La Presse Pontissalienne 292 - Mai 2024
L’interview du mois 5
La Presse Pontissalienne n°292 - Mai 2024
Oiseau mythique et rêve d’ornithologue, le tichodrome échelette n’est pas dans une situation très favorable en Franche-Comté.
B.M. : Bien sûr. On est souvent pris pour empêcheurs de tourner en rond. L.P.P. : La L.P.O. a sans doute réagi aux conces sions à caractères environnementales accor dées aux agriculteurs ? B.M. : Oui. Elle s’est exprimée dans un communiqué national en dénon çant la fin des jachères, le prolonge ment des dates de taille des haies, la pause dans la mise en œuvre du plan écophyto 2030. De plus, il enjoint les agents de l’O.F.B. à être moins sévères vis-à-vis de ceux qui outrepassent les règles. On a l’impression de faire un retour de 20 ans en arrière. Pour les zones humides, ça va être terrible. L.P.P. : Difficile de porter plainte si vous constatez un délit manifeste ? B.M. : Exactement, car il nous faut souvent l’appui de la police de l’en vironnement. Avec les baisses d’ef fectif, elle est débordée. L.P.P. : Vous vous mobilisez sur quel thème, quelle espèce en 2024 ? B.M. : Historiquement, on mettait en valeur une espèce d’oiseau ou d’animal menacé. Maintenant comme on est engagé sur la biodiversité, on fonc tionne différemment. Cette année, on communique sur le thème de “l’ar bre et de la haie”. On attend la fin des périodes de nidification et on reprendra les actions à l’automne. Il faut savoir que pour une haie plantée, sept autres sont détruites. n Propos recueillis par F.C.
tion du Grand-Duc est en nette amé lioration. Idem pour le faucon pèlerin. Toutes les espèces endémiques sont encore présentes dans la région mais en nombre beaucoup plus faible. L.P.P. : Il y a de quoi se décourager, non ? B.M. : On garde espoir mais c’est vrai qu’il est très difficile de faire changer les habitudes. Je pense par exemple aux personnes obnubilées par ta tonte de leurs jardins alors qu’elles n’y met tent plus les pieds. Il faut que cela soit propre alors qu’il suffirait de lais ser 2 ares en friche sur un terrain de 10 ares pour favoriser la biodiversité. Tous les élus vous parlent de biodi versité mais quand il s’agit de l’ap pliquer sur le terrain, c’est le grand écart. On entend souvent parler du triptyque éviter-réduire-compenser en se disant qu’il serait déjà si béné fique de commencer par éviter. L.P.P. : Est-ce qu’on vous colle une étiquette écolo ?
L.P.P. : Le réchauffement climatique n’est pas sans incidence sur les populations ? B.M. : On observe des espèces qui se portent très très mal comme la pie grièche grise qui ne nichent plus que dans le Haut-Doubs. Cet oiseau trouve refuge en altitude. Je crois qu’il ne reste plus que 6 à 7 couples en Franche-Comté. On est aussi très vigilant à la protection des petites chouettes de montagne comme la che vêche. L.P.P. : Le bilan est sombre… B.M. : Le déclin atteint 30 à 40 % sur beaucoup d’espèces, même des espèces très communes comme la mésange, le moineau, l’hirondelle. Pour ne pas trop noircir le tableau, il y a quand même quelques satisfactions avec la pie-grièche écorcheur. On voit aussi arriver de nouvelles espèces comme la bouscarle de Cetti ou l’élanion blanc. L’aigle royal est de retour dans le massif jurassien. L’aigle pomarin niche dans le Haut-Doubs. La situa
“Tous les élus vous parlent de biodiversité mais quand il s’agit de l’appliquer sur le terrain c’est le grand écart”, estime Bernard marchiset, le président de la L.P.O. Bourgogne Franche-Comté.
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