La Presse Pontissalienne 257 - Juin 2021

6 l’événement

La Presse Pontissalienne n°257 - Juin 2021

Ils ne veulent pas d’éolIennes !

Le feuilleton du projet éolien dit de Bel Coster, aux confins de la France et de la Suisse du côté de Jougne rebondit à nouveau. Un bras de fer est engagé entre les pro et les anti-éoliennes. Bel Coster n’est pas le seul exemple. Haute vallée de la Loue, Saugeais, Portes du Haut-Doubs… Partout où niassent des projets éoliens souffle le vent de la colère.

l Jougne Éoliennes de Bel Coster Des intérêts divergents entre l’énergie suisse et l’environnement français La réalisation récente de forages au droit du captage de Jougne et la venue très attendue de la juge chargée de traiter le recours des opposants au projet d’éoliennes remettent sur le devant de l’actualité ce dossier très controversé.

François Leresche opposant suisse et Fabien Renard de l’association Vivre au pied du Mont d’Or ne veulent pas voir les crêtes jurassiennes défigurées par les alignements éoliens.

I l n’y a pas qu’en France que les éoliennes sont loin de faire l’unanimité. “Dès la mise à l’enquête du projet de compétence communale, 800 citoyens suisses s’étaient opposés” , rappelle François Lere- sche de l’association“S.O.S. Jura”. Laquelle adhère aussi à l’asso- ciation nationale Paysage Libre Suisse qui milite contre l’impact des éoliennes. Une opposition populaire sans grand effet. Le projet porté par Alpiq a été validé par les trois communes concernées, à savoir Ballaigues, Lignerolle et L’Abergement ainsi que par le canton de Vaud. En 2017, lamême procédure a aussi été engagée en France par le préfet du Doubs recueillant 96 oppositions. Le préfet de l’époque avait d’ailleurs émis un avis défa-

vorable. L’occasion d’appliquer la convention d’Espoo portant sur l’évaluation de l’impact sur l’environnement de projets dans un contexte transfrontalier. La France a demandé des études complémentaires sur deux points : la source des Bonnes Eaux qui alimente 80 % de la population de Jougne et l’impact paysager induit par la présence des 9 éoliennes en ligne de crête au-dessus d’Entre-les-Fourgs et de Jougne. Suite à la validation du projet par le canton de Vaud, un recours a été engagé en 2019 au tribunal cantonal. Il fédère la plupart des associations de protection de la nature en Suisse ainsi que l’association Vivre au pied duMont d’Or et la commune de Jougne. “Côté France, on est soutenu par toutes les communes

alentour, la com’com des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs, la station de Métabief, l’office de tourisme…” , explique Fabien Renard, le secrétaire de l’asso- ciation Vivre au pied du Mont d’Or. Ce dernier s’étonne de la position du préfet du Doubs qui a demandé aux autorités suisses des études complémentaires sur

territoire suisse. “On lui avait proposé de venir en France pour mieux visualiser les impacts du projet à tous les niveaux paysa- gers, écologiques, patrimoniaux. Rappelons que ce projet, c’est 11 hectares de travaux de défriche- ment, la construction de routes. Sans compter aussi les 1 500 tonnes de béton au pied de chaque éolienne.” Les requérants ne se font guère d’illusions sur la décision du juge. Selon eux, les intérêts français ont toujours été ignorés par la Suisse. “Il suffirait que la prin- cipale commune, c’est-à-dire Bal- laigues soit contre pour tout faire basculer mais c’est loin d’être le cas. Dans cette affaire, et c’est la

éolien mais un pro-éolien qui a étudié la ques- tion. Le temps joue pour les oppo- sants.” Car pour lui, cela ne fait aucun doute : le développement éolien en Suisse, c’est la poule auxœufs d’or. “La Suisse a décidé d’arrêter le nucléaire, ce qui signi- fie que 36 %de la consommation doivent être remplacés par des solutions durables. C’est l’argu- ment avancé pour justifier ces investissements. Le kWh éolien est indemnisé 23 centimes de franc suisse. 97 %du chiffre d’af- faires de l’exploitation éolienne provient des subventions et seu- lement 3 % viennent du marché. C’est l’arnaque du siècle.” n F.C.

question qui se posera à la juge, faut-il privilégier la production de Kwh par les éoliennes au détri- ment de l’impact paysager ? , ana- lyse François Leresche en ajou- tant. Je suis choqué que mon pays se comporte comme cela à l’égard de la France.” Pour autant, le combat judiciaire est loin d’être terminé.C’est peut- être là que réside l’issue de cette affaire. Si la juge rejetait le recours, les opposants peuvent faire appel au tribunal fédéral. Et si cette instance accepte le projet, ils auraient encore la pos- sibilité de faire un recours éolienne par éolienne. “Il faut qu’on les fatigue et qu’on leur démontre que ce n’est pas un anti-

la source de Bonnes Eaux et la réactivation du groupe de travail sur les paysages avant même que le recours au tri- bunal cantonal soit terminé. Il regrette aussi que la juge limite sa visite du 8 juin au

“C’est l’arnaque du siècle !” dit un opposant.

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