La Presse Bisontine 275 - Avril 2025
26 Le dossier
Avril 2025
l Haut-Doubs Actions et projets Quelles réalités derrière le Projet alimentaire territorial du Grand Pontarlier ? Alors que les communes du Grand Pontarlier délibèrent pour
s’engager ou pas dans le Projet Alimentaire Territorial porté par la com’com, des actions sont déjà réalisées et des projets ambitieux sont en réflexion pour développer une stratégie alimentaire cohérente à l’échelle du territoire.
L e 17 mars dernier, les élus pon tissaliens ont approuvé “la charte d’engagement des par tenaires du Projet alimentaire territorial P.A.T. Grand Pontarlier”. “On travaille sur le plan d’actions depuis trois ans. Cela représente un temps de préparation très long et beaucoup de réunions car le projet est co-construit et partagé par toutes les forces vives : asso ciations, producteurs, établissements scolaires, communes. Tous les P.A.T. doivent répondre aux mêmes thématiques autour de la disponibilité du foncier, de la transformation ou de la création d’ac tivités à vocation alimentaire, de la res tauration collective. En prenant en compte tous ces volets, on déploie le plan d’actions qui sera présenté en 2026. Il intègre des actions à court, moyen et long terme” , résume Jean-Marc Grosjean, le premier adjoint pontissalien et le vice-président du Grand Pontarlier en charge du dossier P.A.T. Pour produire des légumes, des fruits, faire de l’élevage, il faut du terrain. La question du foncier est sans doute l’une des priorités dans la mise en œuvre d’un P.A.T. La maîtrise foncière suppose que la collectivité soit toujours en veille et en capacité de se mobiliser quand une opportunité se présente. Et l’élu
gens produisent eux-mêmes. Il n’y aura pas de nouveaux jardins en 2025 mais des actions d’entretien et de réaména gement de l’existant pour qu’il soit plus fonctionnel et attractif.” Autre action concrète, la C.C.G.P. s’est dotée d’un budget en faveur de l’éduca tion au développement durable dans les écoles qui se décline sur plusieurs thé matiques : eau, énergie, biodiversité. “Pour la rentrée 2025-2026, les enfants seront initiés aux enjeux de l’alimentation locale. On se mobilise aussi sur la res tauration scolaire dans les villages avec la volonté de développer l’action d’Élior, la société mandatée pour gérer le res taurant municipal de Pontarlier. L’idée est que chacun puisse choisir son pres tataire. On veut accompagner juridi quement les communes pour les aider à séparer l’activité périscolaire de la can tine.” Jean-Marc Grosjean compte bien associer au P.A.T. l’abattoir du Haut-Doubs qui investit actuellement dans une salle de découpe. Un maillon essentiel de valo risation de la viande pour les éleveurs locaux à préserver si l’on veut tendre vers une forme d’autonomie alimen taire. n F.C.
d’évoquer l’idée d’installer des serres au collège Aubrac à Doubs en profitant des travaux d’agrandissement. “Ce projet, s’il aboutit, va mobiliser le corps ensei gnant, le Conseil départemental. Le rôle de la C.C.G.P. sera d’accompagner le collège dans la construction du projet avec l’ambitieux que la production soit consommée sur place. Ces serres seraient exploitées par un maraîcher et serviraient d’abord à alimenter la cantine et d’autres structures en période de vacances sco laires. Ce type d’action coche toutes les cases d’un P.A.T. : insertion, produits locaux, récupération d’eau, support péda gogique. On s’inscrit là sur du long terme.” Plus concrètement, la Ville de Pontarlier a planté une trentaine d’arbres fruitiers
sur un terrain situé entre le stade Paul-Robbe et la rocade. On y trouve des pruniers, mirabelliers, pommiers dont la récolte future sera mise à dispo sition des associations qui gravitent autour de l’aide alimentaire. “On souhaite également encourager le développement des jardins familiaux pour que les
L’idée d’installer des serres au collège Aubrac.
