Le Doubs Agricole 45 - Mars 2025
Hors série de la Presse Pontissalienne
CRÉDITS F.E.A.D.E.R. La Région B.F.C. toujours sous pression syndicale p. 20
HORS-SÉRIE DE LA PRESSE PONTISSALIENNE N°45
MARS 2025
La ministre Annie Genevard répond aux critiques
Le dossier en p. 12 à 18
Ensemble, cultivons & concrétisons les projets qui feront l’agriculture de demain.
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SOMMAIRE
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L es élections de chambre se succèdent et rien ne semble ébranler l’empreinte de la F.D.S.E.A.-J.A. à la gouver nance de cette instance qui accom pagne, conseille et défend les inté rêts des agriculteurs du Doubs et du Territoire de Belfort. Le niveau de mobilisation, 50,41 % de votants, n’est pas transcendant. Il baisse même de quelques points par rapport au scrutin de 2019 (53,20 %). Le seul vrai change ment concerne la Coordination rurale (C.R.) qui progresse de 7 points, passant de 16,77 % en 2019 à 24,22 %. Ce qui lui vaut d’avoir maintenant deux repré sentants au collège des “chefs d’exploitations et assimilés”. Cet te évolution se fait au détriment de la Confédération paysanne qui perd un siège. On est loin de la percée historique de la Coordination rura le sur le plan national qui a pris le pouvoir dans 14 chambres d’agri culture contre trois au mandat pré cédent. Chance ou pas, les agri culteurs du Doubs portés par la dynamique des filières A.O.P., ne sont pas les plus à plaindre. Tout le monde en convient quelle que soit la couleur syndicale. Ici, quand les agriculteurs manifestent, c’est d’abord en soutien à d'autres beau coup plus en souffrance. Non obstant peut-être ceux qui sont dans l’attente des versements des é d i t o Stabilité
ACTUALITÉ Élections à la chambre d’agriculture.
P. 6 à 8 Sans grande surprise, la liste F.D.S.E.A.-J.A. a été largement reconduite. Les trois têtes de liste ont accepté de répondre à un questionnaire commun pour nous livrer leur vision de l’agriculture départementale. LE DOSSIER P. 12 à 18 S.I.A. 2025 : l’heure de l’apaisement ? Annie Genevard a vécu - plutôt sereinement l’Agriculture. Sur place, l’ambiance plus apaisée que l’en dernier a permis aux exposants du Doubs d’exprimer l’étendue de leurs savoir-faire. Reportage sur place. GROGNE SYNDICALE P. 20 Quid des crédits F.E.A.D.E.R. ? À quelques mois de la date butoir du 30 juin marquant la fin du versement des aides de la programmation 2014-2022, le syndicat J.A. B.F.C. manifeste son mécontentement en demandant le solde des paiements. Réponse du Conseil régional. AFFINAGE P. 26 La fromagerie Petite va investir dans l’aménagement de caves d’affinage au Fort Catinat perché à 1 170 m d’altitude au-dessus de Pontarlier. ÉCONOMIE P. 34 Exportations de montbéliardes. La fermeture du marché algérien réduit de 40 % les ventes de génisses montbéliardes à l’étranger. Point de situation avec Tristan Gaiffe, le directeur d’Umotest-Coopex. TECHNOLOGIE P. 38-39 La filière bois investit dans des simulateurs de sciage. Le C.F.A.A. de Châteaufarine a fait le choix de s’équiper de trois simulateurs de sciage. - son premier salon international de l’agriculture en tant que ministre de
crédits F.E.A.D.E.R. où qui sont exposés aux attaques du loup. Les rênes de la Chambre d’agricultu re interdépartementale Doubs-Ter
ritoire de Belfort restent dans les mains de Philippe Monnet qui se succède donc à lui-même. Il en va ainsi de la démocratie agricole. n
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Le Doubs Agricole Hors-série de “La Presse Pontissalienne” Conception, rédaction, publicité et réalisation : S.A.S. Publipresse Médias Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr - www.publipresse.fr Directeur de la publication : Éric Tournoux. Directeur de la rédaction : Jean-François Hauser. Rédaction : Frédéric Cartaud, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Crédits photos : Publipresse, Xavier Ducordeaux. Impression : Est Imprim. I.S.S.N. : 1623-7641 - Dépôt légal : Mars 2025 Commission paritaire : 0227 D 79291 La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur.
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Politique agricole
DU NOUVEAU DANS LA CONTINUITÉ À LA CHAMBRE D’AGRICULTURE 25-90 avec ses filières a.o.P. en bonne santé, l’agriculture du Doubs échappe au malaise de la profession agricole qui se manifeste un peu partout dans l’Hexagone. cette situation relativement apaisée explique sans doute le résultat des élections à la chambre d’agriculture où la liste F.D.S.e.a.-J.a. est arrivée largement en tête avec 61,33 % des voix, ce qui lui vaut de conserver dans le Doubs 15 des 18 sièges du collège “chefs d’exploitations et assimilés”. rien de changé donc par rapport au mandat précédent et Philippe Monnet a largement été reconduit à la présidence. le taux de renouvellement sur les 18 sièges à pourvoir est quand même de 61,1 %. toujours dans le Doubs, la confédération pay sanne n’a plus qu’un siège occupé par Nicolas lecatre alors que la coordination rurale a désormais deux représentants, la tête de liste Nicolas Bongay et loïc contini. les trois têtes de listes se sont prêtées au jeu de l’interview croisée pour nous livrer leur vision sur les enjeux de l’agriculture départementale.
Le Doubs Agricole : Êtes-vous surpris du résultat de cette élection ? Philippe Monnet : Ce n’est pas une question de sur prise, mais plus de convictions. Nous croyons à notre agriculture organisée, et nous avons toujours cherché à être proactifs sur le renouvellement des générations et surtout à porter des projets, avec modestie et sans démagogie. Ce dynamisme peut expliquer que les élec teurs et électrices aient souhaité poursuivre dans cet te direction et nous confier ce nouveau mandat, et nous allons donc continuer à œuvrer pour préparer notre agriculture aux enjeux de demain. PM : Je le rappelle systématiquement, le renouvelle ment des générations est une priorité et le restera, dans un contexte de déclin démographique: nous avons besoin d’hommes et de femmes pour porter les pro jets ! Non seulement dans nos exploitations, mais éga lement dans nos fromageries, nos abattoirs, nos orga nismes de conseil, nos entreprises forestières… Et pour y parvenir nous devons faire preuve d’attractivité et LDA : Quelles attentes et priorités pour ce nouveau mandat ?
