La Presse Bisontine 211 - Juillet-Aout 2019
Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon
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JUILLET-AOÛT 2019
Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon
www.presse-bisontine.fr
(photo C.R.T.-B.F.C)
SUR LES CHEMINS DU GRAND BESANÇON À PIED OU À VÉLO À SPÉC IAL ÉTÉ 25 ITINÉRAIRES À FAIRE EN FAMILLE
p. 6 à 8 Bicentenaire de l’artiste Un été sur les pas de Courbet
p. 31 Plage d’Osselle, piscine de Chalezeule Les lieux de baignade sortent le grand jeu
*
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RETOUR SUR INFO - BESANÇON
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
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Les élèves de Planoise ont ramassé 1,3 tonne de déchets
Déconnexion C’est l’été, le moment de déconnecter. Au sens figuré du terme d’abord, car cette période plus que toute autre est propice aux flâneries, aux sorties, aux balades, aux découvertes. Sur ce plan, nous le verrons une nouvelle fois dans ce numéro de l’été, il y a toujours de quoi faire dans le Grand Besançon. Pour ce numéro estival traditionnellement destiné aux lecteurs en vacances et aux touristes de passage, le dossier central est une invitation à la détente. La Presse Bisontine est partie sur les chemins du Grand Besançon, à pied et à vélo, en sélectionnant quelques belles idées de balades et de randonnées à la portée de tous. L’occasion pour beau- coup sans doute de découvrir les richesses cachées d’un territoire où le vert domine. En cette période estivale, la déconnexion est également à prendre au sens premier du terme. Car en dix ans, depuis l’émer- gence des smartphones en même temps que la multiplication des chaînes d’infor- mations et des plates-formes de vidéos à la demande, notre quotidien a été lit- téralement bouleversé dans un sens qui laisse de moins en moins de place aux rapports humains directs. Sur le plan de l’information, comme une nouvelle chasse l’autre au fil des chaînes d’info continue, on parle désormais “d’infobésité” pour qualifier l’excès de messages qui arrivent à la tête du consommateur sans qu’il ait le temps de les digérer et les assimiler toutes. Concernant les écrans, une enquête anglaise récente montrait que les enfants qui passent trop de temps devant la télévision, l’ordinateur, la console ou le portable seraient moins heureux, plus anxieux et plus déprimés que les autres. Il est aussi avéré que les hyper- connectés tendent à se replier sur eux- mêmes, à se couper du réel pour se réfu- gier dans le monde virtuel, à se désintéresser de tout ce qui est extérieur aux écrans, à se désinvestir de la relation avec leurs proches. Certes il faut vivre avec son temps et la technologie apporte y compris aux promeneurs et aux touristes des outils éminemment pratiques. Cepen- dant, s’il est une période plus propice que d’autres pour tempérer l’usage des écrans, c’est bien l’été. Alors bel été à tous, dans la vraie vie, au plus près du territoire et de ceux qui le font vivre l’été, et loin des écrans ! n Jean-François Hauser Éditorial
L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, eux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. ous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Grandes heures nature devraient revenir
L e premier festival outdoor organisé à Besançon mi- juin devrait devenir un ren- dez-vous pérenne après le suc- cès d’estime et de fréquentation de la première édition dans laquelle la C.A.G.B. organisatrice avançait un peu à tâtons. La météo plus que capricieuse du premier jour a fait craindre le pire aux organisateurs qui ont finalement tiré un bilan chiffré honorable : “Le festival a totalisé 13 700 visiteurs et participants aux épreuves, hors Osselle où avait lieu le para-triathlon” notent les services de l’Agglomération. Il faut y ajouter les quelque 900
le jeu.” “Nous notons aussi la satisfaction des participants, le bon esprit et l’ambiance qui a régné pendant les trois jours” note l’Agglo. Seul bémol peut- être du côté des équipementiers qui étaient sans doute trop écla- tés sur le site de Micropolis et qui n’ont pas, pour certains, reçu le nombre de visiteurs escompté. L’Agglomération espère pouvoir reconduire l’évé- nement, “si ce n’est pas tous les ans, au moins tous les deux ans.” À moins que la future équipe élue en mars prochain ne remettre en cause la perti- nence du concept. n
spectateurs amassés du côté de la Rodia pour admirer les exploits des high-liners funam- bules. Les 17 épreuves sportives organisées lors de cette pre- mière ont attiré 2 754 partici- pants. Par rapport aux 15 000 visiteurs espérés, l’Agglo est donc à peu près dans la jauge. Avec un bud- get global de 600 000 euros, un délai de préparation d’à peine 5 mois, la collectivité avait mis les moyens, mais elle n’y serait pas non plus parvenue au résul- tat sans le millier de bénévoles investis et les ambassadeurs sportifs “qui ont vraiment joué
Pendant une semaine, les élèves de Planoise ont été sensibilisés au traitement et la réduction des déchets.
À l’initiative du conseil citoyen de Planoise, plus de 600 élèves du quartier Planoise ont parti- cipé début juin à une semaine de sensibilisation à la gestion des déchets. Le résultat est assez éloquent : “Au total, les 520 élèves impliqués des écoles élé- mentaires Bourgogne, Fou- rier, Dürer, des collèges Dide- rot et Voltaire et du lycée Tristan-Bernard ont ramassé 1,313 tonne sur 6 demi-jour- nées” note la mission Gestion Urbaine et Sociale de Proxi- mité de la Ville de Besançon chargée de la coordination dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville pour améliorer le cadre de vie des habitants. Dans le cadre de cette action, un petit concours était organisé consistant, pour chaque groupe de 10 ayant participé au ramassage dans la semaine, à estimer au plus juste le point de déchets ramassés par l’ensemble des
participants à cette semaine baptisée “Pas de quartier pour les déchets”. La pre- mière du concours, l’école Bourgogne, a gagné un hôtel à insectes qui va être installé dans la cour de l’école, la 2 ème , le collège Voltaire, devrait accueillir un site de compostage au sein de l’éta- blissement et la 3 ème , l’école Dürer, est repartie avec un lot de gobelets réutilisable afin d’éviter l’usage des verres jetables en plastique. “En plus, chaque élève est reparti avec une gourde pour profiter de l’eau La Bisontine” ajoute la Ville. Durant une semaine, cette action d’en- vergure a permis de mobiliser non seulement les établis- sements d’enseignements mais aussi les principales associations du quartier, les bailleurs sociaux ainsi que les partenaires institutionnels (Ville, D.G.D., Sybert…) pour faire, doucement, évoluer les mentalités en matière d’em- preinte environnementale. n
Le bassin aquatique a permis à de nombreux visiteurs de s’initier aux activités nau- tiques.
