La Presse Pontissalienne 267 - Avril 2022

Le dossier 25

La Presse Pontissalienne n°267 - Avril 2022

l Formation M.J.C. des Capucins Aujourd’hui, c’est cours de français

rejoigne… Choc des cultures, fou rire général avant que Sandra Tivan juge utile de préciser qu’en France, la poly gamie est interdite ! Beaucoup plus qu’un simple cours de français. n Des personnes de différentes nationalités participent à ces séances d’initiation au français. “Sandra, c’est comme ma maman” Afghan qui a quitté son pays pour fuir les Talibans, Moheb vit en France depuis quatre ans. “Je travaillais souvent avec des militaires français en Afghanistan. C’est pourquoi ma tête avait été mise à prix et je ne pourrai pas retourner dans mon pays tant qu’ils seront au pouvoir.” Moheb a régularisé sa situation. Hébergé au foyer des travailleurs à Pontarlier, il travaille depuis deux ans à Haut-Doubs repassage. Lui qui rêve d’apprendre la mécanique auto, devrait bientôt déménager à Besançon où vit l’une de ses quatre sœurs. “Je compte bien revenir à Pontarlier où j’ai beaucoup d’amis et de souvenirs. Je n’oublierai pas la gentillesse de Sandra, c’est comme ma maman”, apprécie le jeune afghan de 25 ans. n

Clef d’intégration incontournable, l’apprentissage de la langue de

Molière constitue souvent l’occupation principale des

L a M.J.C. des Capucins pro pose depuis plusieurs années des cours d’initiation au français. “On fonctionne par groupe de niveau” , explique Sandra Tivan qui anime ces séances avec Yvonne. Ce mercredi matin, la communauté afghane est majoritaire dans ce cours particuliè rement cosmopolite avec des personnes originaires du Maroc, de Thaïlande, réfugiés et demandeurs d’asile à leur arrivée en France. Ambiance.

du Nigeria, du Brésil, d’Érythrée. Certains ont déjà leurs papiers, d’au tres sont encore en attente de régularisa tion, d’autres encore effectuent juste un séjour linguistique en France. L’animatrice a choisi de présenter à ces studieux élèves la pyramide de Maslow appelée aussi la pyramide des

L’ambiance est décontractée.

port. L’ambiance est décontractée. L’un rêve d’être milliardaire, l’autre demande si une fois bien installé France il pourra prendre une seconde femme en attendant que la première la

La plupart ont laissé leurs épouses et enfants sur place. Un tour de table permet aussi de savoir dans quel sec teur ils souhaitent travailler : petite enfance, mécanique, commerce, trans

besoins. Un bel exercice collectif pour évoquer si possible en français l’amour, l’amitié, les enfants, l’estime de soi. Au fil des échanges, on en apprend un peu plus sur les uns et les autres.

Zoom Une nouvelle vie en France

J eune journaliste afghan épris de démocratie, Ayub 27 ans, a presque la larme à l’œil quand il visualise ces vidéos montrant de jeunes étudiantes afghanes stupéfaites qu’on leur interdise l’accès à l’université. “J’ai un diplôme d’ingénieur en géologie puis j’ai préféré passer un certificat de jour naliste-photographe. J’ai travaillé pen dant quatre ans pour un journal numé rique. Au cours des vingt dernières années, l’Afghanistan a fait de gros progrès sur le plan de la démocratie, de l’égalité homme-femme. Ce n’est plus du tout d’actualité avec le régime taliban et je n’accepte pas ce recul démocratique”, souligne celui qui n’a eu d’autre choix que de quitter son

pays. Arrivé à Paris en août dernier, il vit à Pontarlier depuis le 9 septembre et suit avec assiduité les cours de français dispensés à la M.J.C. des Capucins, et à la Croix Rouge. “J’ai bientôt le niveau A2, explique celui qui a bien

envie de refaire sa vie en France. Je vais continuer à apprendre le français et je poursuivrai peut-être des études à l’université. Aujourd’hui, je me sens en sécurité mais ce n’est pas le cas de ma famille et de mes amis qui sont en danger en Afghanis tan.” n

Un jeune homme épris de démocratie.

À 27 ans, le jeune journaliste s’emploie sans compter pour apprendre le français

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