après s’être acharnés sur une porte arrière. “Tout a été volé, souillé pleure Marie. C’est comme s’il y avait eu un ouragan. Ils ont tout sor- ti des placards, visité toutes les pièces. La chambre de mon fils a été dévastée. Il n’y a que la cui- sine qui a été épargnée.” Les faits ont eu lieu il y a deux mois, mais Marie est encore sous le choc. “Pour moi, c’est comme un viol,
un viol de notre intimité. Ça fout en l’air des vies. Je ne souhaite cela à personne” confie-t-elle avec rage. Si elle témoigne aujourd’hui, ce n’est pas seulement pour atté- nuer sa détresse, mais surtout
La police a relevé 28 impacts au pied-de-biche sur la porte arrière du pavillon qui a été forcée.
pour appeler ses concitoyens à fai- re preuve de vigi- lance. “Il faut que les gens sachent à quel point un cambriolage peut avoir des consé- quences cataclys- miques. C’est trop dur” dit-elle. À la douleur psycho- logique s’ajoutent les longues et fas- tidieuses démarches admi-
pas de valeur pécuniaire, mais une valeur sentimentale forte, des petits objets qui faisaient partie de l’histoire de la famil- le et qui ont été emportés alors qu’ils ne présentaient pas for- cément d’intérêt. “C’est tout une vie qui bascule” se révolteMarie. Âgée d’une cinquantaine d’années, elle essaie de reprendre le dessus, d’épauler le reste de sa famille qui a été très affec- tée par ce cambriolage. “Le prin- cipal pour moi est de protéger mon fils, mon mari, et d’être
digne dans mon activité profes- sionnelle.” Mais rien n’est com- me avant. Marie avoue sa peur, un sentiment qu’elle n’avait jamais connu aussi fort. Depuis l’effraction, la famille s’enferme chez elle par peur d’une nou- velle agression. Dans la semaine du 6 novembre, plusieurs cambriolages ont eu lieu dans le quartier de l’Helvétie. Il s’agirait à chaque fois des mêmes auteurs qui à ce jour n’ont pas été interpellés. T.C.
nistratives consécutives au sinistre. Ce sont le dépôt de plainte, les dépositions auprès des services de police “et dans l’affaire qui me concerne, les poli- ciers ont fait leur travail.” Mais il y a aussi toutes les démarches à effectuer auprès des assu- rances pour espérer être dédom- magé. “Il faut tout justifier par des factures. Tout ce qui a été volé. Ça n’en finit pas. On se sent presque coupable d’avoir été cam- briolé. Si j’ai un conseil à don- ner, c’est de conserver toutes ses
factures d’achat qui sont des preuves que les assurances exi- gent.” Marie estime à 30 000 euros le montant du vol qu’elle a subi à son domicile. Entre les bijoux, les vêtements, tout le matériel informatique, hi-fi, vidéo, un peu d’argent, des clés de voitu- re qu’il faut refaire.Tout est plus compliqué. Dans ce genre d’histoire, le pré- judice moral n’est pas quanti- fiable comme les photos qui ont disparu, des bijoux qui n’avaient
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La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014 L’ÉVÉNEMENT TRAMWAY + CIRCULATION : DOIT-ON CRAINDRE LE SCÉNARIO CATASTROPHE ?