Le Sybert a
fêté ses 20 ans
À l’occasion des 20 ans de sa création, le Syn- dicat mixte de Besan- çon et de sa région pour le traitement des déchets (Sybert) avait ouvert ses portes au public pour la pre- mière fois de son histoire le 8 juin dernier. “450 personnes se sont rendues sur le site industriel de Planoise et ont pu découvrir l'intérieur du centre de tri des emballages et de l’installation de tri-mas- sification (tri des encom- brants). En échangeant avec les personnels du Sybert, toutes les interrogations des visiteurs sur le tri, le com- postage, la manière de dimi- nuer ses déchets et l’inciné- ration ont trouvé réponses” note Delphine Clerc-Serrette,
la chargée de communica- tion du syndicat. Créé en 1999 pour se char- ger du traitement des déchets de deux commu- nautés de communes et de l’agglomération de Besan- çon, le Sybert a depuis étendu son territoire. Il cou- vre aujourd’hui un périmètre de 165 communes regrou- pant 224 186 habitants, soit environ la moitié de la popu- lation du département du Doubs. C’est également le Sybert qui gère les 16 déchetteries réparties sur le Grand Besançon, la vallée de l’Ognon et le secteur d’Or-
nans. Ces déchetteries ont reçu l’an dernier 623 983 visites, 1 435 pour la moins fréquentée à 107 243 pour la plus visitée, celle des Til- leroyes à Besançon pour 49 750 tonnes de déchets traités. La politique incitative mise en place par la C.A.G.B. qui gère la collecte des déchets et le Sybert qui les traite ainsi que les consignes de tri et d’économies portent leurs fruits. Entre 2010 et 2018, le poids des ordures ména- gères résiduelles est passé de 223 à 143 kg par habitant, soit une baisse de 36 %. n
est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2019 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., P. Acobas, L. Cheviet, Croix Rouge, C.R.T.-B.F.C., Doubs Tourisme, F. Grosperrin, Racing, E. Chatelain - J.-C. Sexe - Ville de Besançon, Y. Petit, A. Vallet, J. Varlet.
Près de 450 curieux sont venus visiter les installations du Sybert le 8 juin dernier (photo J. Varlet).
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L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
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POLITIQUE
Christine Bouquin, président du Département
“Je crois à l’art à et à la culture pour tous” La présidente du Conseil départemental du Doubs qui a lancé la retentissante exposition “Yan Pei-Ming face à Courbet” déroule les ambitions du Département en matière culturelle et touris- tique. Avec en filigrane, la politique, qui n’est jamais loin…
L a Presse Bisontine : Le temps fort de l’été culturel dans le Doubs c’est bien évidemment le bicentenaire de la nais- sance de Courbet avec cette exposition d’intérêt national à Ornans. Comment est né ce face-à-face entre Courbet etYan Pei-Ming ? Christine Bouquin : Je ne voulais pas que nous célébrions ce bicentenaire juste avec un grand événement éphémère. Mon idée était de partir de ce person- nage si singulier qu’est Courbet pour pouvoir retracer à travers lui tous les faits de société qui ont marqué ce dépar- tement et ainsi pouvoir emmener l’en- semble d’un territoire dans cette histoire qui le lie à Courbet depuis 200 ans. L’exposition-phare dumusée d’Ornans est née de ma rencontre il y a deux ans avec cet extravagant, attachant et géné- reux personnage qu’est Yan Pei-Ming. Entre nous, ça a immédiatement “mat- ché”. Cette collaboration s’est imposée comme une évidence. J’ai tout de suite imaginé Ming dans cet atelier de Cour- bet, 200 ans plus tard, et je souhaitais impérativement qu’un peintre repeigne dans cet atelier, c’est désormais chose faite, j’en suis ravie. Le dialogue que les deux artistes ont créé entre eux est fascinant. L.P.B. :Au-delà de l’exposition auMusée Courbet, que signifie pour vous vivre la réouverture de cet atelier historique de Courbet ? C.B. : Comme l’a dit Yan Pei-Ming, c’est à mon sens un acte politique plus que purement culturel. Car autour de la réouverture de cet atelier, je vois beau- coup plus loin et je souhaite que cet atelier devienne une vraie résidence d’artiste, qu’il soit également ouvert aux scolaires pour des initiations à l’art. Cet atelier, et la maison attenante que nous avons rachetée l’an dernier, sera un lieu où pourront éclore des talents pour notre jeunesse, pour nos artisans aussi. Car je crois véritable- ment à la culture et à l’art pour tous. Pour moi, c’est presque une lutte, un défi contre l’obscurantisme. Courbet et Yan Pei-Ming ont été souvent dans la provocation, la passion, presque l’art de déplaire. Tout cela renvoie un mes- sage extraordinaire contre toute forme d’intolérance.
au milieu d’éléments naturels forts, avance tout de même sans contrainte. L.P.B. : Elle vous ressemble ? C.B. (rires) : On pourrait en effet la com- parer à la place que tiennent certaines femmes dans le monde politique ! L.P.B. : Que représente ce Musée Courbet pour la politique du Département enmatière culturelle et touristique ? C.B. : Ce musée dont la réhabilitation par mon prédécesseur avait fait l’una- nimité est une pièce majeure du puzzle départemental enmatière de promotion. Maintenant avec l’atelier dont la réha- bilitation va se poursuivre encore sur les trois prochaines années, nous avons un atout formidable pour développer l’attractivité de ce territoire.Mais c’est une pièce du puzzle parmi d’autres grands atouts du département sur le plan culturel et touristique. Le tout en lien avec les initiatives locales des com- munes et des associations sur leur ter- ritoire. L.P.B. : Qu’avez-vous retenu de la venue d’Em- manuel Macron le 10 juin à Ornans ? C.B. : Cette visite signifiait quelque chose car il est également venu avec trois ministres. Elle signifiait notam- ment la reconnaissance du formidable travail fait dans le domaine de la culture dans ce département. J’ai vu dans cette visite la reconnaissance de l’État dans tout le travail des équipes du musée et du Département. C’était l’occasion aussi de positionner le Doubs dans le Pass culture réservé aux jeunes et d’échanger avec eux sur leurs attentes. Le président de la République n’a pas fait un discours politicien du tout, il a juste prononcé un discours très fort sur Courbet, pour son ami Ming et sur la culture. L.P.B. : Et vous, vous en avez profité pour lui livrer un message plus politique ? Il n’y aurait pas un peu de méthode Macron dans votre façon de faire de la politique ? En somme,êtes- vous comme d’autres une élue “macron-com- patible” ? C.B. : Je suis avant tout “Doubs-compa- tible”, je travaille là où est l’intérêt de ce département, c’est tout. Je ne crois pas à un parti unique, à mon avis c’est la porte ouverte à beaucoup de dérives si on n’y prend pas garde. L.P.B. : On vous a vu quinze jours auparavant accueillir LaurentWauquiez et François-Xavier Bellamy aumeeting de L.R. pour les Européennes à Besançon. Vous êtes donc toujours L.R. ? C.B. : Je suis toujours au sein des L.R. mais je suis d’abord moi-même. Les étiquettes passent loin derrière. Mon travail est de porter des projets pour l’intérêt de ce département du Doubs, je le fais avec ma personnalité. Elle peut ne pas plaire à tout le monde, mais là n’est pas l’objet. Je n’ai pas la prétention de faire duMacron, je reste aux L.R. et accueillir ce meeting était logique pour moi. Il est clair que la for- mation politique n’est pas au mieux
Christine Bouquin :
“Pour l’été, je cherche des endroits très simples, tranquilles…” (photo Y. Petit).
