La Presse Bisontine 268 - Octobre 2024

14 Besançon

La Presse Bisontine n°268 - Octobre 2024

SANTÉ

Appel au civisme Insultés, menacés, harcelés : le quotidien pas toujours rose des soignants

en place d’actions correctives et préventives, l’hôpital a simplifié la procédure de signalement en interne des actes de violence. “On veut les accompagner au mieux sachant que la loi ne per met pas pour le moment de porter plainte au nom du C.H.U. Un agent qui veut le faire, doit le faire à titre individuel.” Ce que peu font finalement. La même démarche accompagne aussi les violences internes avec la publi cation récente d’une charte de lutte contre les agissements sexistes.Rapportés au nombre de patients et visiteurs accueillis à l’année dans l’établissement bisontin, ces incivilités restent bien sûr limitées, “mais c’est toujours trop” , commente Jona than Debauve. Cette campagne de communi cation vise aussi à le rappeler, en ciblant les comportements inadaptés. “On tient compte bien sûr aussi du contexte et des amé liorations à apporter” , conclut le directeur de la communica tion. L’aménagement d’un deuxième bureau des entrées dans le bâtiment bleu, pour améliorer le parcours patient en oncologie, en serait un exem ple. n S.G.

l’hôpital, qui a tout de suite été suivi. On se sent soutenus et c’est bien” , souligne Hélène, qui s’in digne de ces débordements. “On est à fond pour les patients, on fait tout pour eux et on se prend cette violence en pleine figure, ce n’est pas normal !” Les affiches placardées dans le hall d’accueil et les services, réa lisées avec l’illustratrice Petit Tchoup, insistent justement sur ce point, en rappelant que “le respect et la patience n’existent pas encore sous forme de perfu sion.” Le ton de la campagne n’est volontairement pas culpa bilisateur. Il joue plutôt sur l’iro nie et le rappel des sanctions, qui se cantonnent généralement aux courriers de recadrage mais qui peuvent aller jusqu’à l’ex clusion du patient. “C’est raris sime mais cette pratique s’ap plique dans tous les hôpitaux” , rappelle le directeur de la com munication. Le Code pénal pré voit, en parallèle, jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Selon les années, entre 160 et 240 faits sont relevés au C.H.U. bisontin. En 2023, il y en aurait eu 157. Des chiffres probable ment sous-estimés. Pour aider à un meilleur suivi et la mise

Pour en finir avec les violences contre ses agents, le C.H.U. Minjoz a lancé une petite campagne d’affichage et rappelle, sur le ton de l’humour, que les incivilités peuvent être sanctionnées.

S’ il est difficile de vrai ment quantifier les actes de violence à l’hôpital, un constat s’impose. Ils perdurent malheu reusement d’année en année. “C’est très fluctuant et cela peut prendre diverses formes : des injures aux intimidations, en passant par l’agressivité phy sique et les dégradations” , remarque Jonathan Debauve, directeur de la communication

en oncologie, en a fait l’amère expérience l’été dernier. “Depuis 2020, un système de circuit anti cipé a été ouvert. Nous validons le traitement de chimiothérapie à distance le matin et le patient vient le recevoir l’après-midi à l’hôpital. Ce qui permet d’atten dre beaucoup moins. Mais les places sont limitées et pas sys tématiques. Or, un jour, un patient mécontent est descendu de lui-même dans le service. Il s’est imposé alors qu’il était prévu ailleurs. Très énervé, il a litté ralement explosé quand une col lègue jeune diplômée n’a pas réussi à le perfuser.” La scène violente choquera toutes les personnes présentes. “Il était complètement hystérique. J’essayais de le calmer, il s’est levé et a bousculé le chariot, avant de partir en trombe.” Hélène, qui dit n’avoir jamais vu ça en 22 ans d’exercice, avoue avoir eu très peur. “J’en ai pleuré, j’ai cru qu’il allait me frapper.” Le patient est finalement revenu de lui-même, peu après, l’esprit moins échauffé. “J’ai fait un signalement à la direction de

Debauve. Les soignants ne seraient, de même, pas les seuls ciblés. “Aux bureaux d’accueil aussi, on essuie beaucoup d’incivilités.” Le temps d’attente nourrit une grande part des agacements. “C'est vrai, parfois, au C.H.U., on attend. Et ça peut être long. Mais rien ne justifie qu'on s’en prenne aux professionnels.” Hélène* (prénom d’emprunt), infirmière de pratique avancée

au C.H.U. Minjoz. Et contraire ment à ce que l’on peut penser, le pôle des urgences, du centre 15 et de la réanimation ne serait pas le plus touché, bien que parmi les plus concernés. Il est dépassé sur ce début 2024 (comme l’an dernier) par le pôle d’investigation et d’innovation chirurgicales. “Mais énormément de services y sont représentés. Ce qui explique en partie ce constat” , nuance Jonathan

Jonathan Debauve espère que les affiches feront leur effet.

