La Presse Bisontine 81 - Octobre 2007

34 LE FEUILLETON TGV

La Presse Bisontine n°81 - Octobre 2007

TRAVAUX LE CHANTIER IMPLIQUE AUSSI LE MONDE AGRICOLE À 52 ans, Antoine Cottin est agriculteur à Émagny. C’est sur ses terres, à Chaucenne, que s’est implantée la base vie des terrassiers du lot A4. De petits coups mains en petits coups de mains rendus aux entrepreneurs en charge du projet, il est devenu collabora- teur du chantier, intervenant là où on a besoin de lui pour des missions spécifiques.

“Ç a, c’est la Rolls des tracteurs !” Installé aux com- mandes de son John Deere de 190 CV, Gérald Monnet ne bou- de pas son plaisir. À 20 ans, le garçonmesure sa chance de pou- voir collaborer à la construction de la Ligne à Grande Vitesse au volant de cet engin. Comme chaque employé, il a un rôle à tenir sur ce chantier qui res- semble à une fourmilière géan- te à ciel ouvert. Il est chargé de l’arrosage des pistes sur le lot A4. Par temps sec, la poussiè- re levée par le ballet incessant des camions rendrait très dan- gereuses les conditions de tra- vail, “alors pour des raisons de

sécurité, on arrose.” Dès que nécessaire, GéraldMon- net part donc à Émagny où le groupement d’entreprises de travaux publics en charge du lot A4 a aménagé une platefor- me de pompage de l’eau sur l’Ognon. C’est là, au bord de la rivière, qu’il vient faire le plein de sa tonne de 18 000 litres qu’il tire derrière son tracteur. Il effec- tue la manœuvre sans difficul- tés, question d’habitude. Une fois sur la piste, la mission est délicate et demande une attention accrue. “Il faut savoir analyser le terrain. J’évite de mouiller la piste dans les virages, les descentes et les montées afin que les camions qui passent après moi ne glissent pas. Il faut tou-

jours se mettre à la place des autres chauffeurs” insiste-t-il. Mais justement, à la différence des autres chauffeurs d’engins qui sont employés dans des entre- prises de travaux publics com- me B.E.C. ou D.D.P., lui a le sta- tut d’ouvrier agricole. Son patron estAntoine Cottin, 52 ans, agri- culteur à Bellefontaine (com- mune d’Émagny). Son exploita- tion est située à deux pas de la base vie de Chaucenne, qui occu- pe d’ailleurs 8,6 hectares de ses terres (elles seront remises en état à la fin du projet). Le chan- tier T.G.V., il vit avec. Il y a un an encore, l’activité de ce professionnel était rythmée par les travaux courants de la ferme. Il partageait son temps

C’est là, sur une plateforme de pompage de l’eau de l’Ognon, que l’exploitant vient remplir sa tonne. L’opéra- tion est automa- tique, il n’est pas

nécessaire de descendredu tracteur.

Je suis mis à contribution depuis le début” remarque l’intéressé qui a toujours répondu favora- blement aux sollicitations. De petits coups demain en petits coups de main, la direction du groupement lui a proposé une collaboration plus étroite à condi- tion de respecter le cahier des charges en matériel précis. Elle l’a missionné pour l’arrosage des pistes. “J’ai tout acheté pour cela, dont une tonne de 18 000 litres comme on me le deman- dait.” Le problème est qu’un tel équipement est exceptionnel dans le monde agricole. Il est presque introuvable neuf dans des délais raisonnables. Antoine Cottin a donc cherché la machine sur Internet pour finalement trouver son bonheur dans l’Aisne. L’exploitant a éga- lement acquis deux tracteurs

de 190 CV, une benne de tra- vaux publics de 22 tonnes, ou encore deux plateaux de 12 mètres régulièrement deman- dés pour faire du transport de matériel nécessaire au coffra- ge. Au final, Antoine Cottin a inves- ti environ 300 000 euros dans l’équipement. “Il faut du maté- riel neuf, c’est une obligation.” C’est une règle : le chantier tolè- re mal les pannes qui peuvent perturber le déroulement des opérations. Déplacer de lamatiè- re, du matériel, arroser, balayer la chaussée pour tenir propre la Départementale 11 traver- sée par les camions, l’agricul- teur est désormais sur tous les fronts. Il intervient quand on lui demande et là où on a besoin de lui. C’est un “locatier”. “À titre indicatif, le tracteur a 11

Gérald Monnet, 20 ans, un des

ouvriers agri- coles d’Antoi- ne Cottin aux commandes d’un John Deere de 190 CV.

entre la traite d’une quaran- taine de vaches laitières et la gestion d’une centaine d’hec- tares de terres dont 60 sont réservés à la culture céréaliè- re. Le projet de ligne à grande vitesse, il en avait entendu par- ler comme tout le monde, pas toujours en bien, mais à l’époque, jamais il n’aurait imaginé se retrouver impliqué dans ce chan- tier jusqu’à en devenir un des acteurs. Car depuis que les ter- rassiers se sont installés dans le pré juste à côté tout a chan- gé. “Lorsqu’on arrive sur place, on cherche des relais pour nous aider à nous installer dans de bonnes conditions. Les agricul- teurs font partie de nos contacts privilégiés car ils sont dispo- nibles” indique un représentant du groupement d’entreprise du lot A4. En plus, ils connaissent le secteur. Antoine Cottin a donc été solli- cité au départ pour de petits ser- vices comme trouver par exemple une barque afin de permettre aux techniciens de passer la Lanterne en crue. “Il faut pou- voir les dépanner à tout moment.

La technique de l’arrosage est précise. L’eau est projetée par saccades pour éviter de rendre le terrain trop gras et per- mettre ainsi aux engins de freiner.

La manette de commande de la tonne

. Le tracteur est équipé d’une caméra de recul. Sécurité oblige.

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