doit se faire en concer- tation avec tous les élus, petits comme grands, et les citoyens qui ont une vraie attente également sur ce sujet. Ce genre de réforme ne doit pas pas- ser par autoritarisme. L.P.B. : Lors de la dernière assemblée du Département le 17 juin, vous avez parlé de la périphérie contre le centre en évoquant les résultats des dernières élections, sous- entendu que la France péri- phérique avait tendance à plus se tourner vers les extrêmes ?
environnemental. Il y a bien sûr les éléments phares d’attractivité ici : je pense évidemment à la saline d’Arc- et-Senans, mais aussi à la Citadelle, à la vallée de la Loue, aux montagnes du Jura avec Métabief, au lac Saint- Point, au Château de Joux, etc., et à des réseaux comme la G.T.J. qui signi- fient vraiment quelque chose.Tout cela donne selonmoi les ingrédients parfaits pour un tourisme familial et environ- nemental. On ne cherchera jamais ici à faire du tourisme de masse. Dans le Doubs, nous voulons développer un tourisme qui correspond à la géographie et à l’histoire de ce territoire. Enmatière touristique, on peut très largement tirer notre épingle du jeu, j’en suis per- suadée, sachant qu’on n’est pas là non plus pour essayer de “casser la baraque”. L.P.B. : Qu’en est-il cette fois des ambitions de Christine Bouquin sur le plan politique ? On entend à nouveau reparler de l’hypothèse des sénatoriales pour vous ? C.B. : Je ne m’interdis jamais rien. Pour l’instant, je me consacre exclusivement à ce Département. Les sénatoriales seront sans doute repoussées en 2021, on en reparlera le moment venu ! L.P.B. : À quoi ressemblera l’été de Christine Bouquin ? C.B. : Je pense aller, comme je le fais tous les ans, à la découverte de nou- veaux vignobles de France, à la recherche de producteurs en biodynamie notamment, sans doute du côté des côtes-du-rhône. Je cherche des endroits très simples, tranquilles, où j’ai prévu de lire, de me reposer quelques jours. Et je compte aussi profiter de mon petit-fils de 9 mois qui est un nouveau rayon de soleil de ma vie. n Propos recueillis par J.-F.H.
de sa forme, mais cet état ne date pas d’hier, il remonte bien avant 2017 d’ail- leurs. Il y a eu des fractures au sein des L.R., et pour une séguiniste comme moi, avec ses valeurs sociales, il est clair que la ligneWauquiez n’était pas la bonne.Maintenant, avant de se trou- ver un nouveau chef, il est impératif pour L.R. de reconstruire la famille avec d’abord des idées, et ensuite des perspectives. L.P.B. : En tant qu’élue locale, avez-vous éga- lement senti du mépris de la part de l’État depuis l’élection de M. Macron ? C.B. : Je ne parlerais pas de mépris mais surtout de manque de concertation et de reconnaissance. Je pense que l’exé- cutif commence à se rendre compte de lamanière dont les élus locauxmettent les mains dans le mastic. Les élus ont eu à juste titre le sentiment de ne pas être écoutés. De mon côté, je n’ai jamais accepté de courber l’échine et je m’aper- çois tous les jours notamment depuis la création des grandes régions que le Département a encore plus sa place qu’avant dans la cohésion des politiques publiques. Nous traitons du quotidien de nos concitoyens, de la naissance à la vieillesse. L.P.B. :Le gouvernement a annoncé une réforme sur le statut de l’élu local. Elle est donc nécessaire selon vous ? C.B. : Cela fait 30 ans que je suis élue locale et 30 ans qu’on nous parle d’un statut de l’élu. J’ai vécu pendant des années la difficulté de rester en activité tout en étant élue, mais être élu, c’est avant tout un choix de vie. Il faudrait en effet des ajustements pour assurer les parcours et valoriser le travail des élus, contribuer à une meilleure recon- naissance des acquis, mais tout cela
“On ne cherchera jamais ici à faire du tourisme de masse.”
C.B. : Aujourd’hui, les citoyens veulent avoir les mêmes équipements partout et c’est compréhensible. Il est évidem- ment dangereux de vouloir privilégier certains types de territoires comme on a pu le faire sur le plan national. Ici dans ce département, c’est comme si on considérait qu’il n’y a que deux ter- ritoires qui comptent, l’agglomération de Besançon et celle de Montbéliard. Chaque territoire a sa spécificité et c’est la raison pour laquelle nous en tenons compte dans nos politiques publiques avec notre projet C@p25 qui colle aux spécificités de chacun d’eux. L.P.B. :L’été commence. Quelles sont les ambi- tions du Doubs en matière touristique ? C.B. : La politique touristique est une politique de long terme. Nous nous positionnons encore une fois dans un rôle de fédérateur entre tous les élé- ments d’attractivité qui composent ce territoire. Je pense que le Doubs doit se positionner dans un tourisme d’iti- nérance en lien direct avec le qualitatif
“Je ne crois pas à un parti unique, ça peut être dangereux.”
L.P.B. : Paraît-il que la “Femme au podoscaphe”, une œuvre de Courbet issue d’une collection privée et exposée pour la première fois à Ornans, est un peu votre chouchou de l’expo ? C.B. : Oui, en feuilletant un jour un catalogue sur les œuvres de Cour- bet, je me suis arrêtée sur cette toile beaucoup plus lumineuse que bien d’autres œuvres de Courbet. Pour moi, ce tableau représente la liberté dans la contrainte. Cette femme sur cette embarcation fragile, cheveux au vent
LE GRAND BESANÇON
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
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POLÉMIQUE
Des centaines de maisons ont fissuré suite à la sécheresse
“C’est une catastrophe naturelle silencieuse” Ils se disent “les oubliés de la sécheresse”. Réunis au sein d’une association, des Grands Bisontins demandent la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle après l’apparition de graves fissures sur leur habitation.
