La Presse Pontissalienne 251 - Novembre 2020

La Presse Pontissalienne n°251 - Novembre 2020

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l Hôpital La situation au Centre hospitalier Intercommunal de Haute-Comté “Ça flambe, cette deuxième vague arrive plus vite que prévu” L’hôpital de Pontarlier

L a Presse Pontissalienne : Pouvez-vous décrire la situation à l’hôpital de Pon- tarlier ? Olivier Volle : Il y a de nombreuses admis- sions avec par exemple 18 entrées Covid la nuit du 29 au 30 octobre. Ce sont des personnes qui ont surtout entre 40, 50 et 60 ans. Une simulation de l’Agence régionale de santé nous annon- çait la vague pour la troisième semaine de novembre. Ça flambe plus vite que prévu. L.P.P. : De combien de lits de réanimation dis- posez-vous ? O.V. : Nous n’avons pas de lits de réa- qui sauver, la question se posera, peut-être, dans les semaines à venir. Le point avec Olivier Volle son directeur. Hôpital de Mouthe : 14 résidents et 6 professionnels positifs déprogramme des opérations pour faire face à l’afflux de patients Covid. Si ce n’est pas encore le moment de choisir L’épidémie frappe de plein fouet l’hôpital René-Salins de Mouthe avec pas moins de 14 résidents positifs et 6 professionnels de santé (au 30 octobre). Comment l’ex- pliquer alors que les mesures barrières sont strictes ? La direction du C.H.I.H.C. pointe le non-respect des gestes barrières par certaines familles. “On observait que

Un espace dédié Covid aux urgences de Pontarlier.

sans lesquels une perte de chance serait redoutée pour le patient. L’activité de diagnostic reste maintenue (consulta- tions externes). Les visites sont inter- dites à l’exception des accompagne- ments de fin de vie. Concernant la maternité et la pédiatrie, il convient de se renseigner auprès du service. Il est nécessaire que la population respecte bien le confinement, afin de ne pas saturer nos services hospitaliers. Le fort taux d’occupation des lits peut conduire les équipes de soins à accélérer les sorties, ou à préconiser le maintien à domicile avec un accompagnement en alternative à l’hospitalisation. Nous comptons sur la solidarité de tous, et notamment des familles, pour atteindre cet objectif. L.P.P. : Un exemple d’opérations déprogram- mées ? O.V. : Une prothèse de genou, de hanche. Les opérations en urgence se poursui- vent et d’heure en heure, on s’adapte au flux de patients. Nous avions des cancers en urologie à opérer par exem- ple, on les maintient. L.P.P. : Combien d’agents hospitaliers sont-ils en arrêt-maladie ? O.V. : Je ne peux pas encore le dire. Sur

nimationmais cinq lits de surveillance continue, tous occupés au moment où je vous parle. Demain, au plus fort de la crise, le C.H.U. de Besançon en rou- vrira. On fera le tampon. L.P.P. : Comptez-vous sur l’aide des cliniques privées ? O.V. : C’est en discussion. L.P.P. : Le centre hospitalier peut-il tenir le cap de la deuxième vague en termes de moyens humains ? O.V. : L’établissement déprogramme des activités chirurgicales ou médicales, à l’exception des urgences et des actes certaines ne respectaient pas le port du masque. Il y a eu beaucoup de contami- nations intra-familiales” indiqueOlivier Volle. Une situation qui oblige l’hôpital à lancer un appel aux bénévoles, associations, professionnels, pour venir les aider dans des domaines aussi variés qu’agents de service, infirmiers, aides-soignants. Une personne a entendu cet appel et a rejoint les équipes. C’est encore insuffisant. Contact auprès de la Direction des Soins au 03 81 38 58 48.

