La Presse Bisontine 277 - Juin 2025

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Juin 2025

l O.N.F.

Un espoir d’accalmie de la crise sanitaire

“Il faut réinventer des méthodes de gestion forestière” Tous les massifs forestiers du département du Doubs sont impactés par le réchauffement climatique, ce qui remet en cause les méthodes de gestion, les techniques d’exploitation et les orientations sur le renouvellement forestier. Explications avec Jean-Luc Felder, responsable du service forêt à l’agence O.N.F. du Doubs.

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C omment mesurer l’impact du réchauffement climatique sur la forêt du Doubs ? Jean-Luc Felder : La forêt subit de plein fouet l’impact du réchauffement clima tique. Depuis 2018, on estime que 20 % de la surface résineuse a disparu suite aux problèmes sanitaires. Les consé quences sont très visibles dans le pay sage. Avant cette crise qui n’a plus rien d’une crise, on essayait d’avoir une ges tion planifiée s’appuyant sur des coupes sylvicoles. Cette approche n’est plus possible, c’est le sanitaire qui guide aujourd’hui l’organisation des coupes. Que peut-on dire de la situation sanitaire ? J.-L.F. : Il est utile de rappeler qu’une année forestière s’étale de septembre à juin. On a engagé les premières réflexions pour le programme de coupe 2026. Les discussions vont débuter avec les communes en rappelant le rôle de conseiller technique de l’O.N.F. qui est là pour faire des propositions. La situa tion sanitaire tend à s’améliorer par rapport à 2024. On a eu une année 2024 bien arrosée donc avec peu de stress pour les végétaux et les arbres. Les pré cipitations du printemps 2025 ont permis un bon démarrage de la végétation. Les récoltes sanitaires en épicéa sont encore au même niveau qu’en 2024. Les attaques qui touchaient initialement les peuplements d’épicéa sur les premiers plateaux affectent maintenant des mas sifs plus élevés, au-delà de 1 000 m d’al titude. C’est surtout au niveau du sapin que la situation s’améliore avec beaucoup moins de dépérissement qu’en 2024. En résineux, on était à 80 % de récoltes subies et grâce à la résistance du sapin, on est maintenant autour de 65 %. Pour déterminer les orientations de la pro chaine année forestière, on prend éga lement en compte la conjoncture éco nomique.

des attaques sanitaires. C’est très hypo thétique et les communes qui auront gardé du bois vert le valoriseront beau coup mieux en raison de sa rareté. Le réchauffement climatique bouleverse aussi la gestion forestière ? J.-L.F. : 60 à 70 % des plans de gestion forestière établis sur 20 ans sont devenus caducs. Il faut réinventer des méthodes en définissant des plans de gestion réno vés plus flexibles reposant sur la vul nérabilité. Cette notion prend en compte le sol, l’âge des peuplements et les essences. Le croisement de ces trois para mètres permet d’obtenir un indice de vulnérabilité qui va déterminer la gestion et les aménagements. J.-L.F. : L’office privilégie la régénération naturelle en favorisant la diversité et si cela ne fonctionne pas, il est possible de faire des plantations d’essences plus résistantes à la sécheresse. Il peut s'agir d’essences locales comme le chêne qu’on trouve aussi naturellement sur le Haut Doubs. J.-L.F. : Oui bien sûr. On a constaté de gros dépérissements de hêtre entre 2019 et 2021 sur le faisceau de Besançon et Baume-les-Dames. Au point qu’au jourd’hui, l’enjeu pour certaines com munes c’est de maintenir un état boisé, une ambiance forestière. Cette année, le hêtre va mieux. Les chênes qu’on pen sait épargnés souffrent également par endroits. Pratiquement toutes les essences feuillues comme le frêne, le charme ont été touchées ou le sont encore. Que préconise l’O.N.F. en matière de renouvel lement forestier ? Les forêts feuillues en zone basse subissent elles l’impact du réchauffement ?

Comment se porte le marché du bois ? J.-L.F. : C’est assez encourageant. Les scieries ont de l’activité. Il y a une forte demande de bois. Des grosses scieries à l’extérieur de la Franche-Comté recher chent aussi de l’épicéa jurassien. Le marché du bois-énergie s’envole. Ce qui suscite des inquiétudes sur la ressource. Grâce à l’évolution des paramètres sani taires et économiques, on devrait pouvoir desserrer l’étau de 30 % de récolte de bois vert résineux négocié avec les com munes forestières en 2024. Il est impor tant de dire qu’on se garde toujours une marge sur ce taux qui peut varier en fonction de la demande sur certains pro duits. Sur l’année 2024, on était finale ment plus proche de 50 %. J.-L.F. : Les communes forestières et l’O.N.F. ont décidé en 2020 la mise en place de ce dispositif consistant à réduire l’exploitation des bois verts pour favoriser la vente des bois secs. C’est un choix politique, stratégique et de solidarité de filière. On s’est basé sur les références des coupes avant crise. Chaque année, on évalue l’état sanitaire de la forêt et la conjoncture économique pour fixer ce pourcentage qui était de 30 % l’an dernier. Ce qui signifie que les communes pou vaient couper 30 % de la référence de coupe de bois vert résineux en place avant 2018. Toutes les communes ne jouent pas forcément cette carte de la solidarité ? J.-L.F. : En effet, car cela relève d’une démarche volontaire où rien n’est imposé. Au départ, les communes du haut étaient peu impactées et aujourd’hui la situation s’est inversée. La crise s’est banalisée. Certaines communes préfèrent couper du bois vert avant qu’il ne soit victime Depuis quand fonctionne ce mécanisme de régu lation ?

Depuis 2018, 20 % de la surface résineuse du Doubs a disparu suite aux

problèmes sanitaires (photo

Agence O.N.F. de Pontarlier).

pour favoriser un renouvellement en essences plus adaptées. C’est une tout autre approche ! J.-L.F. : On est face à un changement de paradigme complet. On s’engage vers une nouvelle sylviculture en mosaïque, très diversifiée. Le dépérissement soulève aussi d’autres problématiques. La fragilité des arbres remet en question l’accès au milieu forestier, la sécurisation des usa gers, des bords de route, des lignes élec triques… Les conditions d’exploitation sont également en pleine évolution avec le souci, par exemple, de limiter le tas sement du sol pour protéger leur réserve en eau. Sur une parcelle, on concentre la sortie des bois sur un ou deux chemins de vidange. On évite de sortir des bois quand les sols sont gorgés d’eau. n Propos recueillis par F.C.

impactées que les communes du haut à domi nante résineuse ? J.-L.F. : En forêt feuillue, on est sur un rendement de 100 euros par hectare contre 400 euros par hectare en forêt résineuse avant la crise. La dépendance est forcément moins importante dans ces communes qui ont appris à fonction ner sans la forêt alors que les recettes forestières dans les communes résineuses suffisaient parfois à financer les inves tissements. J.-L.F. : On proposera aux communes de reprendre la sylviculture sur les zones les moins vulnérables. Sur les parcelles les plus sensibles au réchauffement cli matique, on décapitalisera les peuple ments concernés de façon progressive Comment va s’organiser l’aménagement fores tier ?

Pourquoi les communes du bas semblent moins

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“Il faut réinventer des méthodes en définissant des plans de gestion rénovés, plus flexibles reposant sur la vulnérabilité”, explique Jean-Luc Felder, responsable du service forêt à l’O.N.F. du Doubs.

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