La sécheresse de 2018 a causé des dégâts sur certaines habitations comme ici à Morre.
D epuis l’été dernier, deux énormes fissures sont apparues sur samaison. La première sur sa façade, l’autre sur un encadre- ment de fenêtre. Dans certains cas, certains habitants n’arrivent plus à ouvrir leur porte d’entrée, leur baie vitrée, tant le terrain à “bougé”. La raison : la séche- resse prolongée de 2018 qui a contracté les sols argileux-mar- neux sur lesquels les habitations reposent. La maison d’Alain Galliot à Morre en fait partie. Le village est l’un des plus tou- chés du Grand Besançon par les conséquences de cet aléa cli- matique. 52 dossiers de demande de reconnaissance de catastrophe ont été déposés ici. Ils s’ajoutent à ceux déposés par les résidents des communes de Besançon, Miserey-Salines, Nancray, Larnod, Busy, Mont- ferrand-le-Château… Comme la plupart des personnes
touchées par ce phénomène, Alain est inquiet mais n’est pas résigné. Il est devenu pour le Doubs le référent de l’association “Les oubliés de la sécheresse”, une structure née dans le Jura après la canicule de 2003. Cette dernière est là pour rassurer les habitants, les conseiller dans les procédures à suivre et à res- pecter. En mai dernier, à Morre, l’association a réuni une cen- taine de personnes pour les informer : “Les personnes se sen- tent abandonnées. Certaines ont passé l’hiver avec des courants d’air dans leur maison en raison des fissures… Dans un autre département que le Doubs, cer- tains ont même dû quitter leur résidence. 10 mois après l’obser- vation de ces sinistres, on attend toujours la reconnaissance de catastrophe naturelle, déplore Alain Galliot. Ce type de sinistre ne fait pas de bruit à l’inverse d’un orage de grêle mais c’est
bien une catastrophe naturelle silencieuse qui se déroule !” pointe le référent de l’association qui compte 70 adhérents. Elle propose l’appui d’experts exté- rieurs, donne des conseils sur les façons de déclarer son sinis- tre à l’assurance. Les bénévoles ont tenu une réunion d’infor- mation en mai dernier à Morre et invité un expert ainsi que des
l’été” espère Alain Galliot qui ne compte pas son temps pour répondre et conseiller bénévo- lement des habitants inquiets. “Il faut en parler ! Certains maires ont même refusé d’enre- gistrer les déclarations de leurs administrés au motif que cela allait faire de lamauvaise publi- cité ! Nous demandons leur appui” réclame le référent. En janvier dernier, Besançon a incité ses administrés à déposer leur dossier. 57 Bisontins se sont manifestés. La Ville a adressé sa demande le 14 mars au ser- vice interministériel de Défense
et de Protection civile de la pré- fecture du Doubs. “Cette dernière attendait le rapport annuel de Météo France nécessaire à l’ana- lyse du dossier qui devait être rendu enmai, rapporte le service des Affaires juridiques et assu- rances à Besançon. Il est fort probable, compte tenu du nombre important de dossiers à instruire à l’échelle nationale, que la publi- cation de cet éventuel arrêté n’ait lieu qu’à l’automne.” Si la commission émet un avis
favorable, et après la publication de l’arrêté interministériel reconnaissant l’état de catas- trophe naturelle, les assurés victimes disposeront alors d’un délai de 10 jours au maximum après la date de publication de l’arrêté, pour faire valoir leurs droits, c’est-à-dire déclarer les dommages matériels qu’ils ont subis. Les indemnisations inter- viendront dans la limite des garanties souscrites. n E.Ch.
spécialistes du bâtiment. Conso- lider une maison touchée par les fissures est tech- niquement réali- sable mais très coûteux. À quand la recon- naissance d’état de catastrophe naturelle pour le Doubs ? Seul le préfet a la réponse. “Peut- être à la fin de
57 Bisontins se sont manifestés, 52 à Morre.
Association “Les Oubliés de la sécheresse” : Alain Galliot au 03 81 81 25 59
L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
UN ÉTÉ SUR LES PAS DE COURBET
l Ornans Musée Courbet Pei-Ming-Courbet, le face-à-face inédit Au musée Courbet, une confrontation inédite entre les œuvres du peintre de la Vallée de la Loue et celles de l’artiste contemporain Yan Pei-Ming. Un des temps forts de l’été culturel dans notre département. On fête tout l’été le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, né à Ornans le 10 juin 1819. Le Département du Doubs consacre au maître d’Ornans tout un programme autour du temps fort qu’est l’exposition Yan Pei-Ming face à Courbet, à admirer jusqu’au 30 septembre. Focus sur une figure majeure de la peinture française.
Une quinzaine de toiles de Yan-Pei Ming et une vingtaine d’œuvres de Courbet sont à découvrir.
