La Presse Bisontine 268 - Octobre 2024
Besançon 15
La Presse Bisontine n°268 - Octobre 2024
C’ est la proportion des habi tants de la région Bour gogne-Franche-Comté qui vivent sous le seul de pauvreté monétaire (1 160 euros pour une personne seule, 1 740 euros pour un couple). Leur niveau de vie moyen est de 870 euros par mois. Dans une récente étude, l’I.N.S.E.E. régional précise que 13 % L e c h if f re
POLITIQUE
Annie Genevard
“Ce portefeuille de l’Agriculture, c’est une responsabilité de cœur pour moi” La nouvelle ministre de l’Agriculture, de la Forêt et de la Souve raineté alimentaire nous a accordé sa toute première interview depuis sa prise de fonction. Son installation, les dossiers priori taires qu’elle devra gérer, elle livre ses premiers sentiments.
presque 20 % dans ce cas. La plupart de ceux qui échappent ainsi à la pauvreté per çoivent alors un revenu légèrement supérieur au seuil de pauvreté. Avec des prestations ciblées, comme les allocations familiales, et un barème de l’impôt sur le revenu tenant compte de la com position des ménages, ce système soutient davantage les familles avec enfants. Au niveau national, le taux de pauvreté atteint 14,9 %. Il n’empêche que même après redistribution, 350 300 personnes de la région restent sous le seuil de pauvreté… l
sans le système de redistri bution socio-fiscal français (impôts et prestations sociales), ils seraient
L a Presse Bisontine : Ce poste de ministre est-il un aboutissement pour vous ? A.G. : Oui, dans le sens où c’est le résul tat de l’engagement que j’ai auprès du monde agricole depuis douze ans. Je dirais plutôt que c’est une continuité. J’ai énormément appris à leurs côtés, sur le plan professionnel, humain. Ce portefeuille de l’Agriculture, c’est une responsabilité de cœur pour moi. C’est un grand ministère qui concerne tous les Français, sans exception, car il touche aussi bien à des activités ances trales qu’à l’avenir de ce pays, sa sou veraineté alimentaire, l’identité de ses terroirs, etc. L.P.B. : Depuis votre installation, les dossiers se sont sans doute accumulés sur votre
bureau. Comment allez-vous les empoigner ? A.G. : J’avoue que depuis le 23 septem bre, je suis un peu comme dans une lessiveuse avec énormément de choses à prendre en main. Mes journées com mencent à 6 heures du matin, elles se terminent à minuit, mais c’est bien dans la continuité de ce que j’ai tou jours fait, je n’ai jamais rechigné au travail, c’est dans ma nature. J’ai tou jours estimé que la vraie légitimité était dans le sérieux du travail. L.P.B. : Quels sont les dossiers prioritaires ? A.G. : Il y a en ce moment en France des territoires qui souffrent beaucoup. Toute l’agriculture française n’est pas forcément à l’image de la filière comté, loin de là. Ma priorité immédiate est
donc de répondre aux territoires tou chés par la fièvre catarrhale ovine et par la fièvre hémorragique. Je me devrai d’apporter des premières réponses à ces filières à l’équilibre économique très fragile, j’ai prévu de le faire à l’occasion de ma venue au Sommet de l’élevage à Cournon en ce début du mois d’octobre. L’autre actua lité compliquée, c’est celle des récoltes de blé et des récoltes maraîchères qui ont subi des déficits en eau dans le Sud pour les secondes, et un trop-plein Annie Genevard dans les jardins de l’Hôtel de Villeroye qui abrite le ministère de l’Agriculture (photo ministère de l’Agriculture).
d’eau dans le Nord pour les premières, avec des rendements en chute libre. Il faudra là aussi apporter des réponses rapides. Je n’oublie évidemment pas la colère du monde agricole qui s’est manifestée en début d’année et qui n’a pas obtenu toutes les réponses à ses inquiétudes. Il y a encore beaucoup d’attentes d’autant que cette paren thèse de trois mois depuis la dissolution avait congelé l’action du gouvernement. En parallèle, je prévois de rencontrer dès les prochains jours l’ensemble des syndicats agricoles.
imaginer que ce gouvernement pourra travailler sereinement et dans la durée, avec des profils si différents ? A.G. : J’en appelle clairement au sens des responsabilités de chacun. Ceux qui se livrent à des petits jeux poli tiques inutiles ne feront que renforcer le dégoût des Français vis-à-vis de la politique. Il faut revenir à l’essentiel. Les petites phrases, les règlements de compte, personnellement je ferai tout pour qu’il n’y en ait pas. Le moment est assez grave pour que tout le monde ne se mette pas au travail. n Propos recueillis par J.-F.H.
‘
L.P.B. : Sur le plan plus politique, comment
Made with FlippingBook Digital Publishing Software