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F.D.S.E.A.-J.A.- PHILIPPE MONNET “Le renouvellement des générations est une priorité et le restera”
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souveraineté alimentaire!
LDA : Pensez-vous que c’est une chance pour l’agri culture du Doubs d’avoir Annie Genevard comme ministre de l’Agriculture? PPM : Quand on a un président national des J.A. ori ginaire du Doubs, qui peut porter des messages auprès du président de la République, c’est une chance. Quand on a des parlementaires investis au niveau national c’est une chance. Et quand on a une ministre de l’Agricul ture originaire du Doubs, qui connaît bien notre agri culture, ses problématiques et ses enjeux et œuvre à apporter des réponses, c’est bien sûr une chance. Mais nous savons aussi que le politique ne fait pas tout, même une ministre ne fait pas le prix du lait, et que notre action collective locale demeure le premier levier. PM : Nous constatons la forte dynamique de déve loppement du loup sur le territoire, et notre élevage local est particulièrement exposé du fait de la place essentielle du pâturage. Face à l’impact économique de la prédation et au traumatisme qu’elle cause aux éleveurs, il est urgent d’avancer dans la recherche de solutions pour atténuer les risques, faute de disposer de protections totalement efficaces. Mais en parallèle, nous n’échapperons pas à une régulation de la popu lation de loup pour que sa présence soit acceptable et supportable pour notre agriculture, dont le modèle d’éle vage est par ailleurs plébiscité par les consommateurs. n Propos recueillis par F.C. LDA: Votre position sur le risque de prédation du loup?
nous ouvrir à de nouveaux publics: hors cadres fami liaux, salariés en provenance d’autres secteurs, d’autres régions voire d’autres pays. Le défi de l’adaptation au changement climatique et de son atténuation restera évidemment au cœur de notre action, tout comme la réponse aux enjeux environnementaux. Enfin le sou tien à une économie de filières fortes dans les grandes productions, comme dans les productions émergentes ou moins représentées, qui portent un potentiel de développement et ont un rôle à jouer dans l’équilibre du territoire comme dans la résilience des exploitations. Et qu’il s’agisse de renouvellement, d’organisation des filières pour construire le revenu, de changement cli matique ou d’environnement, l’innovation au service de solutions adaptées sera indispensable. LDA: Votre point de vue sur la Loi d’Orientation Agricole? PM : Elle positionne l’agriculture comme d’intérêt géné ral majeur pour garantir notre souveraineté alimentai re, et ce n’est pas rien! Dans un monde instable, cet te souveraineté redevient essentielle et retrouve une dimension géopolitique essentielle. La L.O.A. répond
également à un certain nombre de nos demandes, et pour la Chambre d’agriculture elle permet de confor ter son rôle de guichet unique pour l’installation, avec l’enjeu de conserver une cohérence et une unité au dis positif d’aide à l’installation. LDA : Que faut-il faire ou entreprendre pour répondre au risque de pollution des eaux et à la probléma tique de la ressource en eau en agriculture? PM : Le préambule, c’est que nos effluents d’élevage sont des richesses. Nous devons les stocker dans de bonnes conditions pour les utiliser au mieux, à la bon ne dose et au bon moment, afin d’optimiser leur effi cacité agronomique, et dans le même temps réduire les risques de pollution. Accessoirement, cela condui ra à réduire encore le recours aux engrais de synthè se et de produire avec encore plus d’autonomie. En matière de ressource en eau, nous devons tenir comp te des évolutions du climat et adapter nos pratiques et nos systèmes. Il s’agit également de stocker l’eau, ce que la chambre d’agriculture accompagne depuis plu sieurs années. Stocker, c’est sécuriser le potentiel de production, et produire c’est nourrir et contribuer à la
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coorDiNatioN rurale - NicolaS BoNgay “Il est nécessaire de mieux aider les jeunes hors cadres agricoles” L e Doubs Agricole : Êtes-vous surpris ou pas du résultat de cette élection ?
Nicolas Bongay : Sur le résultat des élections, pas de surprises pour ma part. Dans le Doubs, la Coor dination rurale est en dessous de son score natio nal qui avoisine les 30 %, Dans le Territoire par contre, elle arrive à le dépasser (32 %). La pro gression locale est tout de même spectaculaire, à l’image de celle nationale. Je suis donc très satis fait de ce résultat, qui reflète plusieurs choses. La première, c’est que l’électorat se désintéresse de la politique F.N.S.E.A. niveau national, et que le travail de la Coordination rurale correspond de plus en plus aux attentes des agriculteurs. Petite remarque, l’alliance F.N.S.E.A.-J.A. passe en dessous de 50 % (48) soit 24 chacun, bien en dessous de la Coordination rurale. Reste à savoir si on continuera d’appeler la F.N.S.E.A. un syndicat majoritaire ? LDA : Quelles sont vos attentes pour ce nou veau mandat ? NB : Concernant le programme du 25-90, le fait que nous n’ayons que trois sièges, et que le mode de scrutin pour élire le bureau nous demandait de voter ce dernier avec une liste entière (hors prési dent) nous excluant du bureau, notre programme sera pour dans six ans je l’espère. LDA : Que faut-il faire ou entreprendre pour mieux répondre aux risques de pollution des eaux ? À la problématique de la ressource en eau en agriculture ? NB : Sur la préservation de la qualité de l’eau, j’ai
Nicolas Bongay, leader local de la Coordination rurale.
bien pour les cultures, mais aussi pour l’abreuve ment du bétail, et la consommation humaine.
