Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

Hors série de la Presse Pontissalienne

PHILIPPE MONNET PRÉSIDENT Le nouvel homme fort de l’agriculture locale. p. 32-33

HORS-SÉRIE DE LA PRESSE PONTISSALIENNE N°40

NOVEMBRE 2022

L’EAU, SOURCE DE VIE AGRICOLE

Le dossier en p. 10 à 16

AGRICULTEURS

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SOMMAIRE

é d i t o

I.G.P. CANCOILLOTTE Depuis le 20 mai dernier, la Franche-Comté compte une nouvelle I.G.P.

Vivre … avec le loup

P. 4

LE LOUP

P. 8-9

Les attaques sur les génisses du Haut-Doubs se multiplient depuis août. Mobilisation générale. P. 10 à 16 L’EAU : UN ENJEU VITAL La dernière sécheresse estivale montre l’importance de trouver des solutions pour pouvoir alimenter les troupeaux dans ces périodes critiques. LEDOSSIER

SÉCURITÉ

P. 24

Attaqué par une vache qui l’a encorné, un jeune agriculteur du Haut-Doubs s’en sort miraculeusement. Il témoigne.

L a naissance de trois louve teaux au Marchairuz en 2019 officialise l’installation d’une première meute dans le mas sif jurassien. Un événement qui ne s’était pas produit depuis 150 ans. Le retour de ce grand prédateur est plutôt une bonne nouvelle pour la biodiversité tout en soulevant déjà la question de sa cohabitation avec les cheptels bovins qui partagent son territoire. Les premières attaques sur des veaux et des génisses ont lieu en été 2021. Une seconde meu te est identifiée quelques mois plus tard sur le massif du Risoux. Le scé nario 2022 s’organise en deux phases avec un premier semestre sans incidents, suivi depuis août d’une recrudescence des attaques notamment sur le secteur de Mouthe. À la mi-octobre dans le

Doubs, 20 attaques ont été rele vées, dont 15 mortelles. Et tout lais se à penser que d’autres attaques marqueront ce qui semble refléter une conquête vers l’ouest du pré dateur dont la plasticité par rapport à son biotope et son habitat n’en finit pas d’étonner. Et ce n’est pas le tir d’une louve le 20 septembre dernier qui va décourager ses com

pères à continuer de s’en prendre aux troupeaux domestiques. Que faire ? Sauf à sortir du cadre légal et même en faisant pression pour renforcer la régulation, la cohabita tion semble inévitable, ce qui sous entend la remise en cause d’un modèle agricole depuis fort long temps épargné de toute prédation (photo Fondation J.-M. Landry). n

FRUITIÈRE

P. 26

Les Monts de Joux viennent d’investir dans un nouvel outil de production et d’affinage à Pontarlier. Visite. SUPER COMICE P. 28-29 La finale des comices du Doubs à Pontarlier a accueilli la foule des grands jours et le ministre de l’Agriculture venu apporter son soutien aux éleveurs victimes des attaques du loup. P. 32-33 Philippe Monnet a pris la succession de Daniel Prieur à la tête de la chambre d’agriculture interdépartementale Doubs-Territoire de Belfort. ENTRETIEN

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Le Doubs Agricole Hors-série de “La Presse Pontissalienne” Conception, rédaction, publicité et réalisation : Publipresse Médias - Morteau Tél. : 03 81 67 90 80

E-mail : redaction@publipresse.fr - www.publipresse.fr Directeur de la publication : Éric Tournoux. Rédaction : Frédéric Cartaud, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Crédits photos : Publipresse, Fondation J.-M. Landry, J.-P. Girard, B. Siegfrried. Impression : Est Imprim. I.S.S.N. : 1623-7641 - Dépôt légal : Novembre 2022 Commission paritaire : 0222 D 79291 La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur.

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ACTUAL I TÉ F r ano I s Cancoillotte sous I.G.P. : et après ? Cette année, la cancoillotte a rejoint le registre européen des Indications géogra

L e chemin aura été long. Mais la cancoillotte est finalement devenue la 147 ème I.G.P. française, après des années d’attente et de travail. “C’est à la fois la reconnaissance d’un savoir-faire et la garantie d’une protection au niveau européen” , souligne Julie Morin, à la direction de la fromagerie Poitrey La Belle Étoile. Cette entreprise, installée dans le lieu-dit du même nom à Franois, fait partie de la vingtaine de producteurs francs-comtois. L’une des défenseuses historiques de cette spécialité fromagère franc-comtoise. Ici, on se réjouit évidemment de cette obtention, fiers ses producteurs, comme la fromagerie Poitrey La Belle étoile. phiques protégées (I.G.P.). Trois lettres qui la font entrer dans l’histoire et rendent

Julie Morin est confiante pour l’avenir de la cancoillotte.

qui “va permettre de fédérer la filière et d’assurer la production laitière.” On se prend à rêver du même avenir que

pour le comté, bien que la production se limite aujourd’hui à 5 730 tonnes par an, “mais le marché est en progression : + 30 % en 2021” , s’enthousiasme Julie Morin. Une dynamique portée par de nouvelles façons de consommer et le retrait récent des polyphosphates (additif alimentaire). Comme tous les autres membres de l’Association de promotion de la cancoillotte (A.P.C.), la directrice voit

niveau du cheptel ou du pourcentage de beurre, qui doit se situer entre 7 et 15%.” Le territoire de l’I.G.P. est, lui, assez large : étendu aux quatre départements de la Franche-Comté, une partie de l’Ain et de Saône-et-Loire et à certaines communes limitrophes de Côte d’Or, de Haute-Marne et des Vosges. Depuis le 2 juillet dernier qui a célébré la fête de la cancoillotte, à Loulans-Verchamp (Haute-Saône), la marque a donc fait “pot” neuf, avec une communication pizza, gratin…).” La fromagerie de la Belle Étoile a déjà montré l’exemple en février, en organisant un jeu-concours autour des recettes imaginées par les consommateurs. Elle proposera aussi dès septembre une nouvelle gamme à la coupe “autour d’une recette plus gourmande et des ingrédients d’origine France” et s’apprête à ouvrir un point de vente direct sur son site de production. Site qu’elle travaille dans le même temps à moderniser, notamment sur les questions de bien-être au travail. n renforcée. “On veut médiatiser les différents usages de la cancoillotte en cuisine (béchamel,

aussi dans cet I.G.P. l’occasion d’une meilleure mise en lumière hors région. Ce label pourrait amener à faire une place aux marques nationales dans les

