La Presse Bisontine 275 - Avril 2025

Le dossier 25

Avril 2025

l Grand Besançon

Projet alimentaire territorial

Depuis 2019, Grand Besançon Métropole a mis en place un P.A.T., un projet alimentaire territorial. Reconnu de niveau II en décembre par le ministère de l’Agriculture, le P.A.T. a été renouvelé pour cinq ans. Françoise Presse, conseillère communautaire déléguée à l’agriculture et l’alimentation évoque les nouveaux projets. “Au centre-ville, on a à peine trois jours de subsistance avec nos réserves alimentaires”

Françoise Presse est conseillère communautaire déléguée à l’agriculture et l’alimentation à G.B.M..

faire connaître une maraîchère de la commune, réaliser des ani mations autour de la cuisine. À Geneuille, la municipalité a ins tallé des casiers pour que des producteurs déposent des pro duits frais, ça marche très bien. Globalement, il y a un gros consensus sur ces thématiques. Le P.A.T. de G.B.M. comprend également la couveuse d’activités agricoles, Graines de maraîchers, lancée il y a 11 ans. Quel en est le bilan ? F.P. : La couveuse offre trois places pendant trois ans pour des per sonnes souhaitant tester l’activité de maraîchage. Globalement, tous ceux qui en sortent s’instal lent. L’association Commun Jar

en trois ans, entre le diagnostic, le plan d’action et la réalisation. C’est très divers selon la com mune. Il s’agit de voir comment on améliore la façon dont on s’ali mente et nourrit, on regarde le foncier à disposition pour l’ins tallation de maraîcher par exem ple, de vergers, de jardins, etc. La municipalité propose un pro gramme d’animations. Elle tra vaille avec l’ensemble de son réseau et la population pour éta blir un diagnostic autour de l’agri

Concrètement, que signifie le niveau II du P.A.T. ? Françoise Presse : Ce projet alimen taire territorial est monté d’un cran. On embrasse toutes les poli tiques autour du gaspillage, de la justice sociale, de l’environne ment, du bien nourrir, de l’édu cation au goût. Avec le niveau II, un éventail beaucoup plus large d’actions vont être menées avec nos 12 partenaires. Depuis 2020, j’ai développé un programme pour mailler les communes et les inciter à développer leur propre P.A.T. Geneuille, Devecey, Mami rolle, Fontain et Pirey y ont répondu. On continue avec 4 nou velles communes : Saint-Vit, Châ tillon-le-Duc et Pugey. Une place reste en suspens entre Chalezeule et Serre-les-Sapins. Quel est l’intérêt pour les communes de construire un P.A.T. ? F.P. : G.B.M. pilote les P.A.T. com munaux qui doivent s’élaborer

Globalement, sur ces thématiques de l’alimentation, du circuit court, du local, il y a un gros consensus. Il faut rappeler en parlant de souveraineté alimentaire qu’en centre-ville, en cas de souci, on a à peine plus de trois jours de subsistance avec nos réserves alimentaires. Mais on n’est pas très à l’aise. n Propos recueillis par L.P.

din regroupe un collectif de maraîchers et s’installe sur des parcelles communales en face de Port-Douvot. Deux autres qui sont sortis il y a deux ans de la couveuse s’installent aux Val lières. On renforce l’offre maraî chère sur notre agglomération. Mais on recherche des terrains en permanence. Des zones agri coles protégées existent sur deux

communes sur 61 hectares. Dont 91 hectares à Cussey-sur-l’Ognon. Et trois petites zones, à Port Douvot, les Vallières, et la Z.A.C. des Vaîtes. Ce sont des zones exclues de projets d’urbanisme à long terme. On va essayer d’ins taurer de nouvelles Z.A.P. (zones agricoles protégées) sur l’agglo mération en travaillant avec les P.A.T. communaux.

culture et l’alimen tation. Pirey, par exemple, a reconsi déré sa restaura tion collective et a changé de presta taire. La commune a choisi la coopéra tive Carte blanche de Chaucenne. Elle a un taux Égalim de 84 %. Elle sou haite aussi aider à

“On ne s’occupe encore pas assez des consom mateurs.”

l Département Restauration collective La part du local continue de progresser

En matière de restauration collective et produits locaux, le Départe ment du Doubs fait figure de bon élève. La collectivité travaille avec 135 producteurs locaux pour nourrir plus de 15 000 collégiens.