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Les automobilistes bisontins découvrent au fur et à mesure de l’avancée des travaux liés au chantier du tram le sort et les voies qui leur seront réservées. Entre découverte et nouvelles habitudes, de nouvelles façons de circuler se mettent en place, ponctuées par l’arrivée de feux tricolores supplémentaires. Si le tram n’a pas vocation à améliorer la circulation automobile, doit-on s’attendre à des bouchons à répétition comme phase-test des feux à Chamars ? Si des projections ont été réalisées en matière de report de circulation, l’inconnue demeure. Le service voirie reste néanmoins confiant et promet “davantage de mobilités.” celui entrevu en fin d’année dernière lors de la mise en
TRAFIC
Avec le tram, les feux tricolores fleurissent
Besançon passe de 90 à 130 carrefours Conséquence de l’arrivée du tram, 40 nouveaux carrefours
B esançon déroule le tapis rouge à “son” tram. Au sens propre comme au figuré. Pas moins de 40 nouveaux carrefours à feux tricolores sont sortis de terre sur les 14,5 km du tracé, portant à 130 le nombre de carrefours contre 90 auparavant. À Dijon par exemple, 80 carrefours sont comptabilisés sur les 18,4 km du tracé. Voilà pour le constat. Ces nouveaux feux rouges destinés à stopper les automobilistes doivent en effet assurer la vites- se commerciale à la ligne et sécuriser le passa- ge. Les conducteurs bisontins seront-ils les grands perdants ? Tous ont en mémoire le fameux “mar- di noir” (N.D.L.R. : mardi 9 décembre), date à laquelle certains se sont trouvés “coincés” plus d’une heure dans leur véhicule rue Charles-Nodier, rue de Dole voire à l’est de Besançon. Ce mardi coïncidait avec la mise en place du nouveau sys- tème de feux aux carrefours Chamars-Nodier lorsque le tram circulera. “L’affaire” a valu une réunion de crise dans l’après-midi en mairie. Les Bisontins doivent-ils s’attendre à un nouvel événement du genre ? “Non” , à en croire le ser- vice voirie de la Ville de Besançon. Selon Daniel Mourot, ce mardi noir est facilement explicable. Il ne s’est d’ailleurs pas répété : “Le nouveau plan de feux a été testé comme si le tram était en circulation alors que toutes les voies de circula- tion n’étaient pas rouvertes comme la mise à double sens du pont Canot. C’était en plus un mardi, jour de pointe, avec du brouillard, jour de ramassage des ordures. On est très vite arri- vés à un phénomène de saturation” relate le spé- cialiste voirie. À la ville de Besançon ou à la cellule tram, per- à feux sont implantés sur le bitume bisontin. Un coup dur pour la fluidité de la circulation routière. Malgré ce constat, la direction du tramway estime que les conditions de circulation seront bien meilleures en matière de “mobilité”. Mythe ou réalité ?
Rue Brûlard à Besançon,
les feux trico- lores ont pous- sé. Quid de la fluidité de circulation rou- tière ici mais aussi dans l’ensemble de Besançon ?
Actuellement, environ 40 000 véhicules transi- tent par jour en moyenne dans Besançon, un chiffre qui n’a cessé de croître. C’est d’ailleurs pour cette raison que le tram a été engagé. Mais, en aucun cas dans l’enquête publique il n’a été stipulé que son arrivée coïncidera avec une meilleure organisation de la circulation mais simplement “une meilleure oxygénation.” Dans les faits, une circulation apaisée paraît compliquée, que ce soit au rond-point de Micro- polis, rue Brûlard, rue de Belfort… où les nou- veaux feux installés freineront la circulation toutes les 10 minutes, ou 5 minutes si vous êtes au centre-ville, temps de passage de chaque rame. Il faudra patienter - finalement - jusqu’au 30 août, date de la mise en service pour savoir qui de l’au- tomobiliste mettra le moins de temps pour rejoindre les Marnières (à l’Est) depuis les Hauts- du-Chazal (à l’ouest). 42 minutes, c’est le temps qu’il faudra à la rame. Record à battre. E.Ch.