C’est trop tôt pour le dire mais ça devrait passer. L.P.P. : Avez-vous assez de matériel pour faire face à cette seconde vague ? O O.V. : Il semblerait que nous ayons à l’avenir des difficultés pour nous appro- visionner en embouts (réactifs) pour les tests. L’hôpital va louer un automate de laboratoire, d’ici 15 jours. Pour l’ins- tant, les tests sont analysés au C.H.U. de Besançon. On renforce les navettes pour avoir des délais plus rapides, à un jour pour le moment. L.P.P. : Pourquoi le Haut-Doubs et le Jura sont- ils plus touchés par la Covid ? O.V. : Effectivement, le Jura a été touché quatre jours avant nous, Pontarlier commence à l’être.Est-ce dû au brassage de la population ? On l’ignore. n Propos recueillis par E.Ch.

l’hôpital général de Pontarlier, on a 14 professionnels positifs Covid. S’ils sont asymptomatiques, ils travaillent. L.P.P. : Certains sont-ils absents car fatigués ? O.V. : Personne ne se désengage pour ce motif-là. On sait qu’ils sont fatigués, mais ne s’arrêtent pas. Est-ce que cela interviendra demain ? Il y a un risque. L.P.P. : Un choix de qui sauver peut-il s’opérer dans les jours à venir ? O.V. : Lors de la première phase, il n’y a pas eu à le faire. Compte tenu des effets secondaires de la réanimation, on ne pourra pas envoyer tout lemonde. Le choix se fera au C.H.U. de Besançon qui nous dira : “Je prends ou je ne prends pas ce patient.” Cela est arrivé de ne pas envoyer de malades en réa- nimation à Besançon, et ils se sont réta- blis à Pontarlier. Faudra-t-il choisir ?

l Épidémie

Le Haut-Doubs mauvais élève dans la transmission du virus Covid : quelles sont les communes les plus touchées ?

Courvières, Bannans, Bulle, Frasne, Mouthe, Châtelblanc possédaient fin octobre le peu glorieux palmarès des communes où le taux d’incidence Covid était le plus fort. Une carte interactive permet de visualiser l’évolution.

Le Haut-Doubs fortement touché avec un taux d’incidence de 1 000 cas pour 100 000 habitants (capture d’écran geodes.sante-

U ne carte du taux d’inci- dence sur une semaine et par commune a été dévoilée par Santé Publique France à partir du 18 octobre. Elle met en lumière le nombre de cas pour 100 000 habitants sur 7 jours, le taux de dépistage, le taux de positivité. La bande frontière est - encore une fois - un lieu actif dans la transmission du virus comme ce fut le cas lors de la première vague. Comment l’expliquer ? Sans doute en raison des échanges nombreux avec la Suisse qui fait face, elle aussi, à une augmentation exponen-

tielle du nombre de cas comme le canton de Vaud qui était en zone écarlate fin octobre. Des spécialistes évoquent également la courbe des températures : là où il fait plus froid, le virus cir- cule davantage, ce qui pourrait expliquer que la plaine était fin octobre moins touchée. De Pontarlier à Maîche en pas- sant par Morteau ou Valdahon, le taux d’incidence était supé- rieur à 250 alors que Besançon oscillait par exemple entre 150 et 250 cas pour 100 000 habi- tants. Le taux d’incidence le plus fort se retrouvait mercredi 28 octobre

dans les communes de la vallée du Drugeon à l’instar de Cour- vières, Bulle, Bannans, Bouve- rans, Frasne. Il était ici de 1 000 et plus pour 100 000 habitants. Un peu plus haut en altitude, Mouthe et Châtelblanc sont sur la même valeur au même titre qu’Amancey, Amathay-Vési- gneux, Saraz. Plus au centre du Doubs, Valdahon et Chevigney- les-Vercel étaient eux aussi dure- ment touchés. Dans une moindre mesure, la communauté de communes du Grand Pontarlier, le Saugeais, affichaient un taux d’incidence compris entre 250 et 500.

publique- france.fr)

Les données statistiques per- mettent de connaître le nombre de patients hospitalisés, ceux en réanimation, ceux décédés.

d’un reconfinement ? Toutes ces données peuvent être consultées quotidiennement sur le site santepubliquefrance.fr n

Le 27 octobre par exemple dans le Doubs, 54 patients étaient hospitalisés, 14 étaient en réa- nimation. Quel sera l’impact

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