La Presse Pontissalienne 291 - Avril 2024

Frasne - Levier - Jura voisin 29

La Presse Pontissalienne n°291 - Avril 2024

DÉFI

400 km, 15 000 m de dénivelé positif La grande traversée du Jura pour porter haut les couleurs de la différence Autiste asperger, Maud Méry de Montigny qui vit à Lavans-les-Saint-Claude a trouvé son équilibre en pra tiquant l’Ultratrail. Elle se lance comme défi de parcourir la grande traversée du Jura du 17 au 21 avril. Une aventure sportive pour sensibiliser à la différence et mettre en lumière les handicaps invisibles.

M aud Méry de Monti gny est une femme fragile du fait de sa différence, courageuse quand il s’agit de se mettre en lumière, opiniâtre et particuliè rement structurée pour mener à bien ses projets notamment en ultratrails. “En tant qu’autiste asperger, je préférerais rester dans ma bulle mais si je m’en gage dans ce défi, c’est pour mon trer que la montagne guérit. Ce projet 400 k, je le fais pour moi et pour les autres” explique l’ul tratraileuse qui est née avec une malformation de l’oreille interne. Originaire de Roubaix, Maud Méry de Montigny a grandi au sein d’une famille de sportifs. Son père a remporté en son temps le cross du Figaro. Elle a pratiqué la danse et le volley à haut niveau puis elle s‘est mise àlaboxe. “J’ai commencé à cou rir après la grossesse de mon fils qui a aujourd’hui 11 ans. Au départ, je faisais des courses

sur route dans le nord de la France”, explique celle qui s’il lustre également dans la musique, jouant depuis toujours dupiano. De Roubaix au massif du Jura, il n’y a qu’un trail, son premier en montagne. En 2020, elle s’aligne au départ de l’Ultra 01 avec au menu 185 km de 8 000 m de dénivelé positif. Une vraie révélation. “J’ai eu le coup de foudre pour ces montagnes. Pour

siens. Bien consciente que cette traversée du Jura, de Mandeure à Culoz, représente un effort considérable, le double des plus grands trails auxquels elle a déjà participé, Maud Méry de Montigny a choisi de l’organiser avec l’objectif d’y arriver. “C’est une aventure solitaire en l’inté rieur d’un collectif. Je vais être suivie et je bénéficierai d’une vraie assistance. Sur ce projet, je suis accompagnée par Sté phane Perrard, directeur de Juralliance, Anthony Pouille photographe et Valérian Giet, pilote de drones. Le parcours est organisé avec une vingtaine de points de ravitaillements placés tous les vingt kilomètres. Je ferai la majeure partie seule en étant accompagné de quelques amis lanuit.” Même si ce n’est pas dans sa nature, l’ultratraileuse tient aussi à promouvoir ce challenge. “Je veux porter haut les couleurs de la différence, courir au nom de toutes les femmes, montrer

chologie du sport. En trail, son palmarès ne manque pas d’impressionner. Elle cumule les victoires et les podiums sont des courses pres tigieuses terminant par exemple troisième sur la Sainté-Lyon en 2022, en remportant la Grande Traversée de Volvic l’an dernier. Elle est aussi performante sur des épreuves courtes distances. Au-delà d’évidentes qualités physiques, l’explication de ses résultats réside dans une pré paration digne d’une athlète professionnelle. “Depuis deux ans, je cours 200 km par semaine en relief montagneux. Je prépare mon corps sans en faire trop. Je m’entraîne entre 2 et 3 heures par jour en parcourant en moyenne 30 km avec 1 000 à 1 200 m de dénivelé. La plupart du temps, je fractionne en deux séances pour courir avec chacun de mes chiens.” C’est souvent seule qu’elle se retrouve, se ressource en cra pahutant sur les sentiers juras

(photo Anthony Pouille).

Différente, déterminée, Maud Méry de Montigny a trouvé son équilibre dans les montagnes jurassiennes.

diverses raisons, j’ai fait un burn out à Roubaix. J’ai quitté ma profession d’en seignante pour venir m’installer à Lavans-les Saint-Claude il y a deux ans et demi” ,explique celle qui est dés ormais accom pagnante en préparation mentale et psy

C’est une aventure solitaire en l’intérieur d’un collectif.

que même avec le handicap, on peut mener à bien des projets ambitieux. Des familles touchées par l’autisme viendront m’en courager du côté de Métabief. Je retrouverai aussi des enfants de l’I.M.E. de Saint-Claude quand je serai dans le Haut Jura.” En 2024, Maud Méry de Mon tigny est l’ambassadrice de l’as sociation Respiracteurs qui s’in

vestit au service de patients atteints de maladies respira toires. Pour financer la logistique de son aventure, elle a lancé une cagnotte Leetchi et compte reverser le surplus pour per mettre à des enfants touchés par le handicap de réaliser des activités et des ateliers sport nature en montagne. La boucle est bouclée. n F.C.

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