La Presse Bisontine 229 - Juillet 2021

14 Besançon

La Presse Bisontine n°229 - Juillet 2021

ÉCONOMIE

Un nouveau service aux entreprises et aux particuliers Romane Dabrowski veut créer un pont entre la France et le Japon Depuis Besançon, la jeune entrepreneuse de 26 ans assure les fonctions d’interprète, de traductrice et d’accompagnatrice pour les acteurs du monde du tourisme et de l’entreprise.

L es souvenirs plein la tête et les images du Japon, qui lui revenaient sans cesse, ne pouvaient que la conduire à créer sa société. Récemment rentrée dans la capi- tale comtoise, après un séjour d’un an au pays du Soleil Levant, Romane Dabrowski fait un pari “un peu fou dans le contexte actuel” : celui de s’ouvrir à l’in- ternational. “Je veux participer au rayonnement de la France et

se faire comprendre, ou encore accompagner les touristes lorsque les frontières rouvriront.” Le regard interculturel lui tient particulièrement à cœur, en lien avec une partie de sa formation passée au Conservatoire (autour du violon et du chant lyrique). La Bisontine entend également apporter une valeur ajoutée aux entreprises, vis-à-vis de l’accueil de partenaires japonais et de leur démarche commerciale. Car, qui souhaite travailler avec le Japon doit connaître certains usages. “C’est pour cela que je proposerai aussi des conférences sur le milieu entrepreneurial japonais. Quand on vient d’Eu- rope, on est surpris par rapport à la hiérarchie et la prise de déci- sion, qui ne sont pas verticales là-bas. Ce qui fait qu’il y a sou- vent des problèmes de commu- nication au début.” Les entre- prises locales concernées (principalement dans les micro- techniques et les produits gas- tronomiques) auront dorénavant une interlocutrice privilégiée. En activité depuis deux mois, Romane Dabrowski intervient pour le moment surtout dans des lycées et donne des cours. n S.G.

de la Franche-Comté auprès du Japon, tout en apportant ici des petits bouts de ce pays, de sa cul- ture et de sa langue.” Partie avec un visa vacances travail avant la crise sanitaire, elle a évolué sur place dans les milieux du tourisme et de la gastronomie. Ce qui l’a mené de Tokyo à des coins plus reculés du pays. Une expérience de ter- rain qu’elle veut aujourd’hui mettre à profit.

“Mon entreprise “Espérances”, proposera différents services. De l’enseignement du japonais,

jusqu’à la tra- duction et l’in- terprétariat. Je peux aussi intervenir sur des événe- ments cultu- rels, aider les lieux touris- tiques à mieux

“Souvent des problèmes de communication au début.”

Le marché japonais doit être vu à travers ce double prisme des nouvelles technolo- gies et de la tradition.

www.via-esperances.com

Romane Dabrowski a commencé à s’initier à la culture japonaise adolescente avec les mangas et les séries en version originale.

LITTÉRATURE Penser la politique autrement “Soyons philosophes” : l’invitation du Bisontin Karim Bouhassoun Dans son dernier essai, le conseiller politique bisontin (tête de liste des “Bisontines, Bisontins” aux dernières élections municipales) invite à réfléchir aux enjeux de demain en compagnie des grands philosophes.

Pour Karim Bouhas- soun, la politique au sens noble peut apporter des solu- tions.

“O n peut philosopher par- tout. Ce n’est pas réservé à une élite.” C’est en subs- tance le message que KarimBouhassoun essaie de faire pas- ser, avec l’idée qu’ “on ne peut pas réha- biliter l’action politique sans prendre de recul.” Et c’est justement le rôle de la philosophie. L’ex-candidat aux muni- cipales et conseiller de Marie-Guite Dufay garde l’engagement politique chevillé au corps. Tout en sachant que le monde et la politique vont mal. Ce qui le pousse aujourd’hui à prendre la plume, après un premier manifeste remarqué sur ce “Que veut la banlieue ? ” (publié en 2017). “Il me semble qu’il faut créer des pas-

serelles entre les penseurs et les acteurs publics. Le problème est que plus le temps passe, plus les politiques s’éloi- gnent de la véritable réflexion qui doit guider leurs actions.” Son expérience de terrain l’a amené à mettre le doigt

populistes et l’accroisse-

ment des faits divers. “Nous n’arrivons plus à trouver des réponses progressistes et démocrates. Il faut arrêter de courir après l’électorat. C’est une erreur. La tyrannie de l’urgence fait qu’il n’y a plus de socle de pensée.” Reste à savoir si son retour à l’essentiel et à la raison sera entendu. n S.G.

sur un malaise en particu- lier : “On est soit dans l’idée, soit dans le pragmatisme. Or, l’un et l’autre doivent se nour- rir mutuellement.” Au-delà d’une réflexion ouverte, son ouvrage offre des clefs de compréhension sur de grands enjeux actuels tels que la financiarisation de la société, la négation sociale du grand âge ou la

sons pas les autres penser à notre place !” Et de rappeler que le début de la pensée moderne est né avec les phi- losophes des Lumières, par opposition aux pères de l’Église. “Il ne faut pas reléguer la philosophie aux livres ou aux universités. Les citoyens et les poli- tiques doivent s’en saisir” , insiste le Bisontin, en évoquant les menaces

bioéthique. Trois grands chapitres se consacrent à la vision du monde, de l’espace et du temps. En dialogue avec des grands penseurs de l’Antiquité à nos jours. Le Bisontin fait ainsi inter- venir Épicure, Averroès, Hobbes, CharlesTaylor ou encore JürgenHaber- mas “qui a des idées très élaborées sur le projet européen.” Un moyen aussi de lancer un cri d’alerte, pour celui qui a été formé à la Sorbonne et à Sciences Po. “Ne lais-

“Ne laissons pas les autres penser à notre place !”

“Soyons philosophes”, Karim Bouhassoun, édition L’Harmattan, 290 pages, 30 euros

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