La Presse Bisontine 225 - Février 2021

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besançon

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FÉVRIER 2021

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

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L’interminable feuilleton qui empoisonne la mairie depuis 15 ans LES VAÎTES

En exclusivité, les noms des 12 membres du groupe d’experts voulu par Anne Vignot

p. 6 à 8 Il y a pile 5 ans… Bilan contesté de la fusion des régions

p. 11

QUARTIER PLANOISE Un nouveau centre commercial à Cassin avant la fin d’année

À N AVEC JARDIN à partir

BESANÇON 254 500€ de

VOTRE MAISO

nibilités ! Dernières dispo

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

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Moins on trie, plus on paye

Gadget À l’image de cet hallucinant comité de citoyens chargé de suivre la politique vac- cinale de la France - les citoyens peuvent- ils se muer d’un coup en experts ? -, ou encore de cette convention citoyenne pour le climat décidée dans la lignée du mou- vement des Gilets jaunes, on sombre dans la caricature la plus démagogique de cette notion si chère à une partie de la gauche : la démocratie participative. “Vous voulez enterrer un projet ? Créez une commission de réflexion !” disait en son temps le stra- tège Georges Clemenceau. C’est un peu dans le même esprit que pour tenter d’apaiser le débat et de se dépêtrer d’un dossier qui s’enlise, Anne Vignot a décidé de créer son fameux G.E.E.C., comme Groupe d’étude de l’environnement et du climat pour trancher, quinze ans après son lancement, le projet d’aménagement du quartier des Vaîtes. Contestée dès sa création pour suspicion de collusion idéo- logique avec celui qui a été retenu pour l’animer, cette initiative de la maire de Besançon pourrait paraître comme la quintessence d’un processus de démo- cratie participative. Au contraire, il risque de trouver bien vite ses limites et ne ne rien apaiser du tout. Que ce soit à un groupe d’experts comme ce G.E.E.C. ou à un groupe de citoyens, qui plus est tiré au sort, cette forme de démocratie pous- sée à son paroxysme se révèle souvent totalement inefficace. Ce n’est sans doute qu’un gadget démagogique. En créant ce nouveau millefeuille démocratique, le risque majeur est de voir les élus abdiquer leurs responsabilités en se tournant vers les électeurs qui seraient considérés comme les seuls à pouvoir décider ce qui est bon pour eux. Cette notion de démo- cratie participative n’est pas nouvelle, elle a été testée sans succès dans plusieurs villes il y a quelques décennies déjà (on peut citer l’exemple de Louviers dans les années soixante-dix). À trop vouloir dis- soudre la prise de décision en la confiant au plus grand nombre, elle se liquéfie et devient inefficace. Les élections démo- cratiques au suffrage universel ont été pensées pour confier la prise de décision à des assemblées auxquelles le peuple délègue son pouvoir sur la base d’un pro- gramme de mesures. On ne trouvera sans doute jamais mieux pour faire avancer une ville ou toute autre collectivité. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. La ligne T.E.R. des Horlogers fermera du 1 er mars au 31 octobre

Les sacs d’ordures ménagères, c’est dans le bac gris. Certains les glissent dans le bac jaune croyant faire des économies. Erreur !

U n temps menacée de disparition, la ligne fer- roviaire dite des Horlo- gers qui relie Besançon à La Chaux-de-Fonds en suisse, via Valdahon et Morteau, va bénéficier dès cette année d’une enveloppe de 49 millions d’euros pour des travaux de modernisation. C’est le deuxième plus gros investis- sement engagé par S.N.C.F. Réseau dans toute la Bour- gogne-Franche-Comté cette année, juste après les 55 mil- lions d’euros investis dans la

modernisation d’un tronçon de L.G.V. entre la Côte-d’Or et l’Yonne. “Cette année, 423 mil- lions d’euros seront investis pour la modernisation et 100 millions d’euros pour la maintenance du réseau en Bourgogne-Franche-Comté” synthétise la direction territo- riale qui présentait récemment son dispositif global. Les travaux sur la ligne des Horlogers nécessiteront un arrêt total de la circulation entre le 1 er mars et le 31 octobre. C’est dans le cadre du Contrat

de Plan État-Région que cette somme a pu être réunie, la S.N.C.F. finançant moins de 10 % de l’enveloppe. Ces tra- vaux sont en effet co-financés à parts égales entre la Région Bourgogne-Franche-Comté à hauteur de 19,417 millions d’euros (soit 39,62 %), l’État à même hauteur, le programme Interreg Union européenne- Suisse à hauteur de 6 millions d’euros (12,25 %), S.N.C.F. Réseau finançant le reliquat à hauteur de 4,165 millions d’eu- ros (8,5 %). n

L e Sybert lance une nou- velle campagne de sen- sibilisation au bon geste de tri alors que se multiplient les erreurs (parfois volontaires) de tri de la part des usagers. Une première campagne de communication en fin d’année dernière avait permis de rap- peler que “les masques sont à mettre dans un sac fermé, avec les ordures ménagères, puis dans le bac gris, et les emballages à jeter, en vrac et non imbriqués, dans le bac jaune” note le syndicat. Cette fois, c’est pour lutter contre la multiplication des sacs d’ordures ménagères dans les bacs jaunes que le Sybert insiste sur la nécessité du bon geste. “Le nombre de sacs contenant des ordures ménagères qui arrivent au centre de tri des déchets recy- clables augmente sans cesse. Ils représentent actuellement 60 % des erreurs de tri ! Or, leur place est dans le bac gris, direction l’usine d’incinération pour être valorisés énergéti- quement en produisant de la chaleur et de l’électricité” observe la direction du Sybert. Certains basculent volontai-

rement leurs sacs d’ordures dans leur bac jaune, pensant éviter une partie de la factu- ration. Ils se trompent ! “Contrairement à ce que l’on peut penser, mettre ses sacs d’ordures ménagères dans le bac jaune n’est pas source d'économie pour l’usager, bien au contraire ! rectifie le Sybert. En effet, une fois ache- minés au centre de tri par les camions de collecte, ces sacs seront écartés de la chaîne de tri, mis au refus et de nou- veau transportés en camion à l’usine d’incinération. Ces déchets subissent donc plu- sieurs transports et traite- ments superflus, avec des coûts associés, qui n’auraient pas lieu d’être s’ils avaient été déposés directement dans le bac gris.” Ces coûts supplémentaires sont portés par les collecti- vités qui, à terme, les réper- cutent aux usagers, faisant ainsi augmenter leur facture déchet. C.Q.F.D. “Sans oublier les désagré- ments (odeurs, tapis de tri souillés par des liquides…) et les risques sanitaires pour les agents.” n

Huit mois de travaux sont programmés sur cette ligne ferroviaire au départ de Besançon.