LDA : Pensez-vous que c’est une chance pour l’agriculture du Doubs d’avoir Annie Genevard comme ministre de l’Agriculture ? NB : Je pense que d’avoir Annie Genevard com me ministre est une assez bonne chose car c'est quelqu’un d’assez à l’écoute et quelque part je ne suis pas fâché de ne plus avoir affaire à son pré décesseur. Cependant, je ne suis pas sûr que son programme soit à la hauteur de ses ambitions mais nous sommes force de propositions et nous espé rons faire avancer les choses avec elle. NB : Sur la prédation, le sujet est plus qu’inquié tant, la population lupine grandit toujours, s’étale sur les territoires, et les attaques se généralisent. Le budget loup est en grande partie financé par l’agriculture, alors que ce n’est pas l’agriculture qui veut du loup. Pourquoi celui qui prône le loup ne le finance-t-il pas, c’est insensé de faire payer une profession à qui on impose la contrainte. La bio diversité en souffre, le pastoralisme, l’agriculture de plein air également, sans parler du bien-être animal. Celui qui veut le loup n’a qu’à prendre ses responsabilités. Le moral des éleveurs n’a pas besoin de ça, en plus des problèmes sanitaires : F.C.O., M.H.E., etc. n Propos recueillis par F.C. LDA : Votre position sur les risques de préda tion du loup sur le bétail ?
LDA : Votre point de vue sur le renouvellement des générations ? NB : Il est nécessaire de mieux aider les jeunes hors cadres agricoles qui s’installent. En effet, de plus en plus de porteurs de projet ne sont pas issus du monde agricole. C’est mon cas et les difficul
une grande inquiétude sur la mesure de l’A.O.P. comté qui obligera tous les agriculteurs à attendre les fameux 200 °C. En cas de pluie comme en 2024, juste après cette période d’épan dage, les cours d’eau sont en danger. Si comme le veut ce dernier chaque exploitant épande à la même date, le risque est pour moi inconsidéré.
tés au démarrage d'une exploitation quand on va démarcher une banque sont beaucoup plus grandes que si l'exploitation vient “du papa”. Les offres de prêts, souvent ne sont pas aux mêmes tarifs et les garanties bancaires demandées également. La pénurie de renouvellement auquel l’agriculture fran çaise sera confrontée ces prochaines
“Pourquoi celui qui prône le loup ne le finance-t-il pas ?”
Sur la quantité, l’encouragement à stocker de l’eau est nécessaire, mais la complexité du montage d’un dossier (avec services payants obligatoires pour les études). De plus, les délais et appels à projet sont souvent limités dans le temps de dépôt et les enveloppes limitées, avec bien souvent des demandeurs qui ont passé beaucoup de temps, payé des études, pour ne pas être retenus pour une subvention. Stocker l’eau de l’hiver, réguler les cours d’eau doit être une priorité nationale afin de diminuer le risque d’inondations et pouvoir antici per le manque d’eau en cas de sécheresse aussi
années n’est pas une surprise, le revenu de l’agri culteur est une clé essentielle à ce défi, est pour moi, le revenu doit passer par des prix par rapport aux charges, non pas par des aides publiques que je considère comme des perfusions. Les A.O.P. de notre région préservent un peu l’agriculture de ce phénomène, mais ne seront pas suffisantes. Ouvrir les aides à l’installation à chaque candidat même peut être partiellement, me semble impor tant car la moitié des installations se font hors aide J.A., pour des raisons multiples, mais cette pro portion n'est pas normale, il faut creuser le sujet.
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coNFéDératioN PaySaNNe - NicolaS lecatre “L’alimentation locale et diversifiée est centrale”
L e Doubs Agricole : Êtes-vous surpris ou pas du résultat de cette élection ? Nicolas Lecatre : Nous attendions de meilleurs résultats mais nous conservons une représentativité dans le département. La surprise est venue de la volonté des médias de ne pas couvrir la campagne. Après une actua lité agricole en novembre et décembre exclusivement tournée vers la cou verture d’actions de dégradation de biens publics et d’agitation plus ou moins violentes des autres syndicats, nous espérions un moment démo cratique pour nous exprimer. Fermes ouvertes, supports vidéo et confé rences n’ont trouvé aucun relais. La moitié des agriculteurs de notre dépar tement n’a pas voté, cela doit inter roger. NL : Nous espérons que ce mandat sera fait de pragmatisme. Nous res terons disponibles pour construire avec tous ceux qui partagent ce point de vue. L’agriculture est dans l’im passe sur de nombreux sujets et les fausses solutions ne manquent pas : tout-chimie, robotique, panneaux solaires en plein champ, traités de libre-échange… La plupart de ces LDA : Quelles sont vos attentes pour ce nouveau mandat ?
solutions profitent à ceux qui les ven dent et non aux paysans !
solutions seront collectives, elles auront un coût, il faut une volonté partagée au-delà du monde agrico le. LDA : Pensez-vous que c’est une chance pour l’agriculture du Doubs d’avoir Annie Genevard comme ministre de l’Agriculture ? NL : M me Genevard a certainement toutes les connaissances nécessaires sur le fonctionnement de l’A.O.P. comté et son système coopératif pour s’en inspirer dans son ministère. Mal heureusement, ce n’est pas la voie qu’elle semble suivre. Par ailleurs, l’agriculture du Doubs est à bien des égards privilégiée et non représen tative des crises profondes que tra versent les agricultures d’autres régions. Nous avons une vision plus large que nos frontières départe mentales, solidaires avec les paysans de France et d’ailleurs. LDA : Votre position sur les risques de prédation du loup sur le bétail ? NL : Nous sommes avant tout pour la protection : celles des paysans et des paysannes avant tout et de leurs troupeaux. Le risque est désormais avéré et présent partout sur le terri toire national. Les tirs de défense per mettent de faire baisser la pression à un moment donné, ils ne sont pas la seule solution et encore moins à long terme. Anticiper et s’équiper dès maintenant doit être une priorité. Il faut reconnaître la protégeabilité de nos troupeaux et aider concrètement les paysans et paysannes qui sou haitent se préparer. Les paysans ne sont pas responsables de l’arrivée de ce prédateur. Comme pour le changement climatique, ils subissent, cherchent à s’adapter et à atténuer les impacts. La société doit le com prendre et accepter les moyens de protection mis en œuvre. n Propos recueillis par F.C.
