La Presse Pontissalienne 265 - Février 2022

28 Valdahon - Vercel ENVIRONNEMENT

La Presse Pontissalienne n°265 - Février 2022

Projet éolien de Nancray

ORCHAMPS-VENNES Un projet éolien qui ravive des craintes aux Portes du Haut-Doubs En sommeil depuis 2009, l’association de Naisey-les-Granges se réveille face à un projet éolien qui pourrait voir le jour à quelques kilomètres de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs. “J’arrête à contrecœur, faute de repreneur” Le docteur Christian Rondot offrait son cabinet et le matériel qui va avec pour inciter un repreneur à poursuivre l’aventure. Mais ni son remplaçant, ni d’autres candidats ne se sont manifestés. À 67 ans, après une opération du genou, c’est avec émotion et amertume qu’il ferme son cabinet.

L e 16 décembre dernier, à la majorité (moins 2 voix contre et une abstention), le conseil municipal de Nancray a validé l’étude de faisabilité pour l’im- plantation de trois éoliennes dans une commune divisée entre les pour et les contre. La grogne fait tache d’huile dans les villages limitrophes dont Bouclans et Naisey-les-Granges, ce dernier faisant partie de la communauté de communes des Portes duHaut-Doubs dont le siège est à Valdahon. Il pensait que son remplaçant - appré- cié de sa patientèle - allait poursuivre l’aventure. Ce dernier, demeurant à Besançon, n’a pas donné suite. “J’étais prêt à donner mon matériel, l’équiva- lent de 30 000 euros, j’étais prêt à lui offrir le loyer du cabinet pendant un certain temps, j’étais prêt à l’aider bénévolement pour qu’il s’organise mais cela n’a pas convaincu” regrette- t-il. Le coup est dur. Presque inexplicable pour celui qui s’est installé en 1984 à Orchamps-Vennes pour remplacer un médecin décédé subitement. “Lors de mon installation, je me souviens que j’avais dû racheter la patientèle ! C’était l’équivalent de 65 000 euros.” Aujourd’hui, une patientèle ne se vend plus.Même s’il a le sentiment du devoir accompli, l’Oricampien regrette cette fin. Christian Rondot en profite pour “dire merci à tous mes patients ! Les lettres ou les mercis reçus m’ont fait chaud au cœur” conclut-il. Parce qu’il ne peut pas passer de 15 heures de travail quotidien à 0, il donne depuis le 1 er janvier un coup de main à la maison de retraite de Flan- gebouche qui n’a plus de médecins. Comble de l’ironie, il a reçu en janvier de l’Agence régionale de santé une lettre l’invitant à rejoindre le futur cabinet médical éphémère qui doit ouvrir à Morteau (lire par ailleurs). Il va y songer. Le virus de lamédecine est tenace.Ànoter qu’il reste lamaison médicale au village. n E.Ch.

Dans les manifestants opposés au projet éolien de Nancray, des habitants de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs.

ensuite se développer sur la crête” dit- il. Du côté de La Chevillotte, le conseil municipal a reçu le promoteur (Opale) et le maire de Nancray pour une pré- sentation. “J’ai 60 % de mon conseil contre, et 40 % pour” dit Claude Savo- net, le maire. Sur ce secteur du Grand Besançon, comme partout ailleurs, l’implantation ne fait pas que des heureux. À noter qu’à l’échelle de la communauté de communes des Portes du Haut-Doubs, plusieurs projets sont - toujours - en cours de réflexion, à des degrés d’avan- cement plus ou moins différents : sont concernés les villages d’Avoudrey et de Domprel. Les Premiers Sapins avaient initié des réunions, sans suite pour le moment. n

700 personnes ont rejoint l’association deNancray qui s’oppose au projet. “Dans les villages environnants, ça gronde” indique Stéphane Mougin, de Naisey- les-Granges. Celui qui représente l’as-

sociation A.S.P.E.N. reprend du service avec d’autres bénévoles : “Nous avions créé cette association pour s’oppo- ser au projet de Naisey en 2009 puis de Bou- clans en 2017, lequel avait été retoqué en rai- son de la présence de milans royaux. On craint que ce projet soit la porte ouverte à d’au- tres sur le secteur et que ces éoliennes puissent

“Dans les villages environnants, ça gronde.”

