La Presse Bisontine 275 - Avril 2025
Le dossier 27
Avril 2025
l Châtillon-le-Duc À chaque crise, une hausse de la clientèle Les produits de la ferme ont la cote Le magasin de producteurs Les Saveurs de la ferme fêtent cette année leurs 25 ans à Châtillon-le-Duc.
tation, s’engage à assurer une journée et demie par semaine à la vente au magasin. Le chiffre d’affaires du magasin pour suit sa croissance régulière, poussé par l’afflux d’une clientèle souvent fidèle, et de nouveaux consommateurs à la recherche du produit de qualité au bon prix. Car ici, il n’y a pas d’in termédiaire. Et même si les volumes ne sont pas ceux de la grande distri bution, ce modèle économique permet de rémunérer les adhérents et les apporteurs de produits au juste prix, tout en garantissant aux clients des tarifs plus qu’intéressants. “Pour des produits d’une telle qualité, nous sommes souvent moins chers qu’ail leurs” affirme Thomas Roussey. Le fac teur limitant serait plutôt à chercher du côté de la production. “Le plus dur en effet, c’est de produire suffisamment par rapport à la demande concèdent les adhérents. Les clients savent que certains produits partent très vite, beau coup d’entre eux commandent pour être sûrs d’avoir le bon produit.” Soucieux de moderniser régulièrement leur outil de travail, les adhérents du G.I.E. prévoient de lancer un nouveau chantier cette année : la couverture du parking du magasin d’ombrières couvertes de panneaux photovoltaïques afin d’assurer leur autonomie en élec tricité pour la consommation du maga sin. À la fin du printemps, le week-end du 14 juin, Les Saveurs de la ferme
Pour les consommateurs, les produits de proximité s’affirment de plus en plus comme des valeurs refuges.
S téphane Labourey, un des huit producteurs adhérents au G.I.E. Saveurs de la ferme l’af firme : “À chaque crise, que ce soit la crise sanitaire il y a quelques années, ou plus récemment la colère agricole, on sent une augmentation de la fréquentation du magasin. Dès qu’une insécurité quelconque touche les consom mateurs, ils se réfugient ici et souvent, quand ils ont découvert ce qu’on fait, ils restent et ils reviennent” note ce pro ducteur de porc basé à Serre-les-Mou lières (Jura voisin). Comme lui, ils sont sept autres adhé rents regroupés au sein de ce groupe ment d’intérêt économique qui a fait de la vente directe aux particuliers le cœur de son activité, dans ce magasin situé à Châtillon-le-Duc, à proximité immédiate de la R.N. 57. L’entreprise regroupe aussi des éleveurs de bœuf et producteurs de pommes de terre (les frères Stéphane et Pierre-Marie Rous sey installés à Quenoche, en Haute Saône proche), une productrice de veau, Isabelle Colin, installée à Esmoulières (pays des 1 000 étangs), les Vergers de Rioz (fruits), un producteur de volailles basé à Thieffrans (vers Montbozon),
un éleveur d’agneau installé à Gour geon (vers Port-sur-Saône), une exploi tation de produits laitiers de Bougnon (au nord de Vesoul) et un fabricant de miel de Saint-Bresson (nord Haute Saône). En plus de ces huit producteurs adhé rents eu G.I.E. où ici, “un homme, égal une voix” résume Isabelle Colin, les Saveurs de la ferme sont également approvisionnées par près d’une cin quantaine de producteurs, chacun apportant des produits complémen taires au magasin avec une règle d’or :
la proximité. “Tous les producteurs sont installés à moins de 100 km du maga sin” résume Tho mas Roussey, un des associés de ce magasin qui emploie par ailleurs quatre salariés à temps complet pour la vente. Ici, la coo pération a du sens : chaque adhérent, en plus de son tra vail dans son exploi
Les Saveurs de la ferme proposent 100 % de produits en provenance d’une cinquantaine de producteurs locaux.