PETITE ENFANCE Lieu ressource Bientôt un guichet unique pour les familles

L’association Coccinelle, créée par et pour des parents il y a 20 ans, aimerait ouvrir une “Maison des 1 000 premiers jours” sur Besançon avec le soutien de plusieurs partenaires. Ne lui manque plus qu’à trouver l’emplacement et le local.

“N ous avons déjà une mai son des seniors, pourquoi n’aurions-nous pas une maison des juniors ?” C’est par cette boutade que les membres de l’association Coccinelle résument leur projet de lieu d’accueil, lancé il y a maintenant deux ans. Connue pour accompagner les jeunes et futurs parents (via des temps d’échange, ateliers de portage, rencon tres allaitement, massages bébés…), l’association a développé au fil du temps son champ d’action, et tissé divers liens avec les professionnels et partenaires locaux, dont le C.H.U. Minjoz avec qui elle vient de signer une convention. Au point d’être devenue l’un des sou tiens clefs à la parentalité et périna talité. “Cela fait 20 ans que l’on accom pagne et sensibilise sur cette période cruciale des 1 000 premiers jours. Cette maison prolongera tout ce qui a pu être mis en place et permettra de regrouper nos bureaux, tout en proposant des per manences avec nos partenaires” , résume Samia Derrer, coordinatrice à l’asso ciation.

Libres d’être développées sur chaque territoire, ces Maisons des 1 000 pre miers jours font en fait partie des recom mandations fixées fin 2020 par la com mission Cyrulnik. Leur but est d’offrir un accompagnement adapté aux parents et à leur entourage depuis la grossesse jusqu’aux premières années de vie de leurs enfants. La ville voisine de Dijon a inauguré l’an dernier une petite structure. Le projet bisontin, qui sera plus impor tant, se co-construit avec les partenaires institutionnels et associatifs. Il projette de rassembler en un même lieu divers services pensés pour les familles, et veut donner davantage de visibilité sur l’offre de soins et d’accompagnement local. “Ce sera un espace ressource dédié à l’échange, à la fois entre parents mais aussi avec des professionnels” , explique Aurore Viard-Crétat, qui évoque un manque actuellement. “Trouver un lieu qui accueille les familles, en toute simplicité, reste com pliqué. Ici, on pourra venir avec son bébé, sans s’inquiéter de déranger s’il pleure, avec des espaces adaptés à

chaque âge et sans obligation de consom mer. Il y a aussi l’idée que quand on est parent, on n’ose pas toujours deman der de l’aide” , abonde Hélène Mori. Pour ces deux autres mamans investies dans l’association, disposer de ce genre d’espace de confiance et d’écoute par ticipe à rompre l’isolement et à prévenir des problèmes de santé (syndrome du bébé secoué, dépression périnatale, suicide…). En complémentarité de ce qui existe déjà sur Besançon, la future maison proposera ainsi des groupes de discus sion “pour partager des vécus et des solutions pratiques” , des ateliers thé matiques, des consultations indivi duelles avec des professionnels de santé et spécialistes de la petite enfance, une halte-garderie et un espace café convi vial. Elle pourrait ouvrir assez vite.Le dossier, bien avancé sur le fond et les engagements financiers, reste toutefois suspendu à la recherche d’un local. Ce qui ne permet pas pour l’instant de fixer de date d’ouverture. “Dans l’idéal, il faudrait un espace d’environ 300 m 2 en location dans Besançon, proche du

Hélène, Samia et Aurore (de gauche à droite) espèrent une ouverture prochaine.

chains au Scènacle à Besançon, autour d’un week-end festif. Une plongée humoristique dans le quotidien de parents est prévu le vendredi soir lors d’un one-woman-show. Elle sera suivie le samedi après-midi d’activités gra tuites, de jeux pour tous les âges et d’un bal familial. n S.G.

centre-ville et/ou d’accessibilité simple en transports en commun, à vélo ou en voiture, avec un petit extérieur” , indique Samia Derrer, qui s’appuie sur l’enquête de besoins et les conclusions remontées en groupes de travail. L’association poursuit ses recherches, et célébrera en attendant ses 20 ans d’existence les 18 et 19 octobre pro

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