La Presse Pontissalienne 114 - Avril 2009

La Presse Pontissalienne n° 114 - Avril 2009

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SOLIDARITÉ

Des travaux place Jules-Pagnier

Les Restos du Cœur affichent une hausse de 10 % Conséquence directe de la crise, les inscriptions aux Restos du Cœur ont sensiblement augmenté dans le Haut-Doubs : “raisonnable” à Pontarlier avec + 10 %. Elles ont explosé dans le Val de Morteau avec + 25 %.

Les bénévoles des Restos n’ont jamais autant été sollicités que cette année (archive L.P.P.).

L’épicerie solidaire est en phase d’aboutissement Ce projet centralise la distribution de l’aide alimentaire à l’échelle du Haut-Doubs forestier. Il s’inscrit aussi dans une démarche de réinsertion sociale. PRÉCARITÉ Ouverture début juin

M arie-Andrée Delgran- di, en son for intérieur, s’attendait certaine- ment à pire. En faisant les comptes à la fin de la campagne hivernale des Restos du Cœur, la calculette de la responsable de l’antenne pontissalienne affiche une hausse de 10 % du nombre de repas servis par rap- port à l’année dernière. Entre septembre 2008 et fin mars 2009, 37 500 repas ont été ser- vis à 232 familles. “Nous avons eu des inscriptions jusqu’au dernier jour”, précise tout de même M me Delgrandi qui a remarqué “une hausse inquié- tante des familles monoparen- tales avec deux ou trois enfants.” Autre phénomène en aug- mentation aux Restos pontis- saliens : le nombre de jeunes. “Beaucoup de jeunes étaient “à la rue” cette année. Ce sont sur- tout des gens qui ne sont pas de Pontarlier et qui cherchent du travail ici.” L’augmentation du nombre de retraités inscrits aux Restos est aussi notable dans la capitale du Haut-Doubs, “mais c’est encore dans la limi- te du raisonnable. La crise n’est peut-être pas encore complète- ment arrivée sur Pontarlier” se dit la responsable. Cette année encore, la solida- rité a joué à fond dans le Haut- Doubs. Le coup de pouce don- né aux Restos pontissaliens

À Besançon, principale anten- ne du département, les chiffres ont été en hausse de 12 % cet- te année. “878 familles étaient inscrites au début de la cam- pagne hivernale. Ce qui cor- respond à 2 359 adultes et 117 bébés” précise-t-il. Le nombre d’enfants de moins de deux ans a presque doublé depuis l’année dernière ! Alarmant. À l’antenne bisontine de la rue Haag, on croise beaucoup de jeunes mamans qui élèvent seules leur(s) enfant(s). Pour elles, le centre de Besançon a créé un espace puériculture où ces mères trouvent des choses pour des bébés de moins de 18 mois. “Nous donnons des couches, du lait, un nécessaire de toilettes, des vêtements. Cela fait six ans que je suis là, c’est la première année que je vois autant de bébés” indique Ginet- te, bénévole. L’écoute, le dia- logue, l’humanité de l’accueil font aussi partie de ce service gratuit. “Pour la première fois, on propose même un trousseau pour les futures mamans qui vont entrer à la maternité.” Le cœur est grand aux Restos.

par l’association de Mouthe “Le petit tétras” est allée droit au cœur des 28 bénévoles pontis- saliens. “Ils ont fait leur propre collecte et ramené un camion entier de denrées, ce qui nous a permis de ne pas être en rup- ture de stocks.” Soulignons enco- re l’initiative de ce restaura- teur de Doubs, M. Prizzi de la pizzeria Romagnola, qui toutes les semaines offrait des repas à une ou deux familles néces- siteuses. La hausse relative des chiffres pontissaliens est à contreba- lancer par ceux de l’antenne voisine de Morteau où là, la hausse dépasse les 25 % par rapport à l’année dernière. “Au bout de 11 semaines, c’est-à- dire six semaines avant la fin de la campagne d’hiver, nous avions déjà enregistré une haus- se de 25 % des bénéficiaires”, constate Jean-Claude Lobre, le président de l’antenne mor- tuacienne. En nombre de repas servis, cette hausse s’envole à + 37 %. Le nombre de bénéfi- ciaires les plus démunis a plus que doublé à Morteau. “On ne s’attendait pas à une hausse de cette ampleur. Nos stocks de la collecte d’octobre ont fondu” reconnaît M. Lobre. L’antenne de Morteau a été contrainte pour la première fois de son histoire une seconde collecte, début mars.