Des aromatisations plus limitées.

rayons parisiens, bretons, basques… Ne reste plus aujourd’hui qu’à estampiller les pots avec le fameux logo jaune et bleu. Les producteurs ont en principe entre six mois et un an pour le faire. Ce délai devrait toutefois être élargi avec la crise des emballages et les stocks constitués d’avance. Côté recette, le cahier des charges va limiter les aromatisations aux épices, champignons et alcools locaux. Fini certaines originalités, telle que la cancoillotte chocolat ou cerise. “Il y a aussi des règles établies au

Un pot sur deux est vendu par la Belle Étoile en Franche-Comté.

DEROULEUSE LARGE

ACTUAL I TÉ

annIversaIre

“La croissance du morbier ne se fera plus par le volume” Le comice qui se tenait à Labergement-sainte-Marie le 1 er octobre dernier servait de cadre à un double anniversaire :

les 40 ans de l’a.o.P. mont d’or et les 20 ans de l’a.o.P. morbier. L’occasion de revenir sur cette reconnaissance salutaire mais acquise aux forceps pour ce fromage au trait cendré qui

L es anciens administrateurs qui ont œuvré à la création de la filière étaient présents à Labergement à l’exception du regretté Fré déric Brunner, l’ancien fromager de Gran d’Combe-Chateleu qui s’était investi corps et âme dans ce dossier qui nécessitera quand même 10 ans de procédure. “Auparavant, rappelons qu’il se fabriquait autant de morbier à l’extérieur qu’à l’in térieur de la zone d’appellation. Le morbier a failli être un produit générique. Au lancement de l’A.O.P. en 2002, on était à 2 700 tonnes pour arriver aujour d’hui à 13 000 tonnes. On est passé d’une ving taine à 45 fabricants dont cinq producteurs fer miers. Il reste encore des places sur cette niche fermière” , explique Joël Alpy, le président du syn dicat interprofessionnel du morbier. Comme pour le mont d’or, le fromage à la raie cendrée repose sur une méthode de fabrication dite sensible qui réclame beaucoup de vigilance pour éviter tout risque de contamination. “On est de plus en plus performant dans la maîtrise du produit et on dispose d’outils d’analyses qui apportent conforte la dynamique des a.o.P. fromagères du massif jurassien.

“C’est toujours très compliqué de trouver le juste prix”, explique, à droite, Joël Alpy

une certaine sécurité même si on ne sera jamais 100 % à l’abri.” Reflet de l’évolution d’un contexte réglementaire, climatique et environnemental très mouvant, le cahier des charges des fromages A.O.P.

le président de l’A.O.P. morbier ici en compagnie d’Éric Février qui préside l’A.O.P. mont d’or.

“On en est déjà à une hausse de

prix de 5,2 %.”

pour le comté. L’objectif global vise à préserver des structures à taille humaine et qui restent ainsi transmissibles. Sans oublier que cela laisse aussi un peu temps pour que les producteurs continuent à s’investir dans les filières.” Avec l’été caniculaire, la production de morbier a connu un sérieux coup de frein même si septembre s’est avéré beaucoup plus favorable. “C’est comme si on avait un second printemps. Cela fait du bien au moral. On espère que la situation va se prolonger pour retarder la mise à la crèche en évitant de puiser dans le stock de foin.” Avec une production qui avoisine aujourd’hui 13 000 tonnes, Joël Alpy estime que le plafond est tout proche. “La croissance du morbier ne se fera plus par le volume” dit-il. Comment la filière morbier répercute la hausse des

est en perpétuelle évolution. Celui du morbier n’échappe pas à la règle reprenant sensiblement les mêmes préconisations de son grand frère le comté. Logique, quand on sait que 80 % des producteurs de morbier font aussi du lait à comté. “Effectivement, on est en pleine révision avec des mesures importantes notamment au niveau des règles d’hygiène. On défend aussi des mesures plus spécifiques limitant par exemple la taille des exploitations à 1,2 million de litres de référence laitière ou le nombre de vaches par associé sur un groupement : 50 vaches pour le premier, 40 pour le second… Il y a aussi la notion de productivité laitière plafonnée à 4 600 litres par hectare comme

coûts de production ? “Depuis deux ans, on progressait de 2 % en volume et 4 % en prix. Sur le premier semestre 2022, on en est déjà à une hausse de prix de 5,2 %. En sachant qu’on serait à 15 % si on répercutait vraiment tout. On essaie d’y aller modérément. C’est toujours très compliqué de trouver le juste prix” conclut le président de la filière. n

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ACTUAL I TÉ

naT u r e Attaques de loups : les éleveurs toujours à cran La tension ne retombe pas dans les exploitations agricoles du Haut-Doubs entre rochejean et Chapelle-des-Bois où les attaques de loups se sont multipliées depuis le mois d’août. Le Préfet est allé à la rencontre des éleveurs et des élus pour annoncer l’arrivée de la brigade d’intervention “loup” de Gap et trouver le cadre d’intervention légal le plus adapté à la situation.

