La Presse Bisontine 206 - Février 2019

LE GRAND BESANÇON 32

La Presse Bisontine n°206 - Février 2019

SANTÉ

Un nouveau scandale ?

L a Presse Bisontine : Racontez- nous l’histoire de votre garçon âgé de 6 ans. Karine Tattu (présidente de l’associa- tion Les Kangourous) : A l’âge de 8 mois, notre enfant a fait des convulsions hyperthermiques dont 4 crises violentes jusqu’à 1 an. Sur avis médical des méde- cins de l’hôpital, il a été placé Risques avérés chez les femmes enceintes Une étude de l’Agence nationale de sécurité du médicament (A.N.S.M.), conduite en 2017, indique que les enfants exposés à cet antiépileptique dans le ventre de leur mère ont quatre à cinq fois plus de risques d’être atteints de troubles neuro-déve- loppementaux que les autres. Une autre population pourrait gros- sir ces rangs : les personnes traitées au cours de leurs premiers mois ou années de vie par ce médicament. n Enfants sous Dépakine, une famille lanceuse d’alerte sous Dépakine, un médicament qu’il prenait matin et soir jus- qu’à 4 ans. Il n’a plus fait de cri- se ! Mais les retards de déve- loppement se sont fait rapidement ressentir : à 21mois, il ne marchait pas, il était très lent, quasiment endormi. La directrice de la crèche nous l’a fait remarquer. On a commen- cé à se questionner, à demander à un neurologue si ce médica- ment, qui agit sur le cerveau puisqu’il parvient à stopper les crises, n’en était pas la cause. Les médecins nous disaient que non. Quand ses troubles se sont confirmés et après avoir décou- vert dans les médias les pro- blèmes liés à la Dépakine, nous Utilisée pour stopper les convulsions, la Dépakine serait à l’origine de retards de développement de leur enfant. La Franc-Comtoise Karine Tattu a créé une association nationale regroupant une cinquantaine de familles dans le même cas.

nous sommes rapprochés de l’A.P.E.S.A.C. (Association d’ai- de aux parents souffrant du syn- drome de l’anticonvulsivant). Mais cette association rassemble les familles ayant eu à subir les effets des antiépileptiques durant la grossesse. Suite à des contacts nombreux de familles dans le même cas, nous avons créé en septembre 2016 l’association pour recenser le nombre de per- sonnes. Nous sommes une cin- quantaine d’adhérents avec la volonté de lancer une action de groupe à l’avenir. Notre avoca- te (cabinet Dante à Paris) a écrit à laministre de la Santé en 2018. Nous venons d’apprendre qu’une enquête serait lancée. L.P.B. : Comment être certain de la responsabilité du médicament ? K.T. : Sur conseil de notre avo- cate, toutes les autres pistes sus- ceptibles d’expliquer les troubles de notre enfant ont été explo- rées : anomalie génétique, syn- drome autistique. Lorsque je parle avec d’autres parents, je leur conseille de faire la même démarche. Si nous nous sommes sentis seuls, aujourd’hui face aux nombreux témoignages simi- laires qui affluent, nous nous sentons entendus bien que les médecins continuent de nous dire : “Il ne faut pas tout mélan- ger.”

L.P.B. : Quels autres conseils donnez- vous aux parents ? K.T. : De ne pas suspendre le trai- tement sans avis médical, de réaliser tous les tests permet-

votre fils ? K.T. : Bien, malgré les difficultés liées à la lenteur. Il est au C.P., suivi par un psychomotricien, une assistante de vie scolaire à l’école. On nous convoque déjà pour savoir quelle orientation lui donner mais moi je ne veux pas qu’il aille dans une classe spécialisée. Nous avons beau- coup cherché sans trouver les causes de son retard. Après le sentiment d’injustice, nous gar- dons l’espoir qu’il aille mieux. Plus nous serons nombreux, plus nous serons entendus. n Propos recueillis par E.Ch.

tant d’écarter d’autres causes que la Dépaki- ne, être certain que l’enfant ne présentait pas déjà un retard avant l’instau- ration du trai- tement. L.P.B. : Comment va aujourd’hui

Une enquête du ministère de la Santé.

La Dépakine pourrait causer des

troubles chez les

Renseignements : Association Les Kangourous Enfants sous Dépakine : 06 50 31 62 47 ou leskangourous@gmail.com ou sur Facebook

enfants qui ont suivi le traitement.

EN BREF

TOURISME

Sites U.N.E.S.C.O. Salines : l’inscription à l’U.N.E.S.C.O. menacée ?

