La Presse Bisontine 151 - Février 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 151 - Février 2014 14

COMMERCE Social Le Carrefour de la diversité Depuis 1983 qu’il tient son commerce de proximité rue du Chasnot à Besançon, Jean-Philippe Puig a développé un management atypique : il fait confiance à des travailleurs issus de l’immigration. Avec 10 employés, un chiffre d’affaires en hausse, il met le pied à l’étrier à des hommes et des femmes.

Jean-Philippe Puig, gérant de Carrefour Market Besançon aux côtés de ses salariés dont 7 sont issus de l’immigration. Belle leçon.

K emroth est Cambodgienne. Lors- qu’elle est arrivée en France, elle ne parlait pas un mot de fran- çais et cherchait un travail. S’insérer professionnellement, une gageu- re. Un organisme de formation et d’insertion de Besançon la recomman- de auprès de Jean-Philippe Puig, diri- geant de l’enseigne Carrefour Market rue du Chasnot à Besançon. Le chef d’entreprise ne pose pas de questions et franchit le pas : il ouvre les portes de son établissement, conscient qu’il fau- dra prendre le temps pour former et intégrer cette nouvelle recrue en stage, ne serait-ce que pour faire au départ de la mise en rayon. “Kemroth travaille chez moi depuis 10 ans. Elle est en C.D.I. après avoir remplacé une de mes sala- riées partie à la retraite. Kemroth réa- lise 37 % du chiffre d’affaires du maga- sin” rapporte Jean-Philippe Puig. Son ouverture aux autres, il la tient, sans doute, de son héritage familial. Lui, le petit-fils d’un immigré espagnol a connu les moqueries lorsque son grand- père Damiano gérait (de 1904 à 1967), un magasin de primeurs au 78, Gran- de rue à Besançon. Son père Michel poursuivra l’aventure en ouvrant un magasin “Unico” aux Clairs-Soleils. Deux générations plus tard, le petit-fils

Puig noue la parole aux actes en don- nant une chance à des salariés d’origines diverses. La preuve dans les faits : à 60 ans, Jean-Philippe Puig - qui prépare lentement mais sûrement son départ en retraite - s’apprête à faire d’Alekxandra son successeur. La jeune femme d’origine serbe arrivée en Fran- ce pour poursuivre ses études est actuel- lement le bras droit du gérant qui ne tarit pas d’éloges à son égard : “Elle a connu la guerre dans son pays. Elle est arrivée avec un Bac pro, a eu son B.T.S. en devenant major de promo et je la pré- pare à reprendre mon magasin.” Au total, sur les 10 employés de ce maga- sin, “7 sont issus de l’immigration et cela donne une ambiance particulière, chaleureuse” se réjouit le chef d’entreprise qui casse les codes pour assurer une intégration qui selon lui, se fait en gran- de partie par le travail. Autre exemple en date : le cas de Rozana. Arménien- ne, Rozana a fui son pays. Elle a trou- vé un stage. Mise en rayons des pro- duits, nettoyage, caisse, la femme va rapidement s’adapter. “J’apprendrai par la suite qu’elle était pédiatre dans son pays d’origine” relate le commer- çant qui a reconduit son emploi tout en l’incitant à reprendre ses études pour devenir infirmière et lui assuré son

emploi malgré une maladie. Turko, d’origine russo-tchétchène, Yas- mina (Maghrébine), Vanessa (Gabo- naise) composent le reste de la troupe. Depuis la réfection de son magasin en 2013, Jean-Philippe Puig qui est aussi membre du conseil d’administration de la C.G.P.M.E. a embauché 3,5 personnes et connaît une progression de son chiffre d’affaires. L’activité se porte bien, les salariés sont récompensés par des primes et participations. Les salariés confir- ment : “C’est une ambiance familiale” synthétise Jean-Michel, en poste depuis 28 ans qui part en retraite en juin. Kem- roth acquiesce : “Onm’a donné une chan- ce. Quand un nouvel employé arrive, j’essaie de l’aider à s’intégrer” explique la jeune femme. Avec ses moyens, Carrefour Market marie des orthodoxes, des musulmans, des chrétiens. Belle leçon. Bien sûr, les échecs sont là. Le gérant se sou- vient d’un employé qu’il a dû remer- cier. Ce dernier ne voulait pas mettre en rayon les boissons alcoolisées ain- si que les aliments contenant du porc au motif que sa religion l’en empê- chait. Pas de quoi casser la philoso- phie de Jean-Philippe. E.Ch.

