La Presse Bisontine 81 - Octobre 2007

La Presse Bisontine n°81 - Octobre 2007

ÉCONOMIE

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ROCHE-LEZ-BEAUPRÉ Rachat de crédit Vincent Diaz : “Toutes les catégories sociales sont concernées” Fondateur de l’établissement Créditec, Vincent Diaz revient sur une activité en plein essor : le rachat de crédits de particuliers en difficultés. Un secteur où pour exister, il faut communiquer.

L aPresseBisontine :Vousêtesunancien banquier,vousavezétéassureur,depuis 1994vousêtesspécialisédans lerachat de crédits aux particuliers, vous avez créé pour cela la société Créditec. Quel est votre rôle actuellement ? Vincent Diaz : Je suis intermédiaire en opération de banque, unmétier com- plémentaire à celui des banques. C’est-à-dire que je trouve des solu- tions àdes personnes que leur banque ne veut plus financer en rachetant leur(s) crédit(s) et en étalant leurs dettes dans la durée. Toutes les banques ne peuvent pas répondre à toutes les demandes. Notre position nous donne la chance d’aller cher- cher lemeilleur produit pour le client dans les meilleurs établissements financiers spécialisés en restructu- ration de crédits. En France, nous sommes actuellement 2 500 sociétés à faire du rachat de crédits, mais nous sommes très peu à être agréés par l’A.F.I.B. (association française des intermédiaires bancaires).

V.D. : Toutes les catégories socio-pro- fessionnelles sont représentées. Cela va du médecin parisien au sénateur, mais notre fond de clientèle est le couple de Français moyens dont les revenus atteignent les 3 000 euros par mois. On pense souvent que ce sont les personnes les plus modestes qui se tournent vers des organismes commeCréditec, alors que çan’a rien àvoir.Unaccidentdelavie,desenfants enétudesparexemple,peuventcondui- reunclient àrevoir sasituation finan- cière et à étaler sa dette. L.P.B. : Comment êtes-vous considéré par les banques ? V.D. : Le paradoxe, c’est que les ban- quiers nous envoient des clients. Je ne suis pas perçu comme un concur- rent,mais comme quelqu’unqui peut apporter des solutions à la clientèle jugée comme difficile par les banques. L.P.B. : Le fait que votre activité soit en pro- gression n’est-ce pas le signe d’une socié- té qui dérape et qui s’appauvrit ? V.D. : Non, c’est la société de consom-

mation qui veut cela. Àmon sens, ce n’est pas le signe d’un pays qui s’ap- pauvrit, au contraire. Pour faire fonc- tionner l’économie, il faut vendre les produits, si le client en face n’a pas les moyens financiers d’acheter, il fait un crédit. À titre de comparai- son, je suis allé aux États-Unis. J’ai vu comment fonctionnait le système. Aujourd’hui, 90 %des dossiers dans ce pays passent par des courtiers. L.P.B. : Finalement, les clients qui viennent chez vous sont surendettés ? V.D. : Les surendettés ne font pas par- tie de ma clientèle, ils sont pris en charge par la Banque de France. Ce sont des gens qui ne peuvent plus faire face à leurs dettes. Ici, nous sommes capables de trouver une solu- tionpour une personne qui est endet- tée à 60 %. L.P.B. :D’accord,mais à quel prix est la solu- tion ? V V.D. : Le client attache peu d’im- portance au taux que nous allons pratiquer pour lisser sa dette, bien

Vincent Diaz : “Nous investissons entre 40 et 45 % du chiffre d’affaires en com- munication.”

