La Presse Bisontine 268 - Octobre 2024

Le dossier 21

La Presse Bisontine n°268 - Octobre 2024

poursuit le Pr Haffen. Par exemple, on met en place des groupes de soins pour les patients souffrant de troubles bor derline avec des stratégies qui ciblent des aspects de médiation cognitive en particulier. Ce sont des stratégies opé rantes pour ces pathologies mais très coûteuses en termes de formation et de temps donc peu développées. Nous avons la sectorisation mais le C.H.U. ayant une activité de recours, nous accueillons des patients adressés par le Centre hos pitalier de Novillars ou de Pontarlier pour des pathologies complexes, des diagnostics complexes ou intriqués.” L’hôpital de jour en addictologie démé nagera aussi dans le nouveau bâtiment permettant ainsi des mutualisations entre les deux hôpitaux de jour. “L’or ganisation des soins sera simplifiée pour les patients comme pour les soignants, se réjouit le médecin. Le bâtiment répond à nos attentes. Nous allons pouvoir récu pérer nos effectifs de lits, diminués par la pénurie médicale et l’organisation architecturale de Saint-Jacques. Une

Concrètement, le nouveau bâtiment de psychiatrie comptera les deux unités d’hospitalisation enfants-adolescents et un C.A.T.P.P. (centre d’accueil théra peutique à temps partiel). Les activités de jour seront renforcées de même que l’unité mère-enfant. “Elle existe déjà mais dans le nouveau bâtiment, une unité sera dédiée aux mères confrontées à des difficultés post-partum, précise le Professeur Emmanuel Haffen, chef du pôle psychiatrie. En cas de souffrance aiguë qui peut conduire à une hospita lisation, on veut éviter la rupture du lien mère-enfant. À l’heure actuelle, il y a une vraie difficulté dans la périna talité.” La psychiatrie adulte compte deux unités d’hospitalisation ainsi qu’un hôpital de jour, créé en 2023. Le Pr Haffen a d’ail leurs constaté une augmentation signi ficative du nombre de patients à l’hôpital de jour, notamment des jeunes. “L’hôpital de jour permet de toucher une population plus grande et également de s'adapter aux professionnels de santé puisque la démographie médicale en psychiatrie est compliquée, observe le psychiatre. L’hôpital de jour permet de structurer des activités de soin qui peuvent être attractives, tous nos postes de paramé dicaux sont d’ailleurs pourvus.” Il reste pour autant un sous-effectif de méde cins. De plus, le C.H.U. développe des offres de soins psychothérapeutiques struc turées qui n’existent pas sur le territoire. “Notamment pour répondre à certaines difficultés de prise en charge de patients de certaines pathologies spécifiques qui requièrent des soins psychothérapeu tiques mais qui ne sont pas développés,

Le nouveau bâtiment de psychiatrie se situera en dessous de la maison des familles (illustration C.H.U. Besançon).

activité de soin dédiée aux patients hospitalisés sans consentement pourra ouvrir. Aujourd’hui, les patients de notre secteur sont envoyés à l’hôpital de Novillars, car Saint Jacques n’est pas habilité à prendre en charge ces patients.” D’un montant estimé à 24 millions pour le projet global, les travaux doi vent débuter à l’au tomne. n L.P.

Une organisation

des soins simplifiée.

de sécurisation pour les patients et les soignants. Notamment avec la proximité de toutes les plateformes du C.H.U.” Les urgences psychiatriques seront ainsi à proximité des urgences somatiques. Les services d’imagerie également, très sol licités, seront proches. Le bâtiment affiche une disposition en

pétales, privilégiant des terrasses et des jardins. Toiture végétalisée, maté riaux éco-responsables, des entrées dis tinctes selon les services… L’architecture respecte les différentes unités du service psychiatrie et peut accueillir 100 per sonnes par jour en hôpital de jour et hospitalisation.

aura un vrai changement dans la prise en charge, remarque Benjamin Lapos tolle, directeur du patrimoine, des inves tissements médicaux et de la sécurité. Il faut dire que la localisation à Saint Jacques de la psychiatrie n’a jamais changé depuis les années 1970. La prise en charge évolue en termes de confort,

l Organisation Un bilan en fin d’année Un réseau de partenaires pour un meilleur maillage du Doubs