L’inlassable combat des Pupilles de la Nation

“N o us voulons faire entendre nos voix avant qu’elles ne s’éteignent.” Avec des mots très forts, la Bisontine Christiane Dor- mois lance un appel aux représentants de l’État afin que ce soir reconnu, enfin, un vrai statut aux milliers de pupilles de la Nation et orphelins de guerre que la France compte encore. “Nous sommes les oubliés de la Nation française” ajoute celle qui préside la délégation du Doubs de la Fédération Autonome des Pupilles de la Nation et Orphelins de guerre. Depuis plusieurs années, elle se bat pour qu’un premier pas soit franchi : d’abord connaître le nombre précis de ses “enfants” qui n’ont jamais eu de père, dont la moyenne d’âge dépasse aujourd’hui

les 80 ans. “Je pense que nous sommes environ 40 000. Mais les cour- riers officiels, notamment de la ministre déléguée aux Anciens combattants, accumulent les erreurs sur ce point. Tantôt nous sommes 26 000, tantôt 200 600… Les parlementaires locaux Jean-François Longeot et Cédric Perrin ont déposé il y a un an et demi une proposition de loi pour obtenir un recensement, nous n’avons toujours pas de nouvelles” se désole Christiane Dormois. La militante travaille sans relâche afin que les dizaines de milliers de per- sonnes qui sont dans son cas obtien- nent “un traitement égalitaire et ne sombrent pas dans l’oubli, dans le déni des souffrances endurées notre

vie durant engendrées par la mort d’un père, d’une mère, parfois des deux parents. Nous demandons reconnais- sance, réparation et résilience” ajoute- t-elle. Contrairement à d’autres victimes (enfants de la Shoah, de déportés, de Harkis…), les Pupilles de la Nation que Christiane Dormois représente également au niveau national n’ont jamais obtenu la moindre réparation. Pourtant, un budget de 150 000millions d’euros est en sommeil dans les caisses du ministère des Anciens com- battants. n Christiane Dormois se bat pour que soient reconnues les Pupilles de la Nation dont elle fait partie.

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645

Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : Anne Familiari au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Janvier 2021 Commission paritaire : 0225 D 80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, Grupo Antolin, G.B.M.- R.S.I. Studio, Y. Jeudy - Sosuite, J. Panconi, Y. Petit, Info Routes 25, La Poste, B. Rigon, U.F.C.-L. Godard.

L’ INTERVIEW DU MOIS

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“Ce quatrième album est écrit avec le cœur” Le gagnant de The Voice en 2015 peaufine la sortie de son quatrième album prévue en mai prochain, suivie d’une tournée. L’auteur-compositeur a créé son propre label pour chanter ce dont il a envie, en liberté. Lilian rayonne. MUSIQUE Il nous accueille chez lui

L ilian Renaud est tombé d’un étage. Le chanteur repéré par The Voice sur TF1 en 2015 est passé géographiquement du plateau de Mamirolle à la vallée de la Loue, à Vuillafans précisé- ment. C’est là que l’artiste puise son inspiration, travaille, répète, enregistre. Le garçon a gardé ce sourire qui fait son charme. Il nous accueille chez lui pour évo- quer son actualité. Entretien. La Presse Bisontine : La dernière fois que nous avons consacré un article, c’était en 2019 avec la sortie de votre troisième album. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Lilian Renaud : Après la sortie du troisième album éponyme, j’ai fait une vingtaine de dates en concert, rapidement écourtées par la crise sanitaire.Aujourd’hui, je finalise mon quatrième album qui doit sortir finmai et je prépare cette tournée qui doit commencer aumêmemoment si les conditions sanitaires le permettent. L.P.B. : Comment avez-vous vécu cet arrêt lié à la Covid ? L.R. : J’ai vécu cet arrêt comme tout le monde…J’ai pris du recul, j’ai attendu que ça passe. L.P.B. :Vous avez tout demême enclenché le quatrième album. L.R. : J’écris souvent mais effec- tivement la pause liée à la crise sanitairem’a permis dememettre au travail pour préparer ce qua- trième album. Aujourd’hui, j’ai envie de faire découvrir ces nou- velles chansons car certaines sont prêtes. L.P.B. : Quelques-unes ont fuité. Est-ce une stratégie ?

Bio express

l Originaire de Mamirolle, il a 29 ans l Il remporte en 2015 la 4ème

saison de l’émission The Voice sur TF1 l Il sort son premier album “Le Bruit de l’Aube”, disque de platine l En 2019, après trois ans d’absence, il sort son troisième album autoproduit à l’image du quatrième dont la sortie est

prévue en mai 2021.

Lilian Renaud a beaucoup écrit, composé. Maintenant, il lui tarde de retrouver la scène - comme tous les artistes - pour présenter ses nouvelles chansons.

allait un peu trop vite, d’oùma volonté de trouver un autre chemin, plus en retrait, qui me per- mette de toujours vivre de la musique. L.P.B. : Cette volonté de trouver votre chemin, seul, peut vous fermer des portes. L.R. : Peut-être. Mes chansons, je les com- pose à la guitare ou au piano, je les écris et personne ne me dit ce que je dois chanter. On peut ne pas aimer mes chan- sons mais personne ne me dit ce que je dois faire. Si demain une maison de

le monde mais je n’écris pas des chansons pour soutenir un combat. Dans le précédent, j’avais chanté “Quoi de plus beau” où je parle du suicide des agriculteurs.Ma chanson n’a rien changé car environ 400 sui- cides ont été comptabilisés cette année dans la profession, par contre elle a touché et mis du baume au cœur à certaines personnes. J’ai reçu énormément de messages. Il y aura beaucoup de chansons d’es- poir, d’amour : cet album est écrit avec le cœur. L.P.B. : L’espoir, tout le monde en a besoin en cette période troublée. L.R. : Oui je le pense. Mais je ne crois pas que les gens écoutent lamusique en se disant “j’aime cet album parce qu’il est triste” ou “j’aime cet album parce qu’il est joyeux.” Tu écoutes une chanson parce que tu es touché, parce qu’elle fait du bien. L.P.B. : L’album sera couplé à une nouvelle tournée. La scène vous manque-t-elle ? L.R. : Oui, elle me manque ! C’est là qu’on rigole. La tournée doit débuter à Talant (proximité de Dijon) le 22 mai, puis à la Commanderie de Dole le 29mai, à l’Éden de Sausheim le 2 octobre, le 28 novembre à l’Es- pace Pourny de Pontarlier. D’autres dates sont à venir en fonction de la crise sanitaire. Cela me tarde de retrouver la scène, de présenter ma nouvelle équipe, le groupe,mes chan- sons… n Propos recueillis par E.Ch