fort Benoît puis Bregille, occasionnant ce que les spécialistes appellent “des reports de mobi- lités”. Les conducteurs ont-ils vraiment eu le choix ? Pas vraiment. Daniel Mourot à la Ville de Besançon veut tou- tefois relativiser : “Seulement 1,5 % des rues (soit 7 km) ont été modifiées dans leur sens de circu- lation comparé à l’avant-tram” dit-il histoire de prouver que la Ville a tout fait pour “préserver” les sens de mobilités. Il n’empêche, Besançon a une particularité héritée de sa géographie : à de nombreuses reprises les voies du tram sont en effet franchies perpendiculairement. “C’est un souhait de laVille” explique la voirie, pour ne pas cloisonner la ville ou simplement permettre à des riverains de regagner leur domicile.À Stras- bourg, ou chez l’éternelle comparaison dijonnai- se, les voies du tram sont plus rarement coupées par le passage des voitures. “Besançon, avec Nice, est en effet une spécificité dans ce domaine” , admet la société Égis-rail qui installe les feux tricolores.
sonne ne veut pourtant que croire que la circu- lation automobile “sera pire qu’avant”. “Il y a pour le moment, c’est vrai, une part d’inconnue, admet Pascal Gudefin. Il faut attendre la mise en place des parkings-relais et savoir comment les Bisontins vont changer leurs plans de dépla- cement pour mesurer le trafic automobile sachant
que le tram fera voyager 44 000 personnes. Une chose est sûre : les Bisontins vont gagner en mobili- té” dit le directeur du tram. La collectivité n’a pas de chiffres à émettre quant aux flots de cir- culation lors de la mise en servi- ce (lire ci-contre) mais souligne que les automobilistes ont déjà changé certaines de leurs habi- tudes. C’est le cas à l’est de Besan- çon où les voitures, plutôt que redes- cendre la rue de Belfort pour rejoindre Micaud, empruntent le
“Besançon et Nice, une spécificité.”
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CARREFOURS Mise en place du plan des feux Pas plus de 120 secondes à attendre au feu rouge La société Égis-rail a en
charge la mise en place des feux tricolores le long de l’axe du tramway. C’est elle qui régule le temps de chaque feu vert ou rouge avec la condition de laisser la priorité au tram. Le laps de temps varie entre les carrefours bisontins. Explications.
Les membres de la société Égis peaufinent les derniers détails en matière d’orientation des panneaux ou des feux.
Belfort-rue Schweitzer) sont plus simples à organiser. D’ici la fin mars, les équipes Égis devront paramétrer l’ensemble des feux situés sur les 14 km du tracé : “les trois quarts des feux le sont déjà. Il fau- dra qu’à fin mars, que tous les tests aient pu être réalisés grandeur natu- re” dit Ludovic Morel qui a l’expérience du tram de Dijon, Brest, Strasbourg, Valenciennes, Aubagne et Nice. Pour assurer le fonctionnement, la sécurité et le respect des normes, c’est une société indépendante - E.R.A. - qui se chargera de vérifier les installa- tions. Elle a procédé fin décembre à des premiers contrôles jusqu’à la Gret- te. Peu de remarques. Cette société juge simplement la sécurité et non l’im- pact sur le trafic routier. Technique- ment, les feux sont au point.Aux auto- mobilistes de lever les yeux. E.Ch.
“imposants” carrefours dans le sens où il faut gérer 5 voies. “Un des plus com- pliqués est celui Saint- Jacques-Nodier, Droz-Hel- vétie ou encore celui du boulevard Blum-rue du Muguet (proximité lycée Pergaud). Plus on aug- mente les phases, moins le temps de feux verts est éle- vé sachant qu’il faut prendre en compte le temps de passage d’un piéton qui varie en fonction de la dis-
“Fin mars, les tests seront terminés.”