LDA : Avez-vous des questions ou des suggestions à émettre par rap port aux missions et au fonction nement de la Chambre interdé partementale d’agriculture 25-90 ? NL : Les compétences des salariés de la Chambre doivent être valori sées. Nous avons besoin de déve lopper l’appui juridique pour les sta
LDA : Les chantiers, dossiers qu’il faudrait traiter en priorité ? NL : L’alimentation locale et diversi fiée est centrale. Il nous faut construi re collectivement les conditions de réussite d’un tel projet. Dans un ter
ritoire riche et fier de ses A.O.P., il nous faut encourager l’émergen ce d’un tissu dense de productions diversifiées basées sur la coopéra tion. Cela passe par une politique ambitieuse de
tuts des fermes et d’avoir des conseillers spécia lisés par exemple. La Chambre a toujours été un lieu d'échanges constructifs et de débats variés. Nous espérons qu’elle restera la maison
“L’agriculture est dans l’impasse sur de nombreux sujets.”
réserves foncières et d’accompa gnement de nouveaux porteurs de projet, pour des installations viables, vivables et soutenables. LDA : Votre point de vue sur la nou velle loi de programmation agri cole ? NL : La nouvelle loi de programma tion n’est pas à la hauteur des enjeux. C’est un brassage de vieilles recettes et de démagogie alors qu’il faut main tenant donner un nouveau cap pour une agriculture résiliente au plan cli matique et environnemental, viable économiquement et enviable socia lement.
de tous.
LDA : Que faut-il faire ou entre prendre pour mieux répondre aux risques de pollution des eaux ? À la problématique de la ressource en eau en agriculture ? Au renou vellement des générations ? NL : Nous devons tout mettre en œuvre pour préserver ce bien com mun. Parmi les pistes à mettre en œuvre : ajuster la production à ce que les milieux naturels peuvent sup porter, optimiser l’usage des équi pements et le type d’épandage, conserver les infrastructures agroé cologiques comme les haies… Les
Nicolas Lecatre, leader local de la Confédération paysanne.
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oFFice FraNçaiS De la BioDiverSité “On a le sentiment d’être les boucs émissaires de la crise agricole” Fatigués d’être pris pour cible par les agriculteurs de la coordination rurale et se sentant complètement
abandonnés par le gouvernement, les agents de l’o.F.B. de ourgogne-Franche-comté ont manifesté leur colère le 31 janvier dernier devant la préfecture à Dijon.
L a crise est profonde au sein de l’Office Français de la Biodi versité. En témoigne la très for te mobilisation sur ce mouve ment de grève national organisé dans 14 préfectures dont celle de Dijon. “Plus de 50 % de grévistes sur les 3 000 salariés de l’O.F.B. Ce taux est de 62 % au niveau des services de terrain. En Bourgogne-Franche-Com té, 82 % des agents étaient présents” , récapitule Benoît Solonel, délégué U.N.S.A.-écologie à l’O.F.B. Depuis 18 mois, l’O.F.B. est réguliè rement pris pour cible par la profes sion agricole notamment les adhé rents à la Coordination rurale. “On a également été scandalisé des pro pos tenus par François Bayrou à l’oc casion de son discours de politique PORTES OUVERTES SAMEDI 12 AVRIL 9h-13h CAP A JARDINIER PAYSAGISTE EA 4 e -3 e NOUVEAU !
générale du 14 janvier. Le Premier ministre a qualifié les contrôles des inspecteurs de l’environnement de “fautes” et d’humiliation pour les agri culteurs. On a le sentiment d’être les boucs émissaires de la crise agrico le.” Le délégué U.N.S.A.-écologie rap pelle que les agents de l’O.F.B. agis sent uniquement pour faire respec ter les lois et qu’ils ne sont pas en “faute” quand ils contrôlent des chas seurs, des randonneurs, des entre prises, des collectivités en étant armés. “On nous conseille de cacher nos armes quand on va faire un contrô le dans une exploitation agricole. Adapter le port d’arme en fonction de la nature du contrôle risque de semer la confusion. Rappelons que
Une centaine d’agents, soit 82 % des effectifs de l’O.F.B. en Bourgogne-Franche-Comté, étaient rassemblés le 31 janvier devant la préfecture de Région.
moins d’1 % des exploitations agri coles ont fait l’objet de contrôle. Au cours des trois dernières années, 180 agents de l’O.F.B. ont subi des agres sions en situation de contrôle. Il s’agit souvent d’insultes et de menaces.” Qu’en est-il des interventions de l’O.F.B. lors d’attaques de loup sur du bétail ? “On fait des constats avec les éleveurs touchés. Bien souvent, cela se passe bien et même si on ressent chez certains une usure men tale quand ils sont victimes de plu sieurs attaques. On a aussi un rôle
social.” Dans ce contexte tendu, l’intersyn dicale de l’Office Français de la Bio diversité exige notamment du gou vernement de “protéger les implantations et les personnels de l’O.F.B. contre toute agression ou attaque, quel que soit le syndicat agri cole qui en est à l’initiative.” Il est éga lement demandé “d’annuler le point 3 de la circulaire M.A.S.A.F.-M.T.C.E.P. concernant le port discret dit “insi de” de l’arme lors des contrôles sur des exploitations agricoles”. n
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L a cuisine est désormais une pièce de vie qui compte dans une maison. Elle n’est plus seulement un espace où l’on concoc te les petits plats au quotidien. Plus spa cieuse, souvent ouverte, fonctionnelle, esthé tique, elle est devenue un lieu d’échange et de partage, dans lequel on passe du temps en famil le ou entre amis. Ce n’est pas un hasard si la
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cuisine est aujourd’hui la pièce pré férée des Français, et aussi la plus rénovée ! Mais une cuisine réussie est une cuisine réfléchie qui répond aux attentes de son propriétaire. D’où l’importance de confier son projet d’agencement à des profession nels qui ont cette sensibilité. C’est
ne leur caractère et leur spécificité à nos cuisines” , soulignent Lau rent Chatelain et Corinne Roy. Avec eux, tout commence par l’écoute du client, de ses goûts, de ses besoins, de sa façon de vivre. L’échange nourrit leur réflexion. Leur expérience et leur imagination font le reste. Ils vont
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disent-ils. Cette implication leur permet de veiller au bon déroulement du projet, et à ses finitions. Une belle cuisine c’est un tout ! C’est la passion qui guide Laurent Chatelain et Corinne Roy dans leur métier qu’ils exercent en indépendant. Chaque client bénéficie de tout leur savoir-faire à un prix compétitif. n Corinne Roy et Laurent Chatelain qui est originaire du Haut-Doubs se définissent comme des éveilleurs d’idées.
