La Presse Bisontine 241 - Juillet 2022

Le dossier 21

La Presse Bisontine n°241 - Juillet 2022

l Aide à domicile Avec Éliad Doubs et Haute-Saône Cherche aide à domicile désespérément Alors que l’État encourage le maintien à la maison des personnes âgées, malades ou handicapées, le secteur de l’aide à domicile fait partie de ceux qui souffrent le plus du manque de personnel. Le recrutement est difficile et les candidats sont peu nombreux.

C’ est un secteur appelé à devenir de plus en plus impor tant. L’État encou rage le maintien à domicile des personnes âgées, malades ou handicapées afin de limiter au maximum la perte d’autonomie. Une volonté qui s’apparente presque à un vœu pieux tant la situation est tendue sur le ter rain. Le personnel manque de façon criante. Sur le Doubs et la Haute-Saône, Éliad, association d’aide à domi cile, recrute plus de 200 per sonnes. “Nous avons de très gros besoins sur des postes perma nents et sur des saisonniers pour pallier les absences pour congés d’été” , relève Tiffany Lutique, chargée de recrutement pour la structure. Rien que sur le Doubs, il manque une trentaine d’employés en juillet, une cinquantaine sur août. “Ce sont des métiers très

tures. Et en plus, les effectifs bou gent beaucoup, nous n’arrivons pas à fidéliser nos employés” , reconnaît la chargée de recru tement. Pourtant, Éliad fixe très peu de critères de recrutement et s’adapte aux volontés des can didats. “Temps partiel, temps plein, on ouvre à tout, tellement nous sommes en difficultés” , souffle Tiffany Lutique. La structure travaille sur la valorisation du métier, la recherche de conditions de tra vail plus favorables, le renfor

pénurisés, encore plus sur le pro fil d’aide-soignant en service de soins infirmiers (S.S.I.)” , reprend Tiffany Lutique. Sur Besançon, 15 postes d’aides-soignants res tent vacants. Métier difficile, qui nécessite d’être beaucoup sur la route, parfois avec sa voiture person nelle, des salaires peu attractifs, le secteur n’attire pas. “Nous

L’aide à domicile arrive en numéro 1 des besoins de main-d’œuvre dans le Grand Besançon.

n’avons pas eu de Ségur comme à l’hôpital, mais nous avons eu une revalorisation des salaires”, note Tif fany Lutique. À savoir, une hausse de 15 % en moyenne des salaires pour les aides à domicile du secteur associatif. Il n’empêche. “Nous avons très peu de candida

“Il manque une trentaine d’employés en juillet.”

manque de personnel, certaines prestations doivent être annu lées ou refusées, chaque jour. n L.P.

les candidats arrivent” , constate t-elle. Malgré tous ces efforts, la situa tion reste très compliquée. Par

cement des compétences… “On essaie de trouver de nouvelles astuces, c’est nous qui allons vers les gens, on n’attend plus que

l Enseignement Syndicat S.E.-U.N.S.A. 25 Les professeurs manquent à l’appel

Le métier de professeur ne fait plus envie. Avec un faible nombre de candidats au concours, certains postes ont du mal à être pourvus. Faute de titulaires, ce sont des contractuels qui prennent le relais. Eux aussi risquent de ne plus suffire…

le syndicat. En mars dernier, le rectorat de Besançon et Pôle Emploi ont organisé un job dating. Objectif ? Séduire les demandeurs d’emploi pour qu’ils embrassent le métier de pro fesseur contractuel dans le second degré. Avec un salaire net de base aux alentours de 1 500 euros et un encouragement à réaliser des heures supplémentaires, payées 146 euros bruts la première heure, puis 122 euros bruts. Un pas de plus vers la privatisation de l’Éducation nationale ? “Nous pensons qu’il y a une volonté politique globale de privatisation de l’école et de l’Éducation nationale, reprend un représentant du syndicat. Un contractuel est plus malléable. Si un poste est supprimé, le titulaire doit être recasé tandis qu’on remercie simple ment le contractuel.” En filigrane se dessine un système à bout de souffle. C’est d’ailleurs l’une des reven dications du syndicat : l’arrêt des réformes au fil des ministres et une évaluation de l’institution dans son fonctionnement. Sol licité, le rectorat de Besançon n’a pas donné suite. n L.P.