T ram ou pas tram, vous ne patienterez pas plus de 120 secondes au volant de votre voi- ture en attendant - sagement - que le feu passe au vert. Cette obli- gation, la société Égis-rail doit la res- pecter sur les 64 carrefours (à feux) installés le long de l’axe du tramway. Et selon les cas, c’est parfois une gageu- re. “Entre chaque feu rouge ou vert, il faut prendre en compte le temps de dégagement lié au fonctionnement géné- ral du carrefour. Et il faut prendre en compte le temps de traversée d’un pié- ton” explique Ludovic Morel, respon- sable du marché S.L.T. (signalisation lumineuse de trafic) au sein de la socié- té Égis-rail.Avec son équipe d’une ving- taine de personnes, il contrôle les 64 carrefours à feux. Et d’ici le 15 janvier, date de l’arrivée du tram au pied de la gare Viotte, les professionnels ne vont pas chômer. “Il faut tester, insé- rer les programmes définitifs, avant
que le tram arrive” explique le res- ponsable. Muni d’une clé U.S.B. dans laquelle sont stockées des données mathéma- tiques, Ludovic Morel ouvre un coffret électrique place Flore-rue de Belfort pour installer le nouveau plan de feu composé de 5 carrefours. Comme par magie, les feux éteints s’allument. “Ça paraît simple mais il ne suffit pas d’ap- puyer sur un bouton pour réaliser un plan de feux. Il faut minuter les temps. Par exemple, nous avons installé au carrefour du quartier de la Grette un plan de feu spécifique au moment de la sortie des écoliers qui leur donne plus de temps pour passer” dit-il. Quelques voitures habituées à ne plus s’arrêter passent au rouge : “C’est ce qu’on appelle le “temps d’adaptation”, les conducteurs ne sont pas encore habi- tués. On retrouve ce phénomène dans toutes les villes” émet Ludovic Morel. Le carrefour place Flore fait partie des
tance du carrefour.” Pas simple sachant qu’il faut absolument réserver la prio- rité au tram “afin de lui garantir une commercialisation élevée.” Le carre- four de Micropolis nécessite lui aussi de savants calculs. À l’inverse, les car- refours avec seulement une voie de franchissement (exemple de la rue de
Zoom La nuit, à Besançon, les feux seront rouges
L a Ville de Besançon en a décidé ain- si : la nuit, une fois que le tram ne cir- culera plus, cʼest-à-dire dʼ1 heure du matin à 5 heures, tous les feux situés le long de lʼaxe du tramway seront au rou-
ge. Pas de crainte, vous patienterez peu : lorsque votre véhicule arrivera à proxi- mité du mât, une cellule reconnaîtra la présence du véhicule, laquelle trans- mettra lʼinformation de passer au vert.
Ludovic Morel paramètre les feux tricolores place Flore à Besançon.
MODÉLISATION La synthèse de l’impact avant-après tram
Secteur Chaprais
Secteur Chamars
Jusqu’à 5000 véhicules de plus par jour Si le boulevard Blum assurera des reports importants de circulation, la rue de Belfort sera, elle aussi, impactée.
La réouverture du pont à double sens redonne du souffle Le pont Canot est rouvert dans les deux sens depuis mercredi 8 janvier. À Chamars, la circulation est dans sa phase définitive. D epuis mercredi 8 janvier, le pont Canot est rouvert dans les deux sens de circulation avec une conséquence : moins de véhicules qui empruntent le pont Charles-de-Gaulle qui ser- vait jusque-là de déviation aux automobilistes voulant rejoindre le centre depuis la City. À par- tir du 15 janvier, les automobilistes appréhen- deront cette nouvelle phase de carrefours. Un nouveau feu a d’ailleurs été installé en contre- bas du pont Charles-de-Gaulle, un autre devant l’hôtel de Police mais aussi sur l’ancien parking Chamars devenu aujourd’hui une voie de cir- culation à double sens. Dans le quartier Bat- tant, “le lien existant actuellement entre le pont Canot et la route de Dole via le quai Veil-Picard est supprimé. Il concerne près de 1 000 véhicules par jour, mais le report des accès riverains de Veil-Picard sur Arènes compense en partie la baisse des flux” explique Égis-Mobilité.
