La Presse Bisontine 229 - Juillet 2021

Économie 39

La Presse Bisontine n°229 - Juillet 2021

AGRICULTURE

Coup de gueule des exploitants Les producteurs “bio” s’estiment lâchés par le gouvernement Visite chez Pierre Chupin qui cultive à Devecey des fruits biologiques, des pommes, et produit de la confiture. L’agriculteur s’est élevé, avec d’autres, contre la décision du gouvernement de mettre fin à l’aide au maintien.

l’époque, la suppression du financement de l’aide au main- tien dès 2017, le refus de réunir les groupes de travail sur les paiements pour services envi- ronnementaux dans le cadre du travail pour la prochaine P.A.C. et enfin l’objectif de 15 % de sur- faces bio en 2022, abandonné. Dans son verger de Devecey, Pierre Chupin qui commercialise en direct ou via des A.M.A.P. à Besançon (associations pour le maintien de l’agriculture pay- sanne) s’interroge. Après 2021, il ne touchera plus l’aide “au maintien”, soit 450 euros par hectare et par an. Son exploi- tation va devoir se priver d’en- viron 2 000 euros. “En contre- partie, les aides aux agriculteurs conventionnels ne diminuent pas. Nous faisons des efforts : n’est-il pas normal qu’il y ait une contribution ?, expose le pro- fessionnel. Si demain on stoppe les aides de la P.A.C. aux agri- culteurs conventionnels, l’écart de prix entre leurs produits et les nôtres en biologique sera le même, voire ils seront moins chers. Il n’existe aujourd’hui aucune graduation : si vous pol- luez, vous avez des aides” se dés- ole le producteur de fruits.

L es agriculteurs, bio ou non, ont l’habitude de composer avec la météo. Ils font avec. Pierre Chu- pin, agriculteur bio depuis 2012 à Devecey, a réalisé ce printemps une production de fraises de qualité à défaut d’avoir la quantité. Quant à sa produc- tion de pommes, elle sera très limitée en raison des pluies

incessantes du début de prin- temps. Si l’agriculteur est aujourd’hui un brin agacé, ce n’est pas contre le ciel, mais contre le gouverne- ment. La réforme de la Politique agricole commune (P.A.C.) a créé chez les exploitants bio un séisme. La Fédération nationale de l’agriculture biologique a manifesté en juin à Paris pour

dénoncer le “pire quinquennat pour le développement de la bio” dit-elle. Pierre était du voyage. Cela s’illustre par trois années de retard de paiement des aides bio jusqu’en 2020, le refus d’in- demniser les fermes bio pour ces retards qui ont entraîné des faillites malgré la reconnais- sance de la faute de l’État par le ministre de l’Agriculture de

Pierre Chupin, ici dans son champ de fraises à Devecey.

Venue avec sa sœur, Christine (à droite), a cueilli des fraises bio. Cette année, faute de rendement, le producteur a

Sur les 9 milliards d’euros d’aides de la P.A.C., “seulement” 280 millions d’euros vont aux producteurs bio. Grâce à de nou- veaux débouchés et une meil- leure production, Pierre a embauché un salarié agricole qui l’aide à récolter fraises, cas- sis, mûres. Pourra-t-il conserver ce poste avec la fin de l’aide au maintien ? Des pourparlers étaient encore engagés avec le ministère de l’Écologie pour revenir sur la fin de l’aide au maintien. n E.Ch.

La filière parle d’inégalité de traitement alors même que le gouvernement annonce vouloir donner davantage d’aides aux agriculteurs conventionnels

Fin de l’aide au maintien, 2 000 euros en moins.

qui veulent se convertir en bio- logique. De la poudre aux yeux selon l’interpro- fession bio qui y voit une façon supplémentaire d’aider le conven- tionnel.

limité le nombre de clients.

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