“Q uand on évoque le problème, c’est une chose. Quand on le vit, c’est autre chose, explique Pierre-Henri Pagnier, éleveur à Chaux-Neuve qui a découvert le 12 septembre dernier une de ses génisses tuées par les loups dans l’al page qu’il exploite au Pré Maître Jean. J’ai le sentiment que le loup est en train de gagner la partie. L’heure est % % $% !% 2 $02 (6 +6 .061462524- +6 ./1%6' 46306 5 *3/),+, .6 -6*46($36 51 403 .,45. +#126 ./1%6 -13 126 *53)6..6/ 1243/1*6515%504,4,*3,' +54, +52- .5 2104 +1 51 -6*' 46($36 51 /2"6%0..6-' /24 +# 3& 6 403 5 ,4, 3,5.0-, +52- .6 )5+36 +#12 403 +6+,!62-6-0(*.6& .5,4,(0-62 1%36 5./3- 16 43/0- ./1*- ,450624 /$-63%,- 62 -041540/2 +#5445 16 -13 .6 43/1*651+1 & & & &)/2)632,& n % !% %! " # #$$

semblerait aussi qu’un groupe de quelques individus se soit installé entre la route des Charbonnières et le Mont d’Or. Les gardes fédéraux estiment que c’est peut-être ce troisième groupe qui soit à l’origine des attaques sur les troupeaux français. Fin septembre, le bilan sur le département du Doubs fait état de 12 attaques perpétrées de Rochejean à Chapelle-des-Bois avec 10 génisses tuées, 20 autres blessées et une brebis blessée. À l’échelle du massif jurassien franco-suisse, on comptabilise 20 bovins tués. Bien conscient de la souffrance des éleveurs, Jean-François Colombet se veut pragmatique. “Je suis venu ici pour sortir de la technocratie, de la technique. J’ai besoin de cela pour trouver des arguments qui l’espèce et, en même temps, l’intérêt de la filière agricole. Pour autant, il faut rester strictement dans la légalité en respectant l’arrêté ministériel de 2020.” Le Préfet du Doubs tient absolument à ne pas sortir de cadre légal voulant éviter d’avoir à gérer un “Notre-Dame des loups”. Une situation qui pouvait s’avérer tout simplement ingérable. Le protocole d’intervention pour protéger les bêtes d’élevage s’inscrit dans le cadre du plan loup élaboré sur les troupeaux ovins dans les Alpes. Ce plan ne prend pas en compte les spécificités du massif jurassien qui se caractérise notamment par le morcellement des parcelles, rendant impossible la surveillance des troupeaux la nuit. “J’ai demandé au permettront d’avoir des mesures spécifiques. Le sujet du loup est un sujet complexe. Il faut trouver des solutions qui combinent l’intérêt de

grave et c’est maintenant qu’il faut inverser les choses.” Face à la menace, il a décidé de rentrer ses bêtes tous les soirs pour ne plus vivre dans l’angoisse de nouvelles attaques. Une ineptie agricole au moment où les pluies de septembre ont permis une nouvelle pousse d’herbe sur des terrains où rien n’a poussé en juillet et en août. L’éleveur très remonté mais respectueux interpelle aussi le Préfet Jean-François Colombet en demandant à l’État de prendre en charge l’évacuation de la carcasse. “Je suis d’accord avec vous. Aujourd’hui, il n’y a pas de cadre légal mais j’entends la demande. Cela fait partie des spécificités vers lesquelles il faut qu’on avance” , lui répond le représentant de l’État lors de son déplacement dans le Haut-Doubs le 16 septembre dernier. Le retour du loup dans le massif du Jura a été officialisé en 2020 avec la formation d’une meute sur le secteur du Marchairuz en Suisse voisine. 10 veaux ont été tués en 2021 par les loups sur les alpages suisses. Une seconde meute a aussi été identifiée l’été dernier dans le massif du Risoux. Ces deux meutes regroupent aujourd’hui une vingtaine de loups. Il

Préfet coordinateur de reconnaître la non-protégeabilité des espaces agricoles à l’échelle des 13 communes concernées par les attaques, soit 117 exploitations. Cela permettra d’engager une action forte.” Le préfet coordinateur est celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le protocole comprend quatre niveaux d’intervention. D’abord les tirs d’effarouchement destinés à éloigner les loups. On passe ensuite aux tirs de défense simple à balles réelles qui permet de tirer sur un loup en situation d’attaque. Ces tirs peuvent être effectués par l’éleveur ou toute autre le Préfet. Les pro-loups se sont d’ailleurs manifestés en contrecarrant l’action des louvetiers placés en tir de défense simple sur un troupeau aux Villedieu. “Quand ils ont voulu allumer les phares pour éclairer le loup, une voiture en face a allumé les siens en provoquant la fuite du prédateur” , rappelle Loïc Scalabrino, éleveur aux Pontets. La mesure étant inefficace, le Préfet du Doubs a demandé l’autorisation de pouvoir procéder au tir de défense renforcé permettant la présence de plusieurs tireurs sur le même troupeau. Bonne nouvelle pour les éleveurs, il a obtenu des renforts de choix. “Nous attendons la brigade d’intervention “loup” de Gap. Ce sont des professionnels. Si on tire n’importe personne sous réserve d’être titulaire d’un permis de chasse. “Nous avons autorisé dix tirs de défense simple mais aucun n’a été réalisé” , reconnaît

Éviter d’avoir à gérer un “Notre-Dame des loups”.

Une vingtai ne de génisses oude veaux ont été tués par le loup dans le Doubs depuis le mois d’août.

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“On veut mettre en place une instance de coordination entre la France et la Suisse”, annonce Jean-Paul Celet,

Le préfet Jean-François Colombet est venu au début de l’automne à la rencontre des éleveurs et des élus du Haut-Doubs.

processus d’intervention. En France, 100 loups ont été prélevés en France par tir de défense simple ou renforcé en 2021. Côté suisse, on ne reste pas inactif puisque le Canton de Vaud vient d’obtenir à la mi-septembre l’autorisation de tirer trois des six jeunes de la meute du Marchairuz. n

quel loup, le problème peut être multiplié par quatre. D’où l’importance d’associer nos louvetiers avec les agents de cette brigade.” En dernier ressort, Jean-François Colombet n’exclut pas de solliciter toujours auprès du Préfet coordinateur, un tir de prélèvement, ultime étape du

le préfet référent

national sur la politique du loup.

