La Presse Bisontine 225 - Février 2021

12 BESANÇON

La Presse Bisontine n°225 - Février 2021

SOCIAL

Le combat gagné du boulanger bisontin

L’apprenti menacé d’expulsion a été régularisé Le patron de la Huche à pains Stéphane Ravacley Les autres à la rue

L e cas de Laye, régularisé, donne du baume au cœur des associations qui se bat- tent pour les réfugiés. Ces der- nières redoutent toutefois l’effet boomerang de la médiatisation : les préfets pourraient être tentés de serrer davantage la vis des régularisations. Fin août 2020, l’association Sol- MiRé et l’intersyndicale des pro- fessionnels du secteur de la Pro- tection de l’Enfance avaient manifesté contre la fin de prise en charge, et la mise à la rue, d’une vingtaine de “Jeunes Majeurs” guinéens par le Dépar- tement du Doubs, alors que ces jeunes étaient soit scolarisés, soit en contrat d’apprentissage. La Presse Bisontine leur avait consacré une page. Que sont- ils devenus ? Certains ont été mis à la porte de leur structure d’accueil, la plupart ont été déboutés de leur demande de régularisation et ont décidé de faire appel. Comme Laye, tous ont perdu leur contrat d’apprentissage (l’employeur n’a pas le droit de

S téphane Ravacley a perdu 8 kg mais a gagné un combat. Sa grève de la faim de 10 jours pour protester contre l’Obligation de quitter le territoire (O.Q.T.F.) délivrée à l’encontre de Laye, son apprenti de nationalité gui- néenne, a payé après une excep- tionnelle médiati- sation et mobilisation. grève de la faim éprou- vante. Son combat ne fait pas oublier qu’une vingtaine d’autres jeunes sont dans ce cas. “La vie, c’est comme des a obtenu la régularisa- tion de son apprenti gui- néen sans papiers, après 10 jours d’une

continuer à former un jeune qui n’a pas de titre de séjour) et, progressivement, ceux qui étaient apprentis en C.F.A. ont dû renon- cer aussi à leur formation sco- laire. Mis à la porte de l’aide sociale à l’enfance, ils ne sont plus hébergés par une structure et doivent donc s’en remettre à la seule solidarité citoyenne ou à des amis proches pour échap- per à la rue, le 115 restant géné- ralement aux abonnés absents, malgré de nombreuses sollici- tations. Juridiquement, les recours for- més devant le Tribunal Adminis- tratif donnent rarement raison aux Jeunes Majeurs et l’impasse est quasi-totale. Pour SolMiRé, “toutes les collectivités publiques, locales comme nationales, ont leur part de responsabilité dans la mise en œuvre effective de ces droits.” L’association avait rencontré la Ville de Besançon en fin d’année dernière pour trouver des héber- gements d’urgence. Début jan- vier, le dispositif n’était toujours pas installé. n

Stéphane Ravacley au lendemain de sa grève de la faim, ici en discussion avec Louise, interne en médecine qui l’avait reçu aux urgences, au 8 ème jour de sa grève de la faim.

médecine à l’hôpital Minjoz qui a accueilli aux urgences Sté- phane lors de son 8 ème jour de grève de la faim. Elle venait lui passer un “bonjour” : l’étudiante en médecine est repartie avec des chouquettes offertes par l’artisan ainsi que des compli- ments. “Elle m’a apporté un rayon de soleil avec sa douceur, narre le boulanger. Je le répète, tout ne vient pas de moi, j’ai été aidé (N.D.L.R. : le député euro-

toutes les personnes qui se sont mobilisées” témoigne l’artisan, rencontré le 15 janvier, le len- demain de la régularisation par la préfecture de Haute-Saône de son apprenti, dans sa bou- langerie au 11, rue Rivotte.Ce jour-là, de nombreuses per- sonnes étaient venues lui ache- ter du pain ou lui glisser un message de félicitations ou encore prendre de ses nouvelles, à l’image de Louise, interne en

péen Raphaël Glucksmann s’est investi). La vie, c’est comme des escaliers : il y a une rampe qui t’aide à grimper, cette rampe, ce sont les mains des gens qui m’ont été tendues.” Lui et son apprenti étaient attendus le 19 janvier enmairie de Besançon. Stéphane l’a pro- mis : il veut poursuivre le com- bat pour d’autres apprentis réfu- giés dans ce cas. n E.Ch.

Laye est régula- risé : il peut rester sur le sol français, passer son C.A.P., travailler. “Je suis heureux pour lui mais je n’oublie pas que d’autres jeunes sont dans ce cas. Je remercie

escaliers, avec une rampe.”