Sous la houlette de l’Agence régionale de santé (A.R.S.), le Doubs s’est engagé dans un Contrat Territorial de Santé Mentale (C.T.S.M.) avec une quarantaine d’acteurs différents.

notre département : insuffisance de la prévention hors du territoire bisontin, faiblesse de l’offre en psychiatres libé raux en zones rurales, déficit de places en hôpitaux de jour en pédopsychiatrie notamment. “Depuis ce diagnostic, plus de 150 actions ont pu être menées pour répon dre aux besoins identifiés via une mobi lisation de fonds de plus de 45 millions d’euros” poursuit la coordinatrice. Parmi les premières actions engagées, il y a eu le renfort des actions dans les territoires ruraux grâce notamment au déploiement d’équipes mobiles psy chiatrie-précarité à Novillars et à Pon tarlier. Mais également le renforcement des centres médico-psychologiques (C.M.P.) ruraux (avec les trois C.M.P. du Doubs Central et de Pontarlier Morteau) et la création d’un nouveau C.M.P. à Quingey, le développement des groupes d’entraide (G.E.M.) en zones rurales (Valdahon, Morteau, Baume-les-Dames, et Maîche) ou encore le déploiement de Rés’ado dans le Haut Doubs. “Le second axe a été de développer des dispositifs d’aller vers” poursuit Lætitia Grosperrin. Avec d’autres actions enga gées comme la mise en place d’équipes

“G arantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre de psychiatrie acces sible, diversifiée et de qualité” , c’est l’objectif concret de ce Contrat Terri torial de Santé Mentale qui découle des grands axes de la feuille de route nationale “Santé mentale et psychiatrie” lancée par le gouvernement dès 2018. Présentée en juin 2018, cette feuille de route fixait le cap d’une transfor mation structurelle et systémique du champ de la santé mentale et de la psychiatrie en France. Le constat était sans appel : la situation des personnes vivant avec des troubles psychiques en France est préoccupante. “La demande de soins est en augmentation constante notamment pour les troubles anxiodépressifs, les psycho-trauma tismes, les troubles du comportement, les addictions. Ces troubles représentent aujourd’hui le premier poste des dépenses de santé de notre pays, avec un coût total de 23,4 milliards d’euros pour l’Assurance maladie, soit 14,5 %

des dépenses, et de 30 milliards d’euros avec les aides indirectes (indemnités journalières, aide sociale)…” pointait alors le gouvernement. Dans le Doubs, le premier contrat ter ritorial de santé mentale a été signé le 8 octobre 2020. “Depuis, la dyna mique de coopération sur le territoire

entre l’ensemble des acteurs impliqués dans ce projet : établissements de santé et médico sociaux, professionnels libéraux, services de l’État, associations, etc., n’a pas cessé” se réjouit Lætitia Grosperrin, la coordinatrice de cette Plateforme en Psychia trie et Santé Mentale du Doubs. Ce contrat territorial de santé mentale du Doubs se fonde sur un diagnos tic qui a permis d’iden tifier les principaux points de rupture dans

Un projet d’équipes mobiles sur le quartier de Planoise.

Le renforcement du réseau des C.M.P. faisait partie de la feuille de route départementale.

encore la création de missions dédiées pour les demandeurs d’asile et les per sonnes réfugiées Pour compléter le dispositif, la plate forme prévoyait de créer d’ici la fin de l’année un centre de consultation rapide pour les enfants à Besançon ainsi qu’une équipe mobile adolescent pour le Haut-Doubs. Pour Besançon égale ment, un projet d’équipes mobiles sur le quartier de Planoise et un centre de consultation pour évaluation et appui

sanitaires à destination des établisse ments et services médico-sociaux enfant et adulte, le renforcement de l’équipe mobile de psychiatrie de la personne âgée pour des interventions à domicile ou en E.H.P.A.D. avec des soins de psy chiatre, la création d’une équipe de soins 15-25 ans pour accompagner les jeunes patients, l’ouverture des cellules de prévention et d’appui à la coordi nation pour les situations complexes dans l’ensemble du département, ou

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