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S.I.A. 2025 : L’HEURE DE L’APAISEMENT ?
chargé. Dans une ambiance plutôt joyeuse, la présidente de Région Marie-Guite Dufay n’a pourtant pas manqué de rappeler les grandes difficultés qu’a traversées le secteur agricole ces derniers mois, semblant encore traumatisée par la colère des agriculteurs de la région dans le dossier des aides F.E.A.D.E.R. “J’ai été très malheureuse de cette situation avec des dysfonctionnements de toutes parts” note-t-elle d’emblée. La présidente dit volontiers “recon naître notre part de responsabilité” tout en mettant le doigt sur “un mauvais concours de circonstances au moment du transfert de ce dossier par l’État. Toutes les régions ont connu des dif ficultés, nous sommes cependant la seule région où l’État a fini par venir nous aider, sans doute parce que nous sommes sans doute le territoire en France où les relations entre l’État décentralisé et la Région sont les meilleurs” poursuit M me Dufay, souli gnant “qu’Annie Genevard a apporté L’année 2024 avait été particulièrement agitée sur le front de l’agriculture : au niveau national avec la crise qui a grondé presque un an, jusqu’à l’adoption récente de la loi d’orientation agricole, et au niveau régional avec une profession passablement énervée par les dysfonctionnements des services régionaux en matière de versement d’aides européennes. Pour la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, cette édition 2025 du salon international de l’agriculture (S.I.A.) constituait un baptême du feu, elle l’a jugé réussi. Mais la ministre doubienne, comme toute la profession qu’elle représente, reste face à des défis énormes dans un contexte international totalement chamboulé. Reportage sur place, au cœur de la profession.
S.i.a. 2025
L’heure de la confiance retrouvée
le salon de l’agriculture 2025 a renoué avec une ambiance plus festive dans un climat beaucoup plus apaisé. Mais tous les problèmes ne sont pas résolus pour l’agriculture de notre région fortement marquée par une année 2024 douloureuse.
E n ce mercredi 26 février, c’est la journée de la Bourgogne Franche-Comté au salon inter national de l’agriculture. Le grand stand aux couleurs jaunes, typiques de l’identité graphique de la Région B.F.C., accueille en ce jour-là le “gra tin” régional du monde agricole avec une invitée de marque, la ministre de l’Agriculture venue en amie inaugurer cette journée bourgui-comtoise avant de repartir happée par un agenda sur
Après une année de relations très compliquées avec la profession agricole, la présidente de Région Marie-Guite Dufay a tenté de regagner la confiance.
D o S S i e r
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11 médailles d’or, d’argent et de bronze ! En 2025, le Concours Général Agricole récompense une nouvelle fois les producteurs de lait, les fromagers et nos maîtres de caves. C’est la reconnaissance des multiples savoir-faire qui composent nos belles lières fromagères. Merci et bravo à tous pour cette belle récolte !
Comté AOP • Fruitière de les Plains et Grands Essarts (25) - Fruitière de Pierrefontaine les Varans (25) - Fruitière du Mont Orgier Orgelet (39) - Fruitière de Doucier (39) - Fruitière de Damprichard (25) - Fruitière de Salins les Bains (39) - Fruitière de Plasne-Barretaine (39) - Comté AOP • Fruitière de Fontain (25) - Fruitière de Bremondans (25) - SAINT MONT des Alpes • Fromagerie de La Bâthie (73) - Gruyère IGP France • Fruitière de Trévillers (25) - Emmental Bio • Biodeal affiné par Monts&Terroirs (39).
pour l’agriculture régionale ?
le appelle de ses vœux ? Marie-Guite Dufay cite pêle-mêle ce retour de la fluidité dans les dossiers d’aide, un travail à mener sur la revoyure des groupes de sélection, sans pour autant supprimer la sélectivité des grilles mais pour les faire évoluer. La région dit aussi avoir travaillé sur un plan d’en graissement des bovins pour 4 mil lions d’euros au bénéfice de la filière
sa contribution personnelle pour désembourber notre région.” Pour la suite, la présidente de Région a évoqué d’autres sujets et annoncé au profit des agriculteurs locaux “d’une part le versement de la dotation jeunes agriculteurs, et d’autre part les dis cussions autour de la R.D.R3 (l’an cienne programmation) qui doivent aboutir en juin prochain. Sur ce point,
bovine (70 éleveurs ont déjà été soutenus à fin mars), sur un plan de soutien aux petits équipements avec l’aide du Département du Doubs, un plan qui a déjà profité à 200 bénéficiaires l’an dernier. “Ce plan d’ai
je m’engage à ce qu’au cun argent non utilisé repar te à l’Europe. À partir de juin, la fluidité sera au ren dez-vous” promet Mme Dufay, appelant les agriculteurs de la région à “la confiance. Mais je ne
Un plan de soutien aux petits équipements étendu.
suis pas dupe, poursuit-elle, je sais la distance qui s’est instaurée entre cer tains agriculteurs et la Région. Mais pour restaurer la pleine confiance, il faut la réciprocité” en appelle M me Dufay au monde agricole présent ce jour-là. Alors que met la Région dans la cor beille de la confiance retrouvée qu’el
de sera étendu cette année pour sou tenir la transformation à la ferme des produits agricoles” annonce-t-elle. Dans la corbeille, la Région annonce aussi l’expérimentation d’un prêt d’hon neur J.A. à taux zéro. La présidente évoque enfin l’expérimentation du dis positif de centrales d’achat pour appro
Le salon de l’agriculture, c’est ça également, avec la cohue autour des ministres présents.
visionner les cantines des lycées en produits bios et locaux. Ce dispositif sera étendu pour atteindre, à terme, les 75 % de produits dans les lycées.
