La Presse Bisontine 275 - Avril 2025
24 LE DOSSIER
Avril 2025
Le “manger local” gagne du terrain
(photo David Cesbron - Région B.F.C.)
Dans le Grand Besançon comme dans le Haut-Doubs, les collectivités se dotent de Plans d’alimentation territoriaux, des outils destinés à augmenter la souveraineté alimentaire de ces territoires. Parallèlement
fleurissent les initiatives pour promouvoir les circuits courts et les approvisionnements locaux. En même temps que se multiplient les exemples de productions à la ferme. Même si la malbouffe a encore de beaux jours devant elle, on sent une prise de conscience et des avancées. Tour d’horizon.
l Région
Objectif 100 % des établissements Approvisionnements en circuits courts pour les lycées de L’expérimentation lancée par la Région pour relocaliser ses achats de denrées a limentaires dans ses cantines s’avère payante. Elle sera généralisée à tous les lycées.
petits producteurs locaux, en créant des lots adaptés à leurs capacités. “Car cer tains fournisseurs ne sont pas en capacité de fournir l’intégralité des lycées. La réflexion a été adaptée aux territoires : il ne s’agit pas de mettre du comté à toutes les tables des lycées bourguignons ou de l’époisses aux tables des lycéens francs-comtois, et le lycée Eiffel de Dijon n’aura pas forcément les mêmes yaourts que le lycée Pergaud de Besançon” illustre Willy Bourgeois. Pour le marché des produits carnés (pre mier poste de dépenses des cantines), le travail de sourcing a permis de mettre en évidence plusieurs filières régionales : le porc bio, le porc I.G.P. de Franche Comté, le bœuf charolais de bourgogne I.G.P., le bœuf franc-comtois et enfin, dans une moindre mesure, la volaille de Bresse I.G.P., toutes intégrées à la démarche. Même si elle a demandé “un énorme engagement des agents de la Région et des lycées” reconnaît M. Bourgeois, l’ex périmentation a permis d’atteindre les 73 % des denrées alimentaires utiles au fonctionnement des cantines disponibles via cette centrale d’achat créée ad hoc. Forte de cette expérience, la Région a donc décidé de confirmer l’extension du
L a présidente de Région Marie Guite Dufay l’a affirmé lors du dernier salon de l’Agriculture à Paris : l’intégralité des cantines des 128 lycées de la région seront, d’ici la fin du mandat en 2028, alimentées par au moins “75 % d’alimentation bio ou/et locale” , dépassant, et de loin, les règles fixées par la loi Égalim (voir plus bas). Avant d’étendre cette mesure, elle a été testée dans 21 premiers lycées de la région, dont 11 lycées bisontins. Le résul tat semble prometteur, malgré les dif ficultés logistiques de mise en œuvre. Pour cela, la Région a créé une centrale d’achat spécifique à laquelle peuvent désormais faire appel les gestionnaires des cantines lycéennes engagés dans cette expérimentation. “Dans cette phase préparatoire, nous avons également passé beaucoup de temps à accompagner les producteurs de la région à s’adapter aux procédures de marchés publics qui sont assez lourdes. Mais tout ce travail qui a duré plus d’un an et demi a porté ses fruits et nous avons atteint nos objectifs dans les établissements où l’expérience
a été menée. Sur ces lycées, l’offre de pro duits en circuits courts a sensiblement augmenté, là où dans les autres lycées, cette proportion a légèrement baissé” se félicite Willy Bourgeois, le vice-président de la Région en charge des lycées. Plusieurs dizaines de producteurs se sont associés à la démarche, aidés en cela par les chambres d’agricultures. Pour le marché des fruits et légumes frais bio et locaux, le titulaire est par exemple un maraîcher bio situé en Haute Saône. Pour le marché des produits lai tiers fermiers, locaux, bio ou convention
Comme ici au lycée Jules-Haag approvisionnées à au moins
nels qui représente le deuxième poste de dépenses d’achats de denrées dans les cantines, le double objec tif de ce marché a été, d’une part, de proposer aux lycées une offre large de produits industriels de qualité, en veillant à y intégrer les nombreuses spécialités bourguignonnes et franc comtoises. D’autre part, ce marché a ouvert la possi bilité de travailler avec les
“Pas les mêmes yaourts à Pergaud Besançon qu’à Eiffel Dijon.”
dispositif à l’ensemble des 128 (121 dis posant d’un restaurant pour être précis) de la grande région. Après les lycées bisontins, ceux du Haut-Doubs seront donc également concernés. “Par vagues, tous les six mois, on intégrera une ving taine de lycées nouveaux dans la démarche. D’ici 2027, ils devraient donc tous être concernés. Et comme on le fait par zones géographiques, ça nous permet à chaque fois de cibler des producteurs
Willy Bourgeois, le vice-président de la Région en charge des lycées, se réjouit de pouvoir confirmer cette annonce (photo V. Arbelet).
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