L.R. : Le single a fuité car je l’ai chanté sur scène enAlsace et sur France Bleu pour donner un avant-goût et parce que je n’ai pas de restrictions. L.P.B. : Cela veut-il dire que Lilian Renaud fait ce qu’il veut ? Qu’il ne répond pas aux demandes des maisons de disques ? Sans pression. L.R. : Je fais effectivement ce que je veux : personne ne me dit “tu dois chanter cela, ou tu ne dois pas.” L.P.B. : Comment expliquer cette “liberté” ? L.R. : J’ai choisi l’indépendance et l’autonomie artistique en créant L.R. Music Event, mon propre label. C’est arrivé après la sortie du second album où il s’est passé pas mal de choses. J’ai alors décidé d’essayer de continuer l’aventure seul, sans maison de disques. Cela ne s’est pas imposé à moi : je l’ai choisi. L.P.B. : Pascal Obispo fait la même chose. Ne risquez-vous pas de vous priver de relais dans ce milieu ? L.R. : Peut-être, mais j’ai gagné en liberté. Encore une fois, personne ne me dit ce que je dois chanter ou non. Je suis indépendant : j’ai besoin de comprendre tout ce qui se passe du début à la fin d’un album car je suis perfectionniste. Quand vous travaillez avec beau- coup de personnes, des éléments vous filent entre les mains. La preuve avec Pascal Obispo, les choses évoluent. J’ai souhaité tra-

vailler avec des gens de confiance, d’où ma collaboration avec Lee Cat- terson pour la réalisation de l’album et le son qui est basé à Ornans, Arnaud qui m’aide à booker les concerts. La suite, c’est L.R. Music, c’est-à-dire moi, qui gère. Je suis à la fois auteur, compositeur et éditeur. Je produis mes spectacles, mes albums. L.P.B. : Vous voilà producteur. Arrivez-vous à en vivre ? L.R. : Cela a bien marché pour le troisième avec 20 000 albums ven- dus. J’ai fait le plein lors des vingt concerts et réalisé 1,5 million de vues pour un clip. Je suis content. Je ne me plains pas car je vis de la musique et j’ai des droits d’auteur qui rentrent. Cela peut paraître étonnant mais je vis bien même si je ne roule pas sur l’or. J’ai un toit, je me chauffe, voilà (rires). L.P.B. : Votre public a-t-il changé depuis The Voice ? L.R. : C’est toujours un public familial avec parfois quatre générations qui viennent à mes concerts. L.P.B. : Êtes-vous agacé que l’on vous ramène toujours à The Voice ? L.R. : Non, c’est ainsi. L.P.B. : Quelles sont vos ambitions à l’avenir : retrouver le “show-biz” auquel vous avez tourné le dos ? L.R. : Si une télé m’invite, j’y vais, je ne crache pas dans la soupe. Men- talement et physiquement, j’ai eu un coup de mou après le deuxième albumdu fait de cette machine. Cela

“Personne ne me dit ce que je dois chanter.”

Pour Aubin, son neveu, et pour tous les autres enfants Lilian est le parrain de l’association “Les Z’amis de l’aube”, association bisontine qui soutient les enfants atteints de la maladie de Prader-Willi, une maladie génétique rare. “C’est tout naturel” dit-il pudiquement. Son neveuAubin est en effet touché par ce syndrome qui entraîne des mécanismes complexes de la satiété. Les enfants sont fortement attirés par la nourriture à partir de l’âge de deux ans. “L’objectif de l’association est de créer une maison d’accueil temporaire, de répit, pour des personnes présentant un syndrome de Prader-Willi et/ou des handicaps rares” évoque le chanteur. Ce projet doit se faire dans le Doubs en lien avec l’Agence régionale de santé. n

disques ou un label veut travailler avec moi tout en me laissant la pos- sibilité de garder mon indépendance, pourquoi pas ! Je ne suis pas non plus un anti-maison de disques. L.P.B. : Allez-vous envoyer les chansons du futur album à Zazie ? L.R. : (silence). Oui, pourquoi pas (rires). L.P.B. : Dans ce quatrième album, évoquez- vous des combats qui vous tiennent à cœur ? L.R. : Je fais des constats, je dis ma vérité qui ne peut pas plaire à tout

Informations : Les Z’amis de l’aube sur Facebook

BESANÇON

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

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énorme - d’environ 50 millions d’euros. Faux débat pour Nicolas Bodin (vice- président en charge de l’économie, pré- sident du groupe P.-S.) : “Ce projet répond à des besoins essentiels des poli- tiques culturelles, universitaires et de rayonnement de notre communauté urbaine” rappelle-t-il. La présidente du Grand Besançon a donc écrit au cabinet d’architectes pari- sien Pascal Guédot pour lui demander de revoir le projet. Il fallait le faire avant le 25 décembre. C’est chose faite. Décision en mars pour la bibliothèque à 50 millions Anne Vignot a demandé à l’architecte de rendre une nouvelle copie quitte à froisser ses alliés du Parti socialiste à l’origine de ce projet. URBANISME Grande bibliothèque à Saint-Jacques

A près la poursuite du contour- nement de Besançon sur la R.N. 57, Anne Vignot remet à plat le projet de Grande bibliothèque sur le site Saint-Jacques à Besançon, un projet portant voté par le conseil communautaire sous l’ère Fousseret. Elle l’a laissé entendre le 18 décembre dernier lors du dernier conseil de l’an- née réunissant les élus communau- taires des 68 communes du Grand Besançon. La méthode Vignot, c’est ça : remettre à plat pour mieux analyser afin d’amé- liorer (ou de planter) le projet. Les élus socialistes se sont fendus d’un com- muniqué de presse en fin d’année pour rappeler leur soutien à cette biblio- thèque pour laquelle ils ont, lors de la dernière mandature, défendu bec et ongles la création malgré un coût -

Le cabinet a jusqu’à mars pour présenter de nouveaux plans. Nicolas Bodin et les socialistes qui n’avaient pas mis au courant la présidente de leur communica- tion pensent ce projet essentiel pour le ter- ritoire : “La biblio- thèque permettra de mieux accueillir les étudiants, personnels et lecteurs, d’innover et de construire les

La Grande bibliothèque à Saint-Jacques se fera-t-elle ? (photo G.B.M.-R.S.I. Studio).