L a précarité semble augmenter avec la crise économique qui sévit aussi sur le Haut-Doubs. En rupture de stock, les Restos du cœur à Pontarlier ont dû fermer plus tôt que prévu.Nul doute que l’ouverture de cette épicerie sociale ou solidaire, prévue début juin, soit alors attendue avec impa- tience. Le projet a été lancé en 2006 à l’initiative d’Emmaüs. Il a ensuite fédéré la Banque ali- mentaire, la Croix Rouge et le Panier de Bar- nabas pour se concrétiser par la création de l’association “Au p’tit panier”. Le dispositif est soutenu par le C.C.A.S. et le CentreMédi- co-Social rattaché au Conseil général. “Cet- te épicerie sociale est apparemment la seule à réunir les associations proposant de l’aide alimentaire” , observe Martine Normand, la présidente du P’tit panier. Seul le Secours catholique n’est pas impliqué dans la démarche. “On a participé aux premières réunions sans aller plus loin car on ne dis- tribue pas de nourriture. On s’implique dans une autre forme d’assistance” , justifie son président Raymond Gresset. Le mode de fonctionnement de l’épicerie soli- daire diffère sensiblement de ce qui se fai- sait jusqu’à présent. “La distribution s’effectuera par le biais d’une contractuali- sation avec un accompagnement social” , explique Françoise Bourliaud, la directrice du C.C.A.S. en précisant qu’il y aura toujours un accès dans l’urgence auprès de l’association.

“Redonner de la dignité aux hommes, c’est aussi faire en sorte qu’ils deviennent acteurs de leur existence. En venant au P’tit panier, ils ne paieront que 10 % du montant réel de leurs achats. On va les libérer ainsi de la contrainte alimentaire et l’argent économisé leur servira à régler d’autres dépenses.” Plus qu’un acte de distribution, une vraie démarche d’intégration. Une commission de cinq personnes associant l’association, le C.C.A.S. et le Centre médico-social exami- nera les dossiers des familles susceptibles d’accéder au p’tit panier sur des périodes de trois mois renouvelables. “On estime qu’il devrait y avoir une centaine de familles” , poursuit Martine Normand. L’approvisionnement en denrées de premiè- re nécessité : conserves, pâtes, huiles et si possible produits laitiers, fruits, légumes est confié à la Banque Alimentaire qui aura la charge d’animer un réseau de collecte auprès des grandes surfaces pontissaliennes notam- ment. La Ville a investi 50 000 euros dans l’aménagement des locaux situés aux casernes Marguet dans l’ancien marché couvert. “On prévoit d’ouvrir le mardi et le vendredi après- midi en sachant qu’il faudra bien prendre en compte l’approvisionnement et la disponibi- lité des bénévoles.” Deux travailleurs sociaux seront présents lors des permanences. Ils seront assistés par une étudiante en forma- tion de Conseillère Économie Sociale et Fami- liale. L’épicerie solidaire intègre aussi une dimen- sion pédagogique avec le projet de mettre en place des ateliers de cuisine animés par les bénévoles. L’idée étant d’apprendre ou de réapprendre à manger de façon équilibrée avec des aliments simples. Des moments d’échanges et pourquoi pas de convivialité en perspective qui éviteront peut-être à cer- tains de sombrer dans la solitude. C’est tou- jours plus facile de remonter la pente quand on se sent un peu moins seul. F.C.

J.-F.H.

Les Restos en chiffres Sur le plan national : - 91 millions de repas distribués lʼan dernier. - 700 000 bénéficiaires. - 51 500 bénévoles. - 65 000 tonnes de produits distribués dont 18 millions de litres de lait. - 3 000 semi-remorques envoyés dans toute la France pour approvisionner les centres locaux. Sur le Doubs : - 528 000 repas distribués. - 2 124 familles aidées. - 5 340 adultes et 275 bébés.

“Ce projet procède d’une volonté de faire évoluer l’aide alimentaire”,

indique Martine Normand, la présidente du P’tit panier.

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