EN BREF

MUSIQUE Côté public Qui sont les festivaliers ? Plusieurs rendez-vous commencent à se reprogrammer sur 2021, avec l’espoir d’un prochain retour en nombre du public sur les scènes des festivals. Mais qui sont ses festivaliers et continueront-ils à se déplacer ?

Spiritisme La conférence-débat organisée par le Cercle Sprite Allan Kardec, initialement prévue le 23 janvier, est reportée au samedi 27 mars à 14 h 30 à l’Hôtel Siatel de Besançon- Châteaufarine (dans le respect des gestes barrières et un siège occupé sur deux). Thème de la conférence : Qu’est- ce qu’un médium ? Entrée : 6 euros. Renseignements : Claudine Camus au d’auteurs dans le cadre de la prochaine Fête du livre jeunesse de Palente qui se tiendra du 1 er au 5 juin étaient prévues dans les écoles suivantes jusqu’à fin janvier à Besançon : Saint-Jean, Fontaine-Argent, Paul Bert, Condorcet ainsi que dans les écoles de Marchaux, Novillars, Thise et les collèges Proudhon, Diderot et Clairs-Soleils. Ces interventions devaient s’appuyer sur le thème choisi pour cette édition 2021 de la Fête du Livre : “Rêves Party”. 06 27 15 21 35. M.J.C. Palente Des interventions

E n 2019, le Festival de Besançon a participé à l’étude nationale SoFEST ! sur “l’empreinte sociale et territoriale des festi- vals.” Celle-ci visait à mesurer leur contribution au développe- ment local, au-delà du volet artis- tique. Portée par le ministère de la Culture, elle s’est penchée sur 184 festivals du spectacle vivant dans 13 régions par le biais de

rien de surprenant, mais qui pourrait inciter à limiter leur tenue à l’avenir dans les terri- toires les plus touchés, pour évi- ter une reprise épidémique. L’Est de la France et le bassin bisontin seraient directement visés dans ce cas. “On ne sait pas s’il y aura des différences territoriales entre festivals.Mais pour l’instant, les pistes de travail du ministère de la Culture restent générales au territoire et portent plutôt sur des limitations de jauge, les positions assises ou debout… Ce qui n’aura pas la même inci- dence enmusique classique qu’en musiques actuelles”, remarque Jean-Michel Mathé, directeur du Festival de Besan- çon. Passé entre deux vagues, “avec l’annulation tout de même des grandes formations sympho- niques”, la précédente édition du Festival bisontin n’a accueilli que 10 000 personnes (soit 60 % d’occupation). On prépare déjà le prochain rendez-vous de sep-

questionnaires, d’entretiens et d’observations in situ. Les don- nées, antérieures à la gestion de

la crise sanitaire, confirmaient la pro- venance très locale du public, “issu à 52%du département où se déroule le fes- tival, et à 74 % de la région.” Un constat qui n’a

Moins de public attendu.

Plusieurs concerts du Festival de Besançon ont été donnés en plein air ou via retransmission en septembre dernier (photo Y. Petit).

Trop d’événements en septembre Le calendrier complique un peu plus la situation avec un foisonnement de rendez-vous parallèles au Festival (Micronora, Détonation, Livres dans la Boucle…). “On ne peut pas avoir un tel surplus d’événements sur septembre. Il y a une saturation des infrastructures (salles de concert, hôtels…), alors que les hôteliers ont du mal à remplir à d’autres dates” , alerte Jean-Michel Mathé, qui lance un pavé dans la mare en demandant aux élus bisontins de revoir leur calendrier culturel. “Les Livres dans la Boucle ont élargi leur pro- grammation et ne se résument plus à un simple salon littéraire sous chapiteau. C’est bien pour Besançon, mais il faut le déplacer au printemps, comme ce qui se fait sur Paris ou Metz.” n

global de défiance”avec un public cible d’âge mûr (bien que la moyenne d’âge soit de 57 ans). “Notre objectif est de retrouver un rythme normal d’ici 2022 pour le 75 ème anniversaire.” Ici aussi, la fréquentation reste très locale, issue à 47 % de Besançon et à 70%duDoubs.Comparables aux autresmoyennes nationales, le Festival accueille majoritai- rement des femmes (65 %), et 70 % d’individus ayant fait des études supérieures. n S.G.

tembre, qui devrait inclure le 57 ème concours de jeunes chefs d’orchestre, avec divers plans B et C en tête. “Les présélections commencent le 16 avril. Le jury et les candidats ne peuvent pas voyager pour l’heure, on fait le pari que d’ici là, cela ira mieux. Le recours à la visio ou le report ne sont pas exclus.” Et même dans l’hypothèse où il n’y aurait plus de restrictions, Jean-Michel Mathé s’attend à une baisse de 30 % des recettes de billetterie, “dans un climat

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