“Saurons- nous réagir ?”

Quant au prix important de l’ouvrage, les socialistes pensent que “si l’heure est à une certaine frugalité dans les projets dont il convient de rechercher l’optimisation et la performance, un manque d’ambition en cette période troublée serait une faute et la capitale comtoise !” L’opposition mais aussi des maires du Grand Besançon à l’image de Jacques Krieger (maire de Roche-lez-Beaupré) se sentent décrédibilisés : “Il semblerait que le travail entrepris sous la précé-

grands projets autrement, grâce à ce partenariat entre bibliothèque univer- sitaire et bibliothèque d’agglomération qui est une première en France et conduit à des soutiens financiers croisés très importants. C’est aussi le moyen de construire un véritable réseau de lecture publique, alors que Besançon a été unmodèle en instaurant la lecture publique gratuite et accessible à tous mais s’essouffle et nécessite une moder- nisation attendue” analyse le socia- liste.

dente mandature ait été complètement irréfléchi et inutile étant donné les déci- sions de la nouvelle équipe. Les anciens élus qui font partie de la nouvelle muni- cipalité ont-ils oublié les études, les directives et les décisions ? Les anciens élus se laisseraient-ils attendrir par les propos de la nouvelle présidente ? Saurons-nous réagir ?…” lâche le maire de Roche, représentant du secteur est bisontin. Le livre de la Grande B.U.B.A. est loin d’être fermé… n E.Ch.

demande un maire.

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021 L’ÉVÉNEMENT

NOCES DE BOIS POUR LA BOURGOGNE ET LA FRANCHE-COMTÉ

Il y a 5 ans, quasiment jour pour jour, les anciennes Régions Bourgogne et Franche-Comté unissaient leurs destins au sein d’une seule et même collectivité territoriale. Poussive au démarrage, la fusion est désormais en marche. Tandis que la présidente de l’exécutif défend le bilan de l’opération, celle-ci suscite toujours auprès de ses opposants critiques et déceptions. De bonne guerre à quelques mois seulement des élections régionales.

l Bilan

L’explosion de la dette Un résultat perdant-perdant selon l’opposition

Cinq ans après sa mise en œuvre, l’opération de fusion des régions ne convainc toujours pas l’opposition de droite qui a dressé un sévère réquisitoire d’une opération qu’elle juge largement contre-productive.

En tant que président de la commission des finances à la Région, Alain Joyandet

À quelques mois seule- ment des prochaines élections régionales - repoussées en juin au lieu de mars à cause de la crise sanitaire -, il est de bonne guerre de voir l’opposition s’agiter sur le thème de la fusion décidée en son temps par un gouvernement socialiste. Et même si Alain Joyandet ou François Sauvadet ne seront plus les chefs de file de l’opposition (c’est le L.R. Gilles Platret, maire de Chalon-sur- Saône qui défendra les couleurs de la droite républicaine), ils ont tiré leur propre bilan de l’opération fusion. Le premier grief de l’opposition régionale concernant la fusion des régions, c’est une “explosion” des dépenses de fonctionnement. “Alors qu’elles auraient dû se réduire avec la fusion, ces dépenses n’ont cessé d’augmenter, argumente le L.R. haut-saônois Alain Joyandet. Elles étaient de 292 euros par habitant en 2015. Elles sont passées à 353 euros en 2018 pour être aujourd’hui de 391 euros, soit une augmen- tation de 99 euros par habitant ou de 34 % en 5 ans. Elles sont supérieures à la moyenne natio-

nale par habitant de l’ordre de 25 %” avance-t-il. L’opposant prend l’exemple d’autres régions qui, selon lui, ont “réduit sensi- blement leurs dépenses de fonc- tionnement : Auvergne-Rhône- Alpes, Ile-de-France, Hauts-de-France.” Logiquement, trois Régions gérées par la droite. Toujours par la voix d’Alain Joyandet, l’opposition régionale fustige la “sensible augmentation de la masse salariale” de la Région. Pour illustrer ce constat, il se réfère à des exemples récents qui ont d’ailleurs déjà donné lieu à plusieurs passes

effectués pour la réorganisation des services. De lamême manière, pour la mise en œuvre du plan de relance régional, 37 personnes seront recrutées dans le cadre de “contrats de projets”, pour un coût annuel de l’ordre de 1,771 million d’euros” détaille M. Joyandet qui enfonce le clou : “La Bourgogne-Franche-Comté est en tête des régions pour le nombre de fonctionnaires par habitant, avec un taux d’admi- nistration record de 0,14 % - le plus élevé de France.” Deuxième principal grief : le manque d’ambition en matière d’investissements. L’opposition estime que notre région “a pris du retard. En comparaison avec les autres régions, les dépenses d’investissement de la Bour- gogne-Franche-Comté ont été beaucoup plus faibles. Si elles avaient augmenté avec la même dynamique, elles seraient aujourd’hui plus élevées de 50 millions d’euros, en rythme normal hors Covid.” L’impact de la crise sanitaire sur les finances régionales et le plan de relance de 100 millions d’eu- ros voté par l’exécutif risquent également selon les

(à droite) dresse un réquisitoire

sévère sur les bienfaits de la fusion (photo archive L.P.B.).