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DOSS I ER L’EAU, SOURCE DE VIE AGRICOLE

Les sécheresses récurrentes de ces dernières années ont mis en évidence l’intérêt de préserver et d’utiliser au mieux l’eau, cette ressource qui n’a rien d’inépuisable, surtout dans le Jura karstique. Pour les agriculteurs, rien d’autre qu’un retour aux sources de l’eau de pluie qu’il faut de nouveau apprendre à stocker, à potabiliser. Parmi les alternatives, il est aussi envisageable de faire des forages ou encore de réactiver des sources ou d’anciens réservoirs dans le

“Les agriculteurs ont vraiment pris conscience des enjeux autour de l’eau” respect des équilibres hydrologiques naturels. CHaMBre D’aGrICuLTure DouBs-TerrIToIre-De-BeLForT

élu à la chambre d’agriculture en charge des dossiers gestion de l’eau, environnement et agroforesterie, Yvon Demigné explique comment la chambre accompagne les agriculteurs dans la réalisation d’ouvrages de stockage de l’eau et intervient aussi dans une approche territoriale axée sur la recherche de solutions alternatives.

Depuis 2018, près de 300 exploitations ont réalisé des ouvrages de stockage d’eau dans le Doubs.

L e Doubs Agricole : Avec les sécheresses récurrentes, la problématique de l’eau devient un enjeu agricole prioritaire surtout dans des régions karstiques comme la nôtre. Quel est le rôle de la chambre d’agriculture par rap port à cette thématique ? Yvon Demigné : Une vache boit entre 55 et 120 litres d’eau par jour. Sur certains secteurs sensibles à la sécheresse, les éleveurs vont chercher l’eau dans des réservoirs qui n’étaient plus en service. Cela évite de trop puiser dans l’eau du réseau. La chambre d’agriculture apporte des aides et de la technicité aux éleveurs qui souhaitent investir dans des citernes de récupération d’eau de pluie. Le service Espaces et Territoires répond aux demandes. Il s’agit d’ajuster la taille du réservoir en prenant en compte la

surface de toiture, la taille du cheptel, les équipements qui utilisent de l’eau comme les salles de traite. Le dossier inclut l’étude financière et les aides. LDA : Quelles sont les subventions possibles pour les ouvrages de stockage? YD: Ces aides à l’investissement étaient au départ versées par les collectivités territoriales et les départements notamment. L’État a pris le relais par le biais du Plan de relance. Actuellement, le taux d'aide est de 30 % sachant que le coût est environ de 40 000 euros pour une citerne enterrée et de 30 000 euros si aérienne. L’attribution des aides se fait selon différents critères. Les J.A. peuvent y prétendre mais pas les agriculteurs en filières A.O.P. Un nouveau dispositif est en cours d'étude pour que ce soit la Région

PoTaBILIsaTIon “L’eau de pluie est la meilleure ressource” Patrick roy, gérant de la société Franche-Comté éco-logis à Frasne, est de plus en plus sollicité par les agriculteurs, les collectivités, les particuliers et les entreprises pour mettre en place des systèmes de traitement d’eau.

le compte de collectivités comme Châteauvieux-les-Fossés dans la vallée de la Loue. Il répond aussi au besoin des sociétés d’hydroélectricité implantées souvent sur des sites isolés. “Elles veulent avoir de l’eau potable. On installe une prise d’eau sur le barrage puis on traite l’eau.” Avec les sécheresses récurrentes, les agriculteurs cherchent aussi des solutions alternatives en investissant dans des citernes, en faisant réaliser des forages ou en réactivant des sources délaissées. “On pose pas mal d’adoucisseurs d’eau pour limiter la teneur et le goût du calcaire. On est de plus en plus sollicité mais on ne peut pas répondre à tout le monde.” Proche de la retraite, Patrick Roy peine à trouver un successeur ayant à la fois des compétences en hydraulique, traitement d’eau, électricité, soudure… “On a un gros stock de pièces détachées car dans ce métier il faut pouvoir être en capacité de répondre rapidement aux dysfonctionnements.” Le traiteur d’eau n’est pas franchement partisan des forages. “Je suis contre car on maîtrise difficilement l’impact, notamment sur le milieu naturel. Les forages sont des bêtises au même titre que ces réseaux collectifs pas toujours pertinents là où des solutions d’assainissement individuelles donnent toute satisfaction.” n

“L a meilleure ressource pour éviter d’avoir des soucis, c’est l’eau de pluie. C’est la ressour ce la plus propre même si elle est peut-être aussi chargée en polluants qui restent faciles à trai ter. Inversement, elle ne contient pas de nitrates ou

de métaux lourds” , explique cet autodidacte qui inter vient depuis 17 ans dans ce domaine. Informaticien de formation, il s’est intéressé à la problématique de la potabilisation de l’eau d’abord pour son propre compte. “On est arrivé dans le Haut-Doubs en 1999 avec le projet de rénover un bien familial équipé d’une vieille citerne. On a sollicité un professionnel pour la remettre en service. Comme je n’étais pas satisfait de son intervention, j’ai fait le travail moi-même.” Cette expérience va le conforter dans l’idée de se mettre à son compte en se spécialisant dans le traitement et la récupération des eaux pluviales et la vente de peintures, enduits naturels, ouate de cellulose… Ce “traiteur d’eau” comme il se définit pose différents équipements : adoucisseurs, osmoseurs, cartouches filtrantes chez les particuliers, les professionnels et des collectivités. Il équipe des citernes mais aussi des sources comme ce fut le cas à la fromagerie d’Épenoy-Étray. “ Cette fruitière a sa propre source. On a installé un traitement U.V. et on assure la maintenance” , explique celui qui travaille aussi pour

“Les forages perturbent à mon sens l’écologie”, estime Patrick Roy qui travaille depuis plus de 17 ans dans le traitement de l’eau et la récupération des eauxde pluie.

