La Presse Pontissalienne 114 - Avril 2009

POLITIQUE

La Presse Pontissalienne n° 114 - Avril 2009

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GRAND TÉMOIN

Sa vision de l’Europe de demain Sylvain Marmier : “Je n’ai pas l’intention de devenir ministre” À 40 ans, fort d’une solide expérience des grands dossiers agricoles, Sylvain Marmier est candidat aux Européennes de juin prochain sur la liste U.M.P. dans la circonscription Est. Il s’en explique.

L a Presse Pontissalienne : Comment se présente aujour- d’hui (25 mars) cette candidature ? Sylvain Marmier : Il y aura 9 élus sur la circons- cription Alsace, Champagne-Ardennes, Bour- gogne et Franche-Comté. C’est d’abord impor- tant d’être présent car les chances sont réduites d’avoir un représentant comtois au Parlement européen. Ensuite, pour être certain de passer, il faut figurer au moins dans les trois premiers de la liste. Ce qui n’est pas encore décidé car il y a une très forte pression de candidatures. L.P.P. : Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière de composer cette liste ? S.M. : Elle est constituée en fonction de plusieurs paramètres. Elle intègre la parité hommes/femmes, le respect des équilibres géographiques et la diversité des compétences sur les grands dos- siers européens. On est dans le champ d’une sélection multicritères. L.P.P. : Quels sont vos atouts ? S.M. : J’ai la compétence sur le dossier agricole. Je parle couramment l’anglais. Autre avantage, je propose une candidature socioprofessionnel- le. On vit dans une Europe très technocratique et administrative dans laquelle les citoyens ne se reconnaissent pas forcément. Il est nécessai- re de partir sur de nouvelles bases avec une reconstruction plus pragmatique, d’où l’intérêt de pouvoir s’appuyer sur des députés capables d’apporter un regard très concret. L.P.P. : Vous maîtrisez donc bien l’agriculture européen- ne ? S.M. : Oui. C’est même la base de mon engage- ment politique. Le déclic européen s’est amorcé à partir de 2002 en devenant administrateur national des Jeunes Agriculteurs plus spéciale- ment chargé du dossier international. J’ai ensui- te eu des responsabilités au sein de l’A.F.D.I. (Agriculteurs Français et Développement Inter- national) avant de prendre la présidence du Centre Européen des Jeunes Agriculteurs en 2005. C’était au moment de la constitution, des négociations mondiales du commerce, de la réfor- me de la P.A.C. et de l’élargissement de l’U.E. Cela m’a permis par exemple de parcourir les 10 nouveaux États-membres. Je pense qu’on doit être tout au plus une dizaine en France à bien maîtriser les dossiers agricoles. L.P.P. : Ce mandat de député serait un aboutissement ? S.M. : Je considère plutôt qu’il s’agit d’une étape

86 % du budget. Le reste est consacré aux trans- ports, à la recherche-innovation, au fonctionne- ment de Bruxelles. Cette répartition est appe- lée à évoluer car il faudra prendre en compte la politique de défense, l’énergie, les stratégies internationales. Cela ne nécessitera pas forcé- ment plus d’argent mais peut-être une meilleu- re utilisation. L.P.P. : Que pensez-vous de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne ? S.M. : C’est encore trop tôt. Développons d’abord des partenariats économiques avec ce pays. On pourra aller plus loin s’ils font de réels progrès sur le terrain des droits de l’homme dans les 10 ans à venir. L.P.P. :Vous évoquiez précédemment davantage de cohé- rence sur les questions de sécurité ? S.M. : Oui. C’est assez surprenant de voir qu’il existe encore 27 politiques de défense. L’Europe ne se limite pas aux projets d’aménagement. On a tendance à sous-estimer son rôle vis-à-vis de la notion de paix. L’Europe apporte un espace de stabilité dans de multiples domaines : défen- sif, financier. Sans l’euro et les systèmes de régu- lations imposés par la Banque Centrale, la plu- part des pays membres seraient certainement dans des situations plus tendues. L.P.P. : L’Europe peut-elle régler les disparités fiscales qui pénalisent l’espace frontalier jurassien ? S.M. : Une discussion est actuellement en cours sur le sujet. Faute de pouvoir instaurer une zone franche, les députés et Bruxelles devront trou- ver des alternatives comme la mise en place d’une fiscalité adaptée qui s’adresserait aux entreprises frontalières qui cumulent plusieurs handicaps. Par son soutien aux projets inno- vants, l’Europe aide aussi les filières bois, lunet- terie, tourisme. L.P.P. : Un député européen efficace pour sa région, c’est quoi ? S.M. : Si l’on veut être bon, il faut malheureuse- ment être très présent à Bruxelles. On peut pen- ser localement mais il faut avoir les stylos dans les instances de décisions. Un député assiste rarement aux inaugurations. C’est dommage. La réforme des collectivités territoriales devrait peut-être intégrer cette dimension, en imagi- nant comment on pourrait représenter l’Europe sur le terrain. L.P.P. : Une Europe plus proche des citoyens… S.M. : Tout à fait. Il y a un grand besoin de se l’approprier à l’échelon local ou régional. L.P.P. : La campagne ne s’annonce-t-elle pas plus déli- cate avec la crise? S.M. : Quand le contexte économique est défavo- rable, c’est toujours difficile de convaincre sur- tout en quelques semaines. Il appartient donc aux candidats de s’investir davantage pour inci- ter d’abord les gens à voter et leur faire com- prendre tout l’intérêt d’aller vers une Europe encore plus forte. Propos recueillis par F.C. Depuis 2007 Membres du bureau de la Chambre dʼAgriculture du Doubs et de Franche-Comté Depuis 2007 Vice-président du Conseil Éco- nomique et Social de Franche-Comté Depuis 2008 Membre du bureau dʼEuromontana au titre de la F.N.S.E.A. Depuis novembre 2008 Membre du conseil de lʼU.M.P. Depuis 2002 Administrateur et membres du bureau de la F.D.S.E.A. du Doubs

