Le Doubs Agricole 40 - Novembre 2022

e.P.a.G.e.

Zones humides : grosse galère pour accéder au foncier

P etites causes, grands effets. C’est toute la problématique de la restauration des petits cours d’eau ou des zones humides avec une démarche qui ne peut s’apprécier qu’à l’échelle d’un bassin-versant. “Quand l’E.P.A.G.E. veut intervenir sur une parcelle agri cole, il faut une autorisation du pro priétaire et de l’exploitant. Avec la pression des A.O.P. et la course à la surface, c’est très difficile d’avoir ces autorisations pour travailler sur des zones humides” , déplore Auré lien Dornier, lui-même agriculteur et vice-président de l’E.P.A.G.E. Plus facile de restaurer une tourbière, une vallée du Drugeon que d’aller dans le détail. “Il s’agit le plus souvent de reméandrer des ruisseaux dont le cours avait été rectifié pour essayer de gagner un peu de surface exploitable. On n’est plus du tout dans cette logique-là. Ces actions de réhabilitation en privilégiant les tracés naturels permettent de garder de l’eau tout en participant à l’effet tampon des zones humides quand il y a de fortes précipitations. Ce n'est pas inintéressant d’un point de vue agronomique” , complète Cyril Thévenet, le directeur de l’E.P.A.G.E. Assez paradoxalement, tout le monde est d’accord sur le bien-fondé de la démarche mais cette compréhension collective se délite au niveau individuel. D’où l’idée d’anticiper et de rendre la démarche plus attractive. “Les cessions ou transmissions de terres agricoles sont régies par des règles précises. Il n’y a pas assez de critères à caractère environnemental ou sur la qualité de l’eau dans les règles d’attribution des parcelles agricoles. Il faudrait également pouvoir proposer des compensations pour que l’intérêt en charge de la gestion des milieux aquatiques et des zones humides, l’e.P.a.G.e. (établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau) peine à convaincre les agriculteurs de l’intérêt de restaurer des ruisseaux à l’intérieur de leurs parcellaires.

collectif ne pèse pas uniquement sur l’exploitant concerné.” Et Philippe Alpy, le président de l’E.P.A.G.E. d’abonder. “Il est primordial que le monde agricole apporte sa contribution dans la gestion des zones humides. Il existe des solutions. Exemple, dans le cadre d’une cessation d’exploitation sans repreneur, un organisme comme la S.A.F.E.R. ou l’E.P.F.L. pourrait très bien porter le foncier en réserve et permettre aux agriculteurs impactés d’être ainsi compensés sans préjudice économique.” À l’échelle de l’E.P.A.G.E. qui couvre une bonne partie du Haut-Doubs et la vallée de la Loue, soit 2 255 km 2 , ces travaux représenteraient quelques centaines d’hectares susceptibles ainsi de faire l’objet de protocoles. “On aimerait aussi mettre en place une veille foncière pour être informé des transactions en faisant si besoin valoir les critères environnementaux” , poursuit Aurélien Dornier. Il n’y a pas que des reméandrements qui préservent ou augmentent la capacité de rétention d’eau des terrains. Des changements de pratiques agricoles limitant par exemple le tassement du sol contribuent à retrouver une bonne dynamique hydrologique. “En agissant ainsi on ralentit l’assèchement des sols, on améliore aussi la capacité d’autoépuration des cours d’eau…” n

L’E.P.A.G.E. veut sensibiliser le monde agricole sur l’intérêt de préserver les zones humides et les cours d’eau qui confortent aussi la résilience des milieux face aux sécheresses. Ici, le reméandrement du Bief Voulain réalisé en 2021 à Sainte-Colombe.

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