La Presse Bisontine 251 - Mai 2023

L’interview du mois 5

La Presse Bisontine n°251 - Mai 2023

Le conseil municipal a voté le budget 2023 de la Ville de Besançon (212 millions d’euros) à 41 voix pour et 14 contre le 6 avril dernier. Les explications d’Anne Vignot et de son adjoint aux finances n’ont pas convaincu les oppositions.

Laurent Croizier est également très critique sur la méthode Vignot. Il a réclamé la mise en place de réunions plus fréquentes entre les groupes politiques.

l EnsEmblE bisontins ! Laurent Croizier “La marque de fabrique Vignot, c’est de remettre à plat tous les projets” Le leader du deuxième groupe d’opposition rebaptisé Ensemble Bisontins ! (Renaissance MoDem-Horizons) fustige le manque de sincérité de ce budget. Et lui aussi l’absence de dialogue.

restes à réaliser d’à peine 13 millions d’euros, sur des budgets bien plus lourds que celui de Besançon. L.P.B. : Quels investissements privilégieriez vous si vous étiez aux manettes ? L.C. : La rénovation des écoles, je m’en réjouis bien sûr. Mais ce sont les grands projets qui permettent de projeter une ville. L’exemple-type est évidemment Saint-Jacques. Combien de villes ont 6 hectares en plein centre-ville à valori ser ? On avait un beau projet de Cité des savoirs et de l’innovation, quasiment ficelé, et Anne Vignot décide de tout remettre à plat, repartir de zéro pour aboutir à quoi pour l’instant ? Une cité de logements ! C’est bien cela la marque de fabrique de M me Vignot : remettre tous les projets à plat, repartir de zéro et au final perdre du temps dans une époque où tout s’accélère. Mais peut être que si elle ne propose rien, c’est qu’elle n’a tout simplement pas d’idées ? L.P.B. : Elle a le mérite de multiplier les consul tations citoyennes pour tenter d’impliquer les Bisontins aux décisions ? L.C. : Ce n’est qu’une impression. Jamais la ville n’a mis en place autant d’outils de participation citoyenne et jamais on a eu le sentiment que les Bisontins ne sont pas écoutés. C’est ce que me disent tous les jours les habitants de cette ville. n Propos recueillis par J.-F.H.

2026 ! L.C. : Oui, elle se projette, mais électo ralement parlant. Ses propos sont d’ail leurs symptomatiques du fait qu’elle s’adresse avant tout à ses électeurs, et en aucun cas aux Bisontins avec un projet pour leur ville. Elle reste campée sur ses schémas partisans, clivants, idéologiques. L.P.B. : Revenons sur le fond : pourquoi esti mez-vous que le budget manque de sincérité ? L.C. : Tout simplement parce que si on veut emmener Besançon vers un futur serein, il faut investir et là, le niveau d’investissement n’est même pas à la hauteur des annonces qui sont faites. En 2022, 31 millions d’euros qui avaient été inscrits dans le budget en investis sements n’ont pas été réalisés ! Le taux de réalisation des dépenses est inférieur à 60 %. Cela signifie concrètement que sur 2 euros que la majorité s’est engagée à investir au service des Bisontins, elle n’a dépensé à peine plus qu’1 euro. Anne Vignot gonfle artificiellement les pro positions d’investissements tout en sachant qu’elle sera dans l’incapacité de les réaliser. On peut appeler cela de l’immobilisme. Un budget prévisionnel ne veut pas dire un budget virtuel. Là, on est dans le virtuel. Au rythme où on va, 100 % des propositions d’investis sements finiront par être des restes à réaliser. À titre de comparaison, des villes comme Lyon ou Dijon ont des

L a Presse Bisontine : Le ton monte régu lièrement entre Anne Vignot et vous dans les conseils municipaux. C’était une nouvelle fois le cas lors du dernier conseil au sujet du C.C.A.S. Quelle est votre analyse ? Laurent Croizier : Depuis trois ans en effet, à chaque conseil municipal, les crispa tions montent d’un cran. Une des expli cations évidentes selon moi, c’est un projet extrêmement flou de la part de la majorité pour cette ville. Notre travail d’opposants est de questionner sur la vision qu’a la majorité pour cette ville dans 5, 10 ou 15 ans, mais jamais nous n’obtenons de réponse. Ces crispations croissantes viennent donc de l’absence de réponses, ou alors des contradictions entre les paroles de la maire et les actions de cette majorité, et enfin de la nationalisation systématique que la majorité fait du débat municipal. Anne Vignot manque cruellement de respect pour l’opposition. Une preuve supplé mentaire : tous les projets qu’elle lance,

on les apprend par la presse !

l’opposition est aussi de pointer les dys fonctionnements, les reproches ne peu vent pas aller que dans un sens. Notre rôle est aussi de faire des propositions. Nous en avons déjà fait plus de 150 depuis le début du mandat, nous sommes rarement écoutés.

L.P.B. : Ce n’est pas la marque spécifique d’Anne Vignot ? L.C. : Justement si. Jamais Jean-Louis Fousseret n’a fait autant de différences entre l’opposition et la majorité. Quand il y avait une inauguration par exemple, il appelait tous les élus à ses côtés, y compris ceux de la minorité. Ce que ne fait jamais Anne Vignot ! L.P.B. : Que proposez-vous pour décrisper le débat ? L.C. : On ne peut pas continuer ainsi. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit à Mme Vignot pour lui demander d’orga niser des réunions de groupes au rythme d’au moins une par trimestre. Une pre mière devait avoir lieu avant la fin avril. Le fait par exemple d’annuler les propos liminaires des conseils municipaux ne peut pas être le fait du prince, ces choses là doivent se discuter avant. Le rôle de

“Elle reste campée sur ses schémas partisans, idéologiques.”

L.P.B. : Et sur le fond, com ment jugez-vous ce budget 2023 ? L.C. : Tel qu’il est pré paré depuis trois ans, on ne peut pas dire qu’il permet d’emme ner Besançon vers des perspectives d’avenir bien claires ! L.P.B. : Pourtant, Anne Vignot affirmait dans nos colonnes il y a quelques mois qu’elle se projetait au-delà de

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