élus de droite de mettre à mal les principaux indicateurs finan- ciers de la région fusionnée, “ qu’il s’agisse de la dette, de la capacité à la rembourser, de l’épargne brute comme nette. C’est la suite logique d’une gestion calamiteuse sur laquelle j’ai à maintes reprises alerté depuis le début du mandat” juge Alain Joyan- det. Le territoire de l’ex-Franche- Comté a-t-il tiré les bénéfices de cette fusion ? Au contraire, cette fusion aurait été “pénali- sante pour les Francs-Comtois” estime la droite, revenant sur une des premières décisions de la majorité qui avait été d’har-

moniser (à la hausse) les tarifs des cartes grises, un des seuls leviers fiscaux dont dispose la Région. Le tarif unitaire du che- val fiscal passa d’un coup de 36 à 51 euros pour les habitants de l’ancienne Franche-Comté, “pour un montant total d’impôts supplémentaires d’environ 20 millions d’euros par an. Pour la mandature, c’est un prélève- ment de près de 120 millions d’euros en plus sur les seuls foyers francs-comtois” plaide la droite. La crise du Covid vient renforcer les doutes de l’opposition sur la gestion de la Région fusionnée. “Dans le budget 2021,M me Dufay

a décidé d’inscrire des dépenses massives pour afficher une hausse des investissements de 37,8 % par rapport à 2020 ! L’ap- pel massif à l’emprunt dans ces prévisions surréalistes ferait augmenter notre dette de 29,3 % d’un seul coup !” Cinq ans plus tard, l’opposition se pose la question de l’avenir de cette fusion entre la Bour- gogne et la Franche-Comté. “C’est un autre sujet qui viendra bientôt dans les débats, j’en suis sûr, mais le moment n’est pas venu. L’histoire pourrait bégayer…” estime Alain Joyan- det. n J.-F.H.

d’armes au sein de l’as- semblée régio- nale à Di jon. “En octo- bre 2019, 7 cadres dédiés à l’ingénierie territoriale ont été recrutés. Quelques mois auparavant, c’était une trentaine de recrutements qui avaient été

“En tête des régions pour le nombre de fonctionnaires.”

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l Interview La présidente de la Région “On a eu à cœur de prendre

le meilleur de chaque côté”

L a Presse Bisontine : Cinq ans qua- siment jour pour jour après la fusion des anciennes Franche-Comté et Bourgogne, jugez-vous cette opé- ration réussie ? Marie-Guite Dufay : Je défends le bilan de cette opération, nous présenterons d’ailleurs lors de notre séance publique de février un bilan exhaustif de notre stratégie de mandat. Je rappelle quand même que ce n’est pas moi qui ai eu l’idée de cette fusion des Régions et il a fallu tout de même préparer cette gigantesque opération. Sur les 300 politiques et règlements d’intervention qui étaient en vigueur en Franche- Comté comme en Bourgogne avant la fusion, il y en avait à peine 20 iden- tiques entre les deux Régions ! Le chal- lenge était donc immense : qu’on soit de la Nièvre, de Doubs ou duTerritoire de Belfort, l’enjeu était d’apporter à tous une seule et même réponse. On a donc déjà passé deux ans à travailler à l’harmonisation de ces politiques d’intervention. Si ça a été très difficile, je refuse d’entendre qu’on ait été dans l’impréparation totale. Nous avons jus- tement anticipé de six mois la fusion pour bien préparer les choses. L.P.B. : L’organisation a quand même cafouillé pendant des mois ? M.-G.D. : On nous a en effet reproché l’organisation en bi-site que nous avions imaginée. Mais si on n’avait pas prévu cette organisation en bi-site, on aurait fait quoi ? Dumono-site ? À Besançon ? Ou à Dijon ? Quand mon challenger François Sauvadet proposait de créer à Besançon le grand pôle européen de la Région, ça représentait à peine 80 personnes, sur une administration qui compte aujourd’hui 600 personnes à Dijon et 500 à Besançon. Personne depuis, y compris de la part des orga- nisations professionnelles, ne se plaint de cette organisation en bi-site. De plus, l’actualité sanitaire avec la géné- ralisation du télé-travail qu’elle a ame- née conforte encore plus cette idée. L.P.B. : La fusion était censée apporter des économies. Or, tout a été harmonisé vers le haut, notamment les régimes indemnitaires. Où sont les économies ? M.-G.D. : Les agents bourguignons ont en effet bénéficié du système indem- nitaire des agents francs-comtois, qui était plus favorable. Aurait-on pu un instant imaginer le contraire ? Il était hors de question, et l’opposition ne peut pas dire le contraire, d’envisager une harmonisation vers le bas ! L’harmonisation s’est faite également sur nos politiques d’intervention. En matière de culture par exemple, on a harmonisé la Bourgogne sur la Franche-Comté. Pour les conservatoires de musique, on a baissé Dijon pour Ayant “subi” comme toutes les autres régions, la fusion il y a tout juste cinq ans, et bientôt à l’heure du bilan, Marie-Guite Dufay défend les bienfaits de l’opération fusion.

M.-G.D. : Ceux qui affirment cela n’al- laient pas plus souvent au siège de la Région à Besançon quand tous les ser- vices y étaient installés. La Région a toujours été une collectivité un peu compliquée à appréhender par les citoyens parce qu’elle ne s’adresse pas à eux en direct, ce constat est directe- ment lié à ses missions. La Région s’adresse aux entreprises, aux orga- nismes de formation, au milieu asso- ciatif, aux corps intermédiaires, aux autres collectivités locales. Auprès de tous ces interlocuteurs, je pense qu’on aura assez de mal à trouver un rejet massif de la Région. L.P.B. : Le tourisme a-t-il gagné dans la fusion ? M.-G.D. : Honnêtement, de quoi parle- t-on le plus actuellement, c’est bien des Montagnes du Jura ! On ne peut pas dire que l’ancienne Franche-Comté y ait perdu en matière de promotion touristique, au contraire. Le Comité régional du tourisme a été un des pre- miers organismes à fusionner. La dyna- mique touristique en Bourgogne et en Franche-Comté est réelle depuis la fusion. Il y a une dynamique, et des échanges intra-régionaux. L.P.B. : Et sur le plan économique ? M.-G.D. : Le développement économique est LA grande compétence de la Région. Sur ce point, la fusion nous a justement donné des moyens supplémentaires pour les filières et la recherche. Si on n’avait pas fusionné, jamais on aurait pu engager le projet I-Site pour l’Uni- versité. Jamais les pôles automobiles du Nord Franche-Comté et du Niver- nais auraient pu aussi bien collaborer, jamais Le Creusot et Belfort n’auraient pu aussi vite trouver des synergies autour de l’hydrogène. Sans la fusion, cette filière hydrogène aurait été bien plus longue à se mettre en place. Le constat est le même pour la transition numérique du territoire, qui n’aurait pas pu être aussi rapide sans la fusion. L.P.B. : Côté ambiance, vous ne regrettez pas l’époque où vous présidiez la seule Franche- Comté ? M.-G.D. : Ce n’est pas la même ambiance en effet, avec une majorité qui était plus complexe, avec deux groupes à gérer, les Verts et les socialistes, et qui créait une vraie dynamique. Avec la grande Région, il y a peut-être moins d’émulation au sein de la majorité. J’ai toujours regretté l’absence de la com- posante verte depuis 2015. Cela faisait du bien aux socialistes d’être challengés par les Verts, et vice-versa. Avec la fusion, nous avons également hérité d’un groupe R.N. particulièrement vio- lent mais qui a eu l’avantage de souder notre camp. L.P.B. : Serez-vous candidate à un nouveau mandat ? M.-G.D. : Je me positionnerai en mars sur cette question. n Propos recueillis par J.-F.H.

