Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

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arC-Lès-GraY Le forage est de plus en plus sollicité par les agriculteurs Le carnet de commandes de stéphane Clæyman ne désemplit pas, alimenté par le seul bouche-à-oreille. Ce foreur, installé à arc-lès-Gray, intervient dans un rayon de 250 km au sein des exploitations pour assurer leurs besoins en eau.

S on métier pourrait être apparenté à celui d’un chercheur d’or. Mais son or à lui prend la forme d’un liquide bleu transparent. Et quand il tombe enfin sur de l’eau, à plu sieurs mètres de profondeur, Stéphane Claeyman éprouve à chaque fois la même satisfaction. “Trou ver de l’eau est vital” , résume-t-il. C’est ce défi per manent, qui l’a d’ailleurs amené à se lancer dans le forage. Passé d’abord par des études agricoles à Levier, il finira par intégrer ce milieu en 2014, en rachetant le matériel d’une entreprise spécialisée qui fermait. L’activité s’est vite accélérée avec aujourd’hui jusqu’à 4 à 5 chantiers par mois. “J’ai deux ateliers de forage, qui peuvent aller jusqu’à 400 m de profondeur” , explique le professionnel. Un seuil qu’il lui faut parfois approcher pour pouvoir trouver le précieux liquide. Lui préfère s’en tenir aux études géologiques et ne fait pas intervenir de sourcier. “Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en compte et des dizaines de sortes de sols et de roches. On sait, par habitude, que certains endroits nécessiteront d’aller en profondeur.” Cela a notamment été le cas sur plusieurs de ses chantiers dans le Doubs, comme avec ce forage à 330 m sur une exploitation à Orchamps-Vennes ou celui à 250 m à Rurey. De plus en plus d’agriculteurs s’en remettent à son

Une fois l’eau trouvée, des canalisations sont placées pour la remonter à la surface.

expertise, avec l’objectif de devenir autonomes en eau. La plupart du temps, leurs demandes ne sont pas tant liées au déficit hydrique qu’au prix de l’eau. Sachant qu’elles consomment au minimum 8 à 10 m 3 d’eau par jour, les exploitations sont en recherche de solutions plus économes et le coût d’un forage serait assez vite amorti, selon ce spécialiste (de 10 000 à 15 000 euros en moyenne, variable selon la profondeur et le terrain rencontré). D’autres qui se trouvent également en bout de réseau et subissent des défaillances, y trouvent aussi un confort d’utilisation. Souvent pointés du doigt, ces captages d’eau privés commandés par les agriculteurs “ne sont pas faits n’importe comment” , tient-il à rappeler. La pratique est soumise à des autorisations préalables de la D.R.E.A.L. et la D.D.T., Quant à la possible tension sur les nappes phréatiques, ce spécialiste souligne “qu’il n’y a pas de consommation en plus, puisque les fermes en place utilisaient jusqu’ici l’eau du réseau, qui venait elle-même déjà de là.” Les agriculteurs ne se montrent, par ailleurs, pas les seuls intéressés. Hydrogéologues et communes font aussi régulièrement appel à lui. Les sollicitations incluaient dernièrement, y compris, quelques particuliers, que la sécheresse de cet été a fait réfléchir. “Certains veulent pouvoir arroser leur potager et d’autres sont déficitaires en eau, car non raccordés au réseau.” Résultat, il faut compter en moyenne 6 mois d’attente pour des forages de 50 m et jusqu’à un an pour les plus profonds. Pour réduire ces délais, Stéphane Claeyman va investir dans une nouvelle machine pour les forages de plus de 100 m et recruter un nouveau salarié. Pour compléter et diversifier son activité, il fera aussi dorénavant de la géothermie.Accroche : Une question de coût, plus que de manque d’eau. n

Pour préserver la qualité des nappes, l’opérateur soude ici un tube en acier pour isoler les autres surfaces.

Stéphane Claeyman intervient sur un large périmètre entre Arc-lès-Gray et Renève en Côte-d’Or.

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