La Presse Bisontine 275 - Avril 2025

Besançon 5

La Presse Bisontine - Avril 2025

PATRIMOINE Une nouvelle association Transmettre l’héritage des cabordes Des passionnés de construction en pierres sèches se sont regroupés en une nouvelle association, Cabordes en héritage. Leur but : inventorier et restaurer ces cabanes de vignerons, ultimes traces d’un patrimoine qui remonte à plusieurs siècles.

L’association Cabordes en

héritage organise des chantiers de restauration des cabordes (photo Jean-Luc Devaux-Cabordes en héritage).

P ierre par pierre, les bénévoles reconstruisent les traces d’un patrimoine disparu. Pour la plu part, elles sont invisibles à l’œil non averti. Sur les collines de Besançon que recouvraient jadis des hectares de vignes, se nichent encore des cabordes. Pour certaines entières, pour d’autres en ruines. L’accès est souvent difficile, en hauteur, la végétation ayant bien souvent repris ses droits sur ces cabanes de vignerons. Si les murs en pierres sèches, l’envi ronnement ou encore la biodiversité des collines sont bien pris en main par des associations, les cabordes se retrou vaient à l’abandon. Alors un groupe de passionnés de construction en pierres sèches s’est réuni en une association,

Cabordes en héritage. L’objectif de la trentaine d’adhérents est d’inventorier les cabordes sur le Grand Besançon et de les restaurer. “Les historiens estiment qu’il existe 200 cabordes à Besançon, précise Jean-Paul Bouju, président de l’association. Nous en avons répertorié

s’approprie ce patrimoine” , reprend Jean-Paul. Les bénévoles ouvrent volontiers leur chantier mensuel au grand public pour partager leurs connaissances sur les pierres sèches. À l’occasion des journées du patrimoine du pays et des moulins, les 28 et 29 juin, l’association invite les Grands Bisontins sur leur chantier de restauration à Chaudanne. n L.P. Renseignements cabordesenheritage@gmail.com

noise, côté Doubs, une dizaine de cabordes sont alignées sur 400 mètres, le long d’un chemin. “On a de quoi s’oc cuper pendant des années”, sourit Jean Paul Bouju. Car à raison d’un chantier par mois d’une demi-journée (le 4 ème samedi du mois), il faut compter plu sieurs années pour la restauration d’une caborde. “Il faut appréhender les spécificités de la caborde, surtout le toit et sa voûte intérieure en pierre” , souligne Laurent, bénévole et trésorier de l’as sociation. La question de l’approvision nement en pierres sèches pour des cabordes à l’accès difficile se pose aussi.

Les cabordes ont la particularité d’être entièrement en pierres, sans aucune charpente. La seule pièce en bois consti tuait la porte, aujourd’hui disparue. Seuls subsistent encore les parties métalliques. “Lorsqu’ils travaillaient la terre, les vignerons déterraient des pierres et ils en faisaient une caborde. Elle leur servait d’abri pour stocker leur matériel ou pour dormir lorsque les portes de la ville étaient fermées. Notre but est aussi de raconter l’histoire du vignoble de Besançon qui n’existe quasiment plus mais qui remonte à dix siècles. On souhaite que la population

58 sur le Grand Besançon (Chaudanne, Montbou cons, Montfaucon, Avanne, Pirey…) qui ne sont pas toutes en bon état. Seules 15 sont cou vertes.” Lors de leurs recherches, les membres de Cabordes en héritage ont mis à jour une découverte unique. Dans la colline de Pla

Retracer l’histoire du vignoble bisontin.

MUSÉE

Un prêt remarquable Quand Rubens dialogue avec le Bronzino C’est une association peu académique en forme de clin d’œil. Le musée des beaux-arts de Besançon accueille une descente de croix de Rubens prêtée par le musée de Valenciennes en travaux, accrochée face au chef-d’œuvre des lieux.

les livres d’art. Là, c’est l’occa sion de le voir en vrai” se réjouit Fleur Morfoisse, directrice du musée des Beaux-arts de Valen ciennes venue pour l’occasion à Besançon. Ce tableau peint entre 1610 et 1620, aux figures presque exagérément pathé tiques, était fait justement pour toucher les fidèles de l’époque en plein mouvement de la Réforme catholique. Cette Descente de croix sera visible au musée de Besançon “pendant au moins un an” note l’adjointe bisontine à la Culture Aline Chassagne, le musée de Valenciennes ne rouvrant pas ses portes avant l’automne 2026. Outre ce tableau presti gieux, le musée de Valenciennes a également prêté une dizaine de sculptures au M.B.A.A. pour la même période. n J.-F.H.

L’ émotion variera d’un visiteur à l’autre. Ceux qui arpentent réguliè rement les rampes en béton du musée bisontin savent que dans un virage se cache une des œuvres majeures de la Renaissance italienne avec la Déploration sur le Christ mort de l’artiste italien Agnolo, dit Bronzino. Impossible de rester de marbre devant les

actuellement en travaux. “Cette Descente de croix constitue l’un des chefs-d’œuvre de Rubens qui a introduit à Anvers un goût pour les dépositions monu mentales, héritées de la tradi tion italienne de peintres comme Bronzino justement” notent les équipes du musée. “Ce genre de dialogue entre deux peintres sur un même thème, on ne le voit habituellement que dans

couleurs et les visages de cette peinture du milieu du XVI ème siècle. En face est exposé depuis ce mois-ci dans un autre style un autre tableau représentant une descente du Christ en croix, signée cette fois du peintre fla mand Pierre-Paul Rubens. Un tableau prêté pour quelques mois au M.B.A.A. bisontin par le musée de Valenciennes

Aline Chassagne (à droite), l’adjointe bisontine à la Culture et l’équipe du M.B.A.A. ont accueilli l’équipe du musée de Valenciennes mi-mars.

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