que celui-ci se situe dans la moyen- ne du marché : entre 4,30 et 5,80 % pour les propriétaires et entre 6,20 et 8,60 % pour les locataires. Ce qui l’importe, c’est de réduire son niveau d’endettement. Si onpasse d’une sur- face d’endettement de 60 % à 30 %, en allongeant la durée, le client est satisfait. L.P.B. :Comment est rémunérée votre entre- prise dans le processus ? V.D. : C’est un mandat que nous pre- nons. Le client nous paie pour que l’on reprenne son crédit, exactement de la même manière qu’une agence immobilière prend une commission dans une transaction. L.P.B. :N’y a-t-il pas un danger pour le client, qui,une fois son taux d’endettement réduit, est tenté de réemprunter ? V.D. : Non, les clients qui viennent nous voir sont des gens qui veulent sortir d’une situation. La personne concernée n’est pas tentée de dépen- ser son gain.Au contraire, si elle éco- nomise 1 000 euros parmois par l’in- termédiaire de ce procédé, elle va épargner un tiers de la somme.Après dix ans d’économie, la personne pour- ra peut-être rembourser par antici- pation ses crédits. L.P.B. : Sur combien d’années pouvez-vous étaler une dette ? V.D. : Nous pouvons aller jusqu’à 35 ans. L.P.B. : Combien de dossiers traitez-vous chaque année ? V.D. : Nous avons enmoyenne 100 000 contacts par an. Ce sont des gens qui sentent que leur situation financière est critique et qu’ils devront trouver une solution. Ils nous appellent pour se renseigner mais ne vont pas jus- qu’aubout de ladémarche.Nous trai- tons au final 2 000 dossiers par an. Les dossiers que nous solutionnons proviennent de toute la France. La Franche-Comté représente 10 %. L.P.B. : Votre travail est finalement complé- mentaire de celui des banques. Des orga- nismes bancaires vous ont-ils déjà appro- ché pour vous racheter ? V.D. : J’ai eu des propositions. Mais je ne veux pas céder cette affaire qui est familiale puisque j’ai aujourd’hui mes enfants qui travaillent avecmoi. Je suis bien secondé. L.P.B. : Quel est le chiffre d’affaires de Cré- ditec ? V.D. : Il est de 6millions d’euros. Nous sommes 26 personnes à travailler sur le site de Roche-lez-Beaupré. J’ai une agence secondaire à Hyères et j’ai créé un centre d’appel télépho- nique au Maroc qui emploie 11 per- sonnes. Cette ouverture vers leMaroc m’a permis de créer 10 nouveaux emplois à Roche-lez-Beaupré.

comme Créditec est le montant de l’inves- tissement dans la communication. Qu’en est-il dans votre cas ? V.D. : En effet, nous investissons entre 40 et 45 % du chiffre d’affaires en communication. Dans notre métier, c’est la communication qui fait la dif- férence, ainsi que le savoir-faire. L.P.B. :Vous avez choisi le foot comme vec- teur de communication. Pourquoi ? V.D. : J’étais un des premiers à com- muniquer dans le foot. En fait je pen- sais que sur une année, entre les retransmissions télévisées des matches, les résumés dans les jour- naux télévisuels, j’avais des chances que le public voit Créditec. Actuel- lement, je suis partenaire des clubs de Toulouse, Lyon, Paris Saint-Ger- main, Sochaux, et de l’équipedeFran- ce. J’ai aussi des contacts avec le club d’Ajaccio qui souhaiterait que je le sponsorise. Cela fait deux ans maintenant que nous communiquons à l’échelle natio- nale. On remarque que les connexions ànotre site internet à la find’unmat- ch sont très importantes. L.P.B. : Vous avez sollicité Guy Roux pour votre dernière campagne de publicité. Ne le regrettez-vous pas alors qu’il vient de quitter le F.C. Lens ? V.D. : Quand nous l’avons contacté, il n’était pas entraîneur du F.C. Lens. Grâce à lui, notre communication a eu un véritable impact. Des clients nous appellent en disant, “Si Guy Roux vous fait confiance, alors nous pouvons vous faire confiance.” C’est essentiel. L.P.B. : Vous êtes-vous néanmoins intéres- séà lacoupedumondederugbypourétendre votre communication ? V.D. : Quelqu’un a dit, “en communi- cation sportive il y a le foot et les autres.” J’ai été contacté pour deve- nir partenaire de la coupe du mon- de de rugby. J’ai refusé. L.P.B. : Vous êtes également président du B.R.C. Quelle est la situation financière du club aujourd’hui ? V.D. : Pour la première fois depuis 10 ans, le club va sortir un bilan posi- tif. Le déficit de 821 000 euros est comblé. Tous les fournisseurs ont été payés. Le B.R.C. vit désormais la vie d’un club normal. Notre ambition est de retrouver la Ligue 2 le plus vite possible. L.P.B. :Quels délais vous êtes-vous fixé pour que le club retrouve le plus haut niveau ? V.D. : J’ai investi près de 200 000 euros dans le club l’année dernière. C’est évident que je ne vais pas mettre de l’argent à fonds perdus. Il faut que ça bouge très vite. Pour cela, il nous faut des sponsors et le soutien des collectivités. Ce que fait pour l’ins- tant la ville de Besançon pour le sta- de est important. Propos recueillis par T.C.

L.P.B. : Quel est le profil de votre clientèle ?

L.P.B. :Une des particularités des entreprises

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