Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

PoTaBILIsaTIon “L’eau de pluie est la meilleure ressource” Patrick roy, gérant de la société Franche-Comté éco-logis à Frasne, est de plus en plus sollicité par les agriculteurs, les collectivités, les particuliers et les entreprises pour mettre en place des systèmes de traitement d’eau.

le compte de collectivités comme Châteauvieux-les-Fossés dans la vallée de la Loue. Il répond aussi au besoin des sociétés d’hydroélectricité implantées souvent sur des sites isolés. “Elles veulent avoir de l’eau potable. On installe une prise d’eau sur le barrage puis on traite l’eau.” Avec les sécheresses récurrentes, les agriculteurs cherchent aussi des solutions alternatives en investissant dans des citernes, en faisant réaliser des forages ou en réactivant des sources délaissées. “On pose pas mal d’adoucisseurs d’eau pour limiter la teneur et le goût du calcaire. On est de plus en plus sollicité mais on ne peut pas répondre à tout le monde.” Proche de la retraite, Patrick Roy peine à trouver un successeur ayant à la fois des compétences en hydraulique, traitement d’eau, électricité, soudure… “On a un gros stock de pièces détachées car dans ce métier il faut pouvoir être en capacité de répondre rapidement aux dysfonctionnements.” Le traiteur d’eau n’est pas franchement partisan des forages. “Je suis contre car on maîtrise difficilement l’impact, notamment sur le milieu naturel. Les forages sont des bêtises au même titre que ces réseaux collectifs pas toujours pertinents là où des solutions d’assainissement individuelles donnent toute satisfaction.” n

“L a meilleure ressource pour éviter d’avoir des soucis, c’est l’eau de pluie. C’est la ressour ce la plus propre même si elle est peut-être aussi chargée en polluants qui restent faciles à trai ter. Inversement, elle ne contient pas de nitrates ou

de métaux lourds” , explique cet autodidacte qui inter vient depuis 17 ans dans ce domaine. Informaticien de formation, il s’est intéressé à la problématique de la potabilisation de l’eau d’abord pour son propre compte. “On est arrivé dans le Haut-Doubs en 1999 avec le projet de rénover un bien familial équipé d’une vieille citerne. On a sollicité un professionnel pour la remettre en service. Comme je n’étais pas satisfait de son intervention, j’ai fait le travail moi-même.” Cette expérience va le conforter dans l’idée de se mettre à son compte en se spécialisant dans le traitement et la récupération des eaux pluviales et la vente de peintures, enduits naturels, ouate de cellulose… Ce “traiteur d’eau” comme il se définit pose différents équipements : adoucisseurs, osmoseurs, cartouches filtrantes chez les particuliers, les professionnels et des collectivités. Il équipe des citernes mais aussi des sources comme ce fut le cas à la fromagerie d’Épenoy-Étray. “ Cette fruitière a sa propre source. On a installé un traitement U.V. et on assure la maintenance” , explique celui qui travaille aussi pour

“Les forages perturbent à mon sens l’écologie”, estime Patrick Roy qui travaille depuis plus de 17 ans dans le traitement de l’eau et la récupération des eauxde pluie.

Bourgogne-Franche-Comté qui assure le subventionnement des dispositifs de stockage et traitement des eaux pluviales pour l’abreuvement du bétail. On espère que le niveau d’aide régionale soit plus élevé que celui du Plan de relance. LDA : Combien d’exploitations dans le Doubs ont déjà bénéficié d’aides ? YD: Le dispositif a été mis en place en réaction à la sécheresse 2018. Près de 300 exploitations dans le Doubs ont pu bénéficier d’aides pour réaliser des ouvrages. Cela représente un volume global de 54 000 m 3 et, in fine , près de 480 000 m 3 d’eau du réseau pouvoir y répondre, les enveloppes étant limitées. Cela montre aussi à quel point les éleveurs qui sont parfois pointés du doigt ont vraiment pris conscience des enjeux autour de l’eau. LDA : La Chambre s’implique aussi dans des actions collectives ? YD: Tout à fait. Une action territoriale a été engagée dans le cadre du plan de relance pour recenser les sources et les points d’eau dans le Doubs. On a ainsi été mis en relation avec la économisés par an, soit la consommation annuelle de 12 000 habitants. On a eu beaucoup plus de demandes sans

commune des Premiers Sapins qui avait déjà entrepris un gros travail de cartographie de ses réservoirs et de ses sources. Je leur ai proposé notre aide pour les aider à mieux répondre aux besoins des agriculteurs en faisant l’inventaire des sources dans les pâtures, des réservoirs pouvant être utilisés pour l’abreuvement… Ce travail associait l’Agence de l’eau, l’E.P.A.G.E., les techniciens de la chambre et des élus locaux dont Fabrice Chabod qui est aussi agriculteur. Aujourd’hui, on ne remet pas un captage en service sans prendre en compte l’approche environnementale notamment vis-à-vis des zones humides. ce qui est pris sur une citerne ou à partir d’une source, c’est autant de recettes en moins pour entretenir les réseaux. La démarche engagée aux Premiers Sapins soulève aussi la question de la destination de cette eau qui n’est pas réservée exclusivement aux agriculteurs mais peut aussi servir aux habitants. Entre les sources et les réservoirs, on a pu identifier une dizaine de solutions alternatives à l’eau du réseau. On est sur un projet pilote assez innovant. C’est vraiment la première LDA : Cela n’est pas sans conséquence sur la gestion des réseaux? YD : Tout à fait. Tout

La consommation annuelle de 12 000 habitants.

“On espère que la Région apportera plus d’aide à l’investissement que le Plan de relance pour favoriser la construction de citernes”, note Yvon Demigné.

action collective menée dans le Doubs. LDA : Votre point de vue sur les forages YD : On n’est pas opposé à cette technique mais on souhaiterait que ces projets soient accompagnés par la

chambre d’agriculture. Pour éviter d'assécher des sources et mieux appréhender les impacts sur l’approvisionnement des nappes. n Propos recueillis par F.C.

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