Marie-Guite Dufay se positionnera en mars sur un éventuel nouveau mandat (photo D. Cesbron).

M.-G.D. : Là encore, j’as- sume pleinement le fait de ne jamais avoir voulu baisser les dépenses en matière de formation, ni les dépenses concernant les T.E.R. avec une politique ambitieuse de conquête du public, ni les investissements dans les lycées par exemple, qui ont aug- menté de 30 à 40 mil- lions par rapport aux deux anciennes régions. L.P.B. : Malgré tous ces efforts, notre région Bour- gogne-Franche-Comté perd des habitants. Com- ment l’expliquez-vous ?

pouvoir augmenter Besançon et Cha- lon-sur-Saône. Dans tous nos domaines d’intervention, on a eu à cœur de pren- dre le meilleur de chaque côté. L.P.B. : La fusion a également été synonyme d’harmonisation fiscale, avec notamment l’ali- gnement de l’impôt sur les cartes grises au détriment des Francs-Comtois… M.-G.D. : Cette harmonisation a été un choix politique que j’assume pleine- ment. La fiscalité, c’est aussi la soli- darité par l’impôt. On aurait pu le faire progressivement, certes, mais ça aurait entraîné chaque année le même débat. Je rappelle qu’en Franche-Comté, nous étions une des régions avec le plus faible taux d’imposition. En contre- partie, nous avons bénéficié de recettes pour faire du développement pour notre région. S’il y avait un regret à avoir, c’est plus

L.P.B. :Vous parlez de développement au béné- fice de la région. Quels ont été les apports concrets de cette fusion ? M.-G.D. : Nous avons mis en place des politiques contractuelles avec tous les territoires de cette grande région, urbains comme ruraux. Les grandes villes ont ainsi pu bénéficier de 160mil- lions d’euros supplémentaires en pro- venance de la Région, dont 40 millions uniquement pour le Grand Besançon. Les contrats avec les territoires ruraux ont été abondés de 80 millions d’euros supplémentaires. Les contrats avec les bourgs-centres représentent quant à eux 30 millions d’euros. Tout cela aurait été impossible à l’échelle des anciennes Régions.À la fin du mandat, ce que certains redoutaient sur un sup- posé abandon des territoires s’est révélé tout à fait faux. Et la Franche-Comté n’a pas été abîmée par cette fusion, bien au contraire. L.P.B. : Le coût de la fusion atteindrait 23millions d’euros selon la Chambre régionale des comptes, argument repris par l’opposition. M.-G.D. : 23 millions, dont 17 millions pour le seul pôle Viotte à Besançon. Pour être honnête, il ne faut pas oublier de préciser qu’en acquérant ces locaux à Viotte, on se départir de bâtiments et de locaux dont on paie un loyer et qui ne sont plus du tout aux normes thermiques. Cette acquisition est un acte de gestion que je revendique plei- nement. L.P.B. : L’opposition brandit également l’argument de “l’explosion des dépenses de fonctionne- ment.” Votre réponse sur ce point ?

“Ce n’est pas la même ambiance que du temps de la Franche- Comté.”

sur le débat autour de l’augmentation des indemnités des élus mais sur ce point, il me paraissait tout de même justifié de consi- dérer qu’avec le nou- veau territoire de la grande région, les élus verraient leur quantité de travail augmenter, ce qui est vrai. Ce que je regrette, c’est la dimension qu’a pris ce débat autour des indemnités alors que celles-ci représentent une part dérisoire du budget de la Région.

M.-G.D. : Le solde des emplois y est en effet négatif simplement parce que beaucoup de jeunes continuent à quitter la région, ce n’est pas nouveau, pour s’installer dans les grandes métropoles pour leur travail. Nous héritons, c’est ainsi, d’une grande industrie historique qui aura perdu des emplois, mais, et c’est le plus important, qui est en train de se restructurer fortement. Mais la fusion n’a rien à voir dans cette ques- tion. Qu’est-ce qui ne s’est pas fait qui aurait pu se faire si on n’avait pas fusionné ? Rien. L.P.B. : La collectivité territoriale paraît également plus éloignée aux yeux de ses habitants, la Région plus abstraite qu’avant ?

“La Franche- Comté n’a

pas été abîmée

par cette fusion, au contraire.”

L’ÉVÉNEMENT 8

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

l Personnel Des recrutements et des valorisations par le haut Pourquoi le climat social s’est apaisé Les grèves des agents pour maintenir leurs acquis sociaux, c’est du passé. L’harmonisation du régime indemnitaire par le haut, le temps de travail et les recrutements ont détendu l’atmosphère. Pour les économies, il faudra repasser.