Le médecin du village

VALDAHON

Commerce

Burger King et McDo se feront-ils front ? Le dossier doit être arbitré au niveau départemental par la C.D.A.C. Il pourrait compromettre l’installation.

I l fait partie de cette génération de médecins comme on n’en voit plus. Un praticien capable de travailler de à 7 h 30 à 21 heures, du lundi au samedi. Un médecin capable de suturer une plaie dans son cabinet, poser un plâtre, réaliser un électro- cardiogramme, accoucher une femme en urgence au bord de la route. Un médecin encore capable de chausser les skis pour rejoindre à 3 heures du matin une ferme coupée du monde au Bélieu pour y soigner une octogé- naire victime d’unœdème pulmonaire, qu’il a sauvée. Le docteur Rondot, puisque c’est de lui qu’on parle, est un médecin de famille qui a tissé des liens avec trois générations de patients du secteur d’Orchamps-Vennes à qui il laissait sur ses ordonnances son numéro de téléphone personnel en cas d’urgence. “Des cinglés comme moi, on n’en fait plus !” confirme avec le sourire l’homme de 67 ans, passionné par son métier et installé depuis 37 ans à Orchamps-Vennes. L’envie de plaisanter, Christian ne l’a pourtant pas vraiment. Il a stoppé brutalement toute activité le 22 sep- tembre dernier après une opération à un genou. En arrêt-maladie, sans repreneur, il a décidé de poser le sté- thoscope, la mort dans l’âme. L’épi- démie de Covid a accéléré son choix. Le docteur, qui fut en première ligne comme d’autres de ses collègues, s’est senti abandonné et usé. Officiellement, il a fermé son cabinet

le 1 er décembre dernier, le temps que ses deux secrétaires adressent à tous les patients leur dossier médical en leur conseillant de se reporter vers d’autres cabinets dont celui d’Avou- drey, où deux nouveaux médecins se sont installés. Dans chacun des dossiers expédiés, le D r Rondot a glissé une lettre pour expliquer sa décision qui a surpris et déçu de nombreux patients. “Fran- chement, cette fermeture m’a tracassée. Je n’ai pas trouvé le sommeil durant plusieurs nuits car j’avais l’impression de les abandonner, avoue-t-il, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé de trouver un repreneur ! C’est à contrecœur que je ferme, avec amertume” concède-t- il depuis son bureau, attenant à la salle d’auscultation qu’il commence à vider. Malgré des annonces sur des sites spécialisés, personne ne s’est manifesté pour reprendre son outil de travail.

Le futur projet, à côté du nouveau Lidl, à Valdahon.

L a population de Valdahon croît, et avec elle, ses services. De nom- breuses enseignes s’installent, ou veulent s’installer. Encore faut-il que ces nouvelles arrivées, si elles font plus de 1 000 m 2 de surface, obtiennent une autorisation préalable. Si l’arrivée d’un Burger King (400 m 2 ) ainsi que des cellules commerciales (1 420 m 2 ) sont validées depuis plu- sieurs mois au niveau de la ferme joux- tant le rond-point (en arrivant depuis Besançon), celle de McDonald’s, à côté du nouveau Lidl, sera soumise à arbi- trage bien que la construction d’un “retail park” baptisé “Le Capitole” soit

déjà engagée (notre photo). Portée par un promoteur, cette future zone qui sera composée du fast-food et de cellules commerciales (sur environ 800 m 2 ) destinées à recevoir des bureaux administratifs est sous le coup d’une autorisation départemen- tale. En effet, la commission départe- mentale d’aménagement commercial (C.D.A.C.) dont la mission est de veiller à l’équilibre des zones doit statuer sur le sort de ce nouvel espace puisqu’il s’ajoute aux 999 m 2 du Lidl et parce qu’il emprunte la même sortie d’accès sur la route départementale 50menant à Vernierfontaine. n

Le docteur Christian Rondot a stoppé les consultations dans son cabinet d’Orchamps- Vennes il y a quelques semaines. Il est en retraite.

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