La Presse Bisontine 211 - Juillet-Aout 2019

BESANÇON

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La Presse Bisontine n°211 - Juillet-août 2019

JUSTICE

En attendant la cour de cassation La colère et l’incompréhension des victimes du Docteur Péchier L’anesthésiste de Besançon est libre mais

sous contrôle judiciaire. Pour les victimes et leurs familles, la décision de la Cour d’appel de Besançon a toujours du mal à passer.

Lac. Lundi 17 juin, le Parquet général a décidé de se pourvoir en cassation, s’opposant ainsi à la Cour d’appel de Besançon qui, quelques jours plus tôt, après quatre heures d’audience et de délibéré, faisait le choix de laisser libre le prévenu mais sous contrôle judiciaire (N.D.L.R. : il l’est depuis le mois de mars 2017 et sa première mise en examen). Pour la deuxième fois, le Docteur Péchier a échappé à l’incarcération. Par ce pourvoi en cassation, le Parquet suit les victimes, consti- tuées partie civile. Elles récla- ment le placement en détention provisoire du Docteur Frédéric Péchier qui clame son innocence. “Nous avons toujours respecté les décisions de justice. Mais quand il y a eu la révélation des 17 nouveaux cas, nous avons trouvé aberrante, voire cho- quante, la position de la Cour d’appel de laisser le Docteur Péchier en liberté mais sous contrôle judiciaire. Nous étions presque certains qu’il serait placé en détention provisoire. On se demande comment cette décision a été prise ?” s’interroge

C’ est un nouveau rebon- dissement dans l’af- faire du Docteur Fré- déric Péchier, l’anesthésiste de Besançon soup-

çonné d’être l’auteur dans l’exer- cice de ses fonctions de 24 empoi- sonnements dont 7mortels. L’un d’eux a coûté la vie à une jeune quinquagénaire de Villers-le-

Étienne Manteaux, le

procureur de la République de Besançon (au centre) a estimé que l’anesthé- siste est le “dénominateur commun” des

Repères Les victimes lancent un appel à la solidarité

L’ association Avapolvi a lancé un appel aux dons sur une plateforme parti- cipative en ligne leetchi.com. Elle espère ainsi obtenir des fonds qui l’aideront à financer les “frais financiers engendrés par l’ampleur de la procédure (avocats, demandes d’exper- tises complémentaires, durée de la procédure…). Après les souffrances endurées lors des incidents inexpliqués (E.I.G.)

dont nous avons été victimes, après le traumatisme suite à l’annonce des homicides par empoisonnements, nous devons subir une procédure longue et coûteuse pour atteindre la vérité. Nous avons besoin de votre aide” signe l’association des victimes de l’affaire Péchier. Dans ce dossier, le chemin vers la vérité espérée a aussi un prix. Renseignements sur leetchi.com n

17 nouveaux empoisonne- ments.

sentiment de colère et d’incom- préhension face à cette situa- tion. “Pour nous, c’est la double peine. On ne sait même pas quand peut se tenir un procès. Des personnes pensent encore qu’il est innocent, qu’il n’y a pas de preuves. Mais c’est comme les pièces d’un puzzle. Il faut les assembler pour qu’apparaisse la vérité. Nous sommes intime-

Sandra Simard, l’une des vic- times, qui a été réanimée suite à un empoisonnement au potas- sium. Elle est membre de l’Avapolvi (Association des victimes des anesthésies à la clinique Saint- Vincent et Polyclinique de Franche-Comté) qui réunit 25 personnes. La plupart d’entre elles partagent désormais un

ment persuadés qu’il est coupa- ble. Nous n’arrivons plus à don- ner du crédit à la présomption d’innocence que nous respections au début de cette affaire” recon- naît Sandra Simard. Elle essaie malgré tout de prendre du recul en attendant la décision de la Cour de cassation, et peut-être un procès d’ici trois ans. n T.C.

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