à défaut de posséder un senti- ment d’appartenance à la nou- velle région, les 4 000 agents du siège et des lycées de la Région Bourgogne-Franche-Comté ont un point commun : ils sont tous peu ou prou sur un pied d’égalité enmatière de conditions de travail, d’heures tra- vaillées, de repos, de régime indemni- taire. Ceci après une bataille de l’in- tersyndicale. Les acquis ont été nivelés par le haut, faisant presque oublier aux représen- tants du personnel les manifestations qui ont émaillé les années 2017 et 2018. À l’époque, les agents territoriaux dénonçaient le nouveau contrat social global qu’ils résumaient ainsi : “Tra- vailler plus pour gagner moins.” Ils travaillaient toujours 1 607 heures par an, mais la Région restreignait la possibilité de récupérer les heures sup- plémentaires alors que les temps de trajets, eux, augmentaient. Avec la fusion, les agents étaient en effet contraints de se déplacer plus soit à

agents, pas uniquement aux catégories A ou B. Les Bourguignons (600 pour le siège) ont gagné de ce rapproche- ment. Au départ de la fusion, sept cadres ont été recrutés pour penser l’ingénierie territoriale, ensuite 30 personnes pour la réorganisation des services, puis 37 personnes recrutées pour permettre l’organisation du Plan de relance à l’échelle régionale, et enfin plus récem- ment l’arrivée de 200 contractuels pour pallier la surcharge de travail liée à la Covid dans les lycées, souvent des agents de catégorie C d’ailleurs. Un constat qui fait dire à Alain Joyandet (Les Républicains), membre de l’op- position, que la fusion a produit l’in- verse des effets escomptés puisque la masse salariale a explosé. “Les 37 recru- tements du Plan de relance coûtent 1,77 million par an” calcule-t-il. La Chambre régionale des comptes estime que ces harmonisations, conju- guées à la répartition des services régionaux entre Dijon et Besançon,

Dijon, soit à Besançon,mais leur temps de déplacement n’était pas compté. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce temps est désormais compté et aucune muta- tion forcée n’a été prononcée. “Il y a eu un redressement réel avec le gom- mage de certaines absurdités… mais on ne récupère pas tout” présente Domi- nique Aubry-Frelin, pour le syndicat C.F.D.T. Le retour il y a trois ans de Gilles Da Costa comme directeur géné- ral des services “a donné de la clarté”

commente le syndi- cat, qui reconnaît les efforts réalisés par l’exécutif. Parmi ceux-ci, les recrutements opé- rés ou encore le régime indemni- taire évalué par le haut calé sur la base de l’ex-Franche- Comté, le télétravail qui s’est développé à de nombreux

Les harmonisations

Dominique Aubry-Frelin (à droite) et Maryline Dinette (C.F.D.T.) : “Les absurdités de 2017 ont été gommées pour le personnel.”

coûteraient 3,5 millions

vacataires ont été titularisés. Ce constat de “climat social apaisé” ne fait pas oublier la prochaine bataille : l’écriture des “fiches de poste”. Un dos- sier qui pourrait être repoussé après les élections… n E.Ch.

coûteraient environ 3,5millions d’euros chaque année. N’oublions pas que la Bourgogne-Franche-Comté a récupéré de nouvelles compétences comme les transports scolaires et des structures comme le C.R.E.P.S., l’I.F.S.I. (école d’infirmières). Dans certains cas, des

d’euros par an.

l Tourisme

Des résultats à confirmer A-t-on profité de l’attractivité touristique bourguignonne ? Les moyens financiers mis en œuvre

mener une campagne dans le métro parisien. La présidente de Région avait annoncé l’accueil de 250 000 touristes supplémentaires d’ici 2022 et la création de 2 000 à 4 000 emplois nouveaux. Le compte n’y est pas mais la volonté bien présente. Grâce à la Région, une grande campagne de communication “Sortez chez vous” a été organisée après le premier confinement, un fonds d’urgence exceptionnel a été débloqué pour les professionnels dans le cadre de la crise sani- taire, une foncière immobilière s’est créée pour soutenir et aider des promoteurs à réaliser de grands projets touristiques. “La (nouvelle) Région a la taille cri- tique pour porter et aider ce genre de réalisation” juge Patrick Ayache. La mutualisation des deux anciens Comités régionaux du tourisme (C.R.T.) aurait permis une économie de moyens humains, économie injectée dans la promotion du territoire. D’importantes aides depuis la fusion ont été dirigées pour assu- rer la montée en gamme des hôtels et des sites : “Il reste des efforts à faire notamment à Besançon en matière de déve- loppement touristique mais la Région est prête à apporter son aide” annonce le vice-président. Vecteur de grands espaces, de nature, de verdure, le Doubs peut et doit tirer son épingle du jeu. n E.Ch.

Franche-Comté.” Quant à savoir si des touristes venus visiter les Hospices de Beaune ont poussé leur trajet jusqu’à la Citadelle de Besançon, cela semble plus difficile à mesurer objective- ment.Aucun chiffre n’est connu. La fusion a tout de même eu du “bon” estime Pierre Simon, pour le Comité départemental du

pour développer le tourisme sont supérieurs à l’addition des budgets des deux anciennes Régions en investissement.

L a Région a fait du tou- risme un axe de dévelop- pement économique avec 100 millions d’euros d’in- vestissement injectés sur la durée du mandat. En 2018, la présidente de Région - dans nos colonnes - déclarait qu’il fallait éviter le réflexe identitaire. Selon elle, parler d’œnotourisme, donc de Bourgogne, est un moyen d’attirer les touristes pour ensuite les faire ruisseler sur nos autres sites régionaux que sont les Montagnes du Jura, les Ballons vosgiens, le Morvan, et ainsi créer une identité régio- nale.

Plus facile à dire qu’à faire : “Un touriste qui fait de l’œnotourisme n’est pas le même qui vient découvrir les Montagnes du Jura” tempère Pierre Simon, le président du Comité départe- mental du Doubs. Un constat que ne partage pas tout à fait Patrick Ayache, vice-président de la Région chargé du tourisme, et maire de Pirey : “Est-ce qu’il y a eu plus de touristes après la fusion ? Oui, répond-il. Chaque année, on note une croissance globale du nombre de touristes avec environ 7 millions de nui- tées pour la Région, soit 5 pour l’ex-Bourgogne et 2 pour l’ex-

Doubs, car “elle a permis de mutualiser des actions de com- munication pour le compte des dif- férentes marques, l’achat d’espaces, la refonte des sites Internet” analyse-t-il. Seul, le label “Mon- tagnes du Jura” n’aurait pas pu par exemple

7 millions de nuitées, un chiffre en hausse.

La Citadelle de Besançon n’a pas réelle- ment profité de la “grande” région pour attirer davantage de touristes.

Patrick Ayache, vice-président de la Région : “Chaque année, on note une croissance globale du nombre de touristes en Bourgogne-FrancheComté” (photo archive L.P.B.).

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10 BESANÇON

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

La taxe qui passe mal Coup de blues pour les commerçants dits “essentiels”. Ils échappent aux aides de soutien gouvernementales ou locales mais pas aux différentes taxes comme l’affichage publicitaire perçu par la Ville de Besançon. Pour deux commerçants, c’est la goutte d’eau… COMMERCE Taxe sur les publicités

I ls attendaient un geste non pas pour permettre à leur entreprise de survivre mais au moins pour le symbole. Stéphane Iemmolo, dépanneur-garagiste à Besançon, et Stéphane Chol des boulangeries “La Valentine” sont restés ouverts durant le premier et le second confinement.