L a carte scolaire des écoles du Doubs pour la rentrée prochaine vient d’être établie. Avec 6 ferme tures de classes et 6 ouvertures de classe, le syndicat S.E.-U.N.S.A. s’estime satisfait avec aucune nouvelle fermeture annoncée depuis la dernière réunion en début d’année. “La carte scolaire est plutôt bienveillante, soulignent les représentants de l’U.N.S.A. Le Doubs s’est vu doté de deux postes supplémentaires alors qu’on perd 1 200 élèves.” Seulement problème : qui mettre derrière ces postes ? Car le métier de professeur des écoles et professeur dans le secondaire n’attire plus. Le nombre de candidats au concours ne cesse de diminuer d’année en année. Cette année, 178 candidats étaient admis sibles à l’oral du concours pour 124 places sur l’académie. “Quand j’ai été recrutée en 2001, nous étions 1 200 candidats pour 150 postes dans le Doubs” , relève une des représentantes du syndicat et professeur des écoles. Grosso modo, le ratio de candidats/admis est passé de 1 sur 10 à un 1 sur 3 sur 20 ans. “Ils ont recruté l’intégralité des can didats qui n’ont pas eu le concours mais qui étaient sur listes complémentaires” , relève le syndicat. À terme, des problèmes de compétences peuvent se poser. Les titulaires pâtissent également de ce manque de personnel en se voyant refuser des temps partiels. Pour tenter de pallier ce problème, l’U.N.S.A. milite pour revenir à un concours à la fin de la licence afin de suivre un master de professionnalisation. Le C.A.P.E.S., concours pour enseigner

dans le second degré, marque aussi une pénurie de candidats dans toutes les matières. Le constat du syndicat est simple et sans appel : cet état de fait est très lié à la rémunération et aux conditions de travail, notamment la mobilité géogra phique demandée à un professeur. “Par exemple, vous obtenez un master de maths numériques. Entre être professeur nommé à Créteil pour 1 600 euros par mois ou

de travail et les procédures de recru tement en interne.Autant de leviers que tentent d’actionner les employeurs. Si les créations de postes sont un bon indicateur de l’état de santé éco nomique d’un bassin de vie, les dif ficultés de recrutement sont les symp tômes d’une mauvaise santé sociale et sociétale du monde du travail. La bataille de l’emploi, autre que sur le plan de la baisse du nombre de chô meurs inscrits à Pôle Emploi, est bien loin d’être gagnée. n L.P. 4. Aides à domicile, aides ména gers, travailleurs familiaux : 663 projets de recrutement 5. Employés de libre-service : 546 projets de recrutement *sur le Doubs en 2022 Les cinq métiers les plus recherchés par les employeurs 1. Agents d’entretien de locaux (y compris Atsem) : 1 501* projets de recrutement 2. Professionnels de l’animation socio-culturelle : 892 projets de recrutement 3. Aides-soignants : 741 projets de recrutement

ticulièrement présente dans le Doubs et reconnue pour son excellence souf fre d’une pénurie de main-d’œuvre : bijouterie, joaillerie, horlogerie,maro quinerie, toutes ses filières peinent à combler les postes vacants. De manière générale, le service à la per sonne, l’hôtellerie, la restauration, le tourisme, l’industrie et le commerce sont les plus gourmands en recrute ment. Outre le nombre de postes, certains secteurs rencontrent plus de diffi cultés à recruter que d’autres comme les métiers du B.T.P., de la santé et de l’action sociale, dont les aides à domicile. Dans ce métier, 642 projets de recrutements sur 663 sont jugés difficiles. Alors pourquoi recruter devient-il si compliqué ? La première cause avancée par Pôle Emploi est la pénurie de candidats dans 86 % des cas. S’ensuit le profil inadéquat des candidats à plus de 71%. Pour autant, face à ce problème, de nombreuses entreprises mettent en place des formations en interne. Pour un recrutement sur trois, les conditions de travail, les horaires, le salaire et la pénibilité sont un frein. Les autres causes sont liées au manque d’attractivité des métiers, de moyens financiers, d’accès au lieu candidats

partir dans le privé avec le double de salaire et décider de son lieu de travail, le choix est vite fait” , résume, amer, un représentant de l’U.N.S.A. et professeur de S.V.T. Pour combler le manque de titulaires, le rectorat fait appel au vivier de contrac tuels. “Mais à terme, il va s’épuiser aussi” , remarque

Le ratio candidats/ admis est passé de 1 sur 10 à 1 sur 3 en 20 ans.

D’année en année, le nombre de candidats au concours du professorat diminue (photo D.R.).

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