Secteur Micropolis
Secteur Gare Viotte
Micropolis déroutant mais fonctionnel Malgré quʼil soit à 100 % de sa capacité aux heures de pointe, le carrefour de Micropolis “est bien pensé.” L e giratoire de Micropolis a surpris plus d’un automobiliste. Il faut attendre à un pre- mier feu, puis un second, voire un troisième, pour franchir ce giratoire traversé en son centre par le tram. Selon la cellule tramway, ce gira- toire, même s’il est complexe “reste la meilleu- re solution” compte tenu du trafic. Ce dernier fonctionne “actuellement en limite de capacité aux heures de pointe (environ 100 % de capaci- té utilisée)” dit Égis-Mobilité.
Baisse de 1500 véhicules par jour devant la gare La circulation devrait baisser dans ce sec- teur pronostique une étude. Mais pas le nombre de feux.
Le secteur de la gare à l’horizon 2015 devrait connaître une baisse de trafic.
U ne baisse de 10 000 véhicules par jour dans le secteur des Chaprais (Fontaine-Argent, Carnot) est annoncée par la société Égis-Mobi- lité qui a cartographié une partie des flux pour le Grand Besançon dans le cadre de la Décla- ration d’utilité publique (D.U.P.). Des consé- quences sont attendues pour accueillir les flux “sortis” de l’entonnoir des Chaprais : ainsi, le boulevard Blum assurera les reports les plus importants (jusqu’à + 4 000 véhicules par jour). La rue de Belfort, même si l’impact sera très local devrait accueillir 5 000 véhicules de plus par jour. En revanche, “d’autres secteurs gagne- ront avec une baisse de 2 500 véhicules par jour sur le chemin duVernois et de moins 1 000 véhi- cules par jour sur la rue des Cras.” L’arrivée du tram aux Chaprais occasionnera des reports de circulation au niveau de la rue de Belfort.
Les embou- teillages au niveau du pont Charles- de-Gaulle devraient être un lointain souvenir.
“À l’horizon 2015, l’augmentation de trafic prévisionnelle sur les voiries empruntées par le tramway sur la séquence gare devrait être inférieure à 1 500 véhicules par jour (inférieure à 15 % du trafic actuel)” estime la société Égis- Mobilité qui a réalisé des modélisations une fois que le tram sera en place. Pour l’anecdote, trois nouveaux feux ont été ins- tallés dans ce secteur et la voie a été réduite de trois à deux voies. On pourra toujours accéder aux commerces (hôtel et station-service) en fran- chissant les rails.
Le giratoire Micropolis fait craindre des longues files d’at- tente du fait des nom- breux feux.
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BATTANT
Rencontre
Fouad Chelha, ce bout de Maroc au cœur de Battant Avec ses pieds, il maniait à merveille le ballon lorsqu’il jouait au football à l’A.J. Auxerre ou à Neuchâtel-Xamax. Désormais, ce sont les mains de Fouad Chelha qui concoctent des tajines et cous- cous dans son restaurant situé au cœur de Battant. Le restaurateur, avec d’autres commerçants, veut se battre pour “son” quartier.
I l le dit ainsi : Le Cosi est “sa troisième mi-temps” , un lieu coloré où la décoration arri- vée tout droit du Maroc transporte dans un univers que Fouad a voulu “chaleureux et traditionnel.” Un peu à son ima- ge d’ailleurs. Goûter une briouates de poulet en entrée, l’un des sept tajines ou cous- cous, le tout accompagné de légumes frais et d’épices venues duMaroc, c’est voyager. “Ici, tout
rangé sa tunique d’entraîneur du P.S. Besançon, voilà Fouad Chelha derrière les casseroles, au 1, rue du Petit-Charmont. C’est ici, dans le cœur de Bat- tant que Fouad Chelha a plan- té le décor, du 100 % Made in Fez. Un quartier auquel il croit : “Oui, on a senti une baisse de fréquentation des visiteurs sui- te aux travaux du pont Battant mais je ne me plains pas, dit Fouad. Les travaux vont être der-
est fait maison… sauf les caca- huètes qui viennent de Carre- four. Et oui, au Maroc on a aus- si des grandes surfaces” s’amuse le chef du restaurant et per- sonnage de la vie sportive bison- tine. Après avoir quitté les terrains de football et rangé définitive- ment les crampons après une carrière comme numéro 10 à l’A.J. Auxerre puis dans le club suisse de Neuchâtel-Xamax, et
Fouad Chelha dans son restaurant Le Cosi à Besançon.