“L’activité dépannage lors du premier confinement, c’était - 90 % mais on était là parce qu’on nous l’a demandé. Aujourd’hui, on me demande de payer 1 040 euros de taxes de publicité… C’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder de la vase car les personnes étaient bien contentes de nous trouver”

estime le professionnel qui espérait un geste de la part de la Ville. Comme pour la Cotisation foncière des entreprises, la Ville avec le Grand Besançon n’a pas gelé cette taxe mais préféré abonder plus fortement dans le fonds régional des territoires (F.R.T.) “sauf que ce dispositif soutient ceux qui étaient déjà soutenus. Pour nous, rien” coupe Stéphane Chol, des bou- langeries “La Valentine” situées bou- levard Blum et avenue Léo-Lagrange. Il règle 1 450 euros par an pour ses panneaux publicitaires et affiches, environ 4 000 euros de cotisation fon- cière des entreprises (C.F.E.) et 6 000 euros de taxe foncière. La décla- ration pour l’année 2021 vient de lui être notifiée par courrier recommandé : “Lors du premier confinement, j’étais à - 45 % de chiffre d’affaires, - 25 % sur le second, mais j’ai toujours gardé

Raison invoquée : rattra- per une erreur de calcul depuis plusieurs années. Ainsi, un propriétaire devait régler 527 euros, contre 366 euros ! Fina- lement, la mairie a annoncé qu’il s’agissait d’une erreur administrative et que cette augmentation n’aura pas lieu en 2021. n

Hausse des frais de terrasse : une erreur de la Ville de Besançon

Le conseiller municipal d’opposition Laurent Croi- zier s’est fendu d’un com- muniqué le 13 janvier sur son site Internet (www.lau- rentcroizier.fr) pour dénon- cer la forte augmentation des droits de terrasse pour

17 bars-restaurants de Besançon. Plusieurs pro- fessionnels avaient lancé l’alerte après avoir reçu une missive du Pôle ser- vice à la population les informant d’une augmen- tation des frais de terrasse.

tivité est d’environ 80 % pour la car- rosserie-mécanique, 50 % pour le dépannage. Bref, la machine ne tourne pas à plein régime. Les “forces vives” se sentent oubliées ou pas assez écoutées. Le message est passé… n E.Ch.

mon personnel, soit 12 salariés. Sachant que l’activité est faible, la Ville aurait pu suspendre cette taxe au moins pour 2020… J’espérais un geste pour les commerçants dits “essen- tiels” mais non… personne ne nous entend” pointe le boulanger.Stéphane Iemmolo estime pour sa part que l’ac-

Stéphane Iemmolo, garagiste dépanneur (à droite) et Stéphane Chol, boulanger, auraient aimé un geste de la mairie : le gel des taxes 2020 sur la pub.

Le couvent des Petites Carmes transformé en logements Le groupe Angelys, un opérateur extérieur, a entamé la réhabilitation totale de cette bâtisse historique du XVII ème siècle. La plupart des acquéreurs viennent également de l’extérieur. BATTANT Patrimoine

Le groupe Angelys, fondé par Frédéric Batlle, un autodidacte catalan, a acquis tout le reste du bâtiment qu’il s’apprête à transformer en logements de prestige. “On construira dans ce bâtiment historique 24 loge- ments, essentiellement des moyennes et grandes surfaces. 18 lots sont déjà commercialisés” indique Frédéric Batlle dont c’est la première réhabilitation à Besançon. Le groupe Angelys a déjà réalisé près de 150 res- taurations d’immeubles anciens partout en France depuis sa création il y a une vingtaine d’années. “Besançon est une ville vivante, qui a un vrai potentiel et qui présente l’avantage de pro- poser des prix accessibles sur le plan foncier” ajoute le P.D.G. d’Angelys qui priorise dans ses choix “les villes qui ont un secteur sauvegardé intéressant. C’est évidemment le cas de Besançon.” Le chantier d’envergure a démarré, il est pour l’instant limité au curage et à de la petite maçonnerie intérieure. “On s’ap- prête à attaquer le gros de la restauration” poursuit le pro-

L’ ancien couvent des Petites Carmes, situé à l’angle des rues Battant et Champrond, ne reten- tit plus depuis des décennies du chant des religieuses. Le seul brouhaha est habituellement celui des militants ou des syn-

dicalistes qui se retrouvent dans la salle Battant, située à l’en- tresol du bâtiment. Que ces der- niers se rassurent : malgré l’im- minence de cette opération immobilière, la salle Bat tant restera bien propriété de laVille de Besançon.

La bâtisse abrite notamment la célèbre salle associative Battant, qui reste propriété de la Ville.

accession à la propriété en rési- dence principale, tous les autres réalisent là une opération d’in- vestissement, soutenus par le dispositif Malraux de défiscali- sation. Les tarifs sont à l’avenant de cette lourde opération de réha- bilitation : près de 4 000 euros le mètre carré. “Ce qui reste rai- sonnable par rapport au coût énorme d’une telle réhabilitation, et surtout si on compare ce genre d’opération à d’autres plus grandes villes comme Lyon ou même Dijon.” Dans la capitale des Gaules, une opération simi-

moteur. Plus de dix-huit mois de travaux seront nécessaires pour aménager les 24 logements, “la réception de ce chantier est prévue en septembre 2022.”

laire avec les 11 000 euros du mètre carré ! Besançon reste pour l’instant préservée d’une telle flambée des prix. “Cela nous a permis de réaliser dans cette opération des belles surfaces de logements” note Frédéric Battlle. Le prix de vente du foncier au promo- teur se situait quant à lui aux alentours de 700 euros le mètre carré, sachant que le coût de réalisation d’une opération de ce type est quasiment deux fois et demi supérieur à un immeu- ble neuf. n J.-F.H. flirterait

La commerciali- sation de ce pro- gramme haut de gamme est bien avancée puis que 18 des 24 lots ont déjà trouvé preneurs. Parmi eux, deux acquéreurs seu- lement ont acheté pour une

“La réception de ce chantier est prévue en septembre 2022.”

L’opération a prévu l’ajout de terrasses.

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