La Presse Bisontine 151 - Février 2014

BESANÇON 9

La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014

TÉMOIGNAGE

Chargé des relations avec l’extérieur Deux réfugiés syriens partagent leur histoire

Contraints de fuir la révolution syrienne, Ibrahim et Nader ont trouvé refuge à Besançon il y a 7 mois. Tous deux liés par le devoir de partager les événe- ments qui se sont déroulés dans leur pays, ils confient leur parcours, entre souvenirs de la lutte contre l’armée syrienne et intégration en Franche-Comté.

A près les révoltes tuni- siennes, libyennes et égyp- tiennes, c’est enmars 2011 que les manifestations débutent en Syrie. Ibra- him, jeune étudiant en génie civil de 20 ans, est originaire de Salki- ne à 80 km d’Alep, la principale vil- le du nord-ouest de la Syrie. À l’Université d’Alep, il est témoin des premières manifestations étu- diantes, violemment réprimées par le régime de Bachar al-Assad. Tou- ché par la cause de la révolution, il s’engage pacifiquement dans la lutte, à travers des manifestations au sein de l’Université. Il crée une page Facebook où il divulgue des informations sur les troupes “cha- biha” de Salkine, des civils payés par le régime pour identifier et arrê- ter les révolutionnaires. La page est rapidement fermée par les auto- rités syriennes mais Ibrahim conti- nue à défier les forces du régime et filme les manifestations. Il contac- te les médias et fait diffuser ses vidéos sur Al Jazeera, Alarabia, Orient T.V. et France 24. Pensant que le régime d’Assad est sur le point de tomber, Ibrahimmili- te à visage découvert à Salkine. Dès lors fiché, il est obligé d’arrêter ses

études car le risque d’être arrêté par un barrage de l’armée syrien- ne, sur la route d’Alep, est trop grand. Malgré le danger, Ibrahim continue de filmer les événements et crée un journal, “Le Printemps de la Liberté”, ainsi qu’une asso- ciation, la Coalition de la Jeunes- se de Salkine, chargée de nettoyer les villes et fournir de la nourritu- re aux plus démunis. Mais lorsque l’armée syrienne prend le contrôle de sa ville, il est obligé de se cacher dans la maison de sa tante jusqu’à la reprise de la ville par les révo- lutionnaires. Il reprend alors ses activités journalistiques et se fait élire “chargé des relations avec l’extérieur” par le Conseil Civil et Révolutionnaire de la ville, où il aide les réfugiés qui se dirigent vers la Turquie. À cause de ses activi- tés, le père d’Ibrahim ne perçoit plus son salaire de professeur de Mathématiques et la famille vit une grande pauvreté. Le 18 janvier 2013, un avion ravage le quartier en lançant des bombes à sous-muni- tions. Son petit frère, âgé de 10 ans, est touché par une des bombes et se fait amputer d’une jambe. Devant ce drame, sa famille décide de fuir en Turquie.

Nader est un professeur de Philo- sophie de 40 ans et vit à Ladikiya, une petite ville côtière. Comme Bachar al-Assad, Nader est musul- man alaouite. Pour autant, il déci- de de participer à la révolution afin de dénoncer l’injustice du régime. Comme Ibrahim, il se met à envoyer des informations aux médias, tels qu’Al Jazeera et Orient T.V. Arrê- té par les autorités, il est empri- sonné pendant deux mois.À sa libé- ration, il décide de se cacher. Les “chabiha” brûlent alors sa maison et la justice le condamne à mort. Il rejoint donc le camp des activistes révolutionnaires de Yarmouk. Il participe au mouvement pendant une année mais se retrouve pris entre deux feux. Considéré comme un traître par les partisans de Bachar al-Assad, il est perçu com- me un potentiel espion par les révo- lutionnaires, qui n'oublient pas son appartenance alaouite. Pour sa sécu- rité, il part à Beyrouth au Liban. En Turquie, Ibrahim demande un visa au Consulat Français. Dési- reux de terminer ses études en France, il rejoint son cousin à Paris. C’est lui qui lui conseille de s’installer à Besançon. Avec l’aide du C.A.D.A. de Besançon, le Centre

Ibrahim et Nader, installés à Besançon

d’Accueil des Demandeurs d’Asile, il obtient le statut de réfugié. Il trouve un logement au Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale Julienne Javel et s’inscrit à Pôle Emploi pour bénéficier de cours de français gratuits. Il ne quitte plus son petit dictionnaire arabe-français et se dit prêt à reprendre ses études au mois de septembre. Il se voit dans 10 ans avec une femme et un doctorat. Depuis Beyrouth, Nader se rend à l’ambassade de France ou il n’a aucun problème à obtenir un visa de réfugié d’une validité de 10 ans. Il choisit alors de rejoindre son frè- re, qui vit à Besançon. Mais Nader

n’a plus rien et son frère a des dif- ficultés à l’héberger. S’ensuivent des allers et retours au 114, com- me il l’appelle, faisant référence à la mosquée située au 114, rue de Chalezeule. Il dort quelques nuits dehors avant de faire la rencontre d’Ibrahim, qui l’aide à trouver un logement au Centre Julienne Javel. Comme Ibrahim, il s'inscrit à Pôle Emploi, qui le dirige vers l’organisme Poinfore, où il dispose de 300 heures de cours de français. Pour Nader, qui n’a jamais étudié cette langue, pouvoir communiquer à nouveau est une libération. C.F. Traduction : Nazim Guellal

depuis l’année

dernière, racontent

pourquoi ils ont dû fuir le

régime syrien. SOLDES

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