Toutes ces annonces faites au salon suffiront-elles à consolider la confiance des agriculteurs de la région ? Les prochains mois en décideront. n
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“La première pierre d’une ère de reconquête agricole et alimentaire” i N t e r v i e w la ministre de l’agriculture a passé plutôt tranquillement son baptême du feu pour son premier salon de l’agriculture à Paris où elle nous a accordé une interview. Pour répondre, notamment, aux critiques des défenseurs de l’environnement et aux interrogations de la profession agricole.
L e Doubs Agricole : La Loi d’orientation agricole (L.O.A.) adoptée juste avant le salon place l’agriculture comme une activité “d'intérêt général majeur”. Concrètement, que signifie cette avancée pour les agriculteurs fran çais ? Annie Genevard : Notre agriculture, notre pêche et notre forêt reprendront le rang qui est le leur, celui d’intérêt général majeur de la nation. L’agri culture est également inscrite dans le champ de protection des intérêts fon damentaux de la Nation définis dans le Code pénal. C’est une vraie recon
et moi-même avons signée en décembre dernier. Des mesures sont essentielles : la compréhension mutuel le du rôle de chacun, la discrétion de l’arme, irritant majeur, le contrôle admi nistratif unique et la désescalade des tensions par l’usage de caméra pié ton notamment. LDA : Comment concrètement l’agri culture française pourrait-elle être autosuffisante, et à quel horizon ? AG : J’ai annoncé le lancement pro chain des conférences de la souve raineté alimentaire. Chaque filière construira son plan pour retrouver sa souveraineté avec l’appui de l’état en se fixant des objectifs de souveraine té, tant en matière de production que d’intrants stratégiques. Mon objectif : mettre tout en œuvre à très court ter me pour que nous soyons souverains dans toutes les filières à horizon dix ans. LDA : Vous déplorez que la moitié des fruits et légumes français consommés en France ne soient pas cultivés en France et la moitié des poulets consommés ne soient pas élevés en France. Mais com ment peuvent lutter les agriculteurs par rapport aux prix de revient ? AG : Ce sera l’objet des conférences de la souveraineté alimentaire lancées prochainement. C’est aussi un enjeu plus large. Souhaitons-nous laisser une dette alimentaire à nos enfants ? Perdre toute capacité à nourrir notre population ? Pour moi, la réponse est sans appel. Et il en va aussi de la pro motion des produits français et de la préférence des consommateurs pour des productions françaises. LDA : L’article 13 de la L.O.A. enté rine une dépénalisation des infrac tions, ce qui a fait bondir les asso ciations environnementales. Que
LDA : Au sujet du Mercosur qui inquiète la profession, de quels autres moyens de pression dispo se la France pour faire basculer l'ac cord ? Sur quels autres pays comp tez-vous pour faire pencher la balance et la France ne se berce t-elle pas d’illusions dans ce dos sier ? AG : Les accords de libre-échange sont bons quand ils sont équilibrés. Ce n’est pas le cas avec le projet d’ac cord du Mercosur. Nous ne laisserons pas la Commission se jouer des états et faire de l’agriculture la variable d’ajus tement. La fermeté française, renfor
Annie Genevard a passé les neuf jours du dernier salon de l’agriculture dans les allées pour des rencontres avec les différentes filières.
leur répondez-vous pour les ras surer ? AG : Permettez-moi de rappeler quelques éléments sur ce sujet où la passion l’emporte souvent. La dépé nalisation des atteintes non intention nelles et non définitives à l’environne ment était une revendication forte du monde agricole mis face à un certain nombre d’injonctions contradictoires de l’état et à l’inflation normative qui nuit à l’intelligibilité de la loi. Ainsi, mon prédécesseur, Marc Fesneau, s’est emparé du sujet et cette évolution juri dique a été inscrite dans le projet de loi à l’Assemblée Nationale. J’ai ensui te défendu cette avancée majeure au Sénat. En effet, les agriculteurs se trouvaient parfois exposés à des injonctions contradictoires : obligations de débroussaillement au regard de la réglementation de prévention des incendies et interdiction de le faire au regard de la réglementation de pro tection des habitats potentiels d’es pèces patrimoniales. Cette insécurité était une source de problèmes insolubles. La loi clarifie : quand il y a une injonction de la loi ou qu’une autorisation administrative est donnée, il ne peut y avoir de pour suites judiciaires. Ainsi, quand nos agriculteurs risquaient peines de pri son et amendes de plusieurs dizaines de milliers d’euros rarement appli quées par les juridictions car exces sives, pour des atteintes accidentelles à l’environnement, commises sans intentionnalité et de bonne foi, désor mais la loi ramène les choses à plus juste proportion : amende réduite ou
naissance du métier d’agriculteur, du carac tère vital de ce que font les agriculteurs français pour la nation. Avec cet te loi, nous affirmons un cap clair, celui de la sou veraineté alimentaire, qui doit être atteinte à l’heu
cée par le vote du Par lement, est totale. Ce n’est pas être protec tionniste que de vou loir défendre nos inté rêts et d’avoir des accords équilibrés et justes. Je ne ménage donc aucun effort pour
“Que nous soyons souverains dans toutes les filières à horizon dix ans.”
re des grandes inquiétudes interna tionales et alors que deux défis histo riques s’offrent à nous, celui du renouvellement des générations et celui du changement climatique. LDA : Vous avez affirmé que ce S.I.A. 2025 était une “édition charnière”. Pour quelles raisons ? AG : Ce 61 ème Salon de l’agriculture n’a pas été un salon comme les autres. Il a permis de confirmer sans ambi guïté que les Français, et l’état avec eux, aiment les agriculteurs. Ce ren dez-vous entre les Français et ceux qui les nourrissent est avant tout une grande fête populaire. Il fait suite à une année terrible pour la Ferme France et il est aussi le premier rendez-vous après les suffrages des chambres. Je conçois ce salon comme la première pierre d’une ère de reconquête agri cole et alimentaire.