La Ville de Pontarlier a planté une trentaine d’arbres fruitiers qui serviront à diversifier les paniers alimentaires mis à disposition des plus précaires.
l Parc Naturel Régional du Haut-Jura Du foncier pour encourager le développement du Projet Alimentaire Territorial Le Parc Naturel Régional du Haut-Jura qui s’étend jusque dans le Haut-Doubs à Labergement-Sainte-Marie accompagne lui aussi un Projet Alimentaire Terri torial centré sur trois actions prioritaires : le foncier, la sensibilisation des jeunes publics, et l’accompagnement des projets autour de l’alimentation locale.
En 2025, le P.N.R.H.J. va entreprendre un vaste diagnostic territorial sur le foncier agricole et la dynamique d’installations transmissibles (photos Benoît Pasquier).
L e plan alimentaire du Parc naturel régional du Haut Jura (P.N.R.H.J.) couvre
du Doubs, Jura et de l’Ain. “Dans le Doubs, le périmètre recouvre le secteur de Mouthe jusqu’à Labergement-Sainte-Marie. On est entré dans une phase active du Plan Alimentaire territorial qui dispose aujourd’hui d’une gouvernance, d’un animateur et d’un programme d’actions validé en 2022. C’est la suite de la phase d’émergence. La gouvernance est portée par le Conseil Local de l’Alimentation avec à sa tête Frédéric Poncet, le président du Parc. C’est un organe de concer tation réunissant les collectivités locales et territoriales, la S.A.F.E.R., la D.R.A.A.F., les chambres d’agriculture, le Com missariat au massif…” , détaille Benoît Pasquier, chargé de mis sion économie de proximité. Le P.A.T. du Parc se décline en cinq axes de travail. En priorité, on trouve le foncier avec l’objectif de préserver et de retrouver du
des jeunes et l’accompagnement de projets.” Le P.N.R.H.J. a aidé une com mune du Haut-Jura située près de Saint-Claude dans la réali sation d’un diagnostic qui per mettra de remobiliser du foncier agricole. L’action de sensibili sation repose, pour l’instant, sur la création d’un module de découverte diffusé depuis la ren trée 2023 dans les écoles du ter ritoire. “Ce support a été utilisé l’an dernier dans plusieurs écoles du Doubs, à Labergement, Cha pelle-des-Bois et aux Longevilles Mont d’Or. Il s’adresse aux éco liers de CM1 et CM2. C’est une façon ludique de le sensibiliser aux enjeux de l’agriculture locale en cheminant du champ à l'as siette. L’outil a été construit avec les services de l’Éducation natio nale. On vient tout juste de s’en gager sur le volet accompagne ment des porteurs de projets.”
les régions Bourgogne-Franche Comté et Auvergne-Rhône-Alpes et il englobe les départements
foncier agricole. Second axe: accompagner les porteurs de projet agricole. À partir de là, il s’agit de mobiliser et dévelop per le potentiel nourricier du territoire en dehors de l’existant. L’une des finalités de tout P.A.T. vise à approvisionner la restau
En 2025, le P.N.R.H.J. a prévu de mener un vaste diagnostic sur le foncier agricole et la dyna mique d’installations transmis sibles. Dans les années à venir, il y aura une grande vague de départs à la retraite au sein des exploitations situées à l’intérieur du Parc. “C’est important de voir où l’on en est, de pouvoir anti ciper. Ce travail est mené avec les chambres d’agriculture et les S.A.F.E.R. Actuellement, on est très centré sur le foncier et un peu moins sur la restauration collective. On est aussi en lien avec pas mal de porteurs de pro jets agricoles: élevage porcin, héliciculture, maraîchage, arbo riculture. Sur le foncier, on se positionne plutôt en conciliateur avec la volonté de tendre vers un juste équilibre entre main tenir des productions A.O.P. et encourager la diversification.” n F.C.
ration collective. Enfin et c’est le 5 ème axe, les acteurs du P.A.T. sont là pour faci liter et promou voir l’accès à une alimentation locale en organi sant par exemple des marchés de producteurs locaux. “On a déjà engagé trois actions priori taires en lien avec le foncier agricole, la sensibilisation
Préserver et de retrouver
du foncier agricole.”
Les élèves de CM1 et CM2 de huit écoles ont été sensibilisés en 2023 2024 aux enjeux de l’agriculture locale.
Made with FlippingBook Ebook Creator