C’ est une exposition d’intérêt national labellisée par le ministère de la Cul-
paysages et animaux - si chers au peintre franc-comtois. “En liant leurs histoires et trajectoires respectives, Yan-Pei Ming joue avec Courbet une partition à qua- tre mains” résume Frédérique Thomas-Maurin, la conservatrice du musée Courbet. Si la filiation entre Courbet et Ming ne s’impose pas de prime abord, l’artiste d’origine chinoise a toujours nourri une fascination pour lemaître d’Ornans.“Quand j’étais petit, j’ai découvert Cour- bet à travers des reproductions en noir et blanc publiées dans les journaux chinois. Je ne connaissais que ça de lui et j’ai dû attendre mon arrivée en France pour découvrir cet artiste dans toute son ampleur” confie Yan-Pei Ming. Tout aussi fascinant sont les deux portraits que Ming a réa-
ture qui est donnée de voir aux visiteurs tout l’été au musée Courbet d’Ornans.Yan Pei-Ming et Courbet, a priori , aucun lien
ni rapport entre le maître d’Or- nans et l’artiste contemporain d’origine chinoise qui a élu domi- cile à Ornans le temps d’une résidence, sinon que tous deux donnent dans le figuratif. Et pourtant, au gré des salles du musée on découvre que le face- à-face a du sens. Entre cette œuvre de Courbet, “L’homme blessé” et celle de Ming, tout en douleur. Entre le portrait de la mère de Ming jeune et celui de Juliette, la sœur de Courbet. Ou encore ce prisonnier de Courbet qui dialogue avec un oncle aveu- gle de l’artiste contemporain. Et même ce tigre de Yan-Pei Ming ne détone pas à côté du veau de Courbet. Ce face-à-face inédit offre donc une surprenante variation autour des thèmes classiques de la peinture - nus, portraits,
lisés dans l’atelier historique du peintre Courbet à l’entrée d’Or- nans, que le Conseil départe- mental a racheté et rénové, puis mis à disposition de Ming pour une résidence d’artiste. Y sont exposés côte à côte, grand format, un portrait de Courbet l’année de sa mort à 58 ans et un auto- portrait de Ming qui a cette année 58 ans… “Il est mort à 58 ans, j’ai aujourd’hui 58 ans et je suis bien vivant… La peinture de Courbet, c’est une peinture directe, lamienne aussi” compare Yan-Pei Ming pour qui l’acqui- sition de l’atelier de Courbet par le Département est “un geste politique fort. Comme celui
d’avoir ramené le cercueil de Courbet dans sa ville natale il y a cent ans. Pour les 200 ans de la naissance de Courbet, le Département a eu une vision très lointaine” se félicite l’artiste qui sourit : “C’est très rare d’avoir proche d’un musée consacré à un artiste, l’atelier dans lequel il a travaillé. Habituellement, les ateliers sont transformés en lofts…” Au musée, cette exposi- tion du bicentenaire donne à voir une quinzaine de toiles de Yan-Pei Ming et une vingtaine d’œuvres de Courbet.Malgré les six générations qui les séparent, la connivence est bien là. n J.-F.H.
Exposition Yan Pei-Ming face à Courbet Jusqu’au 30 septembre Musée Courbet à Ornans www.musee-courbet.fr
L’artiste a également créé dans l’atelier historique de Courbet que le Département a racheté et rénové à Ornans.
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
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l Exposition Des dialogues intimes Le duo qui fait sens Une quinzaine de toiles du peintre contemporain s’affichent en vis-à-vis de celle du maître du réalisme. Le dialogue très harmonieux est pourtant séparé de six générations.
Yan Pei-Ming joue une partition à quatre mains avec Courbet autour de peintures animalières, de paysages et de portraits intimes.
D ans la manière d’être et de peindre, bien des points com- muns rassemblent les deux artistes. Un geste large et sûr, un attrait pour les grands formats et les sujets classiques (portraits, pay- sages, animaux…) “Yan Pei-Ming a défendu tout au long de sa carrière la peinture traditionnelle. À son arrivée en France dans les années quatre-vingt, il va persister dans cette voie passée de mode. Ce sont des gens en dehors du système” , souligne Frédérique Thomas- Maurin, conservatrice du musée Cour-
bet. L’artiste franco-chinois, qui vit aujourd’hui à Dijon, notamment célèbre pour ses immenses portraits mono- chromes de Mao et d’Obama, a été très tôt fasciné par Courbet, qu’il qualifie de “peintre des peintres.” “Toutes les personnes qui font de l’art en Chine le connaissent” , précise-t-il. “Il est surtout présenté comme un artiste révolution- naire, pour son engagement lors de la Commune de Paris.” C’est seulement une fois en France que Yan Pei-Ming redécouvrira l’ensemble de son œuvre
L’exposition d’Ornans est
labellisée d’intérêt national.
cohabitent avec deux crocodiles. Un clin d’œil provocateur comme dans les nombreux autres duos de peintures animalières présentés, où les proies font face aux prédateurs. Des dialogues intimes se nouent aussi au contact des portraits des proches de l’artiste (son grand-père, sa mère et son oncle) mis en regard du père et de la sœur de Courbet. Mais aussi à l’évocation de la terre natale, avec l’op- position de l’urbanité de Shanghai au “Chêne de Flagey”.
et ses grands formats, tels que “L’en- terrement à Ornans” ou “L’atelier du peintre”. “Il faut voir ces œuvres en vrai, elles sont d’une picturalité éton- nante.” Quand on lui a proposé cette exposition en face-à-face au musée d’Ornans, l’ar- tiste n’a donc pas hésité longtemps, imposant pour seule condition de pou- voir résider et travailler dans l’atelier de Courbet. Il s’est consacré durant plusieurs semaines d’avril à la réali- sation de quelques toiles. Un petit nom- bre ont été créées spécifiquement pour l’exposition, les autres ont été peintes antérieurement et sélectionnées par l’artiste. Ainsi, Yan Pei-Ming a-t-il choisi de faire dialoguer sa “Colonne Vendôme” déboulonnée à “l’Autoportrait à Sainte- Pélagie” de Courbet, éclairant la cause et la conséquence de son exil. Ailleurs, le renard blessé de Courbet fait face à des tigres rôdant dans la forêt, et les femmes nues enlacées du “Sommeil”
Les personnalités forte- ment engagées des deux hommes se précisent, enfin, au fur et à mesure des salles : “la femme au podoscaphe” peinte en 1865 par Courbet trou- vant un écho dans l’ac- tualité avec la représen- tation d’un bateau en pleine mer, semble-t-il rempli demigrants. Cette
“Le peintre des peintres.”
exposition montre, s’il le fallait, que le prodige comtois est toujours vivant et qu’il reste une référence pour les artistes d’aujourd’hui. n S.G.
La cohabitation des deux peintres se poursuivra après Ornans, en octobre au Petit Palais à Paris, puis au Musée d’Orsay avec notamment, “Un enterrement à Shanghai”.
l Ornans En cours de restauration L’atelier de Courbet,
une future résidence d’artistes Contraint à l’exil après la Commune, le peintre comtois qui ne se réinstallera jamais dans son dernier atelier, y est aujourd’hui de retour sous la forme d’un portrait signé Yan Pei-Ming.
