La Presse Bisontine 151 - Février 2014

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014 30

SOCIAL Interrogation Le vieillissement,

lettre morte des municipales ? Nouvelle dans le paysage bisontin, la société Senior Compagnie qui aide les personnes âgées et dépendantes a adressé une missive aux candidats à la mairie de Besançon. Elle pointe un isolement grandissant ou des inégalités toujours plus grandes et regrette de n’avoir reçu aucune réponse à ses interrogations.

C haque jour, dix intervenantes se rendent chez des per- sonnes âgées demeurant à Besançon ou dans son agglo- mération. Pour les aider, les accom- pagner, les soulager. Ces profes- sionnels ont fait de leur travail un sacerdoce : venir en soutien aux personnes âges “trop souvent délais- sées” à en croire Corinne Boulan- ger-Schmidt, la présidente de Senior Compagnie, société de services pour les personnes âgées et dépendantes installée depuis mai dernier dans le quartier de Saint-Claude à Besan- çon. Sa structure, privée, est en oppo- sition avec les structures associa- tives. Elles font le même travail avec des méthodes différentes. La présidente venue du monde médi- cal s’inquiète de voir que la vieilles- se va - encore - passer au second plan des inquiétudes des politiques comme en témoigne la lettre qu’elle a adressée à tous les candidats aux municipales, restée à ce jour sans réponse.

Dans cette dernière, elle rappelle que Besançon a, depuis Jean Min- joz, toujours été reconnue comme la ville qui innove en matière de politique sociale. D’autres élus, à l’instar de Paulette Guinchard, ont œuvré à renforcer les dispositifs d’aide aux personnes âgées (créa- tion de l’A.P.A. lorsqu’elle était secré- taire d’État dans le gouvernement Jospin). Ce constat dressé, il était

dance” de 0,3 % sur les pensions de 8 millions de retraités aisés (la C.A.S.A.). Le produit de cette taxe (environ 600 millions d’euros) ser- vira en 2013 et 2014 à combler “un peu” le déficit de la Sécurité socia- le. La présidente en arrive à ces inter- rogations, adressées aux candi- dats : quid de la réforme de l’A.P.A., dont dit-elle, “la gestion et les finan- cements sont de plus en plus remis en cause par les Conseils généraux” ? L’A.P.A. doit entre autres redéfinir les modalités d’attribution notam- ment en direction des plus dému- nis. Quid de l’assurance privée qui devait se développer ? Quid du recours éventuel sur les successions qui devait être mis en œuvre ? Quid de l’idée d’une C.S.G. qui sollicite- rait les retraités aisés et la posi- tionnerait au même niveau que cel- le des salariés actifs ? “Notre enseigne s’emploie au quotidien à répondre à l’ensemble de ces pro- blématiques en s’attachant à rompre l’isolement social des personnes

Corinne Boulanger- Schmidt, spécialisée dans l’aide à domicile des personnes âgées, a questionné les candidats aux municipales.

âgées dépendantes et veiller à leur maintien quand les places en éta- blissements sont rares. Nous n’avons eu pour l’instant aucune réponse à notre courrier. Nous espérons au moins pouvoir se rencontrer afin d’évoquer ce sujet” ajoute-t-elle. Si le vieillissement est une des com- pétences du Département, la pré- sidente pense qu’il serait malvenu de la part des candidats aux muni- cipales d’éluder cette question. Senior compagnie, bénéficiant d’un agrément préfectoral croit en sa ligne de conduite. Elle consiste à changer le regard sur la vieilles- se : “La personne âgée est avant tout un individu qu’il faut écouter en déculpabilisant les proches à tra-

vers une approche positive de l’aide à domicile. Parfois, il suffit d’une présence, d’une écoute, aller fermer les volets de la maison le soir. Cela permet aussi aux aidants de souf- fler, car ce sont eux souvent qui sont en burn out . Nos salariés passent du temps à discuter. On essaie de construire une relation apaisée entre les aînés et leur famille.” Plus qu’ailleurs, les mentalités ont - encore - besoin d’évoluer lorsqu’il s’agit d’évoquer la vieillesse. En fili- grane, le privé aimerait être consi- déré sur le même pied d’égalité que l’associatif. Ne serait-ce que pour la T.V.A. Aux candidats de se posi- tionner… E.Ch.

évident de poser le débat en rappelant que les deux présidents, François Hollande com- me Nicolas Sarkozy, ont inscrit la problématique du vieillissement et de la dépendance comme un axe majeur de leur programme. “De Sar- kozy à Hollande, six ans de promesses non tenues !” dit Corinne Boulanger-Schmidt qui rappelle que le chef de l’État actuel a instau- ré une “taxe dépen-

“Une relation apaisée entre aînés et famille.”

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