La Presse Pontissalienne 292 - Mai 2024
4 L’interview du mois
La Presse Pontissalienne n°292 - Mai 2024
ENVIRONNEMENT
Le président de la L.P.O. Bourgogne-Franche-Comté
“Le déclin atteint 30à40%sur beaucoup d’espèces” Forte de 40 salariés et près de 4 000 adhérents, la L.P.O. Bourgogne-Franche-Comté qui veille à la protection des oiseaux a élargi son champ d’action à l’herpétologie et aux petits mammifères. Elle se mobilise au service de la biodiversité avec les moyens dont elle dispose. Entretien avec Bernard Marchiset, son président régional.
L a Presse Pontissalienne : Que représente la L.P.O. Bourgogne-Franche-Comté ? Bernard Marchiset : L’association emploie plus de 40 salariés sur l’ensemble de la région. Les effectifs varient d’un département à l’autre. Il y a par exemple 12 salariés à Talant où se trouve le siège social. Ils sont une vingtaine à Besançon et le reste se répartit de façon plus disséminée dans les autres dépar tements. L.P.P. : Et au niveau des adhésions ? B.M. : On se rapproche de la barre des 4 000 adhérents avec un effectif globa lement en progression. Il y a des dis parités. Certains départements connais sent une belle évolution comme en Saône-et-Loire et dans la Nièvre. On a toujours de forts pourcentages de partisans sur Besançon et Dijon.
L.P.P. : Avec une direction régionale ? B.M. : On fonctionne plutôt sur le modèle d’une gouvernance départementalisée avec des assemblées dans chaque dépar tement. Au sein de ces assemblées, on trouve de groupes de 5 à 15 personnes qui sont les délégués territoriaux avec un délégué général pour gérer les dos
L.P.P. : Quelles sont les activités de la L.P.O. B.F.C. ? B.M. : On a plusieurs grands axes de travail. On se positionne d’abord sur la connaissance des espèces, sachant qu’on s’intéressait d’abord aux oiseaux mais notre champ s’est élargi aux petits mammifères et à l’herpétologie avec une grosse équipe dédiée à cette spé cialité à Besançon. On reste bien sûr actif sur la protection. Nos salariés et bénévoles interviennent beaucoup sur des actions d’éducation à l’environne ment notamment en milieu scolaire. La vie associative, les échanges avec les bénévoles font aussi partie de nos activités. La L.P.O. réalise toujours des enquêtes, des comptages, des suivis temporels d’oiseaux. Cela permet d’avoir une vision globale d’une espèce à l’échelle régionale. Les données sont aussi transférées au muséum d’histoire naturelle pour voir comment les popu lations évoluent au niveau national. L.P.P. : Êtes-vous aussi engagé sur des actions juridiques ? B.M. : Oui, et ces actions tendent à se multiplier depuis trois ans. On est même submergé par des demandes d’intervention. Le champ est large : oiseaux victimes d’empoisonnement, taille de haie en période de nidification, utilisation non réglementaire du casse cailloux. Les destructions d’habitats sont fréquentes. L’impact est très simple à comprendre comme on l’explique aux enfants. Vous partez le matin au travail et quand vous rentrez le soir, vous
siers avec les poli tiques, les adminis trations. Ils interviennent aussi pour définir les axes de travail avec les salariés. Le Jura, le Doubs et la Haute-Saône ne sont pas encore en délégation territo riale mais c’est dans les tuyaux.
“Pour le Grand Tétras, ce n’est guère encourageant.”
n’avez plus de maison. La L.P.O. B.F.C. n’a pas à proprement parler de service juridique mais on s’appuie sur un groupe de bénévoles qui s’est formé en conséquence. Ils travaillent de façon acharnée et sont de plus en plus actifs dans tous les départements. On peut aussi s’appuyer sur la L.P.O. France qui dispose d’un vrai service juridique. L.P.P. : Êtes-vous souvent sollicités sur des dossiers d’implantation d’éoliennes ? B.M. : Oui mais cela suppose d’avoir beaucoup de données, donc des obser vateurs. L’éolien, c’est très compliqué, sauf si le projet est en zone protégée. Dans ce cas, on intervient immédia tement. On est aussi régulièrement sollicité par des cabinets d’environne ment pour des études d’impact.
l’état des populations d’oiseaux en Bourgogne Franche-Comté ? B.M. : Il y a un gros souci vis-à-vis des oiseaux prairiaux qui nichent au sol. Je pense à l’alouette, au courlis, au vanneau huppé, au pipit farlouse… Ils sont particulièrement exposés à la prédation naturelle, aux traitements phytosanitaires, aux fauches précoces et à la divagation des espèces domes tiques, notamment les chiens. Cela peut avoir un impact terrible. L.P.P. : Vous suivez les effectifs de Grand Tétras ? B.M. : Oui, et ce n’est guère encoura geant. Cette espèce est très sensible au dérangement humain. En se pro menant hors des sentiers balisés, les gens n’ont pas conscience des dégâts qu’ils peuvent générer.
Toutes les espèces endé miques de la région comme ce gros bec casse noyaux sont encore présentes sur le territoire mais en effectif fortement réduit.
L.P.P. : Quel état des lieux peut-on dresser sur
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