sur le territoire. Dont celui qui est en train d’émerger sur les Portes du Haut-Doubs. En 2024, 1,95 million de repas ont été servis dans les collèges. Parmi eux, 1,8 million de repas ont été produits par les agents du Département. 40 collèges (sur 46) sont en autonomie de production, les autres ont un prestataire ou sont mutualisés avec les lycées. n L.P. Les chiffres en 2024 l 44 collèges (sur 46) servent des repas, 37 produisent eux-mêmes. l 180 agents dans les équipes de cuisine (sur 400 agents). l 15300 élèves en demi-pension (sur 21300 collégiens). l 1,8 million de repas produits pour 1,950 million de repas servis. l Le Département travaille avec 135 producteurs locaux. l L’assiette du collégien doit contenir 3 euros de denrées pour un coût total de 9,50 euros. l Les familles ne paient que 4 euros, le Département prenant à sa charge 60 % du coût. l 1,55 million d’euros, l’achat d e produits locaux en 2024, soit une part du local de 28,7 %. l 1 plateforme Agrilocal.

la région

prendre en charge une bonne part de la facture Pour un repas com plet payé au plus 4,20 euros par les familles, le coût réel est d’en viron 10 euros. C’est la Région, via les impôts locaux, qui prend en charge la différence. Une poli tique assumée à 100 % par l’exé cutif régional présidé par Marie Guite Dufay. n J.-F.H. La loi nationale est donc un peu plus floue aussi en faisant réfé rence à des achats de produits “durables et de qualité”, alors que le projet de la Région cible aussi, elle, des achats de “proximité.” n Zoom Ce que prône la loi Égalim L’objectif fixé par la fameuse loi Égalim est moins ambitieux que le cap donné par la Région B.F.C. La loi prône en effet 50 % de pro duits durables et de qualité, dont 20 % de bio. Depuis le 1er janvier 2024, ces objectifs de la loi Égalim s’appliquent à tous les restaurants collectifs, y compris privés.

L’ objectif fixé dès 2022 pour la res tauration collective des collèges est pratiquement atteint : à savoir 100 % des yaourts et desserts lactés proviennent du local et un repas heb domadaire est composé exclusivement de produits locaux. Si les 100 % ne sont pas encore atteints, le taux flirte avec les 90 %. Soucieux de la qualité des assiettes pour les élèves, le Département continue de met tre les petits plats dans les grands en matière d’approvisionnement local. Les chiffres sont éloquents : en 2024, la collec tivité a acheté pour 1,55 million d’euros de produits locaux, notamment les produits laitiers, la viande, le fromage. Soit une part de 28,7 %. “On essaie de développer les autres filières comme le maraîchage, note Marie-Paule Brand, conseillère départe mentale déléguée à l’espace rural et périur bain. On travaille avec 135 producteurs locaux, producteurs et artisans qui trans forment le produit, comme pour les pâtes ou les coopératives de comté.” Manger local ne signifie pas pour autant payer plus. “On paie le produit au juste prix et on réduit le gaspillage alimentaire” , poursuit l’élue. “Il doit y avoir 3 euros de denrées dans l’assiette du collégien, relève Chantal Guyen, vice présidente en charge des collèges. Pour un coût total de 9,50 euros. Les parents ne

paient que 4 euros, le Département prend à sa charge 60 % du repas. On veut main tenir la qualité. Il faut noter qu’entre 2022 et 2024, le Département a assumé entière ment le coût de l’inflation, sans aucune aug mentation pour les familles.” Autre objectif du Département : atteindre les 50 % de local sur tous les produits de qualité (actuellement, le taux est de 41,7 %) et 20 % sur le bio. Sur ce point, la collectivité dépasse d’un point pour atteindre 21 % de bio. Si elle adhère à la plateforme nationale Agrilocal, elle met aussi en place depuis l’année dernière des marchés de producteurs dans les collèges volontaires pour favoriser la relation. Elle développe aussi tout un pan d’éducation nutritionnelle notamment

avec les Aventuriers du goût dans les établisse ments. Depuis 2015, le gas pillage alimentaire a été réduit par deux. En avril, une convention est signée avec la Banque alimentaire pour redonner à l’associa tion le surplus de denrées au moment des vacances. Enfin, le Département tra vaille en collaboration avec les 5 Projets alimentaires territoriaux qui existent

de proximité” annonce Willy Bour geois. Cette volonté et ces efforts s’ac compagnent forcément d’un coût. Raison pour laquelle la région avait anticipé il y a trois ans une légère augmentation des tarifs de la cantine pour les lycéens, avec néanmoins une tarification progressive selon les revenus. Mais la collectivité continue à de Besançon, les cantines sont 75% de denrées régionales.

Réduction du gaspillage alimentaire.

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