Zlatan à la télé” dit- il en se marrant, preuve qu’il a tour- né la page des ter- rains verts pour sa passion de la cuisi- ne. Ses heures pas- sées dans son éta- blissement ne sont pas comptées : “Je ne mets pas de montre à mon poi- gnet pour ne pas compter le temps que je passe ici. J’aime ça.” Un tra- vail - ou une pas- sion - débordante au point que le chef cuisinier doit se fai- re opérer d’une ten- dinite au pouce.
rière nous… le pont est rouvert, on sent du mieux.” À 47 ans, après avoir dirigé durant 12 ans la Maison des sports et de l’insertion à Pla- noise, être intervenu en milieu carcéral où il a su se faire res- pecter et écouter, le Bisontin de cœur - arrivé à 16 ans de son pays d’origine - espère, avec d’autres, relancer la vie du quar- tier en insufflant une dynamique au sein de l’association “Fais bouger la Madeleine”, plutôt endormie jusque-là. “Il y a des sujets à évoquer : l’éclairage par exemple de la rue de la Made- leine ou encore ces pavés qui s’arrêtent juste après le pont Bat- tant” dit le restaurateur, jadis surnommé “Tolérance zéro” lors- qu’il aidait les jeunes en réin- sertion. La politique, très peu pour lui. Et encore moins un retour dans le milieu du football. Fouad a déjà à s’occuper de son restau- rant ouvert depuis 2010. Après avoir entraîné le club de Bre- gille, Nancray et le P.S. Besan- çon, Fouad avoue avoir tourné la page faute de temps. “Quand le foot me manque, je regarde
ÉVÉNEMENT Pas de vedette du show-biz Une centaine de milliers d’euros pour l’inauguration du tram La fête aura lieu mais “sans champagne, ni foie gras à gogo.” L’Agglo a décidé de marquer le coup pour l’inauguration du tram sans tomber dans les dépenses somptuaires.
“Pavés et éclairage de la rue.”
Parfois aidé par son fils aux four- neaux, Fouad Chelha se plaît dans cette vie qui n’est pas si différente de celle où il entraî- nait des jeunes. Son restaurant est son second terrain de jeu. Celui où la troisième mi-temps est savoureuse, à l’image du per- sonnage et de sa cuisine. À tes- ter. E.Ch.
Le conseil communautai- re s’est pro- noncé pour une inaugura- tion du tram économique.