PONT BATTANT Depuis 2008 à Paris Le phénomène des cadenas d'amour arrive à Besançon À peine inauguré, le nouveau pont Battant voit déjà apparaître sur son grillage d'énigmatiques cadenas. D'où vient ce phénomène ? Que signifie-t-il ? Et quelle est la position de la ville de Besançon à ce sujet ? S éoul, Prague, Florence, Kiev, Moscou, Berlin ou encore Shanghai, toutes ses villes du monde ont vu apparaître sur leurs ponts des centaines de cadenas. En France, c’est en 2008 sur le pont des Arts à Paris que le phénomène s’est répandu. Les amoureux du mon- de entier viennent y accrocher des cadenas pour symboliser leur amour puis jettent ensemble la clé dans la Seine en guise de promesse de fidé- lité. Les origines de cette pratique demeurent mystérieuses. Certains affir- ment qu’elle est issue du roman d’un écrivain italien où les person- nages accrochaient un cadenas à un pont au-dessus du Tibre. D’autres pensent qu’elle provient d’une histoire amoureuse dans la Serbie d’avant- guerre où un pont porte désormais le nom de pont de l’amour (Most Ljubavi en serbe). Mais peut-être que l’origine des cadenas d’amour est plus ancienne et proviendrait du temps où les dames portaient des ceintures de chasteté et attendaient leurs croisés de maris. À Besançon, on accueille positivement l’arrivée de ces cadenas, consi- dérée comme une gentille surprise : “Nous sommes plutôt honorés que cette démarche se produise à Besançon. Nous sommes agréablement surpris de l’appropriation par les Bisontins de ce nouveau pont Bat- tant” affirme Alexandra Cordier, du cabinet du maire de Besançon. “On n’y voit aucun problème. Ça ne détériore ni le matériel ni l’esthétique du pont et surtout ça n’empêche pas le garde-corps de protéger les gens” rassure Daniel Mourot, directeur de la voirie à la ville de Besançon. “Mais si dans un an il y a une tonne et demie de cadenas, on en repar- lera sûrement” poursuit-il. À Paris, le pont des Arts croule tellement sous les cadenas que la vil- le s'inquiète de la solidité du pont et procède chaque année au retrait de bon nombre de ces preuves d’amour. Finis donc les cœurs gravés sur les troncs d’arbre, aujourd’hui c’est la résistance de l’acier et l’emprisonnement d’une serrure fermée à clé qui symbolise le roman- tisme de l’amour. C.F.

COMMERCE Récompense Bruno, chocolatier primé

Bruno Grandvoinnet et ses salariés s’activent durant la période de Noël pour préparer les chocolats.

D ans le laboratoire, les mains des employés travaillent la matière dans une ambiance olfactive cho- colatée. Chez Grandvoinnet, comme chez la plupart des maîtres chocolatiers, les douceurs sont préparées sur comman- de. Ici, pas de stock ni de chocolats confec-

Bruno Grandvoinnet fait partie des 150 meilleurs chocolatiers français. Ainsi en a décidé le guide des Croqueurs de chocolat. Une récompense qui n’est pas un aboutissement. Seul le client est juge.

la prestigieuse note de 4 sur 5 par le guide des Croqueurs de chocolat 2014. C’est une ganache au chocolat noir, une ganache au chocolat au lait, un praliné aux amandes et noisettes enrobé de Sati- lia noir 62 % de cacao et une de ses spé- cialités, la Dulcey (chocolat blanc cuit au four) qui a séduit le jury. “J’ai pris un chocolat grand cru”, rapporte l’artisan qui se dit heureux de cette récompense même s’il sait que rien n’est acquis. “Ce concours, c’est aussi un test pour se situer. Mais le plus dur des concours est le résul- tat des clients” dit le chocolatier qui sera présent le 7 février au Dîner gastrono- mique organisé par les Restos du Cœur au Grand Kursaal à Besançon.

tionnés des semaines à l’avance car le goût et la qua- lité seraient altérés.Un prin- cipe que Bruno Grandvoin- net tient. Fils de pâtissier-chocolatier, il a été sélectionné - en décembre au salon du chocolat à Paris - parmi les 150 meilleurs chocolatiers de France avec

Pour les Restos du cœur.

Les cadenas ont commencé à fleurir après la réouverture du pont Battant.

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