aller convaincre mes homologues des autres états membres lors de mes rencontres à Bruxelles et comme je l’ai fait avec mon collègue polonais auquel j’ai rendu visite. Ils se sont pro noncés contre ce projet. Nous pour suivrons ardemment le travail de convic tion. LDA : L’Office français de la biodi versité (O.F.B.) est attaqué de toutes parts par certains syndicats agri coles. Affirmez-vous votre soutien clair à l’O.F.B. ? AG : Je rappelle que les agents de l’O.F.B. sont des agents de l’état et ne doivent être la cible de personne. Des propos outranciers d’individus isolés, de part et d’autre, ont été pro noncés ces derniers mois et doivent cesser. Il est nécessaire de recons truire des relations pacifiées. C’est le sens de la circulaire que la ministre chargée de la Transition écologique
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I ls ont attendu la fermeture du S.I.A. pour réagir à la loi d’orien tation agricole votée juste avant le salon par le Parlement. Les écologistes de la région, représentés par évelyne Poix et Phi lippe Chatelain en Franche-Comté, voient en cette L.O.A. “une opportunité manquée pour avoir enfin une politique agricole rému nératrice et durable” dans un contexte où pour trois agriculteurs qui partent, un jeune s’installe. Pour eux, cette nouvelle loi ne fait qu’accentuer les erreurs du passé. Ils s’expliquent. “Au lieu d’of frir une réponse ambitieuse et attendue (85 % des paysans sont prêts à se lancer dans la transition environnementale), pour un sec teur de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques, elle préfère “simplifier” quitte à ce que l'écologie soit sacrifiée. Un contresens historique dans la lignée des politiques menées par les gouverne ments successifs, qui, en préférant un productivisme intensif expor tateur à la concurrence mondialisée, ont offert des marchés acca parés par quelques-uns, ont précarisé la majorité des agriculteurs, ont vidé les campagnes de leurs paysans (2/3 des exploitations ont disparu en 40 ans dont 50 % ces 25 dernières années), ont dégradé les sols (60 à 70 % des sols européens sont en mauvai se santé), l’eau et détruit la biodiversité.” Pour les écologistes locaux, le gouvernement n’a pris aucun de ces enjeux à bras-le-corps : trop faibles revenus (16 % des ménages agricoles sous le seuil de pauvreté, 1 suicide tous les 2 jours), prix plan chers rémunérateurs, endettement croissant, problèmes de trésorerie, fermes qui disparaissent… “Les pro blèmes de revenu et de prix, causes profondes de la crise du secteur restent sans réponse” estiment ces derniers. Enfin selon les défenseurs de l’écologie, le gouvernement ne s’at taquerait pas pleinement à la question du renouvellement des géné rations, sachant que d’ici dix ans, plus d’un tiers des paysans seront en âge de partir à la retraite. Ils ne voient dans la nouvelle L.O.A. aucun objectif contraignant ni mesures fortes permettant de régu ler le foncier agricole, de limiter l’agrandissement, de lutter contre l’accaparement et de faciliter l’accès au foncier pour la transmis sion et l’installation. Ils ne voient enfin rien dans la loi pour proté ger les agriculteurs face aux accords de libre-échange et à l’ac croissement des importations françaises qui en 25 ans, ont plus que doublé. Près de cinq millions d’hectares, soit 1/5 ème de la surface agricole actuelle, devraient changer de main d’ici 2030. “À l’aune de ce renouvellement de génération, le virage de la transition ne doit pas être manqué. Nous ne pourrons pas la faire sans des agriculteurs nombreux et valorisés économiquement et socialement. Pour cela, il est impératif de changer les règles du jeu” plaident les écologistes régionaux. n un “populisme anti-écologie” la l.o.a. votée le mois dernier ne trouve aucunement grâce aux yeux des écologistes locaux qui accusent la ministre de la‘ griculture de populisme. “Le gouvernement n’a pris aucun de ces enjeux à bras-le-corps.” Les écologistes dénoncent
stage de formation et obligation de remi se en état. J’ajoute que cela est tout à fait conforme au droit européen qui ne prévoit que de sanctionner les atteintes volontaires à l’en vironnement et qui était surtransposé jusque là. Ce n’est pas pour autant un laisser-fai
fruits dans certaines productions. En revanche, il demeure des impasses de traitement qui laissent les producteurs expo sés à des attaques de ravageurs qui rui nent les récoltes et nous exposent à des importations qui, bien souvent, utilisent les dits traitements que l’on vient d’interdire
re et un permis de détruire. Il y a toujours, dans tous les cas, l’obligation de répara tion et quand les atteintes à l’environnement sont inten tionnelles ou définitives, voi re commises par négligen ce grave, les sanctions pénales continueront à s’ap pliquer avec rigueur.
en France. C’est absurde et incompréhensible quand sur le même espace de produc tion, l’Union européenne, on autorise des substances inter dites chez nous. Les exemples de surtranspositions abon dent. Comment croire que les 26 autres états compromet traient délibérément la santé
“La France a clairement posé le principe d’une réduction des produits phytosanitaires.”
S’agissant des haies, réservoir de biodi versité, la loi simplifie et clarifie le droit pour que leur protection ou leur déplacement soit bien compris de tous et pas seulement des agriculteurs. Pour encourager leur déve loppement, nous avons inscrit 45 millions d’euros en 2025 de manière à maintenir l’ambition de planter 50 000 km de haie nets d’ici 2030. LDA : Ces mêmes associations dénon cent également une capitulation de la France concernant la réintroduction de certains pesticides. La réglementation européenne en la matière est-elle trop laxiste ? AG : La France a clairement posé le prin cipe d’une réduction des produits phyto sanitaires en agriculture. C’est pourquoi mon ministère encourage les instituts de recherche et les instituts techniques à pro poser des alternatives à l’utilisation de phy tosanitaires, qu’il s’agisse du bio-contrô le, de sélection variétale ou de changements des techniques culturales. Cela porte ses
de leurs populations ? Il n’y a rien de cho quant à s’aligner sur les autorisations euro péennes qui sont les plus exigeantes au monde. Pour autant, il y a bel et bien des substances dangereuses pour la santé. Nous devons être très vigilants au sujet des accords de libre-échange conclus avec des pays hors Union Européenne pour ne pas importer des productions traitées avec des produits que l’Europe a interdits depuis bien longtemps. LDA : Que répondez-vous enfin aux éle veurs du Haut-Doubs traumatisés par les attaques du loup ? AG : Je viens de signer le décret qui assoi ra juridiquement les tirs de défense que M. le préfet du Doubs sera amené à prendre. Ceci dit, le loup restera toujours une espè ce protégée, mais dans le strict respect de l’équilibre avec les éleveurs. On ne peut pas choisir l’un contre l’autre, il faut savoir garder raison sur cette question du loup. C’est une question d’équilibre. n Propos recueillis par J.-F.H.
