La Presse Bisontine 251 - Mai 2023
4 L’interview du mois
La Presse Bisontine n°251 - Mai 2023
POLITIQUE
Après le vote du budget
Tirs Croisés ConTre la méThode VignoT Les leaders des deux oppositions bisontines n’ont apprécié ni la manière ni le contenu du budget 2023 voté lors du dernier conseil municipal. Ils dénoncent tous les deux un manque de sincérité dans la présentation des chiffres. Double interview de Ludovic Fagaut, chef de file du groupe Besançon Maintenant et Laurent Croizier, leader du groupe Ensemble Bisontins ! Ludovic Fagaut “Ce budget n’est pas digne d’une ville comme Besançon !” Le chef de file du principal groupe d’opposition ne goûte ni la méthode, ni le fond de ce budget 2023 qu’il estime cruellement manquer d’ambition et de perspectives. l BESANÇON MAINTENANT
l a Presse Bisontine : Que reprochez-vous à la majorité par rapport au récent vote du budget ? Ludovic Fagaut : Il y a d’abord un énorme problème de méthode. Quand on a 212 millions d’euros de dépenses à voter et qu’on laisse à peine deux fois 5 minutes au chef de file du principal groupe d’op position pour s’exprimer, ce n’est pas sérieux. Au Conseil départemental, nous avons deux jours entiers, voire trois de débats consacrés uniquement au budget. Madame Vignot rétorque que chaque élu a deux fois 5 minutes mais tout le
Si on allait au T.A. sur ce point, ils seraient forcément en tort. L.P.B. : Sur le fond, comment jugez-vous ce bud get ? L.F. : Au chapitre des dépenses de fonc tionnement, comment ne pas dénoncer la hausse massive des dépenses de per sonnel qui atteignent 80,7 millions d’eu ros ! En hausse de 6,1 % par rapport au budget 2022. Par rapport au dernier budget de Jean-Louis Fousseret, en 2019, c’est 9,5 millions d’euros de plus ! L’indice de référence a certes augmenté et ils n’y peuvent rien, mais il y a une inflation excessive du nombre d’agents. La Ville de Besançon comptait 1 624 agents publics en juillet 2020 au début du man dat d’Anne Vignot. En 2023, on est à 2 017 agents, soit 393 de plus ! Même si dans ces chiffres on compte les agents du périscolaire, c’est totalement incohé rent d’autant que les compétences majeures sont aujourd’hui à G.B.M. L.P.B. : Et au chapitre des investissements ? L.F. : C’est le principal souci de ce budget selon moi. On est sur 42,6 millions d’euros de dépenses réelles d’investissement (je déduis 14 millions du capital de la dette).
monde n’est pas spécialiste des questions budgétaires, à commencer par elle même… Et je sais qu’en coulisses, cer tains élus de la majorité sont tout à fait d’accord avec moi sur cette question de temps de parole. Pour dépassionner le débat, il faut impé rativement qu’Anne Vignot accepte de changer de méthode. C’est la même chose avec les propos liminaires qui ont été arbitrairement supprimés. Si j’étais pro cédurier, j’aurais pu aller au tribunal administratif car ces propos étaient jusque-là inscrits au règlement intérieur.
on est à 94 %… Les investissements ne sont pas à la hauteur d’une ville de 118 000 habitants. 70 000 euros pour une aire d’ébat pour chiens, 4 millions d’euros pour supprimer ou déplacer des voiries… On ferait mieux de donner des moyens supplémentaires à nos policiers municipaux ! L.P.B. : Quel budget mieux ficelé auriez-vous présenté si vous étiez aux affaires ? L.F. : Qu’ils nous laissent travailler une semaine aux côtés des services et on pré sentera un contre-budget détaillé et qui aura une autre ambition, avec de vrais services à la population, une dynamique et une attractivité ! Ce budget n’est pas digne d’une ville comme Besançon ! Où est la perspective, où est le rayonnement ? Ne serait-ce que du point de vue culturel : notre beau musée n’est-il pas en mesure de monter des expositions qui auraient un rayonnement national ? C’est un bud get à la petite semaine qui a été voté par cette majorité. L.F. : Bien sûr que non ! Tout ce qui est fait pour la rénovation des bâtiments scolaires est bien, mais ce n’est que du bon sens dans ce contexte sociétal et environnemental. Il n’y a rien d’innovant dans tout cela, toutes les villes le font ! Il nous faut une ville plus innovante. J’ai vraiment l’impression que depuis trois ans, on n’avance pas. Il n’y a pas de cap, pas de ligne directrice, et on sent bien que tous les services le ressentent également. L.P.B. : Vous avez accusé la majorité d’être dans un “théâtre d’improvisation permanent.” Qu’est ce que cela signifie ? L.P.B. : Vous rejetez tout en bloc dans ce bud get ?
L.F. : Tout simplement que cette majorité navigue à vue sur de nombreux dossiers. Comment ne pas estimer que le dossier Saint-Jacques est totalement improvisé. Comme l’est le projet de résidence auto nomie à la Grette, un dossier sorti du chapeau sans concertation. Un des vrais dossiers aussi où la majorité semble improviser, c’est celui du C.C.A.S. qui va se retrouver dans une situation financière catastrophique. L.P.B. : Un mot sur la façon dont Anne Vignot vous traite en conseil municipal ? L.F. : C’est du mépris, ce n’est pas digne d’un maire d’une ville comme Besançon. Mais j’ai du sang-froid, cela ne m’atteint pas. L’attitude de certains de ses conseil lers ou adjoints n’est pas plus digne. L.P.B. : Par exemple ? L.F. : Quand un jeune élu comme Nathan Sourisseau ose affirmer qu’il était fier de représenter la ville de Besançon à Sainte-Soline, mais où va-t-on ? Au nom de quoi il représenterait notre ville à une manifestation interdite ? Au nom de quoi Benoît Cypriani, adjoint à la sécurité, se vante en plein conseil de prô ner la désobéissance civile ? Plus large ment, il est nécessaire de travailler pour donner à cette ville un cap et sur ce point, je ne suis pas sûr que tous les élus tra vaillent. Il est peut-être plus facile d’aller dans toutes les manifestations, avec le maire en tête de gondole, et empêcher les commerçants de cette ville de tra vailler. Seulement, derrière, il faut tra vailler ses dossiers. Que s’est-il passé en trois ans ? Pas grand-chose… En ce qui nous concerne, nous continuerons à faire des propositions, sans jamais baisser les bras. n Propos recueillis par J.-F.h.
Avec un taux de réalisa tion, c’est-à-dire de dépenses effectives, d’à peine 60 % si c’est comme l’an dernier, soit tout juste 25 millions d’euros. Cette majorité fait de l’affi chage, elle donne à croire aux citoyens bisontins qu’elle fait de l’investis sement. Si on reprend les restes à réaliser des années précédentes, on est à 31,2 millions d’euros en 2022 ! Tous les bud gets précédents de cette majorité affichent un taux de réalisation d’à peine 60 %. Pour compa raison, au Département,
“Cette majorité navigue à vue sur de
nombreux dossiers.”
ludovic Fagaut estime aussi que l’opposition est bâillonnée.
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