Bourgogne-Franche-Comté qui assure le subventionnement des dispositifs de stockage et traitement des eaux pluviales pour l’abreuvement du bétail. On espère que le niveau d’aide régionale soit plus élevé que celui du Plan de relance. LDA : Combien d’exploitations dans le Doubs ont déjà bénéficié d’aides ? YD: Le dispositif a été mis en place en réaction à la sécheresse 2018. Près de 300 exploitations dans le Doubs ont pu bénéficier d’aides pour réaliser des ouvrages. Cela représente un volume global de 54 000 m 3 et, in fine , près de 480 000 m 3 d’eau du réseau pouvoir y répondre, les enveloppes étant limitées. Cela montre aussi à quel point les éleveurs qui sont parfois pointés du doigt ont vraiment pris conscience des enjeux autour de l’eau. LDA : La Chambre s’implique aussi dans des actions collectives ? YD: Tout à fait. Une action territoriale a été engagée dans le cadre du plan de relance pour recenser les sources et les points d’eau dans le Doubs. On a ainsi été mis en relation avec la économisés par an, soit la consommation annuelle de 12 000 habitants. On a eu beaucoup plus de demandes sans

commune des Premiers Sapins qui avait déjà entrepris un gros travail de cartographie de ses réservoirs et de ses sources. Je leur ai proposé notre aide pour les aider à mieux répondre aux besoins des agriculteurs en faisant l’inventaire des sources dans les pâtures, des réservoirs pouvant être utilisés pour l’abreuvement… Ce travail associait l’Agence de l’eau, l’E.P.A.G.E., les techniciens de la chambre et des élus locaux dont Fabrice Chabod qui est aussi agriculteur. Aujourd’hui, on ne remet pas un captage en service sans prendre en compte l’approche environnementale notamment vis-à-vis des zones humides. ce qui est pris sur une citerne ou à partir d’une source, c’est autant de recettes en moins pour entretenir les réseaux. La démarche engagée aux Premiers Sapins soulève aussi la question de la destination de cette eau qui n’est pas réservée exclusivement aux agriculteurs mais peut aussi servir aux habitants. Entre les sources et les réservoirs, on a pu identifier une dizaine de solutions alternatives à l’eau du réseau. On est sur un projet pilote assez innovant. C’est vraiment la première LDA : Cela n’est pas sans conséquence sur la gestion des réseaux? YD : Tout à fait. Tout

La consommation annuelle de 12 000 habitants.

“On espère que la Région apportera plus d’aide à l’investissement que le Plan de relance pour favoriser la construction de citernes”, note Yvon Demigné.

action collective menée dans le Doubs. LDA : Votre point de vue sur les forages YD : On n’est pas opposé à cette technique mais on souhaiterait que ces projets soient accompagnés par la

chambre d’agriculture. Pour éviter d'assécher des sources et mieux appréhender les impacts sur l’approvisionnement des nappes. n Propos recueillis par F.C.

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arC-Lès-GraY Le forage est de plus en plus sollicité par les agriculteurs Le carnet de commandes de stéphane Clæyman ne désemplit pas, alimenté par le seul bouche-à-oreille. Ce foreur, installé à arc-lès-Gray, intervient dans un rayon de 250 km au sein des exploitations pour assurer leurs besoins en eau.

S on métier pourrait être apparenté à celui d’un chercheur d’or. Mais son or à lui prend la forme d’un liquide bleu transparent. Et quand il tombe enfin sur de l’eau, à plu sieurs mètres de profondeur, Stéphane Claeyman éprouve à chaque fois la même satisfaction. “Trou ver de l’eau est vital” , résume-t-il. C’est ce défi per manent, qui l’a d’ailleurs amené à se lancer dans le forage. Passé d’abord par des études agricoles à Levier, il finira par intégrer ce milieu en 2014, en rachetant le matériel d’une entreprise spécialisée qui fermait. L’activité s’est vite accélérée avec aujourd’hui jusqu’à 4 à 5 chantiers par mois. “J’ai deux ateliers de forage, qui peuvent aller jusqu’à 400 m de profondeur” , explique le professionnel. Un seuil qu’il lui faut parfois approcher pour pouvoir trouver le précieux liquide. Lui préfère s’en tenir aux études géologiques et ne fait pas intervenir de sourcier. “Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en compte et des dizaines de sortes de sols et de roches. On sait, par habitude, que certains endroits nécessiteront d’aller en profondeur.” Cela a notamment été le cas sur plusieurs de ses chantiers dans le Doubs, comme avec ce forage à 330 m sur une exploitation à Orchamps-Vennes ou celui à 250 m à Rurey. De plus en plus d’agriculteurs s’en remettent à son

Une fois l’eau trouvée, des canalisations sont placées pour la remonter à la surface.

expertise, avec l’objectif de devenir autonomes en eau. La plupart du temps, leurs demandes ne sont pas tant liées au déficit hydrique qu’au prix de l’eau. Sachant qu’elles consomment au minimum 8 à 10 m 3 d’eau par jour, les exploitations sont en recherche de solutions plus économes et le coût d’un forage serait assez vite amorti, selon ce spécialiste (de 10 000 à 15 000 euros en moyenne, variable selon la profondeur et le terrain rencontré). D’autres qui se trouvent également en bout de réseau et subissent des défaillances, y trouvent aussi un confort d’utilisation. Souvent pointés du doigt, ces captages d’eau privés commandés par les agriculteurs “ne sont pas faits n’importe comment” , tient-il à rappeler. La pratique est soumise à des autorisations préalables de la D.R.E.A.L. et la D.D.T., Quant à la possible tension sur les nappes phréatiques, ce spécialiste souligne “qu’il n’y a pas de consommation en plus, puisque les fermes en place utilisaient jusqu’ici l’eau du réseau, qui venait elle-même déjà de là.” Les agriculteurs ne se montrent, par ailleurs, pas les seuls intéressés. Hydrogéologues et communes font aussi régulièrement appel à lui. Les sollicitations incluaient dernièrement, y compris, quelques particuliers, que la sécheresse de cet été a fait réfléchir. “Certains veulent pouvoir arroser leur potager et d’autres sont déficitaires en eau, car non raccordés au réseau.” Résultat, il faut compter en moyenne 6 mois d’attente pour des forages de 50 m et jusqu’à un an pour les plus profonds. Pour réduire ces délais, Stéphane Claeyman va investir dans une nouvelle machine pour les forages de plus de 100 m et recruter un nouveau salarié. Pour compléter et diversifier son activité, il fera aussi dorénavant de la géothermie.Accroche : Une question de coût, plus que de manque d’eau. n