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coNcourS
Montbéliardes : des lots de consolation pour le Doubs cette année, ce sont des éleveurs jurassiens qui ont raflé les principales récompenses. Mais les Doubiens n’ont pas démérité, loin de là…
Marian Journot
(accompagné de sa femme Sidonie), du G.A.E.C. des Saveurs à Fournet-Bla ncheroche a remporté un prix avec sa vache Onholiday.
M arian Journot du G.A.E.C. des Saveurs à Fournet-Blan cheroche n’a pas fait le voya ge à Paris pour rien. Si elle ne repart pas avec un titre de championne, sa vache Onholiday a tout de même les
honneurs du jury pour ses perfor mances laitières avec une première place en section 5 ème lactation et plus. De quoi satisfaire l’éleveur de retour dans sa ferme du Haut-Doubs. “C’est vraiment une grosse satisfaction pour
nous et mes premiers remerciements vont à mes deux associés Lucas Chartier et Robert Sandoz” se réjouit Marian Journot. Pour l’éleveur de Fournet, c’est enco re mieux que les deux fois précé dentes où une de ses vaches s’ali gnait au salon de Paris : Oliday (la mère d’Onholiday) avait fini 2 ème en 2017 tandis qu’Olloween terminait 3 ème l’an dernier. “Tout cela nous don ne envie d’aller encore plus loin. En plus d’être belles, elles sont très faciles ces vaches, c’est un vrai plaisir de travailler sur cette souche” ajoute l’éleveur qui a particulièrement appré cié cette édition 2025 du salon. “Les visiteurs sont beaucoup venus dis cuter avec nous dans une très belle ambiance. Et c’est tellement appré
ciable ce côté collectif de l’élevage !” Toujours pour le Haut-Doubs, Claire et Jérémy Degois de Mancenans Lizerne sont repartis avec une pre mière place sur le podium des 3 èmes lactations. “C’était la troisième année de suite qu’on venait à Paris. Réelle avait déjà eu le prix de la meilleure mamelle, puis avait fini première de section l’année suivante. Là, on visait la championne, mais c’est un concours très relevé, le moindre détail compte le jour J” note le couple d’éle veurs. D’autres vaches du bas du départe ment sont également reparties de Paris avec quelques places d’hon neur. Le Doubs a finalement bien tiré son épingle du jeu dans un contex te concurrentiel très relevé. n
Le palmarès des éleveurs du Doubs : l Meilleure laitière : Inventive, du G.A.E.C. Cattet, Val-d’Usiers. l Section 2 ème lactation (2A) : 2 ème place pour Syberia, du G.A.E.C. de la Croix Grandjacquet à Reugney. l Section 3 ème lactation (3A) : 1 ère place pour Réelle, du G.A.E.C. des Orchidées à Mancenans-Lizerne l Section 3 ème lactation (3B) : 3 ème place pour Raffinée, du G.A.E.C. de l’élevage Folie à Autechaux-Roide. l Section 4 ème lactation (4A) : Orphée, du G.A.E.C. de la Grange Guyot à Ornans. l Section 5 ème lactation ou plus (4B) : 1 ère place pour Onholiday, du G.A.E.C. des Saveurs à Fournet-Blancheroche. Deuxième place pour Inventive, du G.A.E.C. Cattet, Val-d’Usiers.
Inventive, meilleure laitière montbéliarde cette vache au palmarès impressionnant s’est encore illustrée à Paris. Par sa longévité et ses performances, elle illustre les objectifs recher chés par cédric et aline cattet. ce couple associé au sein du g.a.e.c. du val d’usiers partage en commun le goût de l’élevage et des concours. val D’uSierS
Fille du taureau Brink et de la vache Fabelle, Inven tive était la plus vieille montbéliarde présente cet te année à Paris. Cette vache en 9ème lactation a déjà produit 82 000 litres de lait, soit une moyen ne annuelle qui varie entre 10 000 et 11 000 litres de lait. “Ce n’est pas encore la plus productive du troupeau car Gitane vient de dépasser la bar re des 100 000 litres de lait. Elle a gagné en 2023 le titre de meilleure fromagère au concours natio nal Montbéliard organisé à la Roche-sur-Foron.” Intuitive n’est pas en reste. Cette vache haut de gamme collectionne les titres de championne décrochés cinq fois au comice de Levier, quatre fois à la finale départementale Vache de Salon, une fois au Montbéliarde Prestige en catégorie jeune… “C’est sans doute l’une des montbéliardes les plus titrées” , poursuit l’agricultrice dont les parents étaient déjà passionnés par l’élevage. également fils d’agriculteurs, Cédric s’est inté ressé à la chose sur les bancs du lycée agricole de Levier. Là où il a rencontré Aline. Le couple tra vaille ensemble depuis 2013. Ils soignent, c’est le mot, un troupeau de 70 vaches laitières, soit une référence de 500 000 litres de lait. Leur produc tion est transformée en comté et mot d’or à la fro magerie Napiot. n
L e chargement à Vercel des vaches en par tance pour le salon, le voyage en bus avec les autres éleveurs du Doubs jusqu’à Paris, ce programme fait presque partie des habitudes de Cédric et Aline Cattet qui ont déjà effectué cinq fois le déplacement en sept ans. Tout a commencé en 2019 avec Lillusion désignée championne jeu ne pour sa première sélection. En 2020, le G.A.E.C. du Val d’Usiers est représenté par Manzana et Inventive qui reviennent chacune avec une médaille de bronze. Nouvel épisode en 2024 avec Reina belle qui termine alors deuxième de sa section. De nouveau retenue parmi les 14 représentants du Doubs, Inventive revient du dernier salon avec une médaille d’argent dans sa section et surtout le trophée de Meilleure laitière. “On parle aussi de prix de carrière. Trois critères ont été pris en comp te : ses notes de conformation et de conserva tion et le taux de matière utile produit par jour de vie” , explique Aline Cattet.
Une belle complicité unit Cédric Cattet à ses vaches, ici en compagnie d’Inventive (photo Xavier Ducordeaux).
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