EN BREF
Tigre Saminka, une nouvelle tigresse de Sibérie à la Citadelle de Besançon. Cliff, jeune tigre de Sibérie doté du patrimoine génétique le plus intéressant au niveau européen pour la conservation de cette espèce menacée de disparition, avait rejoint le Muséum de la Citadelle fin 2012. Suite au décès de Laïca, morte de vieillesse en février 2013, l’arrivée d’une nouvelle tigresse de Sibérie auprès du jeune mâle était espérée dès que possible. En provenance du Zoo de Wuppertal, Allemagne, l’heureuse élue est une jeune femelle prénommée Saminka. Bénévolat L’association Carpe Diem R.C.H. lance un appel au bénévolat pour des interventions au sein de la Maison de Vie à Besançon, maison d’accompagnement de la Croix-Rouge française. Une journée de recrutement est organisée jeudi 30 janvier de 8 heures à 12 heures L’association Carpe Diem a développé le projet de création de la Maison de Vie, première maison d’accompagnement pour les personnes en situation de soins palliatifs en France. Renseignements : Bertille Macé au 06 71 22 67 19 ou www.carpediem-rch.fr
L a date peut encore changer.Mais pour l’instant, c’est le 30 août 2014 qui a été retenu pour l’inauguration du tram. La com- munauté d’agglomération du Grand Besançon souhaite que les habitants puissent profiter de cette journée pour s’approprier le nouveau transport en commun. “Il y aura également un temps festif à l’échelle de l’intercommunalité auquel nous souhaitons associer les acteurs culturels et associatifs locaux par le biais d’un appel à projet” a annon- cé Gabriel Baulieu, premier vice-pré- sident du Grand Besançon, lors du dernier Conseil communautaire. Si à l’Agglo, tout le monde s’accorde pour que l’inauguration du tram soit une fête, il n’est pas question pour son président Jean-Louis Fousseret d’y consacrer une débauche de moyens. L’heure est aux économies. Les concerts
avec des têtes d’affiche initialement envisagés à la Rodia et à la Malcom- be, passent à la trappe. “Non ! Le mon- de a changé répète le maire de Besan- çon. On nous a proposé des grands spectacles pour l’inauguration à des
nera, selon Jean-Louis Fousseret, une centaine de milliers d’euros. Une som- me qui serait près de dix fois inférieure à l’inauguration du tram dans d’autres villes. “Cet argent ira aux associations du secteur” remarque encore Jean- Louis Fousseret. Des moyens limités et la volonté de faire pour que les Grand-Bisontins s’approprient le tram pendant une journée : le principe semble avoir fait l’unanimité dans les rangs du conseil communautaire. Philippe Gonon (U.D.I.) s’est félicité du choix de la majorité. “Je ne peux que vous félici- ter de cette économie” a lancé l’élu, qui malgré cette remarque, a toute- fois préféré s’abstenir au moment du vote du rapport sur l’inauguration du tram. T.C.
centaines de milliers d’euros. Nous ne voulons pas d’une fête qui coû- terait beaucoup d’argent alors qu’il y a 1 million de bénéficiaires aux Res- tos du Cœur.” Jean-Louis Fousseret veut éviter que l’événement vire à l’indécence. “Il n’y aura pas de vedette du show- biz , pas de champagne ni de foie gras à gogo, et ce sera réussi” garantit l’élu. L’inauguration, avoisi-
“Cet argent ira aux associations du secteur.”
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TÉMOIGNAGE
Chargé des relations avec l’extérieur Deux réfugiés syriens partagent leur histoire
Contraints de fuir la révolution syrienne, Ibrahim et Nader ont trouvé refuge à Besançon il y a 7 mois. Tous deux liés par le devoir de partager les événe- ments qui se sont déroulés dans leur pays, ils confient leur parcours, entre souvenirs de la lutte contre l’armée syrienne et intégration en Franche-Comté.