La couverture du parking d’ombrières photovoltaïques.
plusieurs semaines” note Thomas Rous sey. En revanche, les producteurs réunis aux Saveurs de la ferme ne fournissent pas les collectivités locales et autres cantines scolaires. “Les cahiers des charges des collectivités et les volumes ne sont pas adaptés à nos exploitations” estiment les adhérents qui ne comptent donc que sur la vente directe aux par ticuliers pour assurer leur avenir. n J.-F.H.
organisent une grande journée portes ouvertes et dégustation des produits de leurs adhérents et apporteurs. Une manière d’élargir encore un peu plus une clientèle qui n’hésite déjà pas à faire une demi-heure de route pour venir remplir leur panier de produits de la ferme. “Nous avons beaucoup de clients du secteur de Châtillon bien sûr, mais aussi de Besançon, Vesoul, Saint-Vit. Ils viennent parfois remplir leur coffre et faire leurs courses pour
l Chapelle-d’Huin
Produits fermiers
La ferme Maugain se diversifie dans les fromages au lait cru et l’élevage caprin Cette ferme en lait à comté mène un double challenge : la transmission familiale et la valorisation de la production laitière, l’un allant avec l’autre tout en s’intégrant dans la dynamique des circuits courts.
Laurie, Luc et Carl, trois des cinq enfants de
la famille Maugain sont
maintenant salariés sur la ferme.
C omme beaucoup d’au tres agriculteurs du Haut-Doubs, Fabrice Maugain et son épouse Annie auraient pu se contenter des revenus issus de la trans
formation du lait en comté, mor bier et autres A.O.P. fromagères fabriquées et commercialisées par les Monts de Joux où la ferme Maugain livre son lait. Soucieux d’aller plus loin dans la valori
sation, le couple reprend en 2009 la laiterie de Philippe Fortin à Aubonne, l’objectif étant alors de pérenniser la distribution de yaourts. Pari réussi, voire dépassé. Cette diversification génère de l’emploi local et permet aussi d’intégrer les enfants sur l’ex ploitation. Aujourd’hui, trois des cinq enfants: Lucas, Laurie et Carl sont salariés à la ferme Maugain. Teddy le plus jeune poursuit sa formation agricole avec l’objectif de rejoindre la fra trie. Sa passion des chèvres est à l’ori gine de la diversification de la ferme Maugain dans l’élevage caprin. “On a racheté le troupeau d’une chevrière qui était installée à Houtaud en production fro magère”, explique Laurie Mau gain qui s’occupe plus spécifi quement de la gestion administrative et commerciale.
permet aussi d’avoir une plus large gamme commerciale” , com plète Laurie Maugain. Tomme nature, à l’ail des ours, au basilic en petit ou moyen for mat, camembert jurassien au lait cru, le plateau fromager de la ferme Maugain s’étoffe, sans oublier les tommes et crottins de chèvre. “Pour ce printemps, on lance également une fabrica tion de faisselles au lait de chè vres.” La commercialisation s’articule sur trois pôles: grandes et moyennes surfaces, artisans magasins de coop-épicerie, et les collectivités, à savoir cantines scolaires, restauration collective ou encore l’hôpital de Pontarlier. “On fait toujours un peu de vente directe à la laiterie mais cela représente aujourd'hui tout au
plus 2 à 3 % du chiffre d'affaires. On réfléchit d’ailleurs à déve lopper d’autres modes de vente en installant par exemple un dis tributeur accessible 24 heures sur 24. On livre localement et on passe par un transporteur pour les clients installés dans le Jura ou sur le pays de Montbéliard. On tient à rester dans une logique de circuits courts.” Le bien-être animal et le respect de la nature sont des priorités à la ferme Maugain qui a obtenu en 2022 le label Haute Valeur Environnementale. Cinq mem bres de la famille travaillent aujourd’hui sur la ferme qui emploie également plusieurs salariés, soit cinq équivalents temps plein. Ici, la polyvalence est de mise. n F.C.
Une ancienne loge agricole a été transformée en chèvrerie avec salle de traite pour accueillir les 40 chèvres de race alpine. Avec un troupeau d’une centaine de vaches montbéliardes, la ferme Maugain produit environ 900000 litres de lait dont un tiers est valorisé sur place. L’es sentiel de la production fermière est d’abord transformé en yaourts. Depuis quelques années, la ferme Maugain se diversifie aussi dans les fromages au lait cru avec une petite production de glaces. “On arrive aujourd’hui à un bon équilibre. Le fromage permet une meilleure valorisation du lait sans avoir à procéder à une extension de la laiterie. C’est également une fabrication moins chronophage et plus écologiste que le yaourt. La diversification
La ferme Maugain se diversifie de plus en plus vers la fabrication de fromages au lait cru.
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