Impôts Le lancement du prélèvement à la source a généré en une semaine 818 050 appels, 57 513 courriels reçus sur la messagerie sécurisée, 4 854 951 connexions sur impots.gouv.fr et 232 023 demandes de modulation : 147 930 à la baisse et 84 093 à la hausse. 352 578 usagers ont été reçus aux guichets des centres des Finances publiques depuis le 2 janvier. Au 15 janvier, 8,8 millions de foyers ont bénéficié d’une avance de réductions et crédits d’impôt pour un montant total de 5,5 milliards d’euros. Dégustation La Brasserie de l’Espace à Planoise (1, place de l’Europe) propose une dégustation de vins le jeudi 31 janvier à 19 h 30. L’occasion de découvrir les juras blancs ouillés du vigneron Laurent Chassot. Nombre de places limité. Renseignements au 03 81 80 31 49. Berger Vous aimez les animaux et la nature, vous avez envie de participer à un projet collectif de restauration, de valorisation et de protection du patrimoine, une heure par semaine, une heure par mois, en fonction de vos possibilités ? Devenez Berger(e) bénévole à l’association Terrasses bisontines. Contact : Thierry au 06 10 52 60 65 ou par mail : terrasses.bisontines @gmail.com

La Grande saline de Salins-les-Bains fête en 2019 le 10 ème anniversaire de son inscription avec l’espoir que le Conseil départemental du Jura mette la main à la poche

H istoriquement, la Saline royale d’Arc-et-Senans et la Grande Saline de Salins-les-Bains sont intimement liées. La seconde alimentait dès 1775 l’édifice de Clau- de-Nicolas Ledoux en bordure de la forêt de Chaux pour faire face à la demande en sel croissante. Elle fonc- tionnera en complément de la Grande Saline en étant alimentée par un sau- moduc long de 21 km. Indissociables, les deux édifices le sont encore puis- qu’ils partagent l’inscription au patri- moine mondial. 65 000 visiteurs par an

franchissent les portes de l’édifice sali- nois faisant de lui le site touristique le plus visité du Jura.

Le 26 octobre dernier lors d’un événe- ment réunissant les 8 sites U.N.E.S.C.O. de Bourgogne-Franche-Comté à la Cita- delle de Besançon, la phrase du maire de Salins-les-Bains, reprise ensuite par la présidente du Département du Doubs Christine Bouquin, en a dit long sur les tractations politiques qui sont en cours en ce moment. Le maire juras- sien et la présidente départementale ont officiellement demandé au prési- dent du Jura Clément Pernot (qui n’était

Le maire de Salins- les-Bains Gilles Beder.

250 000 euros.Aujourd’hui, on travaille en symbiose avec le Département du Doubs.Mais imaginons que nous ne fas- sions pas les restaurations nécessaires : alors oui l’U.N.E.S.C.O. pourrait enle- ver le classement” prévient-il. Nous sommes loin de cette situation. Sollici- té, le Département du Jura n’a pas sou- haité répondre. Le bras de fer tourne autour du prix du ticket d’entrée à l’E.P.C.C., soit environ 50 000 euros. Des pourparlers seraient engagés entre les deux exécutifs au moment où Salins fête les 10 ans de l’inscription (entrée gratuite aux visiteurs le jours de leur anniversaire). “Il faut relancer lamachi- ne car on note une érosion dans l’effet U.N.E.S.C.O. avec 75 000 visiteurs par an au début de l’inscription, 63 000 aujourd’hui” conclut l’édile. Notre cher voisin jurassien promeut son (joli) territoire avec des vidéos de la Saline d’Arc-et-Senans. Il aurait tort de se priver. n E.Ch.

pas présent) que sa collectivité mette la main à la poche dans l’établissement public de coopération territoriale (E.P.C.C.) sans quoi l’avenir de la Gran- de saline pourrait être menacé. “Si un des deux sites perd l’inscription, l’autre le perd aussi” résume Gilles Beder, mai- re de Salins-les-Bains. La commune jurassienne - 2 600 habitants - qui por- te à elle seule le maintien et la réno- vation des bâtiments historiques tire la sonnette d’alarme. Elle s’interroge pour l’avenir au regard des finances communales : “La Grande Saline est propriété de la mairie. Il est évident que nous souhaitons que le Département du Jura revienne dans l’E.P.C.C. (établis- sement public de coopération culturel- le) car notre commune à elle seule doit supporter d’importants investissements comme la restauration d’un mur, non prévu, qui a coûté 700 000 euros, ou enco- re le renouvellement pédagogique du musée, la mise en accessibilité, évalué à

Imaginons que la Grande Saline perde son inscription, alors Arc-et-Senans perdrait la sienne…

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