A près les révoltes tuni- siennes, libyennes et égyp- tiennes, c’est enmars 2011 que les manifestations débutent en Syrie. Ibra- him, jeune étudiant en génie civil de 20 ans, est originaire de Salki- ne à 80 km d’Alep, la principale vil- le du nord-ouest de la Syrie. À l’Université d’Alep, il est témoin des premières manifestations étu- diantes, violemment réprimées par le régime de Bachar al-Assad. Tou- ché par la cause de la révolution, il s’engage pacifiquement dans la lutte, à travers des manifestations au sein de l’Université. Il crée une page Facebook où il divulgue des informations sur les troupes “cha- biha” de Salkine, des civils payés par le régime pour identifier et arrê- ter les révolutionnaires. La page est rapidement fermée par les auto- rités syriennes mais Ibrahim conti- nue à défier les forces du régime et filme les manifestations. Il contac- te les médias et fait diffuser ses vidéos sur Al Jazeera, Alarabia, Orient T.V. et France 24. Pensant que le régime d’Assad est sur le point de tomber, Ibrahimmili- te à visage découvert à Salkine. Dès lors fiché, il est obligé d’arrêter ses
études car le risque d’être arrêté par un barrage de l’armée syrien- ne, sur la route d’Alep, est trop grand. Malgré le danger, Ibrahim continue de filmer les événements et crée un journal, “Le Printemps de la Liberté”, ainsi qu’une asso- ciation, la Coalition de la Jeunes- se de Salkine, chargée de nettoyer les villes et fournir de la nourritu- re aux plus démunis. Mais lorsque l’armée syrienne prend le contrôle de sa ville, il est obligé de se cacher dans la maison de sa tante jusqu’à la reprise de la ville par les révo- lutionnaires. Il reprend alors ses activités journalistiques et se fait élire “chargé des relations avec l’extérieur” par le Conseil Civil et Révolutionnaire de la ville, où il aide les réfugiés qui se dirigent vers la Turquie. À cause de ses activi- tés, le père d’Ibrahim ne perçoit plus son salaire de professeur de Mathématiques et la famille vit une grande pauvreté. Le 18 janvier 2013, un avion ravage le quartier en lançant des bombes à sous-muni- tions. Son petit frère, âgé de 10 ans, est touché par une des bombes et se fait amputer d’une jambe. Devant ce drame, sa famille décide de fuir en Turquie.
Nader est un professeur de Philo- sophie de 40 ans et vit à Ladikiya, une petite ville côtière. Comme Bachar al-Assad, Nader est musul- man alaouite. Pour autant, il déci- de de participer à la révolution afin de dénoncer l’injustice du régime. Comme Ibrahim, il se met à envoyer des informations aux médias, tels qu’Al Jazeera et Orient T.V. Arrê- té par les autorités, il est empri- sonné pendant deux mois.À sa libé- ration, il décide de se cacher. Les “chabiha” brûlent alors sa maison et la justice le condamne à mort. Il rejoint donc le camp des activistes révolutionnaires de Yarmouk. Il participe au mouvement pendant une année mais se retrouve pris entre deux feux. Considéré comme un traître par les partisans de Bachar al-Assad, il est perçu com- me un potentiel espion par les révo- lutionnaires, qui n'oublient pas son appartenance alaouite. Pour sa sécu- rité, il part à Beyrouth au Liban. En Turquie, Ibrahim demande un visa au Consulat Français. Dési- reux de terminer ses études en France, il rejoint son cousin à Paris. C’est lui qui lui conseille de s’installer à Besançon. Avec l’aide du C.A.D.A. de Besançon, le Centre
Ibrahim et Nader, installés à Besançon
d’Accueil des Demandeurs d’Asile, il obtient le statut de réfugié. Il trouve un logement au Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale Julienne Javel et s’inscrit à Pôle Emploi pour bénéficier de cours de français gratuits. Il ne quitte plus son petit dictionnaire arabe-français et se dit prêt à reprendre ses études au mois de septembre. Il se voit dans 10 ans avec une femme et un doctorat. Depuis Beyrouth, Nader se rend à l’ambassade de France ou il n’a aucun problème à obtenir un visa de réfugié d’une validité de 10 ans. Il choisit alors de rejoindre son frè- re, qui vit à Besançon. Mais Nader
n’a plus rien et son frère a des dif- ficultés à l’héberger. S’ensuivent des allers et retours au 114, com- me il l’appelle, faisant référence à la mosquée située au 114, rue de Chalezeule. Il dort quelques nuits dehors avant de faire la rencontre d’Ibrahim, qui l’aide à trouver un logement au Centre Julienne Javel. Comme Ibrahim, il s'inscrit à Pôle Emploi, qui le dirige vers l’organisme Poinfore, où il dispose de 300 heures de cours de français. Pour Nader, qui n’a jamais étudié cette langue, pouvoir communiquer à nouveau est une libération. C.F. Traduction : Nazim Guellal
depuis l’année
dernière, racontent
pourquoi ils ont dû fuir le
régime syrien. SOLDES
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