Le Doubs Agricole 45 - Mars 2025

r é a c t i o N

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I ls ont attendu la fermeture du S.I.A. pour réagir à la loi d’orien tation agricole votée juste avant le salon par le Parlement. Les écologistes de la région, représentés par évelyne Poix et Phi lippe Chatelain en Franche-Comté, voient en cette L.O.A. “une opportunité manquée pour avoir enfin une politique agricole rému nératrice et durable” dans un contexte où pour trois agriculteurs qui partent, un jeune s’installe. Pour eux, cette nouvelle loi ne fait qu’accentuer les erreurs du passé. Ils s’expliquent. “Au lieu d’of frir une réponse ambitieuse et attendue (85 % des paysans sont prêts à se lancer dans la transition environnementale), pour un sec teur de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques, elle préfère “simplifier” quitte à ce que l'écologie soit sacrifiée. Un contresens historique dans la lignée des politiques menées par les gouverne ments successifs, qui, en préférant un productivisme intensif expor tateur à la concurrence mondialisée, ont offert des marchés acca parés par quelques-uns, ont précarisé la majorité des agriculteurs, ont vidé les campagnes de leurs paysans (2/3 des exploitations ont disparu en 40 ans dont 50 % ces 25 dernières années), ont dégradé les sols (60 à 70 % des sols européens sont en mauvai se santé), l’eau et détruit la biodiversité.” Pour les écologistes locaux, le gouvernement n’a pris aucun de ces enjeux à bras-le-corps : trop faibles revenus (16 % des ménages agricoles sous le seuil de pauvreté, 1 suicide tous les 2 jours), prix plan chers rémunérateurs, endettement croissant, problèmes de trésorerie, fermes qui disparaissent… “Les pro blèmes de revenu et de prix, causes profondes de la crise du secteur restent sans réponse” estiment ces derniers. Enfin selon les défenseurs de l’écologie, le gouvernement ne s’at taquerait pas pleinement à la question du renouvellement des géné rations, sachant que d’ici dix ans, plus d’un tiers des paysans seront en âge de partir à la retraite. Ils ne voient dans la nouvelle L.O.A. aucun objectif contraignant ni mesures fortes permettant de régu ler le foncier agricole, de limiter l’agrandissement, de lutter contre l’accaparement et de faciliter l’accès au foncier pour la transmis sion et l’installation. Ils ne voient enfin rien dans la loi pour proté ger les agriculteurs face aux accords de libre-échange et à l’ac croissement des importations françaises qui en 25 ans, ont plus que doublé. Près de cinq millions d’hectares, soit 1/5 ème de la surface agricole actuelle, devraient changer de main d’ici 2030. “À l’aune de ce renouvellement de génération, le virage de la transition ne doit pas être manqué. Nous ne pourrons pas la faire sans des agriculteurs nombreux et valorisés économiquement et socialement. Pour cela, il est impératif de changer les règles du jeu” plaident les écologistes régionaux. n un “populisme anti-écologie” la l.o.a. votée le mois dernier ne trouve aucunement grâce aux yeux des écologistes locaux qui accusent la ministre de la‘ griculture de populisme. “Le gouvernement n’a pris aucun de ces enjeux à bras-le-corps.” Les écologistes dénoncent

stage de formation et obligation de remi se en état. J’ajoute que cela est tout à fait conforme au droit européen qui ne prévoit que de sanctionner les atteintes volontaires à l’en vironnement et qui était surtransposé jusque là. Ce n’est pas pour autant un laisser-fai

fruits dans certaines productions. En revanche, il demeure des impasses de traitement qui laissent les producteurs expo sés à des attaques de ravageurs qui rui nent les récoltes et nous exposent à des importations qui, bien souvent, utilisent les dits traitements que l’on vient d’interdire

re et un permis de détruire. Il y a toujours, dans tous les cas, l’obligation de répara tion et quand les atteintes à l’environnement sont inten tionnelles ou définitives, voi re commises par négligen ce grave, les sanctions pénales continueront à s’ap pliquer avec rigueur.

en France. C’est absurde et incompréhensible quand sur le même espace de produc tion, l’Union européenne, on autorise des substances inter dites chez nous. Les exemples de surtranspositions abon dent. Comment croire que les 26 autres états compromet traient délibérément la santé

“La France a clairement posé le principe d’une réduction des produits phytosanitaires.”

S’agissant des haies, réservoir de biodi versité, la loi simplifie et clarifie le droit pour que leur protection ou leur déplacement soit bien compris de tous et pas seulement des agriculteurs. Pour encourager leur déve loppement, nous avons inscrit 45 millions d’euros en 2025 de manière à maintenir l’ambition de planter 50 000 km de haie nets d’ici 2030. LDA : Ces mêmes associations dénon cent également une capitulation de la France concernant la réintroduction de certains pesticides. La réglementation européenne en la matière est-elle trop laxiste ? AG : La France a clairement posé le prin cipe d’une réduction des produits phyto sanitaires en agriculture. C’est pourquoi mon ministère encourage les instituts de recherche et les instituts techniques à pro poser des alternatives à l’utilisation de phy tosanitaires, qu’il s’agisse du bio-contrô le, de sélection variétale ou de changements des techniques culturales. Cela porte ses

de leurs populations ? Il n’y a rien de cho quant à s’aligner sur les autorisations euro péennes qui sont les plus exigeantes au monde. Pour autant, il y a bel et bien des substances dangereuses pour la santé. Nous devons être très vigilants au sujet des accords de libre-échange conclus avec des pays hors Union Européenne pour ne pas importer des productions traitées avec des produits que l’Europe a interdits depuis bien longtemps. LDA : Que répondez-vous enfin aux éle veurs du Haut-Doubs traumatisés par les attaques du loup ? AG : Je viens de signer le décret qui assoi ra juridiquement les tirs de défense que M. le préfet du Doubs sera amené à prendre. Ceci dit, le loup restera toujours une espè ce protégée, mais dans le strict respect de l’équilibre avec les éleveurs. On ne peut pas choisir l’un contre l’autre, il faut savoir garder raison sur cette question du loup. C’est une question d’équilibre. n Propos recueillis par J.-F.H.

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