L’ enfant du pays a repris sa place. Un grand portrait (de 120 sur 150 cm), réalisé d’après un cliché pris avant samort à 58 ans, trône dans son atelier, marquant symboliquement sa présence. L’artiste Yan Pei-Ming a souhaité lui rendre cet hommage lors de sa rési-
dence. Un volet de l’exposition qui le fait dia- loguer avec le peintre comtois (lire par ailleurs) se trouve présenté au sein même de l’atelier.Le portait de Courbet côtoie sur place un autoportrait de l’ar- tiste français d’origine chinoise, lui aussi âgé de 58 ans, ainsi que deux
autres œuvres. Pour les découvrir, le visiteur sera donc invité à y pénétrer. Situé non loin du musée, l’atelier est resté fermé durant plusieurs années. D’extérieur, le bâti- ment se montre plutôt ordinaire. C’est en fait une ancienne fonderie que Cour- bet a achetée en 1860 et qu’il a fait aménager, après avoir nourri un premier projet de construction en entrée de ville. Avant cela, le peintre était contraint de travailler dans le grenier aménagé de lamaison des grands-parents mater- nels, étroit et mal éclairé, si bien qu’il trouvait souvent refuge chez Marcel Ordinaire àMaisières. Ce nouveau lieu lui offrira un cadre adéquat pour sa peinture de 1860 jusqu’à son exil en Suisse. Il sera pillé par l’armée prus- sienne en 1871. Puis, sa sœur, Juliette, y entreprendra la construction d’une extension après son décès pour exposer les œuvres de son frère, et l’édifice sera finalement racheté quelques années plus tard par un négociant en vin, Casi- mir Marguier. Une ancienne activité commerciale dont on retrouve encore
Gustave Courbet vécut et travailla dans cet atelier de 1860 jusqu’à son exil en Suisse en 1873.
aujourd’hui la marque sur la façade. Le Département du Doubs, qui avait racheté l’atelier aux descendants en 2008, vient d’acquérir à son tour la maison attenante. “Une réflexion est en cours pour définir l’usage des lieux” , précise Jean-Pierre Breuillot, architecte départemental. “L’une des orientations est l’aménagement en résidence d’ar- tistes.” Yan Pei-Ming était le tout premier à l’investir. Il y a trouvé un espace propice
à la création, quasiment resté en l’état depuis 1873 avec des peintures murales de Courbet comme ces hirondelles et deux paysages. Après une première intervention sur le plancher, il reste encore beaucoup à faire pour restaurer l’ensemble. Pour l’heure et jusqu’à la fin de l’exposition, plusieurs visites y seront organisées chaque jour (sur réservation obligatoire au musée). n S.G.
Yan Pei-Ming a trouvé dans cet atelier un espace propice à la création.
ÉVÉNEMENT L’ÉVÉNEMENT
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
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l Patrimoine Ornans célèbre son peintre Un chemin pour l’histoire Début juin, la Ville d’Ornans a inauguré un sentier mémoriel, menant du musée Courbet jusqu’à la tombe du peintre. Le président de la République a souhaité lui-même le découvrir lors de sa venue le jour du bicentenaire.
Sur la tombe de Gustave Courbet lors de l’inauguration
le 1 er juin (photo A. Vallet).
Emmanuel Macron qui a parcouru le cheminement Courbet lors de sa visite le 10 juin dernier (photo F. Grosperrin).
L a visite s’est faite en délégation restreinte, ajoutée à la décou- verte présidentielle du musée Courbet et de son atelier, comme un hommage rendu à la mémoire du peintre. C’est d’ailleurs précisément dans ce but qu’a été créé ce cheminement. “Nous avons conçu ce tracé en reconnaissance à Gustave Courbet et à son attachement à Ornans” , explique le maire, Sylvain Ducret. “On souhaitait que ce bicentenaire ne soit
pas une fin en soi, mais une continuité dans le rayonnement de Courbet. Ce sentier restera dans le temps.” La Ville n’a pas hésité à investir 190 000 euros dans le projet. Aussi bien adressé aux habitants d’Or- nans qu’aux touristes, le parcours débute dumusée, place Robert-Fernier, et longe une partie de la cour d’école pour rejoindre l’avenue du Maréchal Juin, non loin du cimetière où le cercueil de Courbet ne sera accueilli que 42
ans après son décès en Suisse en 1877. Certains y trouveront l’occasion rêvée d’un pèlerinage sur sa tombe, recon- naissable grâce à un rocher brut entouré de chaînes noires. “Les deux sites sont séparés de 300 m à vol d’oiseau mais le parcours inclut une petite ascension d’escaliers à l’ombre des arbres. Pour en faciliter l’accès, nous avons donc créé un parvis avec un banc à mi-chemin” , précise le maire. Celui-ci a été dédié à Gaston Delestre, cheville ouvrière de l’institut Courbet. Tandis qu’un peu plus haut a été sculp- tée une œuvre monumentale par un autre artiste ornanais : Gustave Lafond. Les admirateurs de Courbet reconnaî- tront sans difficulté le célèbre tableau de “l’Enterrement à Ornans”, que l’ar- tiste a choisi ici de réinterpréter. Une belle idée, tout comme ce cheminement au grand air que Courbet aurait typi- quement apprécié. n S.G.
Le président de la République aurait particulièrement apprécié la sculpture de Gustave Lafond.
l Flagey Léon Isabey, l’architecte de Courbet Flagey célèbre aussi son hôte La ferme familiale de la famille Courbet située à Flagey, à une dizaine de kilomètres d’Ornans, sert également d’écrin à des expositions. C’est également un café littéraire et un jardin où il fait bon savourer le temps qui passe.
R achetée par le Conseil départemental il y a dix ans, la Ferme de Flagey est devenue grâce à ses expositions tempo- raires et son café littéraire un lieu d’exposition à part entière. Située au centre du bourg de Flagey, sur le premier plateau au-dessus d’Ornans, la bâtisse était la propriété de la famille paternelle de Gustave Courbet, une ancienne exploitation agri- cole de la famille du peintre, acquise, restaurée et ouverte au public par la collectivité dépar- tementale à partir de 2009.
Chris Liardon est responsable de la pro- grammation culturelle de la Ferme de Flagey.
12 000 curieux viennent en moyenne chaque année y décou- vrir les expositions ou siroter un café dans les canapés moel- leux du Café Juliette. Une fré- quentation insuffisante cepen- dant pour faire tourner les
de Flagey accueille en général deux expositions temporaires par an, plus 45 événementiels : concerts, conférences, pièces de théâtre, ateliers d’art plastique” indique Chris Liardon, le res- ponsable de la programmation de la Ferme Courbet. Pour cet été anniversaire, la Ferme de Flagey accueille l’ex- position “Courbet-Isabey, le pein- tre et l’architecte”, jusqu’au 3 novembre. “Léon Isabey était un architecte originaire de Besan- çon que Courbet a rencontré en 1855. Suite au refus du salon des beaux-arts d’exposer son
chambres d’hôtes qui avaient ouvert ici, fermées depuis l’an dernier faute de rentabilité suf- fisante. Elles ser- vent désormais à y héberger des artistes en rési- dence. “La Ferme
“Courbet et Isabey ont fini par se brouiller.
se brouiller quand le peintre a demandé à l’architecte de lui faire les plans de son atelier à Ornans. Isabey a rendu un projet qui selon Courbet détonnait com- plètement avec l’architecture de la vallée de la Loue, et surtout beaucoup trop onéreux.” D’autres rendez-vous culturels viendront ponctuer la saison estivale à la Ferme de Flagey pour célébrer le bicentenaire. Notamment du jazz les 12, 13 et 14 juillet, et des expositions, ateliers d’initiation et animations musicales les 27 et 28 juillet dans le cadre du Courbestival 2019.Toutes les programmations du bicentenaire sont à retrouver sur www.musee-courbet.fr n J.-F.H.
