La Presse Bisontine 268 - Octobre 2024
20 Le dossier
La Presse Bisontine n°268 - Octobre 2024
l ÉC.H.U. de Besançon Travaux Un nouveau bâtiment de psychiatrie dès 2026 Le C.H.U. de Besançon se dote d’un nouveau bâtiment de psychiatrie, opérationnel dès 2026. D’une surface d’environ 5 700 m2, il accueillera les services de psychiatrie, encore situés dans les installations vieillissantes du site de Saint-Jacques. Ce nouvel équipement permettra entre autres de simplifier l’organisation des soins.
Pour l’heure, seules des
consultations ont lieu sur le site de Minjoz. Tout le reste est encore à Saint-Jacques. Dès 2026, toute l’activité psychiatrie sera
C’ est en dessous de la maison des Familles, sur le site du C.H.U. Minjoz, que le nouveau bâtiment de psychiatrie va sortir de terre. D’une surface de 5 700 m 2 , il permettra de regrouper tous les services de psychiatrie du C.H.U.,
voire les renforcer. Il accueillera en outre sur un étage l’unité Espace accueil des adolescents du centre hospitalier de Novillars, unité d’hospitalisation com plète qui existe déjà à Saint-Jacques. Opérationnel dès 2026, le bâtiment a été pensé et adapté aux spécificités de la prise en charge psychiatrique. “Il y
regroupée sur le même site e Minjoz, voire renforcée.
l C.H.U.
Innovations La Recherche se penche sur des biomarqueurs spécifiques des maladies psychiatriques Le Professeur Emmanuel Haffen participe au P.E.P.R. (Programmes et équipements prioritaires de recherche) dédié à la psychiatrie, le premier de la discipline. Il éclaire sur ses recherches et ses implications.
D epuis l’année dernière, le premier P.E.P.R. sur la psychiatrie a débuté son travail. Doté d’un investissement global de 80 mil lions d’euros pour tout le terri toire national, il regroupe plu sieurs opérateurs dont l’I.N.S.E.R.M., le C.E.A., le C.N.R.S., la Fondation fonda mentale, etc. Dans ce cadre, le Professeur Haffen, du C.H.U. de Besançon pilote avec un pédop sychiatre de Lille et un profes seur de santé publique à Mar seille un travail de recherche qui a pour objet de développer et de trouver des biomarqueurs spécifiques des maladies psy chiatriques. “La question est : peut-on, grâce à certains outils, éventuellement distinguer une maladie psychiatrique d’une autre, de manière assez précoce ? Cela permettrait finalement de
voir quels sont les profils et les risques évolutifs de cette maladie. Cela existe un dans un grand nombre de pathologies mais qui sont hors de la psychiatrie : le cancer, certaines maladies neu rologiques. On peut tout à fait avoir des biomarqueurs, spéci fiques de la maladie ou de telle autre. Des biomarqueurs qui nous renseignent sur l’agressivité de la maladie, les risques évo lutifs à moyen et long terme. Notre objectif est de trouver des biomarqueurs spécifiques de la schizophrénie, de la maladie bipolaire, et de la dépression uni polaire. À un moment donné, de la manière la plus précoce pos sible, peut-on dire que tel patient souffre de telle pathologie ou de telle autre ? On pense que ce diag nostic sera constant, non évolutif avec le temps et nous permettra d’adapter très précocement des
mesures thérapeutiques.” Le travail de recherche du Pro fesseur Haffen marque une vraie rupture car actuellement, il n’existe aucun marqueur spéci fique des maladies psychia triques. Le second volet du travail du Professeur Haffen porte sur un programme dont l’objet est de développer “des techniques de neuromodulation et en particu lier, la stimulation magnétique transcrânienne roboguidée (R.T.M.S.).” L’idée étant d’amé liorer le niveau de réponse à cette technique thérapeutique et de voir si certains patients répondent plus facilement à cette stratégie de soin que d’autres. “La R.T.M.S. haute intensité a montré une efficacité qui double par rapport aux anciennes stra tégies mises en place, à partir du moment où on va bien traiter
Le Professeur Emmanuel Haffen, chef du pôle psy chiatrie (photo archive L.P.B.).
être arriver à pouvoir la valider chez certains patients souffrant de dépression.” Une somme d’1 million d’euros est dédié à ce programme spécifique. L’objectif global de ce P.E.R.R. de la psychiatrie est de faire émerger des stratégies de soin plus efficaces afin d’aller à la rémission, à la guérison, et non plus des améliorations. n
Cette nouvelle façon d’envisager la R.T.M.S. n’est à l’heure actuelle pas reconnue en France comme stratégie thérapeutique car la Haute Autorité de Santé a donné un avis défavorable. “Je souhaite qu’il y ait une possibilité de reconnaissance de cet acte, qu’il soit valorisé. Le but est de pouvoir augmenter sa précision et son efficacité, de ce fait peut
avec la stimulation magnétique la bonne zone cérébrale. C’est pour ça que c’est roboguidé. Grâce à une I.R.M. cérébrale, on recherche des zones spécifiques qui sont hypofonctionnelles et en lien potentiellement avec la dépression. On va cibler avec un robot cette zone sur laquelle on va appliquer sur le cuir chevelu la bobine de stimulation.”
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