La Presse Pontissalienne 140 - Juin 2011

20 DOSSIER I La Presse Pontissalienne n° 140 - Juin 2011

PONTARLIER Une expérience positive L’attrait du gâteau suisse pour Kevin Boulanger de formation, Kevin Girod a quitté les Vosges pour tenter sa chance en Suisse. À 19 ans, il n’a pas grand-chose à perdre. Aucun regret.

D ifficile de mettre la main sur ces jeunes frontaliers expatriés.Très mobiles, tous équipés en portables, ils sont presque insaisissables. Ils sont probablement plus nombreux qu’on ne l’imagine. Leur principale motivation : trouver un emploi qui rapporte plus qu’ils ne touchaient auparavant.

quait pas grand-chose d’aller voir ce qui se passe ailleurs. Ayant déjà de la famille installée sur la bande fronta- lière et prête à l’aider au besoin, Kevin se lance dans ce nouveau défi. Il pose ses valises à Jougne en octobre der- nier. “J’ai trouvé un emploi à Crissier dans une grosse boulangerie. Les jour- nées sont bien remplies. Je ne m’en plains pas.” Il s’y retrouve largement sur le plan du salaire qui a plus que doublé par rapport à ses revenus per- çus précédemment en France. Il a délaissé Jougne pour Pontarlier, pré- férant la ville à la campagne. “Je ne me sens pas trop dépaysé. Pontarlier ressemble un peu à Épinal et j’ai tou- jours aimé la montagne. Par contre, je trouve que les gens d’ici ne sont pas aussi sympathiques que dans lesVosges. C’est juste une première impression”,

Kevin Girod a grandi dans la commune de Raon-aux-Bois située dans les Vosges à une vingtaine de kilomètres au Sud d’Épinal. “C’est une région un peu sinis- trée. Comme je ne par- venais pas toujours à trouver une place dans la boulangerie, je prenais ce qui venait.” Dans ces circonstances, il ne ris-

“Les Suisses sont un trop anti-fronta- liers.”

Kevin Girod a profité des avantages de son nouveau pouvoir d’achat pour investir dans une voiture neuve.

indique Kevin. Son emploi du temps assez variable laisse peu de place aux loisirs. Seul

extra, une salle de sports pontissa- lienne qu’il fréquente en semaine. His- toire de se défouler. La capitale du Haut-Doubs n’étant pas trop éloignée de Raon-aux-Bois, il rentre encore assez souvent à la maison, une à deux fois par mois. “Tout se passe bien sur le plan professionnel. Je ne suis pas trop ravi des Suisses un trop anti-frontaliers.” Kevin a profité de la hausse de son pouvoir d’achat pour

changer de voiture. Il a investi dans du neuf. Sans succomber au modèle sport. “Ça coûterait trop cher en assu- rance. Je suis encore jeune conducteur.” Le jeune boulanger ne sait pas enco- re s’il fera de vieux os dans le secteur. Pas une question d’argent ou de mal du pays. Non, il rêve tout bonnement de partir tenter sa chance aux États- Unis. Le rêve américain encore et tou- jours. F.C.

HÉBERGEMENT Marché locatif proche de la saturation Le gros souci du logement

C’est l’un des soucis les plus épineux sur la bande frontalière quand l’outil économique suisse repart à l’embauche comme c’est le cas depuis plusieurs mois.

depuis la reprise. Tous n’ont pas les moyens de sortir de telles sommes. Cer- tains viennent sur- tout pour ne pas trop en dépenser. Ils se rabattent parfois au camping du Miroir aux Hôpitaux-Neufs où les exploitants

MALBUISSON Adjoint au maire Le coup de cœur pour Malbuisson Ingénieur dans la fabrication du papier, Florent Bougerolle, 33 ans, a d’abord été séduit par le pro- fil d’un poste proposé en Suisse. Il a eu le coup de cœur pour Malbuisson où il a fondé une famille. J olie situation, charmante maison dans une petite station balnéai- re, belle famille en devenir, on se dit que ça vaut le coup de faire des études et de travailler en Suisse. Florent Bougerolle ne renie pas cette qualité de vie. “J’ai beaucoup travaillé pour réussir dans mes études. La Suisse n’était pas une priorité. Il y a aussi de belles oppor- tunités à saisir dans les papeteries françaises qui manquent de cadres. J’ai flashé sur le poste découvert à l’école d’ingénieur par le biais d’un site spécialisé” , explique Florent Bougerolle qui postule et décroche l’emploi en octobre 2002. Il travaille à La Sarraz chez un fournisseur d’équipements pour l’industrie papetière. Cette place lui offre l’occasion de parcourir le monde entier, de maî- triser l’anglais tout en exerçant dans son champ de compétences pri- vilégié. L’idéal pour un jeune célibataire qui s’installe directement à Malbuisson. “J’aime le caractère vacancier de ce village où le pourcen- tage de frontaliers ne dépasse pas 30 %. C’était aussi un argument. Je

La cocotte immobilière sous pression.

L es studios comme les appar- tements de type T3, T4 sont très demandés actuellement. “À Métabief, on reçoit deux à quatre appels par jour pour ce type de logement. On a très peu de choses à louer” , observe Laëtitia, conseillè- re en location à l’agence Century 21 de Métabief. La demande est encore plus forte sur Pontarlier. Le scénario est sou- vent le même dans le processus de migration. C’est généralement le

père qui arrive le premier. Lui cherche un studio, le temps de trou- ver ou de conforter sa situation en professionnelle. Puis le reste de la famille rejoint l’éclaireur. C’est l’heure de pousser les murs et d’ajouter une ou deux chambres supplémentaires dans le nouvel appartement. Les loyers sont presque indexés sur la vitalité de l’économie frontaliè- re. Comptez bien 300 euros H.T. pour un studio sans garage. Le prix des locations a progressé de 20 %

louent également une dizaine de chambres. “Les frontaliers assurent 70 % du remplissage. Ils viennent souvent à la semaine et repartent le week-end” , explique Tony Bôle- Richard, l’un des deux associés. De la résidence dépannage bien pra- tique, pas trop chère et qui sert un peu de soupape à la cocotte immo- bilière sous pression. F.C.

ne me voyais pas vivre en Suisse. J’avais trop peur de me confronter aux rouages de l’administration suisse.” Petit à petit l’oiseau fait son nid. Florent Bougerolle ren- contre sa moitié et l’épouse. Il monte en grade au tra- vail, se voit confier plus de responsabilités. Cette évo- lution signifie aussi moins de voyages et plus de tâches administratives. De fil en aiguille, la famille Bougerolle s’agrandit avec l’arrivée d’une petite fille. Le couple fait l’acquisition d’une maison. Florent Bougerolle se lance dans la réno- vation. Attiré par la vie locale, il se positionne aux der- nières élections municipales. Bingo. Le voilà adjoint à l’urbanisme, au tourisme et à la communication. “Ce n’est pas toujours facile de tout concilier entre le travail, la famille et la commune” avoue le frontalier. Mais cela contribue certainement à accélérer l’intégration. La famille Bougerolle se sent bien à Malbuisson. C’est par- ti pour durer. F.C.

“Je ne me voyais pas

vivre en Suisse”

Les jeunes frontaliers épluchent les annonces immobi- lières.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker