La Presse Bisontine 214 - Novembre 2019

La Presse Bisontine n°214 - Novembre 2019 LE DOSSIER 20 PRÈS DE 10 000 PROJETS D’EMBAUCHE DANS LE GRAND BESANÇON

L’emploi repart, c’est une bonne nouvelle. Malgré ces vents favorables, le chômage peine toujours à baisser fortement. Ce paradoxe s’explique par des difficultés de plus en plus grandes pour les entre- prises de trouver la main-d’œuvre adaptée. Tour d’horizon et explications.

l Emploi

9 650 embauches prévues cette année dans le Grand Besançon

Sont-ce les chômeurs qui ne veulent pas travailler ?

Le Grand Besançon est encore loin du plein-emploi avec un taux de chômage de 7,1 %. Pourtant, les besoins en main-d’œuvre n’ont quasiment jamais été aussi élevés. Une responsabilité partagée entre employeurs et employés.

vailleurs familiaux (640 projets) et d’aides-soignants (640). L’hô- pital de Besançon mais aussi les E.H.P.A.D. ont de grandes difficultés de recrutement comme la maison de retraite de Mamirolle qui recherche un poste d’infirmière en remplace- ment ponctuel et une aide-soi- gnante en remplacement. “Nous avons certes dumal comme beau- coup d’autres établissements à trouver des personnels paramé- dicaux pour du remplacement ponctuel mais nous n’avons pas de difficultés pour les postes pérennes, que nous cherchons à rendre attractifs par des Cdisa- tions ou des “stagiairisations” analyse Ludovic Fagaut, prési- dent de l’E.H.P.A.D.Alexis-Mar- quiset à Mamirolle. À Pôle Emploi Planoise, plu- sieurs conseillers en placement visitent les entreprises pour les secteurs de l’administration, de la santé, de la formation. Les agences de Palente et Témis sont chargées du bâtiment, industrie, hôtellerie, restauration : “Notre conseil : que les sociétés antici- pent leur besoin en recrutement. Elles peuvent par exemple avoir besoin d’une secrétaire qui a les

M anque de com- pétence, pro- blème de mobi- lité, difficulté de maîtrise de la langue française : Pôle Emploi appelle cela “les freins périphé- riques” de retour à l’emploi. Par- fois, l’établissement public arrive à les débloquer grâce à des suivis individualisés menés auprès des demandeurs d’emploi les plus en difficulté en leur proposant des formations, des montées en compétences voire des recon- versions. Des échecs, il en existe. “J’ai reçu une personne qui devait commencer le travail à 7 heures : elle est arrivée à 7 h 15 le premier jour et n’est pas reve- nue le lendemain” pointe un chef d’entreprise d’industrie de Besançon désabusé. “Pourquoi a-t-on toujours des demandeurs d’emploi ? On se pose régulière- ment cette question, répond un agent de Pôle Emploi. Malheu- reusement, la réponse est com-

Les agents de Pôle Emploi Palente sont chargés de “sourcer” les demandeurs d’emploi capables de travailler dans le tertiaire.

plexe car chaque cas est différent. Avec des offres de recrutement à la hausse, les gens sont attirés par les métiers où la contrainte est plus faible. Avant, si on n’avait pas le choix, on allait en restauration mais les horaires sont compliqués avec une vie de famille. Avec davantage d’offres d’emploi, le demandeur d’emploi se pose cette question : comment je compose ma vie et avec quel salaire ? Il en a la possibilité.”

plus de la moitié des projets recensés dans le département” décrit la note des Besoins en main-d’œuvre (B.M.O.) menée conjointement par Pôle Emploi et l’I.N.S.E.E. Les entreprises du secteur des services sont les plus recruteuses, avec 70 % des embauches annoncées dans le bassin. Encore une fois, ce sont souvent les métiers les plus dif- ficiles avec des horaires coupés, des salaires faibles. Le gouver- nement a promis sur le sujet des avancées. Les fonctions liées aux métiers de la vente, du tou- risme et des services concentrent la plus forte part des projets (29 %) devant les fonctions sociales et médico-sociales (19 %). Les ouvriers des secteurs de l’industrie représentent 13 %. Avec près de 660 projets, le métier d’ouvrier qualifié de la manutention est le plus recher- ché dans le bassin. Viennent ensuite les métiers d’aides à domicile, aides ménagers, tra-

d’euros sont fléchés pour lever ces fameux freins à l’emploi : “On ne pouvait pas supporter qu’une personne au R.S.A. gagne mieux à rester chez elle qu’à se former. Depuis le 1 er mai dernier, un stagiaire perçoit 652,18 euros, soit une hausse de plus de 250 euros. Un triplement des indemnités de transport est versé pour un stagiaire qui doit se ren- dre à plus de 15 km de chez lui (elle passe de 32 à 98 euros) et une aide pour la garde d’enfants et achat de matériel (200 euros) concerne les stagiaires entrés sur les formations agréées par la Région” indique Océane Char- ret-Godard, vice-présidente de la Région en charge des solida- rités. Les patrons du Grand Besançon récolteront les fruits de ces aides à moyen terme… n E.Ch.

compétences mais n’est pas for- mée au logiciel. Nous pouvons anticiper et proposer des forma- tions payées par Pôle Emploi” évoque Aurélien Jacquet, res- ponsable d’équipe à l’agence de Planoise. Les méthodes de recrutement par “simulation” sont également devenues la norme. Les deman- deurs d’emploi sont convoqués pour que leurs habiletés soient détectées. Le C.V., bien qu’im- portant, n’est plus un sésame pour trouver un emploi peu qua- lifié : “On travaille sur le savoir, le savoir-faire, le savoir être” poursuit un professionnel qui ne cache pas la présence “d’une population fragile, très éloignée de l’emploi.” C’est pour cela que la Région Franche-Comté, avec l’État, ont élaboré le “Plan de retour à l’emploi”. 53 millions

La Région et l’État mettent le paquet.

Le bassin de Besançon voit en 2019 la proportion d’établissements recruteurs et le nombre de projets de recrutement s’inscrire en hausse par rap- port à 2018. “Les employeurs envi- sagent plus de 9 560 embauches cette année, soit

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