importante. Je n’ai absolument pas l’intention de devenir ministre. Je crois beaucoup à l’Europe. On doit s’y impliquer à fond car les générations à venir dépendront beaucoup du ren- forcement de la cohésion euro- péenne. J’ai envie de défendre l’Europe de façon pragmatique et moins démagogique. L.P.P. : Vous fréquentez toujours Bruxelles ? S.M. : Oui. Depuis 2008, je suis membre du bureau Euromon- tana au titre de la F.N.S.E.A. Cette structure défend l’agriculture de montagne. Nous travaillons actuellement sur le livre vert, sur l’épineux dossier de l’harmonisation des signes de qualité. L.P.P. : Du comté et de la saucisse de Morteau ? S.M. : Indirectement dans le sou- ci d’obtenir une vraie recon- naissance des systèmes coopé- ratifs, mutualistes, des groupements de producteurs.On se bat pour qu’ils ne soient pas considérés par Bruxelles com- me de la concurrence déloyale.

Entre la 3 ème et la 5 ème place sur la liste, rien n’est encore fixé pour Sylvain Marmier. Le candidat U.M.P. compte bien figurer dans les trois premiers, gage d’une place de député européen pratiquement assurée.

“Faut-il créer un impôt européen ?”

ouvre au citoyen la possibilité de demander des comptes à son député. L.P.P. : Quel est selon vous le chantier à entreprendre en priorité ? S.M. : En premier lieu le budget. Comment on le constitue ? Sur quelles bases ? Faut-il créer un impôt européen ? Aujourd’hui, l’agriculture et les politiques régionales absorbent à eux deux Repères Sylvain Marmier en dates Ses autres engagements Depuis 1997 Administrateur du Crédit Agrico- le de Franche-Comté Vice-président de la caisse régionale depuis avril 2005 Depuis 2001 Administrateur de lʼAgence de lʼEau Rhône-Méditerranée-Corse, pour la Chambre Régionale dʼAgriculture de Franche-Comté.

L.P.P. : Selon vous, quelle place occupe la France sur l’échiquier européen ? S.M. : L’Europe n’est rien sans la France. Elle sera encore plus forte avec la France à 27. On doit raisonner collectif, faire le choix de renfor- cer l’Europe. S’y investir fortement, sans arro- gance ni agressivité mais avec beaucoup d’engagement et de relations publiques. C’est clair, il y a un gros travail de fond à engager. L.P.P. : Et ne pas oublier le non à la Constitution ? S.M. : Ce vote négatif signifie à mon sens une incompréhension voire une peur de l’Europe. Avec 27 pays, c’est devenu difficile d’en cerner les contours. On a du mal à identifier cet espa- ce d’échanges. Il est nécessaire d’apporter de nouveaux outils et de définir une ligne politique claire dans tous les domaines : social, économie, énergie, défense… L.P.P. : Le fonctionnement de l’institution mérite aussi d’être clarifié ? S.M. : Le traité de Lisbonne va dans ce sens. Les parlementaires vont être obligés de parler de l’Europe. On aura un président élu pour deux ans et un Parlement qui “co-décidera” avec le conseil des ministres. Cette avancée décisive

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