La Presse Pontissalienne 276 - Janvier 2023

Histoire locale 31

La Presse Pontissalienne n°276 - Janvier 2023

Sur cette vue aérienne,

Longemaison Un siècle d’implantation ferroviaire à Longemaison

on distingue bien le réservoir d’eau circulaire et sur la gauche l’arrivée de la ligne électrifiée en

provenance de Champagnole.

R ien de mieux pour un cheminot qu’une affectation à Longemaison pour apprendre le métier. “Il n’y avait souvent qu’un seul agent dans ces petites gares à deux voies. Il devait se charger de tout, préparer l’évi tement des trains, mettre la signalisation adéquate, vendre les billets, enregistrer les bagages, gérer la caisse. Il y avait beau coup d’agitation quand un train arrivait. C’était une très bonne expérience pour un cheminot” , explique Jean Cuynet. Pour comprendre l’intérêt d’une gare à Longemaison, il faut se remettre dans le contexte d’une époque sans voiture. La ligne Besançon-Le Locle sera inaugurée le 4 août 1884 par la Compagnie des che mins de fer de Paris à Lyon et à la Médi terranée, plus connue sous l’abréviation P.L.M. “C’est assez logique sur cette ligne de construire une gare à Longemaison pour desservir un secteur qui affiche déjà une activité économique assez soutenue” , poursuit Jean Cuynet. Comme pour les autres gares du Haut Doubs, celle de Longemaison permet de transporter les ressources locales : bois, fromages, bétail. Autre facteur qui a sans doute contribué au choix de Longemaison avec la présence à 1 kilomètre de là de Ouverte en 1884, cette petite station de chemin de fer située sur la ligne Besançon-Le Locle a cessé de fonctionner en 1989. Les bâtiments sont toujours là et les souvenirs aussi.

Le T.G.V. Paris-Lausanne passe toujours en gare de Boujailles qui a longtemps fait l’objet d’un important trafic de bois.

Le hameau de la gare n’a guère changé depuis 1950.

De l’autre côté de la double voie, on trou vait l’abri de quai avec ces trois cellules caractéristiques dont celle du milieu réser vée aux voyageurs en attente. Le site abritait aussi une petite cabane servant de cabinet d’aisances, une halle marchan dise. Près de la R.D. 41 se trouvait la mai sonnette du garde-barrière. Le petit hôtel qui servait de bistrot de village est toujours là. Le service marchandises entre Valda hon et la frontière suisse a fermé en 1989. “Ce fut aussi une perte pour Pontarlier, note l’historien, car Longemaison corres pondait aussi au haut de la ligne qui rejoi gnait la capitale du Haut-Doubs via Gil ley.” n

la mine de lignite. Une desserte ferroviaire de la mine n’ayant pu être obtenue, les wagonnets acheminaient le minerai jusqu’à 500 m de la gare par “un chemin de fer aérien”. L'entreprise fut de courte durée mais elle a donné aussi naissance au quartier de la gare. Avec ses deux portes, la gare est le modèle le plus petit des stations ferroviaires du P.L.M. Le logement du chef de gare était à l’étage et les locaux au rez-de-chaussée servaient aux activités des agents. “Trois ou quatre cheminots étaient affectés à cette gare qui ne fonctionnait pas la nuit. Ici toutes les manœuvres d’aiguillage se fai saient manuellement.”

au bistrot près de la gare. Les enfants avaient droit à une limonade. Cet hôtel sans nom est fermé depuis des lustres.” Claude Gardavaud a quitté Longe maison en 1954. Très attaché à son enfance à Longemaison, il organise depuis les années soixante des retrouvailles entre habitants de Longemaison. “On se revoit tous les deux ou trois ans. On a baptisé cette fête le “Chat des foins” qui marquait autrefois la fin des fenaisons. Au départ, on organisait des petits tour nois de foot. On fait toujours un défilé dans les rues du village ponc tué par un repas champêtre.” Le dernier Chat des foins a eu lieu cet été en présence d’une centaine de convives. n 94 ans, se souvient

Avec sa partie centrale réservée aux voyageurs, l’abri de quai est toujours là.

Le bâtiment de l’ancienne gare a été transformé en maison d’habitation.

“En étant gamin, on était envoûté par le train”, explique Claude Gardavaud alerte nonagénaire toujours ravi d’arpenter les lieux de sa jeunesse.

L’ancien hôtel-restaurant où se retrouvaient jadis les hommes du village après la messe.

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