Pour préserver la qualité des nappes, l’opérateur soude ici un tube en acier pour isoler les autres surfaces.

Stéphane Claeyman intervient sur un large périmètre entre Arc-lès-Gray et Renève en Côte-d’Or.

e.P.a.G.e.

Zones humides : grosse galère pour accéder au foncier

P etites causes, grands effets. C’est toute la problématique de la restauration des petits cours d’eau ou des zones humides avec une démarche qui ne peut s’apprécier qu’à l’échelle d’un bassin-versant. “Quand l’E.P.A.G.E. veut intervenir sur une parcelle agri cole, il faut une autorisation du pro priétaire et de l’exploitant. Avec la pression des A.O.P. et la course à la surface, c’est très difficile d’avoir ces autorisations pour travailler sur des zones humides” , déplore Auré lien Dornier, lui-même agriculteur et vice-président de l’E.P.A.G.E. Plus facile de restaurer une tourbière, une vallée du Drugeon que d’aller dans le détail. “Il s’agit le plus souvent de reméandrer des ruisseaux dont le cours avait été rectifié pour essayer de gagner un peu de surface exploitable. On n’est plus du tout dans cette logique-là. Ces actions de réhabilitation en privilégiant les tracés naturels permettent de garder de l’eau tout en participant à l’effet tampon des zones humides quand il y a de fortes précipitations. Ce n'est pas inintéressant d’un point de vue agronomique” , complète Cyril Thévenet, le directeur de l’E.P.A.G.E. Assez paradoxalement, tout le monde est d’accord sur le bien-fondé de la démarche mais cette compréhension collective se délite au niveau individuel. D’où l’idée d’anticiper et de rendre la démarche plus attractive. “Les cessions ou transmissions de terres agricoles sont régies par des règles précises. Il n’y a pas assez de critères à caractère environnemental ou sur la qualité de l’eau dans les règles d’attribution des parcelles agricoles. Il faudrait également pouvoir proposer des compensations pour que l’intérêt en charge de la gestion des milieux aquatiques et des zones humides, l’e.P.a.G.e. (établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau) peine à convaincre les agriculteurs de l’intérêt de restaurer des ruisseaux à l’intérieur de leurs parcellaires.

collectif ne pèse pas uniquement sur l’exploitant concerné.” Et Philippe Alpy, le président de l’E.P.A.G.E. d’abonder. “Il est primordial que le monde agricole apporte sa contribution dans la gestion des zones humides. Il existe des solutions. Exemple, dans le cadre d’une cessation d’exploitation sans repreneur, un organisme comme la S.A.F.E.R. ou l’E.P.F.L. pourrait très bien porter le foncier en réserve et permettre aux agriculteurs impactés d’être ainsi compensés sans préjudice économique.” À l’échelle de l’E.P.A.G.E. qui couvre une bonne partie du Haut-Doubs et la vallée de la Loue, soit 2 255 km 2 , ces travaux représenteraient quelques centaines d’hectares susceptibles ainsi de faire l’objet de protocoles. “On aimerait aussi mettre en place une veille foncière pour être informé des transactions en faisant si besoin valoir les critères environnementaux” , poursuit Aurélien Dornier. Il n’y a pas que des reméandrements qui préservent ou augmentent la capacité de rétention d’eau des terrains. Des changements de pratiques agricoles limitant par exemple le tassement du sol contribuent à retrouver une bonne dynamique hydrologique. “En agissant ainsi on ralentit l’assèchement des sols, on améliore aussi la capacité d’autoépuration des cours d’eau…” n

L’E.P.A.G.E. veut sensibiliser le monde agricole sur l’intérêt de préserver les zones humides et les cours d’eau qui confortent aussi la résilience des milieux face aux sécheresses. Ici, le reméandrement du Bief Voulain réalisé en 2021 à Sainte-Colombe.

ICI, ON PARLE D’ICI.

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TransForMaTeur Badoz vise la garantie eau potable

chez Badoz. “On installe une solution avec du chlore qui est injectée dans l’eau du réseau de la ferme au moyen d’une pompe. L’agriculteur change lui-même la solution une fois par mois environ et un technicien missionné par la fromagerie s’occupe de l’entretien de la pompe révisée tous les deux ans.” L’objectif attendu n’est pas de surchlorer l’eau de l’exploitation mais de tendre vers la même qualité d’eau que celle distribuée en début de réseau.

“On veut se rapprocher des caractéristiques de l’eau potable. C’est, pour nous, une façon de réduire le risque même si on n’attend pas non plus de miracle. D’autres facteurs interviennent aussi dans la qualité de l’eau comme l’entretien des conduites ou la surveillance de la propreté des abreuvoirs” , relativise Vincent Badoz. L’initiative portée par la fromagerie Badoz a fait des émules dans plusieurs fruitières et chez des producteurs de lait A.O.P. n

Très attentif à la qualité du lait, donc de l’eau pour ses fabrications de morbier et de mont d’or, le fromager pontissalien a choisi d’installer des petites unités de traitement d’eau chez ses producteurs. un principe de précaution.