Avec cet épisode, c’est la première fois en France qu’un peintre exposera seul en dehors des ins- tances officielles et hors de son propre atelier. L’exposition de Flagey donne à voir une reconstitution de l’ac- crochage des toiles de Courbet dans ce pavillon du réalisme tandis qu’une autre section du parcours est consacrée à l’expo- sition universelle de 1867 pour laquelle Courbet demande à nou- veau à Isabey de lui construire un pavillon, en pierres cette fois- ci. L’exposition de Flagey est complétée par un fonds de lettres inédites sur la construction du pavillon de 1867, issues des col- lections de l’Institut Courbet. “Courbet et Isabey ont fini par
tableau “L’atelier du peintre”, Courbet décide alors de créer sa propre salle d’exposition. Il passe commande à l’architecte Isabey qui lui réalisera son pavillon du réalisme à Paris, avenue Mon- taigne” raconte Chris Liardon.
Le jardin, comme le Café
Juliette sont propices à la détente et à la flânerie.
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10 DOSSIER BESANÇON
La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
La Communauté urbaine mise sur le hand
SPORT
La bataille des subventions Fallait-il aider financièrement le B.F. Football, en déficit ? Vif débat autour de l’attribution d’une subvention exceptionnelle de 25 000 euros attribué au Besançon foot (B.F.), un club fort sportivement, faible financièrement. Le Racing Besançon se sent écarté.
les dirigeants bisontins ont appris à construire des budgets prévisionnels réalisables. Cet épisode remet sur le tapis une poli- tique sportive communale qui n’a jamais su ou pu trancher en imposant, comme Dijon l’a fait en son temps, un club unique de football. “On a poussé fortement à la fusion mais elle ne s’est pas faite” rappelle Abdel Ghezali. C’est validé l’octroi de subventions supplé- mentaires aux deux clubs de handball. Un coup de pouce à 135 000 euros de la Communauté urbaine. Cette décision devait encore être entérinée par tous les élus du Grand Besançon lors du conseil communautaire du 27 juin. “C’est un effort significatif pour le hand- ball, juge Jean-Yves Pralon, vice-pré- sident chargé des sports. Les autres disciplines comme le football ne sont pas concernées par les subventions de la communauté urbaine car nous P arce que les deux disciplines contribuent au rayonnement de l’Agglomération, le bureau a
en effet le district le 29 mai qui a balayé les espoirs d’un regroupement B.F.- Racing au motif que le B.F. était trop endetté. Dommage. Un club a disparu du paysage footballistique : celui de Planoise. Quant au S.C. Clemenceau, il est en redressement judiciaire. Le ballon ne tourne pas toujours rond à Besançon. n E.Ch. Ainsi, L’E.S.B.-F. qui évoluera en L.F.H. et en Coupe d’Europe l’année prochaine voit son aide de l’Agglomération passer de 45 000 à 120 000 euros en plus des 390 000 euros de la Ville. En cas de finale européenne, le club recevra 55 000 euros supplémentaires de l’Ag- glo, 50 000 de la Ville et 25 000 par match aller-retour disputé. Les garçons du G.B.D.H. retrouvent de leur côté la Pro D2. L’aide de l’Agglo passe de 20 000 à 70 000 euros en plus des 380 000 euros de la Ville. n estimons que le handball à ce niveau contribue au rayonnement de notre territoire.”
I ls ne s’apprécient guère sur le terrain. Ils s’apprécieront encore moins en coulisses. Adversaires sur les pelouses de Nationale 3, les deux clubs bisontins du Racing et du B.F. se retrouvent en oppo- Les autres clubs l Palente-Orchamps (handball) Le club après une magnifique saison atteint la 2 ème division. Il jouera au Palais des Sports. Sa subvention passe de 45 000 à 100 000 euros. Basket Le BesAc s’est maintenu en Nationale 1 tout en parvenant à mobiliser des partenariats privés pour boucler son budget. La Ville a décidé d’ajouter 50 000 euros d’aides aux 180 000 euros alloués. Une aide qui comble notamment la faiblesse des infrastructures : le BesAc ne disposait pas de salle V.I.P. d’après- match. Un partenariat avec le Lycée Ledoux lui permettra cette saison de bénéficier d’un espace supplémentaire pour accueillir ses sponsors après les matches. Les féminines du B.B.C. évo- lueront en N1 pour une subvention éta- blie à 21 000 contre 35 000 la saison passée. Rugby L’Olympique Bisontin descend au niveau régional. Sa subvention passe de 47 000 à 10 000 euros. L’équipe féminine engagée en Fédérale 1. Volley-ball L’équipe masculine du B.V.B. descend en N3 et passe de 27 000 à 23 000 euros d’aide. l l l
sition sur l’attribution des subven- tions. Rétrogradé administrativement en Régionale 1 pour raison financière (N.D.L.R. : il a fait appel de cette déci- sion), le B.F. Football s’est vu accorder lors du conseil municipal du 20 juin une aide exceptionnelle de 25 000 euros (en plus des 90 000 euros de contrat de développement). Ce montant devrait lui permettre de présenter auprès de la D.N.C.G. un dossier lui donnant le droit de rester en N3. Sauf que l’aide pourrait compromettre l’avenir du Racing en N3. Sain financièrement, le Racing s’est maintenu de justesse mais son destin est lié à celui de Jura Sud, qui, s’il descend en N3, condamnerait le Racing à la R1. Vu de ce club, l’im- pression est la suivante : la Ville aide un “mauvais élève” et condamne l’autre. Le foot à Besançon n’a jamais été très simple à suivre. À la question de savoir s’il fallait ren- flouer une partie des caisses du B.F., Ludovic Fagaut (Les Républicains) pense que non : “ Avec cette décision, la Ville met deux clubs en opposition. Je disais oui au projet de fusion entre ces deux clubs et non à l’accompagne- ment d’un déficit. En faisant cela, la Ville condamne le Racing” commente l’élu d’opposition qui a demandé lors du conseil du 20 juin que le vote soit repoussé en attendant les décisions sportives de la Fédération. Il n’a pas été entendu. Son collègue Jacques Grosperrin assure “qu’il faut sauver le soldat B.F.” L’adjoint aux sports à l’origine de cette subvention exceptionnelle se savait attendu au coin du stade : “Si on a pris cette décision, c’est uniquement pour les jeunes, se défend Abdel Ghezali. Si demain le B.F. arrête, que fait-on des 670 licenciés ? C’est pour eux qu’on le fait” argumente-t-il. “Rien n’empêche
le B.F. d’être en R1 et de garder ses jeunes” répond Ludovic Fagaut. Les souvenirs de l’épisode de feu le
B.R.C. sont encore dans toutes les mémoires. La Ville avait versé en l’es- pace de quatre ans entre 2009 et 2012, près de 500 000 euros pour sauver un club. Jean- Louis Fousseret avait alors promis que laVille n’épongerait plus les dettes sans garanties. Depuis, il faut l’avouer,
La fusion entre les deux échoue au dernier moment.
Le B.F. et le Racing (en rouge), en mars, s’étaient quittés sur un score nul dans le championnat de N3 (photo Racing Besançon).
LUTTE
Où va le sport individuel de haut niveau ? Il manque 15 000 euros au C.P.B., le club se rétrograde
I l manquait 15 000 euros au club bisontin pour repartir en D1. Le cercle pugilistique de Besançon (C.P.B.) a demandé de l’aide parce qu’il a toujours été sérieux financièrement et sportivement. Le Départe- ment du Doubs était prêt à l’aider mais la Ville de Besançon n’a pas répondu dans les temps. En bon père de famille, le Président a
décidé de ne pas inscrire son équipe phare en D1 la mort dans l’âme pour éviter de mettre à mal les finances du club. Un crève-cœur. “Il nous manquait 15 000 euros pour repartir. Je ne voulais pas que mes compétiteurs enchaînent les matches au motif que nous ne sommes pas assez, puis qu’ils se bles- sent” commente le président Max Tudezca déçu.
Le C.P.B. a formé de grands champions, conduit plu- sieurs athlètes aux J.O. dont Ghani Yalouz. Il est aidé financièrement à hauteur de 42 000 euros dans le cadre du contrat de déve- loppement sportif et maté- riellement lors de l’organi- sation de compétition. “42 000 euros, ce n’est pas rien d’autant que l’on aide déjà le club sur des mani-
festations. On peut étudier une aide si nous ne sommes pas la seule collectivité à y aller” résumait l’adjoint bisontin aux sports peu avant que le C.P.B. ne donne sa décision. Les meilleurs lutteurs du C.P.B. à l’image de Rassoul Altamirov vont quitter le navire. Le sport de haut niveau individuel à Besançon n’est-il pas assez soutenu ? n
Le président du C.P.B. Max Tudezca (photo archive L.P.B.).
BESANÇON
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La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019
JUSTICE
En attendant la cour de cassation La colère et l’incompréhension des victimes du Docteur Péchier L’anesthésiste de Besançon est libre mais
sous contrôle judiciaire. Pour les victimes et leurs familles, la décision de la Cour d’appel de Besançon a toujours du mal à passer.
Lac. Lundi 17 juin, le Parquet général a décidé de se pourvoir en cassation, s’opposant ainsi à la Cour d’appel de Besançon qui, quelques jours plus tôt, après quatre heures d’audience et de délibéré, faisait le choix de laisser libre le prévenu mais sous contrôle judiciaire (N.D.L.R. : il l’est depuis le mois de mars 2017 et sa première mise en examen). Pour la deuxième fois, le Docteur Péchier a échappé à l’incarcération. Par ce pourvoi en cassation, le Parquet suit les victimes, consti- tuées partie civile. Elles récla- ment le placement en détention provisoire du Docteur Frédéric Péchier qui clame son innocence. “Nous avons toujours respecté les décisions de justice. Mais quand il y a eu la révélation des 17 nouveaux cas, nous avons trouvé aberrante, voire cho- quante, la position de la Cour d’appel de laisser le Docteur Péchier en liberté mais sous contrôle judiciaire. Nous étions presque certains qu’il serait placé en détention provisoire. On se demande comment cette décision a été prise ?” s’interroge
C’ est un nouveau rebon- dissement dans l’af- faire du Docteur Fré- déric Péchier, l’anesthésiste de Besançon soup-
çonné d’être l’auteur dans l’exer- cice de ses fonctions de 24 empoi- sonnements dont 7mortels. L’un d’eux a coûté la vie à une jeune quinquagénaire de Villers-le-
Étienne Manteaux, le
procureur de la République de Besançon (au centre) a estimé que l’anesthé- siste est le “dénominateur commun” des
Repères Les victimes lancent un appel à la solidarité
L’ association Avapolvi a lancé un appel aux dons sur une plateforme parti- cipative en ligne leetchi.com. Elle espère ainsi obtenir des fonds qui l’aideront à financer les “frais financiers engendrés par l’ampleur de la procédure (avocats, demandes d’exper- tises complémentaires, durée de la procédure…). Après les souffrances endurées lors des incidents inexpliqués (E.I.G.)
dont nous avons été victimes, après le traumatisme suite à l’annonce des homicides par empoisonnements, nous devons subir une procédure longue et coûteuse pour atteindre la vérité. Nous avons besoin de votre aide” signe l’association des victimes de l’affaire Péchier. Dans ce dossier, le chemin vers la vérité espérée a aussi un prix. Renseignements sur leetchi.com n
17 nouveaux empoisonne- ments.
sentiment de colère et d’incom- préhension face à cette situa- tion. “Pour nous, c’est la double peine. On ne sait même pas quand peut se tenir un procès. Des personnes pensent encore qu’il est innocent, qu’il n’y a pas de preuves. Mais c’est comme les pièces d’un puzzle. Il faut les assembler pour qu’apparaisse la vérité. Nous sommes intime-
Sandra Simard, l’une des vic- times, qui a été réanimée suite à un empoisonnement au potas- sium. Elle est membre de l’Avapolvi (Association des victimes des anesthésies à la clinique Saint- Vincent et Polyclinique de Franche-Comté) qui réunit 25 personnes. La plupart d’entre elles partagent désormais un
ment persuadés qu’il est coupa- ble. Nous n’arrivons plus à don- ner du crédit à la présomption d’innocence que nous respections au début de cette affaire” recon- naît Sandra Simard. Elle essaie malgré tout de prendre du recul en attendant la décision de la Cour de cassation, et peut-être un procès d’ici trois ans. n T.C.
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