“L e risque de contamination est toujours élevé quand on transforme du lait cru en morbier ou en mont d’or. On a moins ce problème avec le com té à cause du process de fabrication moins sensible. Quand il y a un pro blème sur la qualité d’un lait, le pre mier poste que les techniciens nous demandaient d’analyser c’était l’eau” ,

extérieure, vache qui s’abreuve dans un ruisseau, une mare, déjections des bovins… “Il n’y a jamais eu autant d’avortements chez les vaches par ingestion de salmonelles en juillet, août, septembre de cette année, année de sécheresse. Le risque est présent partout.” Partant de ces constats, la fromagerie Badoz a choisi d’équiper ses

% ! $ " "$ " % # $!#$ % %# B enoît, Franck et Vincent Tour nier, trois frères, sont associés au G.A.E.C. du Crêt Monniot “On peut utiliser l’eau du forage seulement pour l’abreuvement des vaches. On se sert de l’eau du réseau pour nettoyer la machine à traire et donner à boire aux veaux” , complète Benoît Tournier.

producteurs, environ 80, de mini-stations de traitement. “Quandon a fait ça il y a cinq ou six ans, tout le monde n’était pas forcément

justifie Vincent Badoz qui dirige l’entreprise éponyme. L’utilisation exclusive de l’eau du réseau sur une exploitation n’est

Toutes les caractéristiques de l’eau potable.

pas toujours synonyme de risque zéro au niveau de la qualité. Les fermes isolées, situées en bout de réseau ont parfois des soucis de potabilisation. Sans compter les risques de contamination inhérents à toute structure agricole : fuite, pollution

favorable. Les mentalités ont évolué et aujourd’hui ce serait beaucoup simple à accepter” , poursuit le fromager. Le dispositif est relativement simple comme l’explique Nicolas Bottagisi, responsable des relations agricoles

à Arc-sous-Cicon. Cette exploita tion d’une centaine de vaches lai tières est située à Arc-sous-Cicon dans une zone particulièrement exposée au manque d’eau estival. “On souhaitait gagner en autono mie. On ne voulait pas une citerne d’eau pluviale car elle est généra lement vide en été.” Les frères ont finalement investi dans un forage pouvant fournir 18 à 20 m³ par jour, soit largement de quoi couvrir la consommation journalière aux alentours de 14 m³ par jour.

Livrant leur lait à la fromagerie Badoz, les trois frères sont équipés d’une mini-station de traitement qui injecte un germicide à base de chlore dans l’eau du réseau. “Depuis qu’il y a la pompe doseuse, on n’a plus aucun problème avec des salmonelles. On a une qualité d’eau plus stable. C’est aussi un bon indicateur au niveau de coliformes” détaille Benoît Tournier. n

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“Avec cette pompe doseuse, on a une qualité d’eau plus stable et moins de problèmes sanitaires”, apprécie Benoît Tournier du G.A.E.C. du Crêt Monniot à Arc-sous-Cicon.

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DéMarCHe CoLLeCTIve L’héritage des anciens au service des besoins collectifs

L a commune nouvelle des Premiers Sapins a choisi de valoriser son patrimoine hydraulique en privilégiant l’approche participative. “On a engagé une réflexion sur l’eau et la pré servation des sources, des fontaines et réservoirs à la fin du précédent mandat. Cette démarche repo se sur le savoir des anciens et correspond aussi aux enjeux climatiques. C’est aussi pour nous un sujet très fédérateur destiné à répondre aux besoins en eau des agriculteurs et à l’envie de revoir les fontaines en eau dans les villages” , explique Pier re-François Bernard, le maire de cette commune nouvelle. L’inventaire des ressources n’est pas des plus pour réhabiliter ses réservoirs et ses sources abandonnés mais qui pourraient s’avérer fort utile en période de sécheresse. Pour l’agriculture, mais pas que… La commune des Premiers sapins se mobilise depuis quelques années

faciles à effectuer sur ce territoire relativement vaste. D’où l’intérêt d’y associer la population. Un groupe spécifique a été formé. Dans

Les élus et les habitants viennent visualiser sur le terrain les canalisations, les réservoirs utilisés jadis pour alimenter les villages de la commune nouvelle des Premiers Sapins (photo J.-P. Girard).

62 points d’eau ont été cartographiés.

Sur la commune nouvelle, 62 points d’eau ont été cartographiés, 26 points ont été visités donnant lieu à une vingtaine de fiches descriptives. Aujourd’hui, trois réservoirs inutilisés ont été identifiés à Athose. “Le grand réservoir et celui de Rouillon feront l’objet d’action de désensablage et de défrichement. Il faudra aussi s’occuper des fuites sur les réseaux” , note le maire qui compte bien mettre en place des chantiers participatifs pour réaliser ces travaux. À Vanclans, il s’agira de relier un captage à un réservoir. Le C.A.U.E. et l’E.P.A.G.E. apporteront leurs connaissances pour la réhabilitation d’une mare à Chasnans. “On travaillera aussi avec l’E.P.A.G.E. sur le réaménagement d’une zone humide à Nods. Le partenariat avec la Chambre Interdépartementale d'Agriculture porte sur deux réservoirs, celui du Chanet à Nods et de Rantechaux” , détaille Pierre-François Bernard. Aux Premiers Sapins, on considère que l’eau reste un bien commun, ce qui sous-entend une gestion collective de la ressource avec des règles définies collectivement. “La commune investira si et seulement si ces règles sont claires et s’appliquent à tous. C’est un travail de longue haleine avec une somme budgétisée chaque année pour réaliser le plan d’action. Ce chantier va durer une dizaine d’années.” n La commune des Premiers Sapins abrite encore de superbes réservoirs qui, après réno vation, pourraient être utilisés pour alimenter les fontaines et les cheptels bovins.

et au C.A.U.E. pour ce qui concerne la rénovation du petit patrimoine. Cette démarche ne remet bien sûr pas en cause toute la gestion de l’eau potable qui fait l’objet d’un contrat d’affermage avec le Syndicat Intercommunal des Eaux de la Haute-Loue. Il s’agit de réactiver un réseau secondaire pour alimenter les fontaines, couvrir les besoins des agriculteurs en période de sécheresse et servir aussi de réserve incendie. Cette eau ne sera pas destinée à la consommation humaine” juge utile de préciser Annick Girard, adjointe à la commune des Premiers Sapins.

chaque village, des habitants avec des élus ont effectué des repérages sur le terrain des sources, des ouvrages, des réseaux. D’autres sont allés fouiller dans les archives pour retrouver des plans, des cartes, des documents en lien avec le patrimoine hydraulique. Une façon de capitaliser sur l’existant avant de hiérarchiser les priorités et définir un plan d’actions adossé à un budget. “Après la population, on a élargi les partenariats à la chambre d’agriculture

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ÉLEVAGE

J ou Gn e

Les ânes, nouveaux gardiens de troupeau Deux ânes de Provence

D e prime abord, ils sont plu tôt sympas et semblent assez inoffensifs, ces deux ânes qui sont arrivés à la Piagret te au début de l’été. Au même titre que le patou, cet animal est de plus en plus utilisé comme moyen de pro tection des troupeaux. Son instinct grégaire naturel, ajouté à son aver sion et à son agressivité innées à l’en contre des chiens, renards ou loups peut en faire un auxiliaire efficace. Les ânes voient, entendent et sentent Fourgs. Leur présence devrait permettre d’éloi gner les chiens, renards et surtout les loups sus pectés d‘avoir attaqué des moutons ce prin temps près de Ballaigues en suisse voisine. s’intègrent désormais dans le troupeau de vaches allaitantes de l’al page de la Piagrette au hameau d’entre-les

très bien. Ils peuvent facilement repérer un agresseur sans oublier que son braiement s’entend à des kilomètres. La méthode a déjà été testée sur des ovins, avec une certaine efficacité. L’âne peut vraiment intimider les canidés. Contrairement au cheval qui va fuir, il n’hésitera pas à attaquer pour défendre son territoire. De face, en mordant et en tapant avec les pattes antérieures. C’est peut-être une alternative au patou dont l’instinct de protection effraie parfois le randonneur, imprudent ou pas. L’expérience mérite d’être tentée comme l’a fait le syndicat de Lignerolle propriétaire de l’alpage de la Piagrette. “Cet alpage s’étend sur 70 hectares dont un tiers environ est couvert de bois. En été, il est occupé par un troupeau de 43 vaches allaitantes. Actuellement, il y a une vingtaine de petits veaux et d’autres sont attendus dans les semaines à venir” , détaille Raymond Gresset qui à 86 ans monte encore tous les jours depuis Entre-les-Fougs jeter un coup d’œil et signaler le moindre incident

“Les deux ânes sont arrivés cet été”, explique Raymond Gresset qui vient tous les jours jeter un œil sur le troupeau de vaches allaitantes de la Piagrette.

au propriétaire du troupeau basé à Mathod près d’Yverdon. Comme il dit, cet alpage, il en connaît les moindres recoins pour l’avoir arpenté depuis sa plus tendre enfance. Son père Edmond, agriculteur était déjà berger à la Piagrette. Il a pris le relais dans les années quatre-vingt-dix. “Mon épouse et mon frère s’en sont également occupés. J’ai arrêté en

2006 avec l’arrivée d’un troupeau de vaches laitières car cela ne m'intéressait pas de traire” détaille celui qui est revenu dans son alpage de jeunesse il y a quelques années quand les vaches allaitantes ont pris possession des lieux. “Ici, c’est toute ma vie !” , dit-il en s’approchant des deux ânes venus quémander une caresse. n

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LonGeCHaux À la découverte des porcs laineux Ce cochon d’origine hongroise qui a failli disparaître est élevé par samuel vergey, à Longechaux. La viande de cet animal rustique est recherchée par les grands cuisiniers.

I l n’est pas élevé pour sa laine mais pour sa viande, succulente paraît il. Samuel Verdey ne peut pas confir mer. Il n’a pas encore goûté. Pour l’instant, l’éleveur se plaît à regarder les porcelets s’amuser autour de leur mère dans leur enclos plutôt que de savourer cette viande si spéciale, car

très “grasse”. Un bon gras, paraît-il, car riche en Oméga 3 et Oméga 6, une subtilité de cette race méconnue. Le porc laineux ou mangalitza est un animal atypique. Le propriétaire a pu mesurer sa cote de popularité lors de l’exposition 1 000 animaux à Orchamps-Vennes auprintemps dernier

ont besoin de six mois” poursuit l’éleveur qui compte proposer à la vente d’ici l’an prochain. En 1990, il ne restait à l’échelle du globe que 200 individus. Le retour en grâce des “bonnes” viandes l’a paradoxalement sauvé. À côté des cochons, Samuel détient un cheptel de vaches Angus, elles aussi réputées pour la qualité de leur viande que l’éleveur vend en direct. “C’est aussi une race rustique, une vache qui ne nécessite pas des intrants pour la nourrir, de type tourteau venu d’Amérique, mais uniquement du foin local.” n Samuel Vergey et ses cochons laineux.

où il fut la star. “C’est une race rustique originaire de Hongrie qui a failli disparaître” relate le propriétaire de 4 femelles qui viennent de donner naissance, après 3 mois, 3 semaines et 3 jours de gestation à de jolis porcelets qui ressemblent davantage à des marcassins. Ce cochon d’une grande valeur nutritionnelle ne convient pas à l’élevage industriel : “Il déteste l’enfermement et doit vivre à l’air libre. Il a toujours le besoin de fouiller avec son groin. Sa croissance est très rustique : pour arriver un à un poids honorable, il lui faut deux ans quand les autres cochons